10 mai 2009
Brigade Franco-Allemande
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La vigne
La vigne est une plante merveilleuse. Elle représente très bien ce
qu'est la vie. En hiver, elle est réduite à peu de chose mais quand vient
le printemps, elle se gonfle de sève, il lui pousse des feuilles et après
des raisins. De la vigne provient donc le bon vin fait avec les raisins
pressés. La vigne dans le texte biblique, symbolise le peuple d'Israël
: Dieu est le vigneron qui s'occupe de sa vigne. En Grèce, la vigne symbolisait
la plénitude de la vie. Elle était consacrée à Dionysios, le dieu de l'extase,
de l'ivresse, de la métamorphose et de la régénération, de tout ce qui
vit. Quand il se qualifie de « vigne véritable », Jésus reprend toutes
les attentes que les hommes ont mises, depuis toujours, dans la vigne.
Jésus évoque deux images liées à la vigne. D'abord, le lien étroit
entre cep et sarment : image qui symbolise la relation forte qu'entretient
Jésus avec les siens. Sans lui, on ne peut porter de fruit. La seconde
image est celle du vin, ce vin qui donne à la vie un goût nouveau. Le
vin est le sang de la terre. Pour les Grecs, il était le sang de Dionysos,
élixir de vie et breuvage d'immortalité. Jésus accomplit l'aspiration
que les Grecs avaient mise en Dionysios, celle de l'extase et de la plénitude
de vie. Jésus veut être le vin qui nous enivre et nous remplit d'amour
et de joie.
Quoi penser s'il avait dit : Je suis une tisane digestive. Jésus,
nous associerions, alors l'ascèse, la prudence et un souci de soi excessif.
Mais il s'est comparé à la vigne et au vin. Il se veut, pour nous, source
de douceur et de saveur.
Pierre Bougie, PSS, bibliste
Professeur au Grand Séminaire de Montréal
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6 mai 2012
Fort Neuf de Vincennes
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L’accréditation de saint Paul
De retour à Jérusalem après son séjour à Damas où il a été baptisé par
Ananie, saint Paul cherche en rencontrer les Apôtres mais ceux-ci sont
méfiants : n’est-ce pas une ruse pour les démasquer et les livrer
au pouvoir religieux ? Paul est connu pour être un pharisien intransigeant
éduqué par Gamaliel, un des maîtres pharisiens parmi les plus importants.
Se peut-il qu’il ait changé au point de croire réellement et sincèrement
à l’Evangile. Barnabé, un lévite originaire de Chypre (cf. Actes 4,36)
– donc de langue grecque – qui va présenter Paul aux Apôtres en leur racontant
comment le Christ lui est apparu. Dès lors les Apôtres l’autorisent à
prêcher avec eux spécialement aux personnes de langue grecque.
La mission de saint Paul lui a été confiée directement par le Christ
lui-même : « Je te délivrerai du peuple et des nations païennes,
vers lesquelles je t'envoie, moi, pour leur ouvrir les yeux, afin qu'elles
reviennent des ténèbres à la lumière et de l'empire de Satan à Dieu, et
qu'elles obtiennent, par la foi en moi, la rémission de leurs péchés et
une part d'héritage avec les sanctifiés. » (Actes 26,17-18) Malgré
cela, l’‘Apôtre des Gentils’ a eu besoin de l’aval de l’Eglise
pour se mettre à prêcher. En effet, déjà, des hommes prêchent la Bonne
Nouvelle en leur nom propre et non pas au Nom de Jésus, ils troublent
les chrétiens et cela entraînera la convocation de l’Assemblée de Jérusalem
(vers 49) : « Ayant appris que quelques-uns uns des nôtres
vous ont troublés par leurs paroles et ont bouleversé vos âmes, et sans
mandat de notre part, nous avons décidé d'un commun accord de choisir
des hommes et de vous les envoyer avec nos chers Barnabé et Paul. »
(Actes 15,24-25) Paul et son ‘parrain’ Barnabé sont envoyés par
l’Assemblée des ‘Anciens’, investis de la mission de remettre les
esprits en ordre et d’annoncer l’Evangile de façon conforme à la foi de
l’Eglise.
