Avril 1992
Saint Charles de Monceau
n° 20
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Il est vraiment Ressuscité !
Cette nouvelle inouïe court sur les lèvres des disciples
de proches en proches. Marie Madeleine, Jeanne, et Marie la mère
de Jacques, Pierre, le disciple que Jésus aimait, les Apôtres,
les compagnons d'Emmaüs. Tous ils sont surpris. Comme le dit Jésus
aux compagnons d'Emmaüs : "Comme votre coeur est lent à
croire tout ce qu'ont dit les prophètes!"
Mais pour nous, aujourd'hui, cette nouvelle n'est plus surprenante :
la plupart d'entre nous la connaissent depuis la naissance, elle fait
partie de notre éducation. Nous savons seulement d'une façon
intellectuelle, réfléchie, que Jésus est mort sur
la Croix, nous savons qu'il est Ressuscité. Mais cela ne change
pas notre façon de vivre.
Si nous laissons courir notre imagination, si nous envisageons un instant
que nous sommes le jour de Pâques avec les Apôtres, réunis
dans le Cénacle, cachés parce que nous avons peur des représailles
de la part des Romains ou des Juifs. Et nous apprenons cet événement
: celui que nous connaissons bien pour avoir vécu avec lui pendant
des mois, celui que nous avons vu mort sur la croix, celui que certains
d'entre nous ont descendu de la croix pour le mettre dans un tombeau,
qui l'ont touché, mort. C'est celui-là qui est vivant, libéré
de la mort!
Quelle joie!
Cette joie qui est la même aujourd'hui. Bien sûr nous n'avons
pas vécu avec Jésus pendant son ministère en Galilée
et en Judée, mais nous avons le témoignage des Apôtres
: quatre évangiles écrits par quatre personnes totalement
différentes (bien des événements de l'histoire n'ont
pas autant de témoignage écrits).
Alors pourquoi ces visages défaits? Pourquoi cette atonie dans
nos célébrations? Lorsque le cierge pascal signe de la Résurrection
du Christ, prémices de notre propre résurrection entre dans
l'église le soir de Pâques nous chantons : ``Qu'éclate
dans l'Eglise la joie des fils de Dieu''
Que cette joie ne soit pas seulement un chant sur le papier, mais que
ce soit réellement un chant de toute notre vie!
Père JeanPaul Bouvier
Vicaire à saint Charles de Monceau - Paris
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Avril 1995
n° 30
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Il est ressuscité comme il l'avait promis
Ces paroles sont le dernier verset du "Regina Cœli" que nous
allons chanter pendant tout le temps de Pâques à la fin de
la journée. Ce n'est pas seulement une phrase extraite d'un chant,
c'est avant tout l'affirmation de base des chrétiens, ce que Pierre
dit le jour de la Pentecôte depuis la terrasse du Cénacle
: "Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l'a ressuscité
et fait Christ et Seigneur".
Jésus, le Christ, le Fils Unique de Dieu, est Vivant.
Cette foi de l'Eglise est constante depuis ce jour de Pâque où
les femmes ont trouvé un tombeau vide.
Cette affirmation est réellement universelle : tout homme est
concerné par ce message et cette réalité, Dieu est
venu comme un homme pour nous montrer quel était le sens de l'Homme,
jusqu'où nous, vivant au XXème siècle, nous sommes
appelés.
Si nous avons une certaine conscience de cette Bonne Nouvelle, comme
Paul, nous ne pouvons pas nous empêcher de l'annoncer et par notre
vie, nous montrerions comment vit une personne sauvée par le Christ.
Les exigences de l'Evangile sont en nous, ce n'est pas une loi extérieure.
Nous sommes libérés de tout esclavage, c'est l'Amour de
Dieu qui dirige notre vie par trois affirmations de Jésus simples
à retenir, faciles à vivre par l'Esprit Saint qui nous est
donné :
Aimez Dieu par-dessus tout.
Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.
Et moi, je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin du monde.
Père JeanPaul Bouvier
Vicaire à saint Charles de Monceau
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31mars 2002
Forces Armées de Guyane
n° 142
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" Il vit et il crut "
Dans la course folle animée par le témoignage des femmes,
le jeune homme distance l'homme mûr, mais par respect, il laisse
le chef des Apôtres entrer le premier, peut-être même
est-il retenu par le souci de ne pas se rendre impur en côtoyant
un cadavre. Simon-Pierre ayant constaté la vacuité du tombeau,
il peut entrer sans crainte, mais à la différence du premier
qui reste hébété, l'auteur du IVème Evangile
comprend tout de suite les conséquences de cette absence apparente
: ce n'est pas un vol de cadavre, ni même une réanimation
comme celle de Lazare, il s'agit de la Résurrection annoncée
dans les Ecritures pour la fin des temps. Le Maître montre l'exactitude
de la Parole de Dieu en étant, selon l'expression de saint Paul
le Premier-né d'entre les morts.
L'évangile de Jean est le plus tardif des écrits concernant
Jésus, sans doute à la fin du Ier ou tout début du
IIème siècle. L'auteur a eu le temps de méditer cette
révélation qui lui a été faite dans le tombeau
vide, mais le souvenir de ce moment reste le fondement de sa foi. C'est
à cet endroit et à cet instant qu'il a perçu l'amour
de Dieu pour tous les hommes et le message délivré par le
Christ.
Des événements qui auraient pu paraître sans importance
vont s'ancrer dans sa mémoire en prenant leur pleine dimension.
Ainsi est-il le seul à parler de l'entretien avec Nicodème
et celui avec la Samaritaine qui donnent un éclairage sur le Baptême
chrétien, porte vers le Royaume de Dieu ; à rapporter l'épisode
des noces de Cana où la surabondance montre la multiplication de
son Corps et de son Sang dans la communion eucharistique sans commune
mesure avec la foi des participants.
