Messe de la nuit de Noël
24 décembre

Isaïe 9,1-6 - Psaume 95 - Tite 2,11-14 - Luc 2,1-14

1 & 2

Forces Armées de Guyane

2002

Merveilleux Conseiller ; Dieu Fort ;
Père à jamais ; Prince de la Paix

2003

Il est né le divin enfant

3

Garnison d'Angers

2005

Un enfant couché dans une mangeoire

 

 

4 & 5

Brigade Franco-Allemande

2008

La naissance du Christ est pour nous
une nouvelle naissance
(Maxime II de Turin)

2009

Eveille-toi (saint Augustin)

6, 7 & 8

Fort Neuf de Vincennes

2010

Elle donna naissance à un fils

2011

Voilà le signe qui vous est donné

7

2012

Il n’y avait pas de place pour eux

 

 

9 à 12

Secteur Vermandois

2013

Une grande lumière

2014

La maison de David

2015

Le peuple qui marchait dans les ténèbres
a vu se lever une grande lumière

2016

Trois messes basses

13 à 17

Athies & Nesle

2017

Vivre dans le temps présent

2018

La gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière

2019

Une mangeoire

2020

Gloire à Dieu !

2021

Le signe qui vous est donné

2022

Dans la salle commune

18

2023

Le mystère de la Nativité

 

 

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25 décembre 2001

Forces Armées de Guyane

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n+13

Merveilleux Conseiller, Dieu Fort, Père à jamais, Prince de la Paix

C'est par ces qualificatifs que le prophète Isaïe désigne celui qui doit venir, le Messie. Chacun de ces termes est en soi une méditation de l'amour de Dieu pour les hommes.

Le Seigneur a fait pour moi des merveilles, saint est son Nom. La Vierge Marie commence ainsi son action de grâce devant sa cousine Elisabeth. La merveille est un élément que l'on ne trouve pas dans la nature, c'est une chose qui vient d'ailleurs, de quelqu'un de plus grand que nous. Et Dieu nous promet par la bouche du prophète Isaïe un conseiller merveilleux, c'est à dire quelqu'un qui va nous aider à diriger notre vie pour que le projet de Dieu y entre. Et cela ajoute encore au merveilleux : ce n'est pas nous qui entrons dans le projet de Dieu, c'est lui qui vient à notre portée ; l'incarnation de son Fils en est la plus belle illustration. Puisque les prophètes n'ont pas été écoutés, peut-être écouteront-ils mon fils ? (cf. Mc 12,6)

La force de Dieu est son amour. Il aime les hommes jusqu'à rendre jaloux le plus beau des anges d'après la tradition. Tout au long de la Bible, Ancien et Nouveau Testament, nous assistons à des preuves d'amour et de pardon. Dieu confectionne des tuniques de peau avant de renvoyer Adam du Paradis pour le protéger malgré son désir d'indépendance (Gn 3,21) ; Dieu promet à Noé qu'il n'y aura plus de déluge (Gn 9,12sv.) ; Dieu s'engage auprès d'Abraham sans esprit de réciprocité (Gn 15,17) ; Dieu inspire à Cyrus, roi de Perse, la volonté de laisser revenir les descendants d'Abraham à Jérusalem et d'y reconstruire le Temple, signe de sa présence au milieu de son peuple (cf. livre d'Esdras) et enfin comme preuve tangible de son amour et son désir d'être avec les hommes, il envoie son propre Fils pour nous sauver.

La paternité de Dieu tient dans la création : il a voulu l'homme par amour bien que nous n'ajoutions rien à ce qu'il est. La science peut nous expliquer le comment de la création à partir des éléments physiques connus, elle ne pourra jamais nous dire le pourquoi. L'amour de Dieu se montre, il ne se démontre pas.

La paix est le Royaume, le Royaume est la paix. Lorsque Dieu veut réconforter Abraham et lui donner un signe, il envoie auprès de lui Melchisédech, roi de Shalem (paix), prêtre du Très-Haut, pour offrir et partager avec lui le pain et le vin (cf. Gn 14,17-20) Cette anticipation du sacrifice du Christ montre l'unité du projet de Dieu. Abraham, père d'une multitude, partage avec Melchisédech ce que le Christ va offrir pour nous et la multitude.