Pour nous aujourd’hui, nous pouvons nous sentir investis d’une mission
qui nous est propre et que nous pensons venir de l’Esprit Saint, mais
nous avons besoin du discernement de l’Eglise pour être sûrs qu’il s’agit
bien de l’annonce de l’Evangile et non pas une considération personnelle
de la foi que nous estimerions universelle.
Une semaine après le dimanche des vocations, ce texte nous éclaire, il
ne peut pas y avoir de vocation qui ne soit que personnelle : pour
qu’elle soit fructueuse, elle doit être rattachée à la Vigne (l’Eglise)
dont le Seigneur est le vigneron attentionné.
Ainsi dans certains cas nous aurons à confirmer telle ou telle vocation
et à la favoriser au nom de l’Eglise et dans d’autres cas nous aurons
à être avalisé par l’Eglise pour notre propre vocation. Dans les deux
cas, faisons-le avec humilité et confiance en l’Esprit.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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3 mai 2015
Secteur Vermandois
n° 815
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L’image de la Vigne
Avant même que les prophètes s’emparent de cette image pour désigner
le Peuple de Dieu, les auteurs du Pentateuque, inspirés par Dieu, avaient
utilisé la vigne dans son symbolisme le plus fort. Dès que la terre ferme
est apparue après le Déluge, Noé descendant de l’arche plante une vigne
pour signifier le renouveau de l’humanité. Dans cette esprit, l’imagination
populaire a transformé les ‘feuilles de figuier’ cousues par Adam
pour cacher sa nudité (cf. Genèse 3,7) en une feuille de vigne sans doute
parce qu’elle dissimule la source de toute l’humanité.
L’allégorie à laquelle Jésus se réfère le plus souvent est celle que
le prophète Isaïe utilise pour montrer au peuple d’Israël combien il est
peu reconnaissant par rapport aux dons que Dieu lui a donnés et qui sont
comparés aux soins consciencieux qu’un vigneron attentif apporte à la
vigne dont il a la charge.
Jésus se présente comme le ‘fils du propriétaire’ venu réclamer
le produit de la vigne aux vignerons indignes qui le rejettent ‘hors
de la vigne’ et le tuent (cf. Marc 12,5-8) ; il montre par cette
parabole que le Peuple Elu rejette le Fils de Dieu et le tuent ‘hors
du peuple’ par l’intermédiaire des romains.
Dans le IVème Evangile, Jésus s’identifie au ‘cep’, c'est-à-dire
à la racine de la vigne, tout vient par lui ; il offre ainsi une
image de la Sainte Trinité : le Fils est enraciné dans le Père comme
le cep dans la terre, il envoie l’Esprit de Dieu aux hommes comme le cep
fournit la sève aux sarments à partir des nutriments de la terre. Si le
sarment est coupé, la sève ne parvient plus jusqu’à lui et il se dessèche,
de même celui qui se coupe volontairement du Fils se prive de l’Esprit
Saint.
Les soins que les vignerons prodiguent aux sarments qui portent du fruit
évoquent l’attention que le Père porte à ceux qui le cherchent en leur
permettant de se débarrasser de ce qui est inutile pour être en pleine
communion avec Lui. De même que les sarments ne font rien de leur propre
chef mais porte du fruit parce qu’ils ont été émondés, de même le chrétien
reçoit cette purification du Père ce qui lui permet d’être témoin de la
Bonne Nouvelle.
En d’autres termes, ce ne sont pas mes œuvres – si pieuses soient-elles
– qui me font rencontrer Dieu, mais c’est parce que j’ai rencontré Dieu
que mes œuvres sont de réels témoignages : « la foi, si elle
n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. En revanche, on va dire :
‘Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi
sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la
foi.’ » (Jacques 2,17-18)
« Demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour
vous. » (Jean 15,7) Par ce conseil, l’évangéliste nous invite
à faire confiance à Celui qui nous aime, la réalisation n’est pas souvent
celle que nous attendions, mais ce que nous demandons devient toujours
réel.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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29 avril 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°1008
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Gaudete et exultate
« Soyez dans la joie et l’allégresse » Tel est le titre
sous lequel le Saint Père donne à l’Eglise son Exhortation Apostolique.