Nous nous disons sans doute que cet évangéliste a eu beaucoup
de chance en recevant cette révélation ! Pourtant, nous
aussi, nous constatons l'œuvre de Dieu dans nos vies, non pas sous l'aspect
négatif d'une absence, celle du tombeau, mais sous l'aspect positif
d'une présence réelle du Christ à son Eglise, dans
l'eucharistie bien sûr, mais aussi dans les personnes baptisées,
confirmées et ordonnées qui sont configurées au Christ
par ces Sacrements, au Christ roi par le Baptême, au Christ prophète
par la Confirmation et au Christ prêtre par l'Ordination, ces trois
Sacrements, non renouvelables, imprimant une marque nouvelle chez celui
qui les reçoit, marque signifiée par le Saint Chrême
qui n'est utilisé que dans ces célébrations.
Vivons pleinement les Sacrements que nous avons reçus et nous
serons signes pour aujourd'hui de la Résurrection du Christ et
de sa présence éternelle dans le monde.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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20 avril 2003
Forces Armées de Guyane
n° 194
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Il vit et il crut
Le disciple que Jésus aimait était un tout jeune homme lorsqu’il suivait
l’enseignement de Jésus, c’est pourquoi il court beaucoup plus vite que
Simon-Pierre. Suivant l’usage, il attend l’aîné pour entrer dans le tombeau.
Pierre est le chef des Apôtres, il est normal qu’il entre pour constater
l’absence du corps de Jésus ; si jamais il y a eu vol de cadavre
il serait le seul habilité à aller se plaindre au procureur, s’il en a
le courage.
Pierre entre donc le premier : il regarde le linceul et le suaire
mais il ne voit pas ! L’autre disciple entre à son tour et lui il
voit ! La vision de ces linges lui fait comprendre immédiatement
que celui qu’il avait vu mourir sur la croix est ressuscité : il
est vivant comme il l’a promis.
Pourtant il y a une distinction entre le verbe voir et le verbe regarder.
Cette différence est due à l’attention : lorsque je vois, je ne prête
pas l’application nécessaire à une chose importante ; lorsque je
regarde au contraire je suis attentif pour mémoriser chaque détail. Je
vois une publicité, je regarde un tableau.
Simon-Pierre est donc attentif à chaque détail de la scène qui est décrite,
mais il est incapable de comprendre cet ensemble à la lumière de la prédication
de Jésus. L’autre disciple appréhende la globalité du tombeau et l’intègre
à l’enseignement qui leur a été donné.
Simon-Pierre n’était pas au calvaire, il n’a pas assisté à la mort de
Jésus, terrorisé qu’il était par ce qui était arrivé, il s’était caché
pour échapper aux représailles éventuelles des prêtres et de la foule.
Jésus n’avait-il pas été condamné comme émeutier ? Il pouvait craindre
le même châtiment ayant été le chef de ses disciples. Mais n’ayant pas
été témoin, il pourrait douter de la réalité de la mort de son rabbi et
penser qu’il avait été sauvé ou descendu de la croix avant la mort. Toutes
ces pensées se mêlant dans son esprit, il ne peut faire une synthèse.
L’autre disciple avait accompagné Marie, la mère de Jésus, au pied de
la croix. Ils avaient constaté l’agonie de cet homme, à la fracture des
jambes des autres condamnés, au coup de lance qui avait percé le cœur.
Aucun doute possible il était bien mort lorsqu’il a été descendu de la
croix. Trois jours après le tombeau est vide, avec les linges restés à
leur place, comme s’ils contenaient encore le corps, mais le corps n’était
pas là ! Il n’a pas besoin de regarder les détails, la vision globale
lui suffit, s’il n’y a plus de cadavre présent dans le tombeau, c’est
qu’il n’est plus un cadavre mais un homme revenu d’entre les morts, il
est ressuscité.
Nous sommes alternativement l’un ou l’autre de ces disciples, soit dans
une démarche intellectuelle où nous ne comprenons pas forcément le sens
du Salut, soit dans une démarche spontanée où nous voyons l’amour de Dieu
pour les hommes. Puisse la grâce de Pâques nous apporter un mélange des
deux.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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11 aril 2004
Garnison d'Angers
n° 218
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Témoignages
Il est parfois de ‘bon ton’ de mettre en cause la véracité des
évangiles, notamment en ce qui concerne la résurrection de Jésus. Cela
dépasse le cartésianisme contemporain : ce n’est pas scientifique,
donc ce n’est pas possible. Pourtant nous avons quatre témoins indépendants
(ils ne racontent pas exactement les mêmes choses et ne les rapportent
pas de la même façon, chacun ayant son approche et sa culture personnelle)
Ces auteurs affirment avoir réellement vu un homme mourir sur la croix
et tout aussi réellement l’avoir vu vivant le troisième jour après son
décès clinique.
Peu de faits reconnus historiques de cette époque ont autant de d’écrits
concordants et ce sont souvent des mémoires des participants. Par exemple
la guerre des Gaules où César parle de lui-même dans ses commentaires,
en se donnant le beau rôle du vainqueur incontesté ; ou bien Flavius
Josèphe qui dans son Histoire des Juifs raconte les dernières batailles
contre les romains qu’il a livrées lui-même comme général de l’armée juive.
Alors pourquoi nos contemporains refusent-ils d’accepter ces témoignages
pour lesquels tant d’hommes et de femmes sont morts ? Sans doute
parce que nous ne mettons pas suffisamment en avant le seul commandement
que Jésus nous a laissé : « Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimés. »
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier de la Garnison d'Angers
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8 avril 2007
Brigade Franco-Allemande
n° 312
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Le disciple que Jésus aimait
l’autre disciple
La tradition a donné à ce disciple le nom de Jean et a voulu y voir l’auteur
du quatrième évangile.
Nous savons qu’il est le propriétaire de la pièce où a eu lieu la Cène
(cf. 13,23) puisqu’il est placé à table, malgré son jeune âge, entre le
Christ Jésus et le premier des disciples, Pierre..