La nativité que nous fêtons aujourd'hui est un résumé de tout ce que Dieu, Père, Fils et Esprit a fait pour nous et ceux qui nous précédons. Il nous est donc bien annoncé une grande joie : un Sauveur nous est né.

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane

25 décembre 2002

Forces Armées de Guyane

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Il est né le divin enfant

Ce chant traditionnel lors de la nuit de Noël, ce soir, éclatera dans beaucoup d’églises francophones. Dans la sagesse populaire, sans recherches théologiques poussées, l’auteur a actualisé la joie des bergers à notre temps. En entonnant cet air nous nous mettons avec les bergers recevant l’annonce des anges.

De grands théologiens essayent – sans beaucoup de succès - de nous faire comprendre que le Christ naît, est crucifié et ressuscite chaque jour en nos cœurs, qu’il ne s’agit pas de d’anniversaires d’événements passés mais de nous rendre présent à un mystère éternel. Là où les discours et les écrits de ces savants échouent, la tradition du peuple chrétien a réussi à faire passer le message : par ces chants simples et ancestraux, nous sommes présents à la crèche, sachant discerner, à travers les figurines de plâtre ou même des personnages vivants, la venue du Fils unique de Dieu qui revêt notre chair.

Les regards émerveillés des enfants devant la crèche sont plus explicites que les livres de saint Thomas d’Aquin ; la joie et la paix qui s’installent sur la terre pendant cette nuit est plus évangélisatrice que n’importe quelle encyclique car elles montrent d’une façon tangible que Dieu est à l’œuvre en cet âge ; les chants sont plus évocateurs du message d’amour qu’un homélie ou un sermon.

En sortant de l’église, ne nous contentons pas de fredonner ces refrains entraînants, mais transmettons ce qu’ils disent avec leurs mots et leurs mélodies simples : annonçons à tous les hommes :

Un Sauveur nous est né un Fils nous est donné
Eternel est son amour

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier catholique des Forces Armées en Guyane

25 décembre 2004

Garnison d'Angers

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Un nouveau-né couché dans une mangeoire !

Depuis les prophéties d’Isaïe annonçant la jeune fille qui est enceinte (Is 7,10-16, première lecture de 4ème dimanche de l’Avent) et la naissance de cet enfant merveilleux (Is 9,1-6, première lecture de la nuit de Noël) les croyants attendent un messie de la lignée de David qui restaurerait la puissance temporelle et spirituelle du peuple élu. Chaque femme enceinte pour la première fois se préparait moralement à être, si Dieu le voulait, la mère de cet enfant.

C’est dans cette attente de tout un peuple opprimé par un occupant que l’Ange présente aux bergers le message tant attendu : l’enfant est né ! La cohorte des chœurs célestes qui chantent éternellement la Gloire de Dieu devant sa face (cf. Is 6,2) vient sur terre pour annoncer que Dieu est présent parmi son peuple, à Bethléem, dans la ville de David. Dieu n’a pas envoyé un prophète supplémentaire, il vient lui-même, il naît d’une femme. Lui qui est engendré non pas créé (cf. le symbole de foi de Nicée Constantinople) accepte d’être pleinement créature. Dieu par l’engendrement du Père, homme par la naissance d’une Vierge. Dès qu’ils ont reçu le message, les bergers vont à la grotte pour adorer l’enfant.

Plus de 2.000 ans après ces événements nous venons dans la chapelle de saint Jean pour adorer. Il ne s’agit pas d’adorer une statuette en plâtre déposée dans l’église mais ce qu’elle représente : la venue de Dieu parmi les hommes. Le nom qui est donné à l’enfant est porteur d’espérance : Dieu sauve. Il est venu parmi nous, comme l’un d’entre nous, pour nous montrer l’amour du Père pour tous les hommes ; il est venu dans un peuple préparé depuis des siècles pour le recevoir pour sauver individuellement tous les hommes et toutes les femmes de tous les peuples.

La messe que nous célébrons à l’occasion de Noël montre l’unité du mystère chrétien : pour nous guider jusqu’au royaume des cieux, le Fils unique de Dieu nous montre le chemin en menant une vie d’homme de bout en bout de la conception annoncée par l’ange Gabriel à la résurrection en passant par la naissance et la mort, les quatre étapes fondamentales de la vie humaine. Cela est résumé dans le sacrifice eucharistique où le Christ se livre réellement à nous pour ressusciter, d’une certaine façon, dans nos vies en attendant son retour.