Le pape François y développe un nouvel ‘appel à la Sainteté dans le
monde actuel’. Il donne dans ce texte de nombreux exemples de ‘sainteté
anonyme’ qui ne sont pas notés au ‘martyrologe’ mais qui n’en
sont pas moins réels.
En lisant le passage de la première épitre de saint Jean proposée en
ce cinquième dimanche de Pâques, le pape François semble développer ce
que saint Jean écrivait déjà à ses correspondants : « Petits
enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes
et en vérité. » (1Jean 3,18)
L’appel à la sainteté n'est pas une nouveauté, c’est un thème récurrent
dans toute la Bible, Ancien et Nouveau Testament. Les croyants ne peuvent
être que saints puisque le Dieu qu’ils ‘adorent en esprit et en vérité’
(cf. Jean 4,24) est saint. C’est ainsi que Dieu se révèle à son peuple
dans le désert : « Car moi, le Seigneur, je vous ai fait
monter du pays d’Égypte pour être votre Dieu : vous serez donc saints
car moi, je suis saint. » (Lévitique 11,45) Ce que rappelle Jésus
à ses Apôtres dans des termes similaires : « Vous donc, vous
serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Matthieu
5,48)
La contemplation de Dieu dans sa Sainteté est une source de joie pour
tous ceux qui croient en lui, de très nombreux psaumes reprennent cette
idée : s’approcher de Dieu dans la foi donne une joie profonde :
« La joie de notre cœur vient de lui, notre confiance est dans
son nom très saint. » (Psaume 33[32],21) Aux serviteurs qui ont
fait fructifier les talents que le maître leur avait confiés se voient
invités à ‘entrer dans la joie de leur maître’ (cf. Matthieu 25,21.23)
Le pape François nous rappelle par cette Exhortation que la sainteté
doit être accompagnée de joie et d’allégresse. Si les chrétiens manifestent
leur adhésion à la foi de l’Eglise avec des têtes de six pieds de long,
comment peuvent-ils annoncer que l’Evangile est réellement une ‘Bonne
Nouvelle’ ? Il n’est pas question d’exubérance mais d’une
joie sereine, simple et profonde d’être sauvés par l’amour du Père qui
a accepté le sacrifice de son Fils pour que nous ayons l’Esprit de discernement.
« Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher,
notre salut ! Allons jusqu'à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête
acclamons-le ! » (Psaume 95[94],1-2) Ces versets commencent la
prière des prêtres, religieux et religieuses tous les matins, il serait
bon que tous les fidèles les mettent en pratique non seulement en les
récitant d’abord lorsqu’ils sont rassemblés pour la messe, mais aussi
dans toute leur vie.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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2 mai 2021
Paroisses Nesle & Athies
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n°1215
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Vigne et vigneron
La vigne est une plante merveilleuse. Elle représente très bien ce qu'est
la vie. En hiver, elle est réduite à peu de chose mais quand vient le
printemps, elle se gonfle de sève, il lui pousse des feuilles et après
des raisins. De la vigne provient donc le bon vin fait avec les raisins
pressés. La vigne dans le texte biblique, symbolise le peuple d'Israël
: Dieu est le vigneron qui s'occupe de sa vigne.
L’image de la vigne est largement utilisée dans l’Ancien Testament par
les prophètes que ce soit dans une production favorable de beaux raisins
qui permettront un bon vin ou au contraire dans une culture décevante
qui fournira une piquette désagréable malgré les soins prodigués par le
vigneron.
Jésus évoque deux images liées à la vigne. D'abord, le lien étroit entre
cep et sarment : image qui symbolise la relation forte qu'entretient Jésus
avec les siens. Sans lui, on ne peut porter de fruit. La seconde image
est celle du vin, ce vin qui donne à la vie un goût nouveau. Le vin est
le sang de la terre.
Dans le IVème Evangile, Jésus s’identifie au ‘cep’,
c'est-à-dire à la racine de la vigne, tout vient par lui ; il offre
ainsi une image de la Sainte Trinité : le Fils est enraciné dans
le Père comme le cep dans la terre, il envoie l’Esprit de Dieu aux hommes
comme le cep fournit la sève aux sarments à partir des nutriments de la
terre. Si le sarment est coupé, la sève ne parvient plus jusqu’à lui et
il se dessèche, de même celui qui se coupe volontairement du Fils se prive
de l’Esprit Saint.