Nous savons qu’il est connu du grand-prêtre de Jérusalem (cf. Jn 18,15)
et qu’il peut entrer dans la cour sans être inquiéter, mieux, il peut
faire entrer Simon-Pierre en disant un mot à la gardienne de la porte
Nous savons également que c’est à lui que Jésus, mourant sur la croix,
confie sa mère et qu’il le remet à Marie (cf. Jn 19,26)
Le passage lu aujourd’hui le montre courant au tombeau avec Simon-Pierre,
plus impétueusement encore que le chef des Apôtres en raison de sa jeunesse,
mais que par respect pour l’ancien, il le laisse entrer en premier. Par
contre, Simon-Pierre en entrant reste pantois, il se demande ce qui a
pu se passer, pourquoi le corps du Maître n’est pas là. L’autre disciple,
dès qu’il pénètre dans le tombeau, en voyant la même chose que le chef
des Apôtres croit tout de suite avec cette expression magnifique dans
son évangile : Il vit et il crut !
Un peu plus tard lors de l’apparition de Jésus ressuscité au bord du
lac, c’est lui encore qui s’exclamera : « C’est le Seigneur ! »
(Cf. Jn 21,7) Lorsque Jésus confiera la primauté de l’Eglise à Pierre
en revenant sur ses reniements et en lui demandant par trois fois s’il
l’aime (cf. Jn 21,1-17) l’autre disciple aura une mission différente mais
qui n’est pas précisée.
A aucun moment, ce jeune homme n’est appelé Apôtre et il ne se donne
pas ce titre dans ses lettres ni dans l’Apocalypse qui sont de son école
si ce n’est de sa main.
La leçon que nous en tirons aujourd’hui est surtout cette spontanéité
dans la foi. : comme lui, nous voyons le Christ ressuscité dans son
Corps et nous croyons.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse militaire
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12 avril 2009
Brigade Franco-Allemande
n° 430
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Il vit et il crut
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24 avril 2011
Fort Neuf de Vincennes
n° 536
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Annonce
Marie-Madeleine est partie de ‘grand matin’ pour aller au tombeau
du crucifié ; elle voulait nettoyer le corps du ‘Maître’
qui avait été déposé à la hâte avant la grande fête de la Pâque encore
couvert de sang, de sueur et de crachats. Puis elle allait oindre à nouveau
celui dont elle avait arrosé de parfum les pieds et essuyé avec ses cheveux.
Elle ne pouvait pas oublier qu’à la suite de son geste Il lui avait pardonné
ses péchés, sans la juger.
La pierre a été roulée ! Le corps a disparu ! Affolée, sans
comprendre, elle court prévenir le chef des Apôtres, Simon-Pierre, qui
se cachait au Cénacle avec l’autre disciple. En entrant dans le
tombeau, Simon-Pierre constate l’absence sans comprendre davantage que
Marie-Madeleine alors que l’autre disciple entré à son tour « voit
et croit ! »
Le rôle de cette femme est pourtant essentiel : c’est elle qui prévient
Sans le savoir elle annonce la Résurrection : elle est la première
à avoir vu le tombeau vide et elle en témoigne.
Au moment de la mort du Christ en croix, le rideau du Temple de Jérusalem
séparant le saint du Saint des saints s’était déchiré (cf. Matthieu 27,51 ;
Marc 15,38 ; Luc 23,45) montrant la vacuité de l’espace sacré :
Dieu n’était plus au milieu de son peuple. A cela répond le tombeau vide
qui est le signe que Le Fils est ressuscité, qu’il est à nouveau parmi
nous, non pas dans une localisation restreinte mais en chaque personne
croyante.
C’est une grande leçon pour tous les chrétiens, à travers l’Histoire
le message nous est parvenu : au matin de Pâque, le tombeau était
vide ! Ceux qui nous ont transmis la ‘Bonne Nouvelle’ ne la
comprenaient pas toujours, comme Marie-Madeleine, mais ils nous ont alertés
sur cet événement.
A notre tour, nous ne comprenons pas tout le message du Christ, mais
nous avons reçu l’Esprit Saint qui nous donne la force et le courage pour
annoncer le message de la Résurrection, comme Marie-Madeleine, nous avons
le devoir d’aller dire ce que nous vivons à nous frères pour les inviter
à venir voir. Alors nous entendrons peut-être ce que les habitants de
Sykar disaient à la Samaritaine : « Ce n'est plus sur tes
dires que nous croyons; nous l'avons nous-mêmes entendu et nous savons
que c'est vraiment lui le sauveur du monde. » (Jean 4,42)
Père JeanPaul Bouvier
aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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8 avril 2012
Fort Neuf de Vincennes
n° 606
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Modèle de la messe
Il y a une très grande similitude entre le récit des ‘compagnons d’Emmaüs’
le soir du dimanche de la Résurrection et la liturgie de la messe telle
que nous la connaissons
Ces deux hommes repartent de Jérusalem désespérés : celui qu’ils
pensaient être le Messie a été crucifié et il est mort ; leur espoir
d’un monde nouveau s’est écroulé et dès la fin du Sabbat, ils retournent
à leurs occupations habituelles. Un inconnu les rejoint sur leur chemin
et leur demande la raison de leurs soucis. De même, nous venons à la messe
dominicale, chargés de toutes nos préoccupations quotidiennes, porteurs
de nos péchés et le Christ, Fils unique du Père, vient à notre rencontre
en nous demandant de lui confier nos inquiétudes nous lui répondons :
« Je confesse à Dieu… »
« Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes,
il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait. »
Les lectures bibliques qui nous sont proposées par la liturgie catholique,
commençant par l’Ancien Testament et jusqu’à l’Evangile nous permettent
de mieux saisir la pédagogie de Dieu et la grâce qu’il nous fait dans
le sacrifice perpétuel du Fils. L’explication que nous en donne le prédicateur
nous incité à approfondir le sens de ces textes pour notre vie chrétienne :
ces écrits ne sont pas de la simple littérature, ils sont Parole de Dieu
Subjugués par l’interprétation de l’Ancien Testament que leur donne l’inconnu
qui marche avec eux, les deux compagnons insistent pour qu’il reste avec
eux, « le soir est déjà là » disent-ils pour le retenir ;
« comme il était à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction,
puis le rompit et le leur donna. Leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent...
