31 mai 1998
Lycée Militaire d'Autun
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n°54
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L'anti Babel
Le livre de la Genèse rapporte comment les hommes ont voulu se
passer de Dieu en construisant une tour qui irait jusqu'aux cieux, voulant
ainsi pénétrer par effraction dans le Royaume de Dieu. Voyant
cela Dieu mélangea leurs langage pour qu'ils ne puissent plus communiquer.
Cette faute est à mettre en parallèle avec le récit
de la Chute d'Adam et Eve qui ont voulu eux aussi devenir comme Dieu ainsi
que le tentateur le proposait. L'homme dans sa liberté désire
se passer de Dieu, ne comprenant pas que sa liberté même
est en Dieu.
Aujourd'hui nous fêtons la Pentecôte, les Apôtres,
ayant reçu l'Esprit Saint, montent sur la terrasse de la maison
pour haranguer les foules et chacun les comprend dans sa propre langue.
En rapprochant le texte de Babel et le texte de la Pentecôte, nous
nous apercevons que Dieu prend l'initiative, comme dans tous les récits
bibliques, il pardonne aux hommes de vouloir se passer de lui, il pardonne
aux hommes d'avoir tué son Fils, il pardonne aux hommes d'être
ce qu'ils sont : il les a créés.
A l'inverse des hommes de Babel qui ont voulu se passer de lui, Dieu
se propose à nouveau en laissant une réponse libre à
l'Homme. Chacun comprend dans sa langue, mais rien n'est imposé.
Le message est délivré , à l'homme de l'interpréter
et d'y adhérer, librement.
Les hommes se sont séparés de Dieu ; Dieu est venu s'unir
à l'Homme par l'incarnation du Fils. Le don de l'Esprit Saint que
nous vivons aujourd'hui n'est pas autre que celui qu'ont vécu les
Apôtres il y a presque deux mille ans.
Les flammèches ne sont peut-être plus visibles, mais elles
sont toujours en chacun de nous, symbolisées par la flamme du cierge
pascal, signe de la résurrection du Christ.
A notre Baptême nous avons aussi reçu ce cierge, puisse
cette lumière ténue nous illuminer dans notre vie quotidienne.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du lycée militaire d'Autun
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30 mai 2004
Bosnie Herzégovine
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n°224
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De la Loi à l’Esprit
Il est toujours profitable de se situer dans la période et la culture
de Jésus le Christ et de ses Apôtres pour mieux comprendre la portée du
message dont nous sommes dépositaires.
La fête juive de Pâques (en hébreu Pessah = passage) fait mémoire,
c’est à dire rend présent, de la libération de l’esclavage d’Egypte et
du passage de la mer rouge, suivi de la purification du peuple et de sa
foi dans le désert afin qu’il se détache définitivement des représentations
des dieux égyptiens sous forme d’idoles.
C’est la fête essentielle dans le judaïsme, l’événement qui constitue
les enfants d’Abraham en peuple élu, sauvé par Dieu avec la mission d’être
le signe de l’amour de Dieu pour le révéler aux hommes. Chaque juif aujourd’hui
encore reprend le sens de cette prière : « J’étais esclave
en Egypte et Dieu m’a libéré » en actualisant à lui-même cet
événement arrivé à son peuple.
La fête juive de la Pentecôte en (hébreu Shevott = semaines), sept semaines
après la fête de Pâque, soit une ‘semaine de semaines’, fait mémoire
du don de la Torah à Moïse sur le mont Sinaï (cf. Ex 19,10-11) Cette Loi
qui va fonder le peuple dans l’amour de Dieu.
Le décalogue qui est confié au peuple ne règle pas tous les actes de
la vie : le livre du Lévitique, à partir des dix Commandements, va
légiférer sur les actes quotidiens, mais la Loi éveille la conscience
en faisant poser la question : « ce que je fais maintenant
est-il conforme au projet de Dieu sur l’homme ? »
Le rapprochement fait avec la transformation de ces deux fêtes par le
Christ est significatif.
Dans la fête chrétienne de Pâques, les disciples font mémoire d’une autre
libération et d’un autre passage. Libération du péché par le seul sacrifice
qui soit possible de manière constante : l’offrande libre de sa vie
humaine par le Fils éternel de Dieu dont l’agneau pascal n’était que la
préfiguration. Passage par la mort et la Résurrection qui s’accompagne
d’une purification de l’Homme pour pouvoir contempler son Seigneur en
entrer dans la véritable ‘Terre Promise’ prévue depuis la création
et dont l’Eden est la figure.
