15 juillet 2012
Fort Neuf de Vincennes
Retour en haut de la page
n°624
|
Va ! tu seras prophète
A côté des grands prophètes de l’Ancien Testament qui ont été toute leur
vie des annonceurs de la volonté de Dieu, des petits prophètes sont éphémères
et sont désignés pour ne délivrer qu’un seul message. Le prophète Amos
en est un exemple : il se contentait de son travail de gardien de
bœufs lorsque Dieu vient le chercher et l’envoie à Béthel. Il doit donc
quitter le pays de Juda pour aller prophétiser au royaume d’Israël et
lui annoncer un désastre entraînant sa ruine totale. Un tel message est
évidemment mal reçu par les habitants et par le roi Jéroboam II (783-743 ?),
ils cherchent à se débarrasser de ce gêneur d’autant que le royaume d’Israël
semble vivre un temps de prospérité et ne porte pas attention aux menaces
extérieures.
Ayant affirmé qu’il n’a fait qu’obéir aux ordres de Dieu, Amos prophétise
une dernière fois la ruine du royaume du Nord et rentre au royaume de
Juda. Son rôle de prophète est terminé, il n’aura duré que quelques mois.
L’invasion par les Assyriens se fera quelques années après le passage
du prophète et le royaume d’Israël sera totalement détruit.
Pour convaincre Amazias, prêtre de Béthel, Amos précise également qu’il
soignait les figuiers. Le figuier est une métaphore utilisée dans l’Ancien
Testament pour la Parole de Dieu, ainsi lorsque Jésus appelle Nathanaël :
« Nathanaël lui dit: "D'où me connais-tu?" Jésus lui
répondit: "Avant que Philippe t'appelât, quand tu étais sous le figuier,
je t'ai vu." Nathanaël reprit: "Rabbi, tu es le Fils de Dieu,
tu es le roi d'Israël." Jésus lui répondit: "Parce que je t'ai
dit: "Je t'ai vu sous le figuier", tu crois! Tu verras mieux
encore." » (Jean 1,48-50) C’est donc dans la méditation
de l’Ecriture Sainte qu’Amos puise sa foi pour accepter la mission difficile
que Dieu lui confie.
L’invasion d’Israël par les troupes assyriennes ne nous concerne plu
guère, mais ce qui est important pour notre siècle réside dans la constante
méditation de la Parole de Dieu qui nous donne cette foi sans faille qui
permet l’accomplissement des tâches les plus difficiles que Dieu nous
confie. L’Esprit reçu au Baptême et à la Confirmation, régénéré par le
Sacrement de Réconciliation et de Pénitence, alimenté par la communion
fréquente, nous apporte la compréhension des Ecritures et la clairvoyance
nécessaire pour discerner dans cette méditation l’appel que Dieu nous
lance aujourd’hui. Chaque membre a sa propre vocation dans l’Eglise, à
chaque personne correspond une mission en fonction de sa formation, de
ses forces physiques et intellectuelles, de son caractère. Amos a su remplir
la sienne, son exemple nous aide à découvrir la nôtre et à la remplir
avec la même foi et la même confiance que ce ‘petit’ prophète.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
|
12 juillet 2015
retour en haut de la page
n°824
|
Le choix de Dieu
Les trois textes bibliques proposés ce dimanche sont dédiés à l’appel
de Dieu pour une mission définie.
Le cas d’Amos est particulier, c’est un prophète qui reçoit une mission
localisée dans le temps. Résidant au pays de Juda, il vient prophétiser
au pays d’Israël pour rappeler à ses habitants qu’ils se sont éloignés
du Seigneur. Le prêtre du sanctuaire de Béthel lui demande de retourner
prophétiser chez lui et de les laisser faire comme ils l’entendent. Amos
a une réponse surprenante, il se présente comme un ‘prophète en CDD’ :
Dieu lui a confié une mission précise, localisée dans le temps et l’espace,
alors qu’il était éleveur et soignait les sycomores. Le sycomore, figuier
sauvage, est une figure utilisée par la Bible pour désigner la Parole
de Dieu ; c’est donc pendant qu’il méditait la Parole de Dieu que
sa mission prophétique lui a été révélée.
Saint Paul est encore plus clair sur la façon dont la mission est confiée
aux croyants : « Vous aussi, après avoir écouté la parole
de vérité, l’Evangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez
reçu la marque de l’Esprit Saint. » (Ephésiens 1,13) Le disciple
du Christ trouve la voie sur laquelle l’appelle le Seigneur dans la lecture
et la méditation de l’Ecriture ; l’Esprit qui est donné est la source
de l’inspiration et l’acteur principal de l’annonce de la Bonne Nouvelle
dont le chrétien est le vecteur actif.
Jésus en envoyant les ‘Douze’ leur donne le ‘mode d’emploi’
de la mission : annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui accepteront
de la recevoir et demeurer chez eux pour leur expliquer le Salut, ne pas
l’imposer à ceux qui la refusent mais montrer ostensiblement que l’annonce
se fait sans rien rechercher en échange ou en récompense. Ainsi ils seront
de véritables témoins même pour ceux qui les rejetteront.