mais il avait disparu de devant eux. » Ainsi, comme pour eux,
les yeux des fidèles s’ouvrent lors de la consécration, ils reconnaissent
le Corps et le Sang du Christ dans le pain et le vin transsubstantiés :
« Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du
monde ! »
« A cette heure même, ils partirent et s'en retournèrent à Jérusalem. »
Il fait nuit, le retour est difficile mais la Nouvelle qu’ils portent
ne souffre aucun retard : ils ont un besoin impérieux d’aller l’annoncer
aux Douze : « Il est vraiment ressuscité ! »
De même, la fin de la messe : « Allez dans la paix du Christ »
ne signifie nullement une débandade individuelle mais un envoi en mission ;
ayant vu de nos yeux le Christ ressuscité, nous sentons en nous « le
cœur tout brûlant » qui nous pousse à aller annoncer au monde
qu’il est sauvé
Quatre temps dans le récit des ‘Compagnons d’Emmaüs’ quatre temps
dans la messe, quatre présences du Christ unies et inséparables :
- Présence du Christ fraternel qui vient partager les soucis et les
agréments, les peines et les joies de chaque membre de son peuple, communauté
unie autour de Lui
- Présence du Christ enseignant dans la Parole la mettant à notre
portée
- Présence du Christ grand-Prêtre de la Nouvelle Alliance dans le sacrifice
eucharistique qui offre « le sacrifice pur et saint, le sacrifice
parfait, pain de la vie éternelle et coupe du Salut. »
- Présence du Christ Roi qui envoie ses émissaires dans le monde pour
porter la Bonne Nouvelle en son Nom : « Allez ! De
toutes les nations faites des disciples ! »
Les deux disciples qui partaient découragés de Jérusalem y reviennent
dans la joie. Puissions-nous avoir la même attitude en venant à la messe
dominicale avec nos préoccupations et repartant tout joyeux du message
que nous avons à délivrer
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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31 mars 2013
Secteur Vermandois
n° 672
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Vitalité de l’Eglise
Tous les ans pendant le temps de Pâques qui va de la Vigile Pascale à
la fête de la Pentecôte, la liturgie catholique propose en première lecture
dominicale des extraits du livre des Actes des Apôtres là où les autres
dimanches présentent un passage de l’Ancien Testament.
Ce choix n’a pas été fait au hasard mais pour souligner le changement
radical dont la source est la Résurrection du Fils du Père : l’Ancien
Testament préparait le Peuple de Dieu à la révélation ultime de l’amour
du Père pour toute l’humanité, le livre des Actes des Apôtres montre l’élargissement
de cette révélation à tous les hommes et femmes ; au Psaume « Toutes
les nations que tu as faites viendront se prosterner devant toi, Seigneur
et rendre gloire à ton nom » (Psaume 86,9) répond le dernier
commandement de Jésus Ressuscité à ses Apôtres : « Allez
donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom
du Père et du Fils et du Saint Esprit. » (Matthieu 28,19)
Le livre des Actes des Apôtres montre la vitalité de l’Eglise naissante
pour autant il n’occulte pas pour autant les difficultés auxquelles elle
s’est heurtée tant de la part des institutions juives, sanhédrin et grands-prêtres
que de la part de convertis au christianisme qui ont des options quelquefois
très affirmées. Les Apôtres et les ‘anciens’ de Jérusalem sont
appelés à trancher entre des opinions différentes qui entraînent des dissensions
dans les communautés locales.
Cette lecture de passages du livre des Actes des Apôtres suscite en nous
aujourd’hui une méditation sur l’Eglise contemporaine, aussi bien l’Eglise
dans son ensemble avec toutes ses différences en fonction des cultures
où elle s’est insérée que les communautés locales qui n’ont pas moins
de diversité. Comme à cette époque, chaque personne a ‘son’ rapport
à Dieu, ‘sa’ vision de l’évangélisation, ‘sa’ conception
de ce que devrait être l’Eglise ; il nous faut donc avoir la sagesse
et l’humilité de s’en remettre au jugement des Apôtres et de leurs successeurs
les évêques pour annoncer fidèlement l’évangile que nous avons reçu :
« Dieu nous ayant confié l'Evangile après nous avoir éprouvés,
nous prêchons en conséquence, cherchant à plaire non pas aux hommes mais
à Dieu qui éprouve nos cœurs. » (1Thessaloniciens 2,4)
Les Apôtres n’ont pas cherché à créer une institution humaine mais ils
ont annoncé le règne de Dieu et l’Eglise terrestre s’est constituée comme
étant le signe visible de l’Eglise céleste. Si nous cessons de prêcher
l’Evangile le signe deviendra stérile pour nos contemporains.
Saint Paul résume cela en écrivant : « Annoncer l'Évangile
en effet n'est pas pour moi un titre de gloire; c'est une nécessité qui
m'incombe. Oui, malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile !
Si j'avais l'initiative de cette tâche, j'aurais droit à une récompense;
si je ne l'ai pas, c'est une charge qui m'est confiée. » (1Corinthiens
9,16-17) Pouvons-nous dire cela aujourd’hui ?