La fête chrétienne de la Pentecôte fait mémoire de l’événement vécu par
les Apôtres dans le Cénacle, mais aussi de notre Pentecôte personnelle :
notre confirmation. Au don de la Loi succède le don de l’Esprit. Un guide
pour notre conscience qui nous est donné pour que nous puissions être
des témoins de l’amour de Dieu dans la vie quotidienne, quelles que soient
nos occupations. Nous ne posons pas seulement la question de la conformité
de notre vie à l’Evangile, nous avons les réponses qui nous sont données
par l’Esprit dès que nous lui demandons.
Libres à nous ensuite de tenir compte de ce qui nous est révélé ou non...
père JeanPaul Bouvier
aumônier catholique de l'Opération Salamandre
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27 mai 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°320
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Ils se mirent à parler d’autres langues
Les actes des Apôtres de saint Luc nous montre la communauté des disciples
de Jésus comme se réunissant tous les jours pour prier ; non seulement
les Apôtres eux-mêmes qui vont désigner le successeur de Judas mais aussi
d’autres personnes, notamment Marie, mère de Jésus.
La Pentecôte est une des fêtes juives majeures. C’est la fin des moissons
et il est prescrit d’offrir les prémices des produits de la terre (cf.
Ex 23,16) lors de la fête des semaines (cf. Ex 34,22) et elle était l’occasion
d’un pèlerinage à Jérusalem en écho et couronnement du pèlerinage pascal.
Les sept semaines n’étaient qu’un seul jour de fête. Dès avant l’époque
de Jésus les rabbins y ont vu la commémoration annuelle de l’Alliance,
quand la Loi fut donnée à Moïse sur le mont Sinaï.
Il y a donc beaucoup de monde à Jérusalem en ce jour de la Pentecôte
33, venant de tous les lieux de la Diaspora, de tout le pourtour de la
mer Méditerranée. La liste que propose saint Luc ne prétend pas être exhaustive.
C’est lors d’une des réunions de prières dans le Cénacle que l’Esprit
Saint saisit les Apôtres et autres disciples.
Aussitôt, ils vont s’adresser aux pèlerins qui les comprennent dans leur
propre langue. Comme Jésus pour les pèlerins d’Emmaüs, c’est par l’Ecriture
que les Apôtres vont annoncer la Nouvelle de la Résurrection. La fin du
passage (Ac 2,41 non lu dans la liturgie) indique qu’il y eut trois mille
nouveaux disciples qui se font baptiser, en recevant eux aussi l’Esprit
Saint !
Avec ces nouveaux convertis au christianisme naissant, le Message de
l’Evangile va gagner l’ensemble du monde romain et à partir de là essaimer
encore plus loin. C’est ainsi que se perpétue le miracle de la Pentecôte :
chaque chrétien ne parle pas toutes les langues malgré le don de l’Esprit
Saint qui lui est fait dans tous les Sacrements, mais l’Eglise répandue
à travers le monde s’exprime dans toutes les langues locales. Chaque chrétien,
là où il se trouve, annonce à sa façon l’Evangile du Christ. L’Eglise
l’annonce à l’ensemble du monde.
Puisse la célébration de la fête de la Pentecôte réveiller en nous cette
volonté d’annoncer pour aujourd’hui et dans notre culte le Salut de tous
les hommes ; sans oublier que le Christ nous a dit que nous étions
dans le monde, mais nous ne sommes pas du monde ! Il ne s’agit pas
de tout cautionner parce que c’est ‘culturel’ mais au contraire
d’amener notre culture à se purifier au contact de la Parole de Dieu.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Militaire
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23 mai 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°477
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L’Esprit Saint vous enseignera tout
D’après la tradition, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus aurait dit à sa
sœur, la future mère Agnès supérieure du Carmel de Lisieux : « Je
veux être remplie de l’Amour de Dieu ! » Celle-ci en guise de
réponse aurait mis de l’eau à raz-bord dans un seau et dans un dé à coudre
et elle aurait dit à sa petite sœur : « Dis-moi maintenant quel
est le plus plein ? Le seau ou le dé ? »
Un récipient a une capacité qui lui est propre qui ne peut être dépassée,
à l’inverse les chrétiens reçoivent toujours davantage les dons de l’Esprit
Saint ; ils évoluent en fonction de leur âge, de leur niveau d’instruction,
de leur culture, de leur intelligence, de leurs connaissances, mais à
chaque instant de leur vie ils l’ont totalement ; ce qu’ils expriment
dans la foi est circonstancié mais est réellement une révélation de l’Esprit
Saint.
