15 avril 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°313
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L’exemple de Thomas
Le quatrième évangile utilise souvent un des disciples pour représenter
l’ensemble des croyants. Ecrit à la fin du premier siècle ou au tout début
du deuxième, il veut mettre les chrétiens devant les choix en leur montrant
que cela a aussi été le cas pour les Apôtres.
Ainsi l’épisode rapportant les doutes de saint Thomas est-il relaté pour
montrer aux jeunes communautés d’une part que la foi n’est pas toujours
aussi facile qu’elles le croient et d’autre part qu’il faut faire confiance
au témoignage des Apôtres.
Autre leçon, indirecte, qui est apportée par ce passage de saint Jean,
est la réalité de la Résurrection : c’est le même corps, portant
les traces de la Passion, les trous dans les poignets, les chevilles et
le côté qui s’est présenté aux Apôtres ; c’est Jésus, mort sur la
Croix, qui est présent devant eux, vivant !
Dans la finale de la péricope proposée ce dimanche, l’évangéliste précise
qu’il y a bien d’autres événements de la vie de Jésus qui n’ont pas été
relaté dans ce livre, il connaît vraisemblablement les autres évangiles
et aussi des récits séparés qui circulent dans les communautés chrétiennes,
il ne veut pas les mettre en doute, mais il précise qu’il a réuni ceux
qui lui paraissent indispensables pour affermir la foi des croyants, c’est
pourquoi cet évangile est différent des synoptiques (Matthieu, Marc et
Luc) en se plaçant déjà sur le plan de la réflexion théologique :
« le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous »
(cf. Jn 1,14)
Pour nous, près de vingt siècles après les événements, il est important
de relire et de méditer ce texte pour ce qu’il nous apporte. En célébrant
les Sacrements nous professons la foi qui nous vient des Apôtres qui ont
vu le Seigneur ressuscité et ils ont donné leur propre vie pour faire
connaître à tous les hommes l’amour du Père pour l’humanité.
Conscients de cet amour trinitaire, nous devons aussi transmettre le
témoignage des Apôtres enrichi du nôtre parce que nous aussi nous avons
vu le Seigneur.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse militaire
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11 avril 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°470
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C’était le Jour du Seigneur !
Cette incise dans le texte de l’Apocalypse est significative de l’importance
qui est donnée à ce jour particulier, fête hebdomadaire de la Résurrection,
jour propice à la Révélation qui va être donnée à saint Jean.
Ce jour particulier, lendemain du Sabbat, est le 8ème jour, c'est-à-dire
dans le calendrier basé sur 7 jours qu’il est également le premier. « Dieu
sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière "jour"
et les ténèbres "nuit." Il y eut un soir, il y eut un matin :
premier jour » (Genèse 1,4) chaque étape de la Création sera
rythmée par le même refrain : « Il y eut un soir, il y eut un
matin : nème jour. » (Genèse 1,4.8.13.19.23.31) « Au
septième jour Dieu avait terminé tout l'ouvrage qu'il avait fait et, le
septième jour, il chôma, après tout l'ouvrage qu'il avait fait. Dieu bénit
le septième jour et le sanctifia, car il avait chômé après tout son ouvrage
de création. » (Genèse 2,2-3) mais l’expression qui servait de
refrain jusque là manque, le 7ème jour n’a pas de soir !
Ce 7ème jour, inachevé dans le premier récit de la Création, trouve son
crépuscule dans l’obscurité du tombeau du Fils unique du Père et l’aube
d’une nouvelle Création arrive : « Et de grand matin, le
premier jour de la semaine, elles [Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé] vont à la tombe,
le soleil s'étant levé. » (Marc 16,2) L’homme et la femme crées
le 6ème jour sont morts dans la crucifixion de Jésus, une nouvelle humanité
a surgit du tombeau avec le Ressuscité.
Le jour du Seigneur n’est pas seulement le souvenir de l’évènement de
la Résurrection, c’est aussi, perpétuellement, l’affirmation d’une humanité
recréée par le Sacrifice du Christ. Les Baptêmes célébrés traditionnellement
dans la nuit de Pâques sont le signe de cette nouvelle Création et l’exclamation
de saint Paul prend toute sa valeur : « Car vous êtes tous
fils de Dieu, par la foi, dans Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés
dans le Christ, vous avez revêtu le Christ » (Galates 3,26-27)
Dans le sens propre nous recevons l’onction et nous sommes faits ‘Christs’ ;
dans le sens spirituel nous sommes adoptés comme fils et filles du Père
Eternel, héritiers du Royaume.
Dans ce temps de Pâques qui s’ouvre, après les efforts du Carême pour
nous améliorer, vivons en enfants de lumière, en véritable ressuscités.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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7 avril 2013
Secteur Vermandois
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n°673
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Révélation
Le livre de l’Apocalypse de saint Jean est lu sur les trois années
liturgiques, pourtant les chrétiens catholiques ne le connaissent pas
bien ; au contraire d’autres églises chrétiennes (ou qui se disent
telles) l’utilisent à profusion à l’appui de leur argumentation théologique.
L’herméneutique de ses dernières utilisant le texte ‘stricto sensu’
oublie qu’il s’agit d’une prophétie et non pas d’un récit historique et
elle se complaît dans les descriptions des catastrophes qui y sont relatées.