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier de la Garnison d’Angers et du groupement de gendarmerie du Maine & Loire
Adjoint temporaire de l’aumônier des FAG Le père Gaétan Favriaux

24 décembre 2007

Brigade Franco-Allemande

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La naissance du Christ est pour nous une nouvelle naissance

« Aujourd'hui, frères très chers, le Christ est né et nous sommes nés à nouveau. Aujourd'hui, le Sauveur a connu grâce à sa mère le moment de la naissance, alors qu'il ne l'avait pas reçu de son Père Aujourd'hui, à la manière d'un homme, le Fils de Dieu est entré dans le monde, alors que sa main avait fait le monde, avant la création c l'homme. Aujourd'hui, celui qui réside aux cieux est venu sur terre pour inviter au ciel les habitants de la terre. Dieu, dit l'Écriture, est admirable dans ses saints (Ps 67,35). Si Dieu est admirable dans ses saints, comment ne le serait-il pas en lui-même ? S'il est admirable dans Jean Baptiste, en voulant qu'il naisse d'un père bien vieux d'une mère stérile, combien plus est-il admirable en lui-même ! Pour revêtir notre condition charnelle, il a accordé à une vierge de concevoir et d'enfanter d'une manière inouïe... Qui resterait de marbre, ne redouterait la profondeur d'un tel mystère alors qu'un seul et même être naît en tant que Dieu sans conception humaine et devient homme sans l'intervention d'un créateur ? Nous lisons, mes très chers frères, qu'il y a deux naissances dans le Christ, mais l'une comme l'autre sont l’œuvre d'une puissance divine que nous ne pouvons saisir. D'un côté, Dieu engendra son Fils à partir de lui-même ; de l'autre, une vierge le conçut par l'opération divine. D'un côté, c'est une naissance sans commencement, de l'autre, sans précédent. Dans un cas, il naît pour créer la vie, dans l'autre, pour supprimer la mort. D'un côté, il naît de son Père, de l'autre, il vient au monde pour les hommes. Par sa première naissance, il est à l'origine de l'homme ; par la seconde, il a libéré l'humanité. L'une et l'autre naissances sont tout aussi indicibles qu'inséparables. L'une est antérieure à l'homme, l'autre lui est supérieure. L'une dépasse la raison, l'autre est un prodige. Lorsque nous enseignons qu'il y a deux naissances du Christ, nous ne prétendons pas que le Fils de Dieu est né deux fois, mais nous affirmons les deux natures de l'unique Fils de Dieu. D'un côté, ce qui existait déjà est venu au monde ; de l'autre, ce qui n'existait pas encore est advenu. Le bienheureux évangéliste jean le déclare : Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu Un 1,1), et encore : Et le Verbe s'est fait chair on 1,14).

Ainsi donc, Dieu qui était auprès de Dieu est sorti de Dieu, et la chair de Dieu qui n'était pas en lui est issue d'une femme. Le Verbe est devenu chair sans que Dieu soit dilué dans l'homme, mais pour que l'homme trouve sa gloire en Dieu. Voilà pourquoi Dieu n'est pas né deux fois, mais, par ces deux naissances - celle de Dieu et celle de l'homme - le Fils unique du Père a voulu être lui-même à la fois Dieu et homme en une seule personne. »

Maxime II de Turin (Vème siècle), Sermon sur la Nativité du Seigneur,(PL 57, 241-244).
(Missel des dimanches 2008 – ed. collective des Editeurs de liturgie)

24 décembre 2008

Brigade Franco-Allemande

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Eveille-toi

Homme, éveille-toi : pour toi, Dieu s’est fait homme. Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. Pour toi, je le répète, Dieu s’est fait homme.

Tu serais mort pour l’éternité, s’il n’était né dans le temps. Tu n’aurais jamais été libéré de la chair du péché s’il n’avait pris la ressemblance du péché. Tu serais victime d’une misère sans fin, s’il ne t’avait fait cette miséricorde. Tu n’aurais pas retrouvé la vie, s’il n’avait pas rejoint ta mort. Tu aurais succombé, s’il n’était allé à ton secours. Tu aurais péri s’il n’était pas venu.