Il n’y a pas lieu d’avoir des complexes parce que chacun de nous n’est
pas un grand théologien, un grand dogmatique, un grand exégète… Il nous
est simplement demandé d’être nous-mêmes tels que nous sommes en vérité
en progressant dans notre foi en la nourrissant d’abord par les Sacrements,
ensuite par la lecture des textes de l’Eglise et de tel ou tel ouvrage
chrétien.
« Et quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous préoccupez
pas de ce que vous direz, mais dites ce qui vous sera donné sur le moment :
car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit Saint. » Ces
paroles rapportées par saint Marc (13,11) expliquent celles de l’évangile
de saint Jean : l’Esprit Saint est donné en fonction de ce qui est
demandé, c’est ce que l’Eglise appelle la grâce d’état. Grâce qui
est donnée surabondamment à tous ceux qui la demandent et l’acceptent
avec foi.
Le christianisme demande au croyant d’être pleinement humain ; le
Fils ne s’est-il par incarné ? Il a voulu vivre la condition d’homme
dans son temps et manifester au milieu des hommes l’amour du Père. Il
a dévoilé que faire la volonté du Père conduit à la Résurrection. Cela
demande un esprit de prière et de contemplation que Jésus, Fils du Père
et fils de Marie, montre à ses Apôtres en se mettant à l’écart pour prier.
Etre pleinement humain, c’est être à l’image du Christ, prendre le temps
de prier, de méditer la Parole de Dieu, d’aimer son prochain tel qu’il
est.
L’Esprit Saint est souvent comparé au vent : nous ne le voyons pas
mais nous voyons ses effets ; les dons de l’Esprit qui sont donnés
au croyant ne sont pas plus visibles si nous ne les mettons pas en pratique.
Nous sommes enseignés par l’Esprit, il nous permet de savoir que nous
sommes appelés à la résurrection, sachons le manifester par une vie conforme
à ce qui nous est donné.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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19 mai 2013
Secteur Vermandois
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n°681
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Le cinquantième jour
Trois fêtes sont particulièrement importantes dans le judaïsme :
Pâque (14ème jour du 1er moi) Pentecôte (cinquante jours après Pâque)
et la fête des Tentes (15ème jour du 7ème mois) Les pèlerins viennent
nombreux à Jérusalem à l’occasion de ces événements. La Pentecôte est
appelée aussi fête des semaines (sept semaines après Pâques plus un jour)
ou fête des moissons mais la tradition rabbinique – notamment hors de
la Palestine – estimait que cette fête commémorait également le don de
la Loi sur le mont Sinaï (cf. Deutéronome 5,6-21)
Ce jour-là, les Apôtres et les disciples se sont réunis pour célébrer
la Pentecôte. Ils se préparent sans doute à aller au Temple en communauté
pour y apporter les offrandes et les sacrifices prescrits par la Loi de
Moïse (cf. Lévitique 23,15-20) Soudain l’Esprit Saint remplit chacun d’eux
et ils se mettent à parler en langues afin de faire comprendre la Bonne
Nouvelle du Salut en Jésus Christ à tous les pèlerins venus en foule à
Jérusalem depuis tous les pays du pourtour méditerranéen.
Une constatation immédiate met en évidence que le jour où le judaïsme
commémore le don de la Loi à Moïse pour constituer le Peuple de Dieu,
les chrétiens reçoivent l’Esprit Saint pour l’annonce de l’Evangile. A
une Loi externe faite pour vivre en société succède le discernement personnel :
hommes et femmes sont en présence de Dieu et ont un libre accès à l’« arbre
de la connaissance du Bien et du Mal » (cf. Genèse 3) Un seul
commandement subsiste : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ; voilà
le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se rattache
toute la Loi, ainsi que les Prophètes » (Matthieu 22,37-39)
Dans le même sens, les quatre évangélistes précisent que le Christ est
ressuscité un dimanche « Le premier jour de la semaine. »
(Matthieu 28,1 et par.) instaurant en cela une nouvelle création, un homme
nouveau premier-né d’entre les morts. La Pentecôte survenant cinquante
jours après Pâques est également un dimanche, il y a aussi une nouvelle
création : l’Eglise, nouveau peuple de Dieu, enseignée par l’Esprit
Saint (cf. Jean 14,26)
L’Eglise parle toutes les langues mais elle compte sur chaque chrétien
pour transmettre là où il se trouve l’Evangile et « poussés par
cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant ‘Abba’ C’est donc l’Esprit
Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. »
(Romains 8,15-16) il ne tient donc qu’à nous de vivre en enfants du Père,
frères et sœurs du Christ.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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15 mai 2016
Secteur Vermandois
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n°874
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L’Esprit Saint vous enseignera tout !