L’image de la vigne est sans doute moins parlante pour nous aujourd’hui
mais la notion d’être liés de façon intime avec le Fils et d’être nourris
de la sève qui vient de lui reste profondément ancrée en nous. Ainsi vivifiés
par l’Esprit donné par le Christ nous pouvons être de vrais témoins crédibles.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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28 avril 2024
Maison Marie-Thérèse
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n°1382
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Barnabé, le garant de Paul
Barnabé est un parfait inconnu, son nom figure dans aucune liste des
Apôtres et cette qualité ne lui est jamais attribuée, il n’appartient
pas non plus au groupe des personnes désignées pour s’occuper des convertis
de langue grecque (cf. Acte 6,3) Les seuls éléments que saint Luc donne
dans le livre des Actes est la somme d’argent qu’il a fait au bénéfice
des Apôtres : « Il y avait un lévite originaire de Chypre,
Joseph, surnommé Barnabé par les Apôtres, ce qui se traduit : « homme
du réconfort ». Il vendit un champ qu’il possédait et en apporta
l’argent qu’il déposa aux pieds des Apôtres. » (Actes 4,36-37)
Après la rencontre avec le Christ ressuscité, dès la guérison de sa cécité
par le Baptême qui lui a été donné par Ananie sur ordre du Seigneur (cf.
Actes 9,10sv.), Paul « s’était exprimé avec assurance u nom de
Jésus. » (v. 27). Arrivé à Jérusalem, il voulait rencontrer les
Apôtres pour être sûr de la justesse de ses discours sur le Christ, mais
il se heurtait à une forte méfiance : comment cet homme connu pour
son éducation pharisienne stricte pouvait-il avoir ainsi changé d’avis ?
N’était-ce pas une ruse supplémentaire pour que les disciples se révèlent
et soient ainsi plus faciles à persécuter ? « Alors Barnabé
le prit avec lui et le présenta aux Apôtres ; il leur raconta comment,
sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment,
à Damas, il s’était exprimé avec assurance au nom de Jésus. Dès lors,
Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux, s’exprimant avec assurance
au nom du Seigneur. » (vv. 27-28)
A partir de ce moment ce sont ceux qui avaient envoyé Paul à Damas pour
persécuter les disciples de Jésus qui cherchent à le tuer. Ils ne supportaient
pas que celui qui avait leur confiance pour éradiquer les adeptes de cette
doctrine se soit ainsi converti à cette Bonne Nouvelle qu’il devait combattre.
Paul est mis à l’abri de leurs poursuites dans sa ville natale, Tarse.
C’est là que le même Barnabé ira le rechercher pour qu’il participe à
l’évangélisation faite en langue grecque à Antioche.
Cette relation de la vocation de saint Paul et les difficultés qu’il
a pu rencontrer pour faire admettre aux Apôtres que l’appel du Christ
était réel sont très instructives pour la vie de l’Eglise. A travers les
âges jusqu’à notre époque où nous assistons à des conversions plus nombreuses
qu’il y a quelques années. Ces personnes qui découvrent le Christ sont
comme Paul : elles ont besoin d’aide. Une première approche est comme
celle d’Ananie qui est envoyé pour ouvrir les yeux de l’âme, mais dans
un second temps il est nécessaire qu’un témoin de la sincérité de cette
conversion présente ce disciple à l’Eglise et qu’il soit protégé dans
cette nouvelle voie, sans être coupé de son passé mais en le regardant
à l’éclairage de l’Evangile.
Ainsi chacun de nous est tout à tour un Paul qui
reçoit une révélation personnelle, un Ananie qui
est envoyé vers les autres pour un premier enseignement, un Barnabé
qui ira chercher la meilleure personne pour annoncer l’Evangile dans un
langage compréhensible pour les communautés qui ont besoin d’un enseignement.
Demandons au Seigneur de savoir répondre selon sa volonté à ces différents
appels que l’Eglise propose à tous ceux qui veulent suivre l’Evangile.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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