15 juin 1991

Saint Charles de Monceau
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Les paraboles du Royaume
Les mots roi, royauté, royaume sont évidemment d'usage
courant chez les Juifs qui avaient connu le régime monarchique
depuis le XIème siècle avant Jésus-Christ jusqu'à
l'Exil à Babylone au VIème siècle avant Jésus-Christ.
Mais la Bible, dès les origines, leur donne un sens religieux en
affirmant constamment que Dieu est roi, qu'il doit régner, qu'il
est seul vraiment roi. Maître de l'univers qu'il a créé,
Dieu est le chef du Peuple d'Israël avec lequel il a passé
alliance : il le protège, il le conduit par ses prophètes;
il le punit de ses infidélités pour le remettre sur le bon
chemin.
Les rois que se donne Israël ne sont que ses lieutenants; ils n'ont
aucun caractère divin, quand bien même ils reçoivent
l'onction qui les consacre. L'infidélité de ces rois conduira
d'ailleurs la dynastie de David à sa disparition, et, après
l'Exil, c'est par ses prêtres et ses prophètes que Dieu gouverne
désormais Israël.
Le Peuple d'Israël n'en continue pas moins à espérer
un avenir où Dieu règnera véritablement sur l'univers
(cf. Ps 47 et 96). Grâce au roi-messie qu'il consacrera, ou même
sans cet intermédiaire, le règne de Dieu est au cœur de
l'attente des croyants, au temps de Jésus.
On comprend bien dès lors pourquoi Jésus inaugure son annonce
du salut en proclamant la proximité du Royaume de Dieu (ou du Royaume
des cieux, ce qui revient au même). Il déclare même
que le Royaume est déjà là (Mt 11,2-6,12,28; Lc 16,16).
Non pas de manière éclatante, et encore moins par une restauration
politique (Jn 18,36), mais par une vie nouvelle, une vie spirituelle,
dont la semence est déposée au cœur de l'homme (Mt 13,24-43).
Ce Royaume va grandir jusqu'à son achèvement, lorsque le
Christ remettra à Dieu son Père le Royaume de l'humanité
sauvée (1Cor 15,24-28).
L'Eglise fondée par Jésus ne s'identifie pas totalement
à ce Royaume, mais elle en est l'ébauche visible, le chantier
de construction inachevé mais en pleine activité.
Les Paraboles du Royaume n'ont pour but que d'exprimer cette conception
théorique par des exemples pratiques dont nous n'avons pas fini
d'explorer la richesse.
Père JeanPaul BOUVIER
vicaire à saint Charles de Monceau
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17 juin 2012

Fort Neuf de Vincennes
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Apparaître à découvert
Lorsque saint Paul écrit aux Corinthiens que nous devrons tous ‘apparaître
à découvert devant le Seigneur’ (5,10) il ne profère pas une menace
mais une espérance. Pharisien formé par le rabbin Gamaliel (cf. Actes
22,3) reconnu pour la qualité de son enseignement, il fait allusion au
paradis perdu au moment où le premier couple est créé : « tous
deux étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'avaient pas honte l'un
devant l'autre. » (Genèse 2,25) La nudité dont il est question
n’est pas la simple absence de vêtements, c’est aussi la nudité spirituelle :
ils n’ont rien à cacher l’un envers l’autre… ni à Dieu ! Dès qu’ils
ont commis l’acte de désobéissance, ils veulent le cacher de Dieu derrière
un pagne de feuilles de figuier (Genèse 3,7)
Ainsi saint Paul en sous-entendant ce récit biblique rappelle implicitement
aux chrétiens de Corinthe que le Paradis est à nouveau ouvert pour les
hommes et femmes qui se présenteront au ‘à découvert au tribunal du
Christ’ dans la nudité spirituelle, sans rien avoir à cacher ni avoir
honte devant le Sauveur. Restaurés dans la pureté originelle de la Création
par le Sacrifice du Christ, les chrétiens peuvent s’avancer sans crainte,
en toute confiance, vers le Seigneur ; leur vie parle pour eux et
ils se présentent tels qu’ils sont.
Cette lecture retentit encore davantage dans notre époque qui a multiplié
les sources de tentations : le temps passe trop vite et nous remettons
à plus tard l’intimité que nous devrions avoir avec le Seigneur ;
elle conditionne pourtant l’annonce de l’Evangile qui est ainsi reléguée
à un plan subalterne. L’éducation chrétienne des enfants nécessaire pour
leur future vie de chrétiens adultes passe après les occupations de loisirs
que nous nous sentons obligés de devoir leur donner. L’approfondissement
de notre foi d’adulte est négligé et nous la laissons aller sur sa lancée
sans nous apercevoir de son affaiblissement.
« Notre ambition c’est de plaire au Seigneur. » (2Corinthiens
5,9) écrit sans Paul. Qu’en est-il de la nôtre ? Chaque dimanche
les lectures nous provoquent à changer de vie, à nos convertir pour nous
retourner l’essentiel : l’amour de Dieu et du prochain. Les résolutions
ne suffisent pas, elles doivent être suivies d’actes concrets. « Rejetez-vous
le péché ? » demande-t-on lors du Baptême et tous les assistants
répondent : « J’y renonce ! » que ce ne soit
pas dans notre vie une simple formule liturgique mais une affirmation
de tous les jours.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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