Lorsque le Christ dit cela à ses disciples, il ne sous-entend pas que
nous aurions une connaissance totale du monde qui nous entoure – seul
Dieu est omniscient – il parle de l’enseignement que lui-même a donné.
L’Esprit que le Père envoie est un Esprit de discernement qui permet à
ceux qui l’ont reçu de percevoir la façon de vivre et de transmettre la
Bonne Nouvelle du Salut.
Au moment où il impose les mains sur ceux qui vont être confirmés, l’évêque
prie ainsi : « Que ton Esprit repose sur eux comme il a reposé
sur Jésus, et qu'il leur apporte la plénitude de ses dons : un Esprit
de sagesse et d'intelligence, un Esprit de conseil et de force, un Esprit
de connaissance, d'affection filiale et de louange. » C’est un
développement de cette phrase que Jésus a dite à ses disciples.
Chacun de ces sept dons de l’Esprit Saint pris séparément possède une
signification propre, mais pris dans leur ensemble ils prennent un nouveau
sens grâce à leur complémentarité. Que serait la force de l’Esprit sans
la sagesse de ce même Esprit ? La connaissance sans l’intelligence ?..
Les chrétiens à travers les siècles ont su mettre en œuvre ces dons qu’ils
ont reçus. Depuis le discours de Pierre sur la terrasse du Cénacle cinquante
jours après Pâques, l’Eglise s’adresse aux hommes selon leur langue et
leurs coutumes ; elle est inspirée par l’Esprit qui la guide dans
la façon d’annoncer l’Evangile. « Leur communauté, en effet, s'édifie
avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l'Esprit Saint
dans leur marche vers le royaume du Père, et porteurs d'un message de
salut qu'il faut proposer à tous. » (Vatican II, Gaudium et
spes n°1)
Dans sa double appartenance, divine et humaine, sainte et pécheresse,
l’Eglise progresse dans sa connaissance et sa compréhension du message
laissé par le Christ à toute l’humanité grâce à cet enseignement constant
de l’Esprit et elle transmet l’Evangile malgré ses propres faiblesses
dues à son incarnation dans un enracinement profondément humain.
Dans la pratique quotidienne, il ne suffit pas de rappeler l’enseignement
de l’Eglise de façon anonyme et extérieure, chaque chrétien doit oser
le ‘je’ ; il ne faut pas se contenter de dire ‘L’Eglise
croit’ mais s’engager à dire ‘Je crois’ et vivre en conformité
avec cette profession de foi. L’Esprit me guidera toujours sur la voie
du Royaume si je le demande : « Vous savez donner de bonnes
choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit
Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Luc 11,13)
En relisant personnellement le récit de la Pentecôte dans le livre des
Actes des Apôtres, je peux remplacer tout ce qui est à la troisième personne
du pluriel par la première personne du singulier, alors « Tous
furent remplis d’Esprit Saint » devient ‘Je suis rempli de
l’Esprit Saint’ et cela s’appliquera dans ma vie comme cela s’est
appliqué dans la vie des Apôtres !
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
administrateur des paroisses de Nesle et Athies
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9 juin 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1087
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L’Esprit de Dieu habite en vous
La Pâque juive avait été fêtée un samedi : Joseph d’Arimathie et
Nicodème mettent à la hâte dans un tombeau vide le corps sans vie de Jésus
le vendredi soir : « A cause de la Préparation de la Pâque
juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus. »
(Jean 19,42). Le jour de la Pentecôte, cinquante jours plus tard (49 +
1 jours) est donc célébré un dimanche. Les disciples sont ainsi réunis
le ‘premier jour de la semaine’ c’est-à-dire comme le jour de la
Résurrection : « Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine
se rend au tombeau de grand matin. » (Jean 20,1).