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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20 avril 2014
Secteur Vermandois
n° 748
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Impétuosité
A l’annonce de Marie-Madeleine : « On a enlevé le Seigneur
de son tombeau ! » Simon-Pierre et ‘l’autre disciple’
se précipitent pour vérifier ses dires. ‘Le disciple que Jésus aimait’
beaucoup plus jeune que Pierre arrive le premier ; sa jeunesse n’est
sans doute pas la raison essentielle de son empressement, il était au
pied de la croix avec Marie. Pétri par la Parole de Dieu, il constate
la réalisation des Ecritures. Il note dans son évangile plusieurs fois
au moment de la mort de Jésus en Croix : « pour que l’Écriture
s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : ‘J’ai soif.’ »
(Jean 19,28) avec le parallèle : « quand j'avais soif, ils
m'ont donné du vinaigre. » (Psaume 68[69],22b) ; « Cela,
en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun
de ses os ne sera brisé. » (Jean 19,36) qui évoque : « Il
veille sur chacun de ses os : pas un ne sera brisé. » (Psaume
33[34],20) ; également : « Un autre passage de l’Écriture
dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. »
(Jean 19,37) préfiguré par : « Et ils tourneront les regards
vers moi, celui qu’ils ont percé. Ils pleureront sur lui comme on pleure
sur un fils unique, Ils pleureront amèrement sur lui comme on pleure sur
un premier-né. » (Zacharie 12,10)
Ayant été le témoin de cet accomplissement des Ecritures, le ‘disciple
que Jésus aimait’ comprend que la disparition du corps de Jésus n’est
pas due à un enlèvement perpétré par des hommes. Il laisse le chef des
Apôtres entrer en premier dans le tombeau vide, mais dès qu’il y pénètre :
« Il vit et il crut ! »
Le ‘disciple que Jésus aimait’ voit « le linceul resté
là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul,
mais roulé à part à sa place. » il comprend l’importance du linceul
qui ne contient plus de corps : le Fils de Dieu est ressuscité, non
pas comme Lazare qui était ressorti « les pieds et les mains attachés,
le visage enveloppé d'un suaire. » (Jean 11,44) le Christ est
sorti de son tombeau libre de toute entrave, ayant vaincu la mort. Alors
« Il vit et il crut ! »
Cette scène, facilement imaginable, nous la vivons aujourd’hui :
comme Simon-Pierre, les baptisés de longue date sont lents à comprendre
la portée du tombeau vide, face à eux (à nous ?) il y a les baptisés
de Pâques, ceux qui ont reçu le Sacrement alors qu’ils étaient adultes.
Leur compréhension et leur adhésion au message de la Résurrection bousculent
les traditions routinières ; leurs exigences de vivre selon l’Evangile
irritent souvent les chrétiens ‘installés’ dans la foi qui se contentent
de leurs habitudes de vie chrétienne.
Ces nouveaux ‘disciples que Jésus aime’ nous invitent à suivre
leur impétuosité et, non seulement à les accueillir avec des cœurs ouverts,
mais aussi à écouter ce qu’ils nous disent des merveilles de la foi :
ils nous annoncent la Bonne Nouvelle. Leur enthousiasme à suivre le Fils
du Père n’est pas un reproche qu’ils nous adresseraient, ils nous invitent
à un réveil de notre Baptême ensommeillé comme les Apôtres au jardin de
Gethsémani à qui Jésus a dit : « Ainsi, vous n'avez pas eu la
force de veiller une heure avec moi ? Veillez et priez, pour ne pas entrer
en tentation ; l'esprit est ardent, mais la chair est faible. » (Matthieu
26,40-41)
« France qu’as-tu fait de ton Baptême ? » demandait
le bienheureux Jean-Paul II en 1980. A chacun d’entre nous les baptisés
de Pâques nous disent : ‘Et toi ? Que fais-tu de ton Baptême ?’
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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5 avril 2015
Secteur Vermandois
n° 811
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C’était encore les ténèbres
Lorsque Marie-Madeleine monte au tombeau, le IVème évangéliste précise
que « c’était encore les ténèbres » il veut signifier
par-là qu’elle est dans la disposition d’esprit d’aller nettoyer et parfumer
le corps de Jésus, une personne morte qui ne peut plus rien pour elle
mais à qui elle doit cette dernière manifestation d’amour et de reconnaissance.
La façon dont elle présente sa découverte du tombeau vide aux Apôtres
est dans la même lignée : « On a enlevé le Seigneur de son
tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Elle pense
à un vol de cadavre pour empêcher les disciples de venir faire des dévotions
à celui qui a subjugué les foules. Elle ne peut pas imaginer ce qui s’est
passé, que cet homme soit vivant alors qu’elle a vu – de loin – mourir
sur la croix.
Le jour s’est levé quand Pierre et le ‘disciple que Jésus aimait’
arrivent au tombeau ouvert puisqu’ils peuvent voir à l’intérieur. Les
ténèbres ont disparu, « Dieu dit : ‘que la lumière soit !
et la Lumière fut’ » (Genèse 1,3) Un monde nouveau peut commencer,
un monde où la mort est vaincue laissant la place à la Vie inaugurée par
le Fils incarné, premier-né d’entre les morts : « Il est
aussi la tête du corps, la tête de l’Église : c’est lui le commencement,
le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. »
(Colossiens 1,18)
Marie-Madeleine constate que la pierre a été roulée et pense à un vol
de cadavre ; Pierre entre dans le tombeau vide et ne sait quoi penser ;
‘Le disciple que Jésus aimait’ voit les linges posés à plat et
il croit.
L’attitude de ces trois personnes montre différents passages de nos vies.
Quelquefois, envahis par le doute, comme Marie-Madeleine, nous refusons
d’envisager l’impossible : cet homme ne pouvait pas ressusciter,
le message qu’il a délivré est un message pour que les hommes vivent en
paix : « Aimez-vous les uns les autres... » un message
identique à celui que délivrent les sages de toutes les époques et de
toutes les cultures. D’autres fois, comme Pierre, nous voyons ce que le
Fils du Père a fait en s’offrant en sacrifice propitiatoire pour le pardon
individuel de chaque homme et chaque femme mais, quant à la Vie et au
Salut éternels, nous ne comprenons pas. Le plus souvent, comme ‘le
disciple que Jésus aimait’, nous, chrétiens, reconnaissons dans notre
vie terrestre les appels que le Seigneur nous fait vers la Vie et nous
voyons dans le Christ celui qui est : « Le chemin, la Vérité
et la Vie. » (Jean 14,6)
A travers l’anonymat du ‘disciple que Jésus aimait’, c’est chacun
de nous, baptisés, qui sommes visés : le Christ nous a confié à sa
Mère et il nous l’a donnée comme Mère, en nous faisant voir et comprendre
le tombeau vide, il affirme notre résurrection. Il reconnaît le Christ
au bord de l’eau (cf. Jean 21,7) et comme promis, ‘les disciples que
Jésus aimait’ « resteront ‘jusqu'à ce qu’il vienne »
(Jean 21,22)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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16 avril 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°937
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Le Tombeau est vide !