En abordant ce texte inspiré par Dieu, il est souhaitable de se méfier
d’une interprétation trop littérale autant que d’une exégèse personnelle
et fantaisiste. Ces deux écueils éloignent le lecteur du sens propre que
Dieu a voulu donner par cet ouvrage.
Le rédacteur de ce livre – l’évangéliste saint Jean – est un lettré qui
connaît bien l’Ancien Testament et les allusions, images et analogies
qui y sont contenues, il n’hésite pas à les réutiliser pensant que ses
lecteurs les reconnaîtront et les interpréteront dans la même acception.
Ainsi, dans le passage qui est proposé ce dimanche, le ‘Fils d’homme’
parle à l’auteur avec « une voix puissante, pareille au son d’une
trompette » (v.10) ce qui ne peut manquer d’être rapproché de
la première manifestation directe de Dieu au Peuple sur le mont Sinaï :
« Le son de trompe allait en s'amplifiant; Moïse parlait et Dieu
lui répondait » (Exode 19,19) Ce ‘Fils d’homme’ révèle
le chemin proposé à l’homme de la même façon que Dieu avait donné les
dix commandements au peuple par Moïse ; ce n’est donc pas un nouveau
Moïse mais une incarnation de la Divinité : la Deuxième Personne
de la Sainte Trinité qui dicte la Nouvelle Loi à un nouveau peuple par
un prophète. Il n’y pas rupture mais continuité ; ce qui avait été
commencé est rendu complet : « N'allez pas croire que je
sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir,
mais accomplir. » (Matthieu 5,17)
Cette Nouvelle Loi est à transmettre aux ‘sept églises’, chiffre
parfait qui signifie à toutes les communautés. Ce chiffre évoque la perfection
de la Création en six jours et le repos de Dieu le septième jour (cf.
Genèse 1,1-2,4) mais aussi les sept poissons de la multiplication des
pains (cf. Matthieu 15,35pp.) les sept frères ayant eu successivement
la même femme (cf. Matthieu 22,225pp.) et également le pardon à donner
aux frères jusqu’à soixante-dix fois sept fois (cf. Matthieu 18,21pp.)
La Loi de la Nouvelle Alliance étant transmise à toutes les communautés
par ce symbole du chiffre sept, elle s’adresse également à nous aujourd’hui ;
il est donc nécessaire que nous en comprenions tout le sens pour pouvoir
l’appliquer. Le livre de l’Apocalypse de saint Jean ne doit pas
être rejeté en disant : « Je n’y comprends rien ! »
mais au contraire il mérite toute notre attention et tous nos efforts
au même titre que tous les autres livres bibliques pour éclaircir les
passages qui nous paraissent difficiles.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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28 avril 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1080
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Le Premier et le Dernier, le Vivant
Dès le début de ses ouvrages, le IVème évangile et l’Apocalypse, le ‘disciple
que Jésus aimait’ présente les événements dont il a été témoin comme
une manifestation de Dieu-le-Fils qui s’incarne pour le salut des hommes :
- Dans l’évangile : « Au commencement était le Verbe, et
le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu […] et le Verbe
s’est fait chair ! » (Jean 1,1.14)
- Dans l’Apocalypse : « Moi, je suis le Premier et le Dernier,
le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des
siècles » (1,17-18)
Saint Jean a eu la révélation de la Résurrection en entrant dans le tombeau
vide : « Il vit et il crut » (Jean 20,8) ;
Au bord du lac, il est le premier – le seul – à reconnaitre le Christ
Ressuscité : « C’est le Seigneur » (Jean 21,7) Pourtant
lors de sa vision dans l’Apocalypse, il ne dit pas que celui qui va être
son guide est le Christ, il le décrit comme « un être qui semblait
un Fils d’homme » (Apocalypse 1,13) Il reprend ainsi toutes les
notions qui se sont développées depuis la révélation faite au prophète
Daniel (7,13-14) ; un fils d’homme venant sur les nuées célestes
pour annoncer la venue de la Gloire du Seigneur et l’avènement d’un monde
nouveau.
Cet être se présente comme étant ‘le Vivant’ comme le disciple
le présente dans son évangile : « C’est par lui [le
Verbe] que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne
s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des
hommes. » (Jean 1,3-4) « Jésus lui répond : « Moi,
je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père
sans passer par moi. » (Jean 14,6)
L’auteur tient à montrer la continuité qui existe entre la création du
monde (‘au commencement’), la venue du Christ (‘le Verbe s’est
fait chair’), sa prédication (‘Je suis le chemin…’), sa Résurrection
(‘Il vit et il crut’) et le retour du Christ dans la Gloire du
Père (‘vivant pour les siècles’).
Aujourd’hui, nous sommes les disciples que Jésus aime, c’est donc à chacun
d’entre nous qu’il revient d’assurer cette continuité par le témoignage
que nous portons dans le monde contemporain. Un monde où la Passion et
la résurrection du Fils vivent dans les profanations de son Eglise mais
aussi dans la sainteté des fidèles. Il est indispensable de continuer
à regarder Celui qui est le Vivant et qui nous dit : « Ne
crains pas » (Apocalypse 1,17)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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