La fête juive de la Pentecôte se présente sous un double aspect :
- d’une part une fête agricole où les croyants offraient à Dieu les
prémices de la moisson (cf. Lévitique 23,16)-
- d’autre part une fête plus spirituelle commémorant le don que Dieu
fait de la Loi à Moïse « Quand le Seigneur eut fini de parler
avec Moïse sur le mont Sinaï, il lui donna les deux tables du Témoignage,
les tables de pierre écrites du doigt de Dieu. » (Exode 31,18)
L’événement de la Pentecôte relaté dans les Actes des Apôtres possède
aussi deux aspects :
- d’une part l’effusion de l’Esprit Saint qui avait été promis par Dieu
le Fils en annonçant son Ascension « Le Défenseur, l’Esprit
Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et
il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jean
14,26) que l’évangéliste présentait dès le début de son récit comme
un don succédant à la Loi « Tous nous avons eu part à sa
plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ; car la Loi fut donnée
par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. »
(Jean 1,16-17)
- d’autre part à la fin du discours de Pierre sur la terrasse du Cénacle
« Alors, ceux qui avaient accueilli la parole de Pierre furent
baptisés. Ce jour-là, environ trois mille personnes se joignirent à
eux. » (Actes 2,41) ; ces premiers convertis à la Parole
représentent les prémices de la moisson pour laquelle les ouvriers sont
peu nombreux (cf. Luc 10,2). Une moisson non plus de gerbes mais d’hommes.
Ainsi la ‘fête des semaines’ (ou Pentecôte) décrite dans la tradition
d’Israël est présentée par les évangélistes comme la préfiguration du
don de l’Esprit accompagné de la conversion de la multitude appelée à
être héritière avec le Christ (cf. lecture de saint Paul, Romains 8,17)
« L’Esprit Saint vous enseignera tout » Il reste à profiter
de cet enseignement et à le mettre en pratique…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
et Modérateur de la paroisse saint Radegonde
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5 juin 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1273
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Universalité
La description très imagée du jour de la Pentecôte à Jérusalem dans les
Actes des Apôtres est comme un film qui se déroule dans notre esprit ;
nous avons beau connaître le texte, nous imaginons ces hommes remplis
de l’Esprit Saint monter sur la terrasse pour haranguer les foules venues
en pèlerinage pour cette grande fête juive. Ils viennent de tous les pays
du pourtour de la Méditerranée, la liste donnée par saint Luc n’est sans
doute pas exhaustive. Ce sont les juifs de la Diaspora que leur histoire
à amener à quitter leur pays pour aller au loin, mais ils demeurent attachés
à cette Terre que Dieu avait promise à leur père Abraham.
Un bruit intense attire l’attention de ces pèlerins et ils se dirigent
vers sa source pour voir quelle en est la cause. Ils découvrent des hommes
qui parlent d’un certain Jésus, Fils de Dieu, qui a offert sa vie et qui
est ressuscité pour le salut de l’humanité ; chacun comprend dans
sa propre langue ce message qui proclame les ‘merveilles de Dieu’.
Nous aimerions peut-être avoir été témoins de cette scène, soit aux côtés
des Apôtres soit dans la foule. Mais à travers le temps et l’espace nous
y sommes présents : le groupe des Apôtres évangélise dans toutes
les langues comme une préfiguration de l’Eglise qui est présente aujourd’hui
auprès de tous les hommes dans toutes les langues. Le Concile Vatican
II, en autorisant l’usage des langues vernaculaires, a voulu que toute
personne puisse entendre dans sa propre langue le mystère chrétien
L’Eglise n’est pas un concept abstrait, elle est composée d’hommes et
de femmes qui ont reçu l’Esprit Saint le même que celui qui a été donné
aux Apôtres dans le Cénacle où Jésus avait partagé le dernier repas avec
ses disciples : nous avons été baptisés et confirmés dans des lieux
où l’Eucharistie est célébrée. Ce n’est pas seulement un parallélisme
symbolique, c’est une identité : même lieu même effet ! Présents
dans le Cénacle lorsque nous célébrons la messe, nous sommes présents
dans le Cénacle lors de notre Pentecôte : la Confirmation
Remplis de l’Esprit Saint comme les Apôtres, nous devons aussi agir comme
eux, c'est-à-dire annoncer aux personnes qui nous entourent, là où nous
sommes, ‘les merveilles de Dieu’. Sans chercher à savoir si nous
allons choquer ou être tournés en dérision car le message est tellement
impérieux que nous ne pouvons pas le garder égoïstement pour nous-mêmes :
« Annoncer l'Évangile en effet n'est pas pour moi un titre de
gloire ; c'est une nécessité qui m'incombe. Oui, malheur à moi si
je n'annonçais pas l'Évangile ! » (1Corinthiens 9,16)
La fête de la Pentecôte n’est pas la conclusion du temps de Pâques, elle
est une évolution dans la continuité du temps de l’Eglise. Il incombe
aux chrétiens d’aujourd’hui de succéder à la prédication des Apôtres en
‘montant sur la terrasse’.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& Modérateur de Sainte Radegonde
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