La grande leçon qui nous est donnée par ces trois textes est manifeste :
c’est dans la lecture et la méditation des livres bibliques que nous pourrons
discerner la volonté de Dieu pour notre siècle et le rôle que nous pouvons
y jouer : missions limitées, courtes et précises ou bien se mettre
totalement au service de l’annonce dans la confiance en l’Esprit qui nous
est donné.
Amos ‘soignait les sycomores’, Paul écoutait et proclamait la
‘Parole de Vérité’, les ‘Douze’ annonçaient la venue du
Royaume. Aujourd’hui l’Eglise, à travers chacun de ses membres, propose
au monde de reconnaître la présence de Dieu. L’Esprit Saint permet à chacun
de prendre part à la propagation de l’Evangile en fonction de ce que le
Seigneur lui demande.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
|
15 juillet 2018
Paroisses Nesle & Athies
Retour en haut de la page
n°1021
|
Jésus leur donnait autorité
Pour bien montrer que tout ce que pourront faire les Apôtres – expulser
les démons, guérir les malades – ne vient pas de leur autorité propre,
il leur prescrit de ne rien prendre – pas de pain, pas de sac, pas de
pièces de monnaie – rien de ce qui inciterait les témoins à penser à des
trucages de foire ou à des manipulations habiles. De plus ils ne doivent
pas aller de maison en maison, mais rester dans celle qui les accueillera
au nom de Jésus.
Dans ce contexte, les Apôtres ne prêchent pas l’Evangile dans le sens
propre : ils ne peuvent pas encore proclamer la Résurrection du Messie,
Fils du Père, comme ils le feront dès le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte.
La prédication des Douze ne s’écarte pas de celle de Jean le Baptiste
(cf. Marc 3,1-12), c’est un appel à la conversion, un retour vers Dieu.
Mais la différence est grande par leurs actions ‘par l’autorité de
Jésus’ : ils guérissent des malades et expulsent des démons.
Anticipation de ce que Pierre, confiant dans la puissance de l’Esprit
Saint, fera après la Pentecôte : « De l’argent et de l’or,
je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de
Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. » (Actes 3,6).
L’envoi en mission des Apôtres est une préfiguration de l’annonce de
l’Evangile lorsque Jésus au moment de l’Ascension : « leur
dit : ‘Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la
création.’ […] Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile.
Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes
qui l’accompagnaient. » (Marc16,15.20)
Le Christ nous a donné autorité lorsque nous avons été baptisés, envoyés
en mission le jour de notre Confirmation comme l’indique la prière après
la communion de la messe de Confirmation : « Nous avons annoncé,
Seigneur, dans cette Eucharistie, le mystère de la mort et de la Résurrection
de ton Fils : donne-nous avec cette communion la force de le dire
dans toute notre vie. ». Cette demande sera exaucée conformément
à la promesse du Fils : « Tout ce que vous demanderez en
mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. »
(Jean 14,13).
A l’époque où se situe ce texte, Apôtres sont partis avec confiance sur
la Parole du Rabbi qu’ils espéraient être le Messie d’Israël. Nous avons
mieux qu’une simple espérance, le Fils Ressuscité nous accompagne dans
tout ce que nous entreprenons pour proclamer cette conversion si nécessaire
à notre époque.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
|
11 juillet 2021
Paroisses Nesle & Athies
Retour en haut de la page
n°1226
|
Amos
A côté des grands prophètes de l’Ancien Testament qui ont été toute leur
vie des annonceurs de la volonté de Dieu, des petits prophètes sont suscités
par Dieu de façon éphémère pour ne délivrer qu’un seul message. Le prophète
Amos en est un exemple : il se contentait de son travail de gardien
de bœufs lorsque Dieu vient le chercher et l’envoie à Béthel. Il doit
donc quitter le pays de Juda pour aller prophétiser au royaume d’Israël
et lui annoncer un désastre entraînant sa ruine totale. Un tel message
est évidemment mal reçu par les habitants et par le roi Jéroboam II (783-743 ?),
ils cherchent à se débarrasser de ce gêneur d’autant que le royaume d’Israël
semble vivre un temps de prospérité et ne porte pas attention aux menaces
extérieures.
Ayant affirmé qu’il n’a fait qu’obéir aux ordres de Dieu, Amos prophétise
une dernière fois la ruine du royaume du Nord et rentre au royaume de
Juda. Son rôle de prophète est terminé, il n’aura duré que quelques mois.
L’invasion par les Assyriens se fera quelques années après le passage
du prophète et le royaume d’Israël sera totalement détruit.
Pour convaincre Amazias, grand-prêtre de Béthel, Amos précise également
qu’il soignait les figuiers. Le figuier est une métaphore utilisée dans
l’Ancien Testament pour désigner la Parole de Dieu, ainsi lorsque Jésus
appelle Nathanaël : « Nathanaël lui dit: "D'où me connais-tu?"