Le vendredi avant la Pâque, il y a affluence au Temple pour faire égorger
et rôtir l’agneau pascal conformément aux prescriptions que Dieu avait
données à Moïse, le soir du départ d’Egypte (cf. Exode 12) Vers la neuvième
heure, au moment où Jésus expire sur la Croix, « le rideau du
Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas »
(Matthieu 27,51)
Les officiants depuis la ‘cour des prêtres’, les juifs, habitants
de Jérusalem et pèlerins, depuis le ‘parvis des hommes’, tous,
ils découvrent le ‘Saint des Saints’, la deuxième pièce du Temple
réservée jusque-là à Dieu, seul le Grand-Prêtre pouvait y pénétrer une
fois par an, le jour du grand Pardon. Devant les yeux de tous, cet espace
apparaît : il est vide !
Dès que cela est possible – après le sabbat – « Le premier jour
de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin »
(Jean 20,1) La lourde pierre qui fermait le tombeau a été enlevée !
Prévenus, Pierre et ‘l’autre disciple’ accourent au sépulcre. Pierre
entre, le tombeau est vide ! Il voit les linges posés à leur place
mais il ne comprend pas. ‘L’autre disciple’ entre à son tour et
en constatant que le corps de Jésus n’est pas là, ‘Il voit et il croit’
(cf. Jean 20,8)
La Résurrection du Fils dans notre chair glorifiée ouvre une nouvelle
perspective à la foi : le ‘Saint des Saints’ vide et le tombeau
vide indique que Dieu n’est pas localisable. « Où faut-il adorer ? »
demandait la Samaritaine (cf. Jean 4,5-42) « Dieu est esprit,
et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
fut la réponse de Jésus. Il n’est pas nécessaire d’aller dans un lieu
particulier, Jérusalem ou autre, pour adorer Dieu : « quand
tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et
prie ton Père qui est présent dans le secret » (Matthieu 6,6)
Désormais, ce n’est plus un bâtiment construit par l’homme qui assure
la présence et le trône de Dieu dans le monde, c’est l’assemblée des croyants :
« En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis
là, au milieu d’eux. » (Matthieu 18,20) Les dsiciples ensemble
constituent le véritable Temple où le Père est adoré : « Vous
aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure
spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint » (1Pierre 2,5a)
Le ‘Verbe fait chair’, né d’une femme, est présent en tout homme,
en particulier ceux qui ont besoin d’être aidés : « chaque
fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est
à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25,40)
La Résurrection de Dieu le Fils est le garant de notre propre résurrection
lorsque le Christ reviendra dans la Gloire du Père : « Quand
je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai
auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. »
(Jean 14,3) Dans la joie de cette espérance, nous faisons mémoire de Lui :
« chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette
coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. »
(1Corinthiens 11,26)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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21 avril 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1079
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Voir et Comprendre
L’autre disciple est celui qui était au pied de la Croix avec Marie :
il a vu le Christ expirer dans un grand cri, le coup de lance porté dans
le cœur par le soldat, le corps sans vie descendu de la Croix et Joseph
d’Arimathie emporter le cadavre pour le mettre au tombeau. A la suite
de l’annonce de Marie-Madeleine, il part en courant avec Simon-Pierre.
S’il arrive en premier, c’est peut-être grâce à sa jeunesse, mais aussi
sans doute poussé par une espérance encore plus forte que celle de l’Apôtre.
Par déférence à son âge et à son rôle de chef des Apôtres, il laisse
Pierre entrer en premier. Celui-ci entre et « il aperçoit les
linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de
Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. »
Pierre ne fait qu’apercevoir les linges, il ne s’y intéresse pas, il cherche
ce qui a pu se passer, qui a pu enlever le corps. Il est littéralement
sidéré.
Dès l’entrée, l’autre disciple voit la même chose que Pierre mais, constatant
la disposition des linges, immédiatement il croit, c’est-à-dire qu’il
sait que Jésus est ressuscité ; il ne cherche pas le pourquoi ou
le comment, par une grâce qui lui est propre, cela s’impose à lui comme
une évidence : il sait !
Bien des années après cette révélation, il pourra écrire : « Et
le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa
gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de
grâce et de vérité. » (Jean 1,14) La Gloire du Fils s’est montrée
à lui dans l’obscurité de cette grotte où il est entré le matin de Pâques.
« C’est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites,
et nous savons que son témoignage est vrai. » (Jean 21,24) Nous
ne sommes pas entrés dans le tombeau vide avec Pierre et l’autre disciple,
nous avons leurs témoignages. C’est à notre tour de témoigner de notre
foi : nous voyons les œuvres du Fils par la grâce de l’Esprit Saint,
nous devons en faire profiter tous ceux qui nous entourent.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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12 avril 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1145
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CoVid-19 :
29ème jour sans assemblées
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Les églises peuvent fermer
Nos cœurs restent ouverts
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Vous aussi, pensez que
vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ.
(Romains 6,11)
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Pierre aperçoit – Le Disciple voit
Dans le texte grec du IVème évangile les deux verbes sont différents, même
si un traducteur peu attentif pourrait les traduire tous les deux par ‘voir’.
Le premier celui qui s’applique à Pierre, traduit ici par ‘apercevoir’
est voir en spectateur, poser son regard ; le second pour l’autre
Disciple’ signifie voir en analysant, discerner, découvrir.
Cela correspond à l’attitude de ces deux hommes : Pierre contemple
la scène avec étonnement, il constate ce que Marie-Madeleine leur a dit,
le tombeau est vide, le corps de Jésus n’est pas là, où peut-il avoir
été mis ? Pour l’autre Disciple, au contraire, l’évidence saute aux
yeux, si le Christ n’est pas dans le linceul bien étalé à sa place, il
est ressuscité ! Non pas comme Lazare avait été réanimé : « Et
le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage
enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : ‘Déliez-le, et laissez-le
aller.’ » (Jean 11,44). Le Christ est sorti d’une façon tout
à fait différente, ayant abandonné les linges mortuaires à leur place.
