19 avril 2003
Forces Armées de Guyane
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La dignité de l'humanité
§1. En réalité, le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment
que dans le mystère du Verbe incarné. Adam, en effet, le premier homme,
était la figure de celui qui devait venir , le Christ Seigneur. Nouvel
Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son
amour, manifeste pleinement l'homme à lui-même et lui découvre la sublimité
de sa vocation. Il n'est donc pas surprenant que les vérités ci-dessus
trouvent en lui leur source et atteignent en lui leur point culminant.
§2. "Image du Dieu invisible" (Col. 1, 15)
, il est l'Homme parfait qui a restauré dans la descendance d'Adam la
ressemblance divine, altérée dès le premier péché. Parce qu'en lui la
nature humaine a été assumée, non absorbée , par le fait même, cette nature
a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale. Car, par son incarnation,
le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a
travaillé avec des mains d'homme, il a pensé avec une intelligence d'homme,
il a agi avec une volonté d'homme , il a aimé avec un cœur d'homme. Né
de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l'un de nous, en tout semblable
à nous, hormis le péché .
§3. Agneau innocent, par son sang librement répandu,
il nous a mérité la vie ; et, en lui, Dieu nous a réconciliés avec lui-même
et entre nous , nous arrachant à l'esclavage du diable et du péché. En
sorte que chacun de nous peut dire avec l'Apôtre : le Fils de Dieu "m'a
aimé et il s'est livré lui-même pour moi" (Gal. 2,20). En souffrant
pour nous, il ne nous a pas simplement donné l'exemple, afin que nous
marchions sur ses pas , mais il a ouvert une route nouvelle : si nous
la suivons, la vie et la mort deviennent saintes et acquièrent un sens
nouveau.
§4. Devenu conforme à l'image du Fils, premier-né d'une
multitude de frères , le chrétien reçoit "les prémices de l'Esprit"
(Rm. 8,23), qui le rendent capable d'accomplir la loi nouvelle de l'amour
. Par cet Esprit, "gage de l'héritage" (Eph. 1,14), c'est tout
l'homme qui est intérieurement renouvelé, dans l'attente de "la rédemption
du corps" (Rom. 8,23) : "Si l'Esprit de celui qui a ressuscité
Jésus d'entre les morts demeure en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ
d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit
qui habite en vous (Rm. 8,11) . Certes, pour un chrétien, c'est une nécessité
et un devoir de combattre le mal au prix de nombreuses tribulations et
de subir la mort. Mais, associé au mystère pascal, devenant conforme au
Christ dans la mort, fortifié par l'espérance, il va au-devant de la résurrection
.
§5. Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient
au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur
desquels, invisiblement, agit la grâce . En effet, puisque le Christ est
mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique,
à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit Saint offre à tous, d'une
façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé au mystère pascal.
§6. Telle est la qualité et la grandeur du mystère de
l'homme, ce mystère que la Révélation chrétienne fait briller aux yeux
des croyants. C'est donc par le Christ et dans le Christ que s'éclaire
l'énigme de la douleur et de la mort qui, hors de son Evangile, nous écrase.
Le Christ est ressuscité ; par sa mort, il a vaincu la mort, et il nous
a abondamment donné la vie pour que, devenus fils dans le Fils, nous clamions
dans l'Esprit: Abba, Père !
Concile Vatican II
Constitution Gaudium et Spes n°22
7 décembre 1965
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7 avril 2012
Fort Neuf de Vincennes
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Importance de la Vigile pascale
La réforme liturgique de 1963, juste après la clôture du Concile Vatican
II dont nous célébrons les 50 ans, a remis la Vigile Pascale à l’honneur
comme une célébration particulièrement importante, comme dans les premiers
siècles. Auparavant, l’‘Office de la Lumière’ était célébré le
samedi matin, avec bénédiction du feu nouveau et allumage du cierge pascal
millésimé ; quelques personnes y assistaient, peu nombreuses souvent
uniquement le clergé local.
La succession des lectures de la Vigile de Pâques montre la pédagogie
de Dieu qui progressivement prépare l’humanité à la révélation de son
Amour. Depuis la Création où Dieu crée l’être humain à son image « Homme
et femme il le créa ! » (Genèse 1,27) jusqu’à la promesse
de mettre son Esprit dans le cœur de tous les croyants « Je vous
donnerai un cœur nouveau et c’est un Esprit nouveau que je mettrai en
vous : j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai
un cœur de chair. » (Ezéchiel 36,26)
L’aboutissement de cette promesse constamment renouvelée dans l’histoire
du Peuple de Dieu est dans la participation de tout chrétien à la mort
et la Résurrection du Christ dans le Baptême : « Nous avons
donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme
le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions
nous aussi dans une vie nouvelle. » (Romains 6,4) Nouvelle Création
de l’être humain à l’image de Dieu en identifiant le Baptisé au Fils Ressuscité.
