21 juin 2009
Brigade Franco-Allemande
retour en haut de la pagen°
n°440
|
Qui est-il donc ?
Cette question se pose lorsque les Apôtres voient la puissance divine
qui irradie de Jésus. Notamment en ce qui concerne les flots : cela
rappelle le ‘Tohu-bohu’ qui existait avant la création du monde (cf. Genèse
1-2) Dieu a séparé les eaux d’en haut des eaux d’en bas pour isoler
la terre sèche. Le geste de Jésus qui calme la tempête est significatif
pour ces personnes baignées dans les récits de l’Ancien Testament, sa
puissance est comme celle de Dieu : même les eaux lui obéissent !
Si les évangélistes rapportent cet événement c’est pour montrer que,
dès le début du ministère de Jésus, il y avait des signes montrant sa
divinité qui n’ont pas été compris tout de suite par ses propres disciples.
Tous ces éléments leur deviendront compréhensibles après la Résurrection
et le don de l’Esprit à la Pentecôte et la relecture de la vie de Jésus
en Palestine met en évidence tous ces signes qui n’avaient pas été compris
lorsqu’ils étaient vécus.
Ce n’est pas ce qui nous convainc aujourd’hui, nous n’avons pas vu ces
événements, nous n’en avons que la relation faite par les évangiles. Ils
sont importants en tant que tels mais ils sont aussi des alertes. Nous
aussi, nous recevons des signes de la part du Christ, des signes à travers
l’Eglise, à travers nos frères et sœurs, à travers notre propre vie.
Grâce au Baptême, à la Confirmation que nous avons reçus, nous sommes
comme les Apôtres après la Pentecôte : nous avons tous les moyens
pour relire la vie du Christ présent autour de nous et en nous. Nous pouvons
en tirer les signes qui nous sont adressés. La Communion fréquente ainsi
que la lecture régulière de la Parole de Dieu nourrissent cette réflexion.
Reconnaître la puissance divine qui se manifeste à travers le Fils Unique
nous correspondons à ce que nous dit saint Paul : « Si nous
avons compris le Christ à la manière humaine, maintenant nous ne le comprenons
plus ainsi. »
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse militaire
|
24 juin 2012
Fort Neuf de Vincennes
retour en haut de la page
n°621
|
Le 12ème dimanche est relégué au second plan
derrière la fête de la naissance de Jean-Baptiste
textes : Isaïe 49,1-6 - Psaume 138 - Actes des Apôtres13,22-26 - Luc
1,57-66.80
Son nom est Jean
Zacharie est un homme important dans cette ville de la région montagneuse
de la province de Juda (cf. Luc 1,39) Il est prêtre du Temple de Jérusalem,
il fait même partie de ceux qui sont habilités à entrer dans le ‘saint’
et y faire brûler l’encens pour l’offrande du soir (cf. Luc 1,8) Toute
la ville se souvient que, neuf mois auparavant, il était revenu de son
ministère, muet, ne pouvant plus prononcer une parole. Beaucoup de personnes
ont dû faire le rapprochement entre cet événement et l’annonce de la venue
d’un enfant chez ce couple âgé et jusque là inféconds ; inconsciemment
ou non, elles pressentaient une naissance extraordinaire. Certains pensaient
peut-être aux similitudes avec la naissance du grand prophète Samuel (cf.
1Samuel 1,1-10)
Comme d’habitude, tous les habitants sont rassemblés pour la circoncision
du garçon, mais sans doute avec davantage de curiosité que les autres
fois. Ils s’attendent à ce que ce fils premier-né reçoive le nom de son
père, Zacharie, comme c’était la coutume mais Elisabeth affirme vouloir
l’appeler Jean comme l’Ange l’avait demandé à son mari dans le Temple
(cf. Luc 1,13) Consulté, Zacharie écrit sur une tablette : « Son
nom est Jean ! » et aussitôt sa langue se délie et il proclame
les merveilles de Dieu.
En donnant ce nom alors que ‘personne dans ta famille ne porte ce
nom là’, Elisabeth et Zacharie obéissent à la Parole de Dieu qui montre
que cet enfant marquera une rupture : une nouvelle ère va s’ouvrir
qui va « Illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de
la mort. » (Cantique de Zacharie Luc 1,79) L’Alliance faite avec
Abraham évolue vers une Nouvelle Alliance proposée à tous les hommes.