Célébrons dans la joie l’avènement de notre salut et de notre rédemption. Célébrons ce jour de fête où, venant du grand jour de l’éternité, un grand jour éternel s’introduit dans notre jour temporel et si bref.

C’est lui qui s’est fait notre justice, notre sanctification, notre rédemption. Ainsi qu’il est écrit : Celui qui cherche la gloire, qu’il mette sa gloire dans le Seigneur…Donc la Vérité a germé de la terre : le Christ, qui a dit Moi, je suis la Vérité, est né de la Vierge. Et du ciel s’est penché la justice, parce que, lorsque l’homme croit en celui qui vient de naître, il reçoit la justice, non pas de lui-même mais de Dieu.

La Vérité a germé de la terre, parce que le Verbe s’est fait chair. Et du ciel s’est penchée la justice, parce que les dons les meilleurs, les présents merveilleux, viennent d’en haut.

Le Verbe a germé de la terre : la chair est née de Marie. Et du ciel s’est penchée la justice, parce qu’un homme ne peut rien s’attribuer au-delà de ce qui lui est donné du ciel…

Dieu a fait de nous des justes dans la foi, soyons donc en paix avec Dieu, parce que Justice et Paix se sont embrassées. Par notre Seigneur Jésus Christ : car la Vérité a germé de la terre. C’est lui qui nous ouvre l’accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis, et notre orgueil, c’est d’avoir part à la gloire de Dieu. Paul ne dit pas « à notre gloire » mais à la gloire de Dieu parce que la Justice n’est pas sortie de nous mais s’est penchée du ciel. Donc celui qui cherche sa gloire, qu’il mette sa gloire non en lui mais dans le Seigneur.

De là vient que la louange angélique pour le Seigneur né de la Vierge a été : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes pleins de sa bienveillance.

Sermon pour Noël de saint Augustin

24 décembre 2009

Fort Neuf de Vincennes

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Elle donna naissance à un fils

Petite phrase anodine qui est parfaitement dans le contexte mais combien importante pour la foi chrétienne ! Ce n’est pas un enfant ordinaire, il est le Fils éternel de Dieu qui s’est incarné depuis le message de l’ange : « Et voici que tu concevras et que tu enfanteras un Fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut. Et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, et il régnera sur la maison de Jacob pour tous les siècles, et son règne n'aura pas de fin. » (Luc 1,32-33)

Mystère de l’Incarnation, mystère de l’amour du Père pour l’humanité et de l’obéissance du Fils au Père : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'est anéanti, prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes, reconnu homme à son aspect, il s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort » (Philippiens 2)

Le Père, Créateur tout-Puissant, aurait pu former un nouvel homme comme il avait créé l’humanité par la puissance de sa Parole : « Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, mâle et femelle il le créa. » (Genèse 1,27) Mais en Jésus ce n’est pas une image de Dieu qui est sur terre, Il est Dieu lui-même : « Il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père; et par lui tout a été fait. pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; Par l'Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme. » (Symbole de Nicée Constantinople)

Le Père a choisi de s’en remettre à l’acceptation d’une jeune fille : « Je suis la servante du Seigneur ; qu'il m'advienne selon ta parole ! » (Luc 1,38) Nouvelle Eve qui par son obéissance rend caduque la faute et inaugure une Nouvelle Alliance. Pleinement homme par sa mère, pleinement Dieu par son Père, Jésus (nom qui veut dire Dieu sauve) vient au secours de la faiblesse des hommes en se faisant faible lui-même.

A travers la représentation de la crèche, à l’église ou chez nous, adorons le mystère de cette Incarnation et avec saint Jean émerveillons-nous : « Et le Verbe est devenu chair, et il a séjourné parmi nous. Et nous avons contemplé sa gloire, gloire comme celle que tient de son Père un Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jean 1,14)

Père JeanPaul Bouvier
aumônier militaire du Fort Neuf de Vincennes

24décembre 2010

Fort Neuf de Vincennes

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Voilà le signe qui vous est donné

Un ange vient annoncer aux bergers une grande nouvelle, le Sauveur est né ! Aussitôt après une ‘troupe céleste innombrable louent Dieu’. N’était-ce pas suffisant pour comprendre que quelque chose de divin était arrivé. Le signe qui est donné aux bergers semble dérisoire à côté de ces manifestations grandioses. Qu’est-ce qu’ ‘un enfant nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire’ pouvait apporter comme preuve supplémentaire ?