Jésus lui répondit: "Avant que Philippe t'appelât, quand tu étais
sous le figuier, je t'ai vu." Nathanaël reprit: "Rabbi, tu es
le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël." Jésus lui répondit: "Parce
que je t'ai dit: "Je t'ai vu sous le figuier", tu crois! Tu
verras mieux encore." » (Jean 1,48-50) C’est donc dans la
méditation de l’Ecriture Sainte qu’Amos puise sa foi pour accepter la
mission difficile que Dieu lui confie.
L’invasion d’Israël par les troupes assyriennes ne nous concerne plus
guère, mais ce qui est important pour notre siècle réside dans la constante
méditation de la Parole de Dieu qui nous donne cette foi sans faille qui
permet l’accomplissement des tâches les plus difficiles que Dieu nous
confie. L’Esprit reçu au Baptême et à la Confirmation, régénéré par le
Sacrement de Réconciliation et de Pénitence, alimenté par la communion
fréquente, nous apporte la compréhension des Ecritures et la clairvoyance
nécessaire pour discerner dans cette méditation l’appel que Dieu nous
lance aujourd’hui. Chaque membre a sa propre vocation dans l’Eglise, à
toute personne correspond une mission en fonction de sa formation, de
ses forces physiques et intellectuelles, de son caractère. Amos a su remplir
la sienne, son exemple nous aide à découvrir la nôtre et à la remplir
avec la même foi et la même confiance pour que nous soyons nous aussi
un ‘petit’ prophète.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
|
14 juillet 2024
Maison Marie-Thérèse
Retour en haut de la page
n°1393
|
Oindre les malades
Toutes les traditions populaires confèrent à l’huile des vertus apaisantes
et de nombreuses recettes d’onguents se transmettent de guérisseurs à
rebouteux pour diverses maladies en particulier celles qui concernent
la peau. En cette période d’été les publicités relatives aux protections
contre les rayons solaires vantent l’efficacité supérieure de leur produit
vis-à-vis de tous les autres. En analysant avec plus d’acuité l’utilisation
de ces produits, l’observateur constate que l’huile est d’une part un
filtre pour les rayons et d’autre part elle est le vecteur de l’élément
actif : en pénétrant dans la peau, la matière grasse est le véhicule
du médicament ou du nutriment.
Ainsi en est-il pour les onctions dans la Bible. La première d’entre
elles concerne l’onction de tout le matériel de l’Arche d’Alliance et
la Tente de la Rencontre sur lesquels Moïse fait couler de l’huile consacrée
pour en montrer la sainteté. Les personnes au service du Seigneur, Aaron
et ses fils, sont eux-aussi oints pour marquer la sainteté de leur fonction.
La seconde onction relatée est pour le roi, Saül puis David reçoivent
l’onction du prophète Samuel agissant sur l’ordre du Seigneur. Le principe
est le même que pour les huiles de soins : comme la matière grasse
permet au médicament d’entrer dans le corps pour pouvoir développer son
action, l’huile sainte est signe visible de l’entrée de l’Esprit Saint
dans la personne ointe, l’expression « recevoir l’onction »
devient proverbiale pour désigner une personne sainte envoyée de Dieu,
un « Messie ».
Les onctions des malades dans l’Ancien Testament sont symboliques de
la guérison qui est un don de Dieu : dans le livre du Lévitique (ch.
14) le lépreux dont la lèpre a été guérie doit se purifié en se lavant
et en se rasant le corps avant de recevoir les onctions signifiant l’action
du Seigneur, c’est une façon de manifester la Gloire du Seigneur dans
ce rétablissement. Le geste visible et tactile est le signe de guérison
à la fois de la maladie et signe de la fin de l’exclusion du lépreux de
la communauté.
Saint Luc rapporte dans son évangile à propos de la parabole du ‘bon
Samaritain’ « Il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha,
et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin » (Luc
10,33-34) selon la coutume : le vin pour nettoyer les plaies grâce
à l’alcool qu’il contient et l’huile pour protéger les chairs meurtries.
Jésus donne autorité aux ‘Douze’ sur les esprits impurs !
Par cette délégation, ils peuvent exécuter les mêmes miracles que ceux
qui sont effectué par le Seigneur lui-même. Pour les guérisons des malades,
saint Marc précise qu’ils font des onctions avec un terme qui signifierait
davantage une utilisation plus spirituelle que d’utilité médicale. C’est
aussi dans ce sens que saint Jacques : « L’un de vous est
malade ? Qu’il appelle les Anciens en fonction dans l’Église :
ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du
Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade »
(Jacques 5,14-15a)
Cette description de l’onction des malades par l’Apôtre en donne bien
le sens, il s’agit moins de guérison que de permettre aux malades de vivre
avec la maladie par le réconfort donné par Dieu. Il appartient à chacun
de nous de savoir accompagner ces personnes pour les aider à surmonter
les difficultés
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
|