Les chrétiens d’aujourd’hui savent « Que sera donc et enfant ? »
(Luc 1,66) : le dernier des prophètes de l’Ancienne Alliance, il
est parmi ceux qui annonçaient la venue du Messie, il est le précurseur :
« Il vint pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière,
afin que tous crussent par lui. Celui-là n'était pas la lumière, mais
il avait à rendre témoignage à la lumière. » (Jean 1,7-8) Son
ministère a une importance considérable : « parmi les enfants
des femmes, il n'en a pas surgi de plus grand que Jean le Baptiste ;
et cependant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que
lui. » (Matthieu 11,11)
Le message de Jean Baptiste a été forclos par la Passion et la Résurrection
de Jésus, mais l’appel à la conversion reste toujours d’actualité et –
d’une certaine façon – nous avons aussi à préparer les chemins du Seigneur
dans ce monde qui s’éloigne de Lui ; chacun d’entre nous n’est pas
la lumière mais nous devons rendre témoignage à Celui qui éclaire le monde.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
|
21 juin 2015
retour en haut de la page
n°821
|
Confiance en Dieu
Le livre de Job est devenu mal connu et même l’expression ‘pauvre
comme Job’ n’est plus utilisée car personne sait à quoi cela correspond.
Pourtant ce livre est une méditation sur le bonheur, le mal et la souffrance
ainsi que sur leur origine ; à l’époque où ce livre est écrit, la
rétribution est conçue comme immédiate, le ‘juste’, le ‘Craignant
Dieu’ sont récompensés par une vie opulente et le succès dans tout
ce qu’ils entreprennent. Au contraire les ‘méchants’ ont une vie
de lamentations sur cette terre.
Job appartient à la première catégorie : « Cet homme, intègre
et droit, craignait Dieu et s’écartait du mal. » (Job 1,1) et
à ce titre il possède de nombreux troupeaux, terres et enfants. Le Satan,
l’Adversaire prétend devant Dieu que c’est le contraire : si Job
est juste et craignant Dieu c’est parce que Dieu l’a comblé, si Job était
pauvre et malade, il renierait Dieu. A l’instigation du démon, le même
jour, les troupeaux de Job sont volés, tous ses serviteurs sont tués,
ses terres envahies et tous ses enfants, garçons et filles, sont écrasés
par l’effondrement de la maison où ils banquetaient. Job lui-même est
couvert de scrofules. Malgré ces épreuves, Job tient bon et continue à
faire confiance à Dieu.
Dans l’épisode de la ‘Tempête apaisée’ de l’évangile, le contraire
se produit : dans cette – petite – épreuve d’une tempête qui
n’est ni la première ni la dernière qu’ils essuieront, les Apôtres manifestent
une confiance relative en Jésus et ils le réveillent sans espoir, certains
d’une issue fatale : « Maître, nous sommes perdus ; cela
ne te fait rien ? » Effrayés devant la puissance du Fils, ils se demandent :
« Qui est-il donc, celui-ci… »
En mettant ces textes dans le même dimanche, l’Eglise nous propose une
réflexion sur notre rapport avec Dieu, Père, Fils et Esprit. Sommes-nous
comme Job qui ne perd jamais sa confiance en Dieu quels que soient les
événements ou bien sommes-nous comme les Apôtres qui perdent confiance
au moindre petit écueil rencontré ? Nous ne nous posons la question :
‘Qu’est-ce j’ai fait au bon Dieu’ qu’à propos des événements négatifs
qui nous arrivent, elle n’est jamais posée à propos des événements favorables.
La révélation de Dieu dans sa Parole nous invite à rendre grâces aussi
bien dans les moments heureux de notre vie que dans les passages malheureux
mais également de savoir demander l’aide de Dieu dans le malheur comme
dans le bonheur.