L’autre Disciple perçoit ainsi la révélation du mystère de la Résurrection.
Pierre est un des disciples de la première heure, choisi parmi les Apôtres
puis établi comme berger des brebis du Seigneur. Il a été témoin de la
Transfiguration de Jésus parlant avec Moise et Elie (cf. Marc 9,2) tout
en se demandant ce que voulait dire ressusciter d’entre les morts (cf.
Marc 9,10). Mais il n’a pas pu veiller avec le Christ au jardin de l’agonie
(cf. Marc 14,37) et il va jusqu’à renier Celui dont il disait être prêt
à mourir pour Lui (cf. Marc 14,72).
L’autre disciple n’apparaît qu’au moment de la Cène. Il est placé entre
Pierre et Jésus (cf. Jean 13,23-24). Au pied de la Croix, il reçoit la
Vierge Marie comme Mère et il devient son fils. C’est lui parmi tous les
disciples qui reconnaîtra et montrera à Pierre le Seigneur Ressuscité
présent au bord du lac (cf. Jean 21,7)
Chacun d’entre nous a, comme Pierre et l’autre disciple, son propre charismr
pour annoncer l’Evangile et nous nous retrouvons avec eux dans l’immense
communion des saints, « une foule immense, que nul ne pouvait
dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils
se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes
blanches, avec des palmes à la main. » (Apocalypse 7,9). Dans
l’atmosphère de confinement actuel, nous ressentons plus encore cette
présence intemporelle de l’Eglise.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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4 avril 2021
Paroisses Nesle & Athies
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n°1211
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Vision de l’autre disciple
Deux hommes sont dans le tombeau, ils voient exactement la même chose :
un sépulcre vide, « un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore
déposé personne. » (Jean 19,41b) Les seuls indices sont « les
linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de
Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. »
(Jean 20,6b-7) Le IVème évangéliste ne dit rien de l’attitude de Pierre
mais il tient à préciser la réaction immédiate de l’autre disciple :
« Il vit et il crut ! » (Jean 20,8c).
Qu’a-t-il donc vu qui ait échappé aux yeux de Simon-Pierre ? Il
a vu ce qui reste : les linges. Lors de la résurrection de Lazare
l’ami de Jésus, frère de Marthe et Marie, le défunt revenu à la vie « sortit,
les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un
suaire. Jésus leur dit : ‘Déliez-le, et laissez-le aller.’ »
(Jean 11,44) Il n’y a pas de point commun entre la réanimation de Lazare
qui sort du tombeau encore entravé par les linges funéraires et la Résurrection
du Fils dont le corps libéré de tout lien avec la vie terrestre est entré
dans la Vie.
L’autre disciple a eu cette révélation, lui le disciple anonyme alors
que le chef des Apôtres, Simon-Pierre, ne comprend pas ce qu’il voit er
il retourne sans attendre se cacher au Cénacle : « Le soir
venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où
se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, »
(Jean 20,19) Là le Christ Ressuscité entrant dans une pièce fermée de
toutes parts leur apparait et se révèle à eux dans toute sa gloire.
La Seigneur a choisi Simon-Pierre pour mener son Eglise : « Tu
es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance
de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume
des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les
cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les
cieux. » (Matthieu 16,18-19) mais il a choisi l’autre disciple
pour recevoir et veiller sur sa mère, Marie : « Jésus, voyant
sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère :
‘Femme, voici ton fils.’ Puis il dit au disciple : ‘Voici ta mère.’
Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. »
(Jean 19,26-27)
Ces deux hommes ne sont pas mis en opposition mais ils marquent chacun
à sa façon la Gloire de Dieu Père, Fils et Esprit, tous les deux veillent
sur l’Eglise : l’autre disciple sur Marie modèle de l’Eglise dans
son acceptation humble de porter le Messie, Pierre dans le souci du troupeau
où le pasteur va rechercher la brebis perdues.
Chacun de nous a ces deux aspects à la foi de méditation et d’action
vers les autres, laissons le Seigneur ressuscité nous orienter vers la
mission que nous puissions le mieux accomplir
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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17 avril 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1268
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La révélation du disciple que Jésus aimait
Animée par le témoignage des femmes, course folle s’ensuit le jeune homme
distance l’homme mûr, mais par respect, il laisse le chef des Apôtres
entrer le premier, peut-être même est-il retenu par le souci de ne pas
se rendre impur en côtoyant un cadavre. Simon-Pierre ayant constaté la
vacuité du tombeau, il peut entrer sans crainte, mais à la différence
du premier qui reste hébété, l’auteur du IVème Evangile comprend
tout de suite les conséquences de cette absence apparente : ce n’est
pas un vol de cadavre, ni même une réanimation comme celle de Lazare,
il s’agit de la Résurrection annoncée dans les Ecritures pour la fin des
temps. Le Maître montre l’exactitude de la Parole de Dieu en étant, selon
l’expression de saint Paul le Premier-né d’entre les morts.
L’évangile de Jean est le plus tardif des écrits concernant Jésus, sans
doute à la fin du Ier ou tout début du IIème siècle.
L’auteur a eu le temps de méditer cette révélation qui lui a été faite
dans le tombeau vide, mais le souvenir de ce moment reste le fondement
de sa foi. C’est à cet endroit et à cet instant qu’il a perçu l’amour
de Dieu pour tous les hommes et le message délivré par le Christ.
Des événements qui auraient pu paraître sans importance vont s’ancrer
dans sa mémoire en prenant leur pleine dimension. Ainsi est-il le seul
à parler de l’entretien avec Nicodème et celui avec la Samaritaine qui
donnent un éclairage sur le Baptême chrétien, porte vers le Royaume de
Dieu ; à rapporter l’épisode des noces de Cana où la surabondance
du vin montre la multiplication de son Corps et de son Sang dans la communion
eucharistique sans commune mesure avec la foi des participants.