La liturgie Baptismale – même s’il n’y a pas de personne baptisée – rappelle
à chacun de nous le Baptême que nous avons reçu et nous invite à vivre
comme des personnes ressuscitées. Le cierge pascal et celui que nous levons
pendant cette célébration est la lumière du Christ que nous essayons de
suivre, petite flamme ténue lorsqu’elle est isolée mais qui illumine l’église
parce qu’elle est multipliée par l’ensemble de la communauté.
« N’ayez pas peur ! » dit l’ange aux femmes venues
au tombeau, cette phrase s’adresse aussi à nous qui sommes témoins de
la Résurrection ; le Christ nous précède afin de nous préparer une
place (cf. Jean 14) il nous fixe un rendez-vous pour que nous le retrouvions
dans la gloire du Père éternel. Mettons tout en œuvre pour être présents
à cette rencontre.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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31 mars 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°1004
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Il vous précède en Galilée !
Le ‘jeune homme vêtu de blanc’ délivre un message aux saintes
femmes : « Il est ressuscité ! » Elles venaient
toutes attristées d’avoir à donner à leur ami les derniers hommages qui
sont dû aux défunts : nettoyer son corps couvert de sang et de boue
et l’envelopper d’aromates, mais c’est une sépulture vide qui leur est
montrée ! Quelles pensées pouvaient-elles avoir à ce moment-là ?
Bien sûr elles avaient entendu les pharisiens qui prêchaient la résurrection
des morts comme signe de la fin de temps. Mais aujourd’hui seule la tombe
de Jésus est vide, les autres conservaient les corps qu’elles contenaient.
La seule preuve qui est donnée à ces femmes est la vacuité du tombeau :
il n’y a plus de cadavre à l’endroit où Joseph d’Arimathie et Nicodème
avaient déposé le corps sans vie de Jésus. Le IVème évangile
précise que les linges mortuaires – le Saint Suaire – étaient restés en
place. Les paroles qui leur sont dites ne les rassurent pas.
Le message que le ‘jeune homme vêtu de blanc’ leur demande de
délivrer n’est pas très clair : que veut dire ce rendez-vous que
Jésus donne à ses Apôtres en Galilée ? Presque tous sont Galiléens,
Jésus les reverrait-il dans leur patrie ? Pourquoi les y précéder ?
Eclairée par la Résurrection et l’Esprit saint qui lui est donné, l’Eglise
va pouvoir résoudre cette énigme. La véritable patrie dans laquelle le
Seigneur Jésus donne rendez-vous en nous précédant est le Royaume de Dieu,
celui à propos duquel il a dit : « Quand je serai parti vous
préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi,
afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. » (Jean 14,3).
La rencontre en Galilée ne sera pas pour s’y installer mais au contraire
pour être envoyé en mission : « Allez ! De toutes les
nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du
Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous
ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du
monde. » (Matthieu 28,19-20)
Par le Baptême nous sommes entrés dans le Royaume en espérance :
« Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance ; voir
ce qu’on espère, ce n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment
peut-on l’espérer encore ? Mais nous, qui espérons ce que nous ne
voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. » (Romains 8,24-25)
Dieu le Fils nous donne le même rendez-vous et la même mission qu’à ses
Apôtres : il nous précède dans notre Galilée.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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3 avril 2021
Paroisses Nesle & Athies
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n°1210
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L’histoire du Salut
Huit lectures chacune suivies d’un Psaume et d’une oraison puis un évangile
et une homélie forment l’ensemble de la Parole de Dieu de la Vigile Pascale.
Qui pourrait tenir une attention soutenue pendant un temps si long ?
Pourtant c’est ce que propose l’Eglise catholique de rite latin à ses
fidèles pour cette grande fête de la nuit de Pâques.