Prières d’actions de grâces et prières de demandes sincères vont de pair
dans notre vie spirituelle, elles sont toutes inspirées par l’Esprit Saint,
ce défenseur que le Christ nous a envoyé d’auprès du Père pour que nous
soyons ces hommes nouveaux pour lesquels le Christ a offert sa vie.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
|
24 juin 2018
Paroisses Nesle & Athies
Retour en haut de la page
n°1018
|
Présages de la Nouvelle Alliance
Saint Luc commence son évangile par une dédicace à un certain correspondant,
Théophile ; c’est aussi une occasion pour expliquer que, s’il n’a
pas vécu personnellement cette période, il est allé se renseigner auprès
de sources sûres pour écrire ce qui s’est passé. Lui, le médecin grec,
compagnon de saint Paul, ressent davantage que les autres évangélistes
Matthieu et Marc, la nécessité de situer la venue du Messie dans un peuple
que Dieu a préparé de longue date pour cet événement.
Comme il l’avait fait pour Adam (cf. Genèse 2), pour Abraham (cf. Genèse
12), pour Moïse (cf. Exode 3) pour le prophète Samuel (cf. 1Samuel 3)
et bien d’autres encore, Dieu prend l’initiative. Il s’adresse au prêtre
Zacharie dans le Temple de Jérusalem au moment de son service devant le
Saint des Saints, où se trouve la ‘Shekina’, la présence (Gloire)
de Dieu. L’avenir est révélé à cet homme, un ‘juste devant Dieu’ :
sa prière sera exaucée, il aura un fils bien que lui-même et sa femme
soient âgés et ce fils sera un précurseur du Messie. Face à l’incrédulité
de Zacharie, Dieu lui donne un autre signe : il ne pourra pas parler
pendant toute la grossesse de son épouse !
Au jour de la circoncision, l’enfant doit être nommé. En tant qu’aîné,
il devrait prendre le nom de son père. Zacharie en affirmant que son nom
est ‘Jean’ retrouve la parole et chante la Gloire de Dieu en prophétisant
sur le rôle de cet enfant dans le projet de Salut. En rappelant cette
manifestation de la Puissance de Dieu, saint Luc montre que la rupture
annoncée par les prophètes est là : Jean ne sera pas ‘le fils
de Zacharie’, il sera la « Voix de celui qui crie dans le
désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.. »
(Luc 3,4 # Isaïe 49,3)
Pour saint Luc ces récits sont déjà la Bonne Nouvelle, l’Ancien monde
s’en va, la Nouvelle Alliance se met en place entre l’annonce faite à
Zacharie dans le Temple et la naissance de Jean, Luc a décrit l’annonciation
à Marie et la Visitation où Jean-Baptiste reconnaît Dieu le Fils. Celle
qui porte l’enfant-Dieu se met au service de la mère de celui qui annoncera
le Messie.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
|
20 juin 2021
Paroisses Nesle & Athies
Retour en haut de la page
n°1223
|
Peurs et crainte
Toute la journée le Christ a enseigné la Bonne Nouvelle du Royaume. Ce
n’est que le soir venu, c’est-à-dire à la nuit tombée ou tombante, qu’il
déclare sa fatigue en demandant à s’éloigner de cette foule. Ce sont ses
disciples qui l’emmènent dans une barque pour l’installer confortablement
avec un coussin où il peut s’endormir.
Au départ d’autres barques les accompagnent mais la violence exceptionnelle
et soudaine de la tempête elles semblent les avoir disséminées, il n’y
a plus que celle qui porte Jésus et ses disciples. Ceux-ci sont pris de
panique mais ce n’est que lorsque l’eau commence à entrer dans la barque
qu’ils réveillent le Maître. Tous ont un espoir que Jésus puisse faire
quelque chose, c’est le sens de leur cri d’alarme : « Maître,
nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Ils ont peur
pour leur vie.