Nous nous disons sans doute que cet évangéliste a eu beaucoup de chance
en recevant cette révélation ! Pourtant, nous aussi, nous constatons
l’œuvre de Dieu dans nos vies, non pas sous l’aspect négatif d’une absence,
celle du tombeau, mais sous l’aspect positif d’une présence réelle du
Christ à son Eglise, dans l’eucharistie bien sûr, mais aussi dans les
personnes baptisées, confirmées et ordonnées qui sont configurées au Christ
par ces Sacrements, au Christ roi par le Baptême, au Christ prophète par
la Confirmation et au Christ prêtre par l’Ordination, ces trois Sacrements,
non renouvelables, imprimant une marque nouvelle chez celui qui les reçoit,
marque signifiée par le Saint Chrême qui n’est utilisé que dans ces célébrations.
Vivons pleinement les Sacrements que nous avons reçus et nous serons
signes pour aujourd’hui de la Résurrection du Christ et de sa présence
éternelle dans le monde.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& Modérateur de Sainte Radegonde
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9 avril 2023
Paroisses Nesle & Athies
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n°1316
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« Il vit et il crut »
Dans la course folle animée par le témoignage des femmes, le jeune homme
distance l’homme mûr, mais par respect, il laisse le chef des Apôtres
entrer le premier, peut-être même est-il retenu par le souci de ne pas
se rendre impur en côtoyant un cadavre. Simon-Pierre ayant constaté la
vacuité du tombeau, il peut entrer sans crainte, mais à la différence
du premier qui reste hébété, l’auteur du IVème Evangile comprend
tout de suite les conséquences de cette absence apparente : ce n’est
pas un vol de cadavre, ni même une réanimation comme celle de Lazare,
il s’agit de la Résurrection annoncée dans les Ecritures pour la fin des
temps. Le Maître montre l’exactitude de la Parole de Dieu en étant, selon
l’expression de saint Paul le Premier-né d’entre les morts.
L’évangile de Jean est le plus tardif des écrits concernant Jésus, sans
doute à la fin du Ier ou tout début du IIème siècle.
L’auteur a eu le temps de méditer cette révélation qui lui a été faite
dans le tombeau vide, mais le souvenir de ce moment reste le fondement
de sa foi. C’est à cet endroit et à cet instant qu’il a perçu l’amour
de Dieu pour tous les hommes et le message délivré par le Christ.
Des événements qui auraient pu paraître sans importance vont s’ancrer
dans sa mémoire en prenant leur pleine dimension. Ainsi est-il le seul
à parler de l’entretien avec Nicodème et celui avec la Samaritaine qui
donnent un éclairage sur le Baptême chrétien, la porte qui permet d’entrer
dans le Royaume de Dieu ; le seul à rapporter l’épisode des noces
de Cana où la surabondance annonce la multiplication de son Corps et de
son Sang dans la communion eucharistique sans commune mesure avec la foi
des participants.
Nous nous disons sans doute que cet évangéliste a eu beaucoup de chance
en recevant cette révélation ! Pourtant, nous aussi, nous constatons
l’œuvre de Dieu dans nos vies, non pas sous l’aspect négatif d’une absence,
celle du tombeau, mais sous l’aspect positif d’une présence réelle du
Christ à son Eglise, dans l’eucharistie bien sûr, mais aussi dans les
personnes baptisées, confirmées et ordonnées qui sont configurées au Christ
par ces Sacrements, au Christ roi par le Baptême, au Christ prophète par
la Confirmation et au Christ prêtre par l’Ordination, ces trois Sacrements,
non renouvelables, imprimant une marque nouvelle chez celui qui les reçoit,
marque signifiée par le Saint Chrême qui n’est utilisé que dans ces célébrations.
Vivons pleinement les Sacrements que nous avons reçus et nous serons
signes pour aujourd’hui de la Résurrection du Christ et de sa présence
éternelle dans le monde.
+Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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31 mars 2024
Maison Marie-Thérèse
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n°1378
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Voir – Croire
Dès le début du IVème évangile, l’auteur témoigne que voir
Jésus dans son intimité permet de reconnaitre qu’il est Celui que le monde
attend : « Le lendemain encore, Jean se trouvait là avec
deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait,
il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples
entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus
vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître
–, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous
verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent
auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ quatre
heures de l’après-midi). André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des
deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi
Jésus. Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous
avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ. »
(Jean 1,35-41) Il a suffi à André de voir où demeurait Jésus et comment
il vivait pour qu’aussitôt il témoigne auprès de son propre frère Simon ;
Ils ont trouvé le Messie ! Celui qui était annoncé par les Ecritures
et que leur maître Jean le Baptiste leur avait désigné.
Scène tout à fait différente à la fin de ce même évangile : « Simon-Pierre,
qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit
les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête
de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier
au tombeau. Il vit, et il crut. » (Jean 20,6-8) Alors que Pierre
à qui André avait présenté le Messie dès le début reste sans voix et sans
réaction, l’autre disciple voit le tombeau vide et comprend immédiatement
l’ensemble de la prédication de Jésus, les annonces qu’il avait faites
de ce qui allait arriver. Tout s’éclaire dans le cœur de ce disciple :
quand Jésus parlait de reconstruire le Temple en trois jours (Cf. Jean
2,19), d’être similaire au serpent de bronze élevé de terre pour le pardon
des péchés (Cf. Jean 314) voire de naître d’une vie nouvelle (Cf. Jean
3,4) et surtout cette phrase : « Pourtant, je vous dis la
vérité : il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne
m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars,
je vous l’enverrai. » (Jean 16,7) Le tombeau vide est la preuve
que l’Esprit va venir pour que chacun comprenne et adore le Fils de Dieu.
Aujourd’hui nous bénéficions de l’ensemble de cet évangile et de sa pédagogie
qui montre la progression de la compréhension du message du Christ dans
le cœur des Apôtres er de constater comme ce disciple que le tombeau est
vide pour comprendre le signe d’une absence apparente : le Christ,
précède les Apôtres de l’époque en Galilée et pour nous dans notre vie
quotidienne, là où nous sommes. Nous voyons l’ouvre de Dieu dans les événements
et nous croyons qu’il envoie l’Esprit comme il l’a promis.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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