Il fallait que fût vérifiée la réalité de l’Incarnation. Le Messie promis ne sera pas un homme adulte choisi par Dieu pour sauver son peuple, eût-il été élu et consacré à Dieu dès avant sa naissance comme avaient pu l’être Samson ou Samuel (cf. Juges 13 et 1 Samuel 1) C’est Dieu lui-même qui vient parmi son peuple comme un enfant qui naît d’une femme. Les bergers ont été avertis de cette naissance exceptionnelle annoncée par les chœurs célestes, il fallait qu’ils la vissent de leurs yeux pour pouvoir en être témoins !

Les reproductions de crèches se sont banalisées au point que les municipalités de nos villes en font des expositions culturelles où les gens se pressent pour admirer le savoir-faire de telle ou telle région, ou de tel ou tel artiste. Mais nous, chrétiens, qui mettons des crèches dans nos maisons et dans nos églises, sommes-nous intimement convaincus de la réalité du grand mystère que ces représentations contiennent : le Fils éternel de Dieu vient habiter parmi nous.

Par ses prophètes Dieu avait promis d’envoyer l’Emmanuel (cf. Isaïe 7,14) c'est-à-dire ‘Dieu avec nous’ dans la réalisation de cet engagement, il demande à Joseph de donner à l’enfant le nom de Jésus ce qui signifie ‘Dieu sauve’ ; l’accomplissement est donc beaucoup plus important que la promesse : Dieu ne se contente pas de venir avec son peuple, il s’incarne pour le sauver !

Plus de vingt siècles après, l’Eglise ne cesse de proclamer à toute l’humanité ‘Il vous est né un Sauveur’. Les chrétiens qui reçoivent ce message sont comme les bergers de cet évangile, ils ne pressent plus à la crèche mais là où le Seigneur est présent : dans ses Sacrements tout particulièrement dans l’Eucharistie qui est son Corps et son Sang, mais en étant attentifs à nos frères et sœurs : « dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (cf. Matthieu 25,31-46)

Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes

24 décembre 2011

Fort Neuf de Vincennes

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Il n’y avait pas de place pour eux

Il ne faut pas imaginer l’auberge de Bethléem comme un hôtel *** d’aujourd’hui, la plupart des personnes sont des hommes, des voyageurs, des marchands et dorment plus ou moins tous ensemble dans une grande promiscuité. Il n’est pas question pour le tenancier de laisser une femme sur le point d’accoucher au milieu de toutes ces personnes, la pudeur des femmes juives de ce temps est comparable à celles des femmes orientales de notre époque : il n’y pas de place pour elle dans la salle commune. C’est pourquoi, afin que Marie soit à l’aise dans un endroit couvert et chaud, il lui propose l’étable, faute de mieux ; sans doute a-t-il aussi averti une matrone pour aider Marie pendant l’accouchement.

Ainsi installé, avant d’être déposé dans la mangeoire de l’étable, le Fils de Dieu peut naître homme parmi les hommes : « Lui étant dans la forme de Dieu n'a pas usé de son droit d'être traité comme un dieu mais il s'est dépouillé prenant la forme d'esclave. Devenant semblable aux hommes et reconnu à son aspect comme un homme. » (Philippiens 2,6-7)

La prophétie d’Isaïe est réalisée : « C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe: Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel. » (Isaïe 7,14) Comme toute promesse du Seigneur, elle est réalisée au-delà de toute attente : ce n’est pas seulement un signe qui est donné, Dieu lui-même vient sur terre « Le Verbe s’est fait chair ! » (Jean 1,14) Le nom que Dieu demande pour l’enfant – ‘Jésus’ (cf. Matthieu 1,25 & Luc 1,31) – signifiant ‘Dieu sauve’ dénote une implication de Dieu plus importante que cet enfant – ‘Emmanuel’ – promis par Isaïe au roi Achaz dont le nom se traduit par ‘Dieu avec nous’.

L’intimité que l’aubergiste avait réservée à Marie pour la naissance de l’enfant ne pouvait pas convenir à un événement aussi exceptionnel que l’incarnation du Fils unique du Père : les chœurs célestes préviennent les bergers des alentours en