Le Christ s’adresse à la mer comme à une personne : « Silence,
tais-toi ! » manifestant devant ses disciples la puissance de Dieu
telle qu’elle est décrite dans la Bible : « il imposait à
la mer ses limites, si bien que les eaux ne peuvent enfreindre son ordre, »
(Proverbe 8,29) L’ordre de Dieu-le-Fils est immédiatement suivi d’effets :
« Le vent tomba, et il se fit un grand calme. »
Les sentiments des disciples changent : à la peur de mourir dans
la tempête succède la crainte de celui-ci à qui « le vent et la
mer obéissent ? » Par une simple question « Pourquoi êtes-vous
si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Jésus constate que
l’enseignement qu’ils ont suivi pendant toute une journée ne leur a pas
fait comprendre qui il était pour parler ainsi. Les disciples lui demandaient
de partager leurs peurs ; il leur répond en supprimant ce qui provoquait
cette peur, il va bien au-delà de leur demande en se révélant encore plus
clairement à eux
Ainsi en est-il pour nous-mêmes : nous avons l’impression que le
Christ ne se soucie pas de nos préoccupations qui nous paraissent pourtant
vitales : il dort dans son coin, il ne fait rien ! Nous oublions
simplement que tant que nous sommes avec lui nous ne risquons rien La
confiance que nous mettons en lui n’est pas de l’ordre des soucis terrestres
mais elle doit nous permettre de passer outre les vicissitudes quotidiennes
pour aller au cœur de la foi.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
|
23 juin 2024
Maison Marie-Thérèse
Retour en haut de la page
n°1390
|
Les deux natures
Au détour de petites remarques dans les évangiles, des éléments peuvent
éclairer notre approche du Seigneur Jésus. Ainsi saint Marc signale que
Jésus a enseigné depuis le matin et « le soir venu »
il décide de s’éloigner des foules. Il est fatigué au point qu’il s’endort
dans la barque et la tempête qui se lève ne le réveille même pas. Ces
détails montrent un aspect important qui passe le plus souvent inaperçu :
Dieu-le-Fils s’est incarné, il est né d’une femme, il n’a pas choisi d’être
un superman : « il s’est anéanti, prenant la condition
de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, »
(Philippiens 2,7) L’évangéliste montre par cette incise, peut-être involontaire,
que les forces physiques de Jésus ont les mêmes limites que celles de
tous les hommes.
Second point important signalé par saint Marc dans ce passage :
pendant le trajet allant vers l’autre rive, les eaux se soulèvent en une
« violente tempête ». Dans la Bible, les étendues d’eau
et en particulier les mers sont souvent assimilées au mal. L’évangéliste
souligne que cet élément maléfique peut se déchainer parce que Jésus dort.
Les disciples ont réellement cru qu’ils allaient perdre la vie en faisant
naufrage au milieu de cet élément hostile. Les vents sont tellement forts
et les vagues si hautes qu’ils paniquent et ils appellent Jésus au secours.
Dès qu’il se réveille la victoire du Messie contre le mal est manifestée
à ses compagnons. Comme à la Création la Parole de Dieu est efficace « Dieu
dit […] et cela fur » (Genèse 1). Aussitôt l’ordre exprimé :
« Silence, tais-toi ! » (Marc 4,39) le vent tombe et les eaux redeviennent
calmes : le mal est vaincu !
Le récit de cette aventure qui n’est relatée que par les deux évangélistes
Marc et Luc, est particulièrement important pour la foi chrétienne, les
deux natures de Jésus sont révélées de façon simple et directe. Ce que
saint Jean affirme spirituellement : « Le verbe s’est fait
chair et il a habité parmi nous. » (1,14) Marc et Luc le montre
concrètement : une seule personne, Lui dont les foules disent :
« N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? »
(Marc 6,3) et Lui qui est reconnu par les démons : « Que
nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ?
Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » (Marc 1,24) ;
Lui qui est fatigué malgré sa robuste constitution de charpentier et Lui
qui est maître des éléments ; Lui le fils de Marie et Lui Dieu-le-Fils.
Combien de fois avons-nous l’impression que Jésus dort alors que nous
aurions tellement besoin de sa présence agissante. Entendons ce qu’il
dit à ses disciples : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ?
N’avez-vous pas encore la foi ? » (Marc 4,40) Fortifiés
par ces paroles, nous savons que quelle que soit la force du maelström
dans lequel nous nous débattons, Il sera vainqueur ! Il ne s’agit
pas de rester les bras croisés en attendant qu’il dise : « Silence,
tais-toi ! » mais avec confiance l’appeler et agir avec
lui : il nous a promis d’être là à nos côtés, éveillé à nos problèmes
depuis son Ascension : « Le Seigneur travaillait avec eux
[les onze] et confirmait
la Parole par les signes qui l’accompagnaient. » (Marc 16,20)
,Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
|