Le but de cette prolifération de textes est de montrer par ces quelques
sondages que le projet d’amour de Dieu avec l’homme est présent
tout au long des Ecritures depuis la Création : « Au commencement,
Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, »
(Genèse 1,1) jusqu’à la Résurrection où le Fils attend ses frères et sœurs :
« Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous
l’a dit. » (Marc 16,7)
Il ne faut pas être découragé parce que nous ne profitons pleinement
pas de tous ces textes, laissons le Seigneur agir : d’années en années,
entendant ce résumé de l’histoire du Salut, le croyant sera touché par
l’un de ces textes voire même une seule phrase ou un seul mot et il appréhendera
davantage ce mystère auquel il est associé. Ainsi marche par marche le
disciple se rapproche de plus en plus de Celui qui l’appelle.
Toutes ces lectures et chants de Psaumes montrent que le Seigneur a patiemment
et progressivement préparé son Peuple à la totalité de la Révélation :
« A bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé,
a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours
où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de
toutes choses et par qui il a créé les mondes. » (Hébreux 1,1-2)
Par quelle expression, par quel mot le Seigneur va-t-il m’interpeler
ce soir ? Personne ne peut le dire mais ce sera pour moi un nouvel
élan, non pas quelque chose qui serait radicalement nouveau mais comme
une recrudescence de force, d’envie, de moyen, de perspectives pour continuer
et amplifier la mission qui m’est confiée.
L’abondance de la Parole révélée touche les personnes de façon différente
et ensemble par ces différences mêmes, la communauté peut toucher toute
homme et toute femme et annoncer au monde entier ce que Pierre proclamera
rempli de l’Esprit Saint à la Pentecôte : « Ce Jésus, Dieu
l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé par la
droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et
il l’a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez. »
Actes des Apôtres 2,32-33)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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30 mars 2024
Maison Marie-Thérèse
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n°1377
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Concentré de révélation
Le déroulement de la Vigile Pascale est une succession de rites et de
symboles qui sont autant de petites touches de rappel des révélations
annoncées par les prophètes. Mais pour la plupart, les chrétiens sont
effrayés par le nombre des lectures qui sont proposées par la liturgie ;
ils sont rassurés en voyant que certaines sont obligatoires, cela veut
dire que les autres sont facultatives et donc elles sont rarement lues
en paroisses quelles que soient les richesses qu’elles contiennent.
La célébration commence par la bénédiction du feu nouveau qui permet
d’allumer le cierge pascal millésimé. A partir de cette flamme unique
les participants allument de proche en proche un cierge qui est un rappel
de leur Baptême. Symboliquement le feu initial ne s’éteint pas :
il brûle d’abord visiblement dans ces petites flammes portées individuellement
mis surtout ensuite dans le cœur de ceux qui ont été baptisés. Ainsi ce
feu qui anime tous ceux qui se réclament du christianisme est comme un
feu intérieur où Dieu se révèle. Il brûle sans se consumer c’est-à-dire
semblable au buisson ardent par lequel Moïse reçoit sa mission (cf. Genèse
3)
La procession qui
suit le cierge pascal permet aux fidèles reconnaître la ‘Lumière du
Christ’ par l’acclamation ‘Nous rendons grâce à Dieu’. Ce sont
toutes les flammes portées par chrétiens qui illuminent l’église plongée
dans l’obscurité, symbole de la foi chrétienne éclairant le monde. Cette
disposition durera tout le temps des lectures de l’Ancien Testament jusqu’au
chant du Gloire à Dieu qui éclate sous les voutes avant la lecture de
saint Paul. En même temps les cloches avertissent toute la région de l’accomplissement
de la promesse : le Christ est ressuscité !
Les saintes femmes avaient eu le courage malgré les juifs et les romains
de venir au tombeau ; elles désiraient simplement nettoyer le corps
de leur maître souillé par les crachats, le sang et la boue. Au lieu de
cela elles reçoivent un message d’un inconnu : il leur annonce que
Jésus est ressuscité et il précède ses disciples en Galilée. Ces femmes
avaient vu Jésus mort, elles avaient observé où son corps avait été déposé,
elles avaient constaté la pierre qui avait été roulée et ce jeune homme
dit qu’il est vivant !
Ces femmes et les disciples n’avaient pas compris que Dieu le Fils avait
choisi de se faire chair pour montrer combien l’être humain a d’importance :
il a assumé la condition d’homme jusqu’à la mort de la croix, il montre
maintenant que l’humanité n’est pas arrêtée par la mort, elle continue
dans un corps ressuscité dont Thomas pourra vérifier les plaies. Premier-né
d’entre les morts il nous montre le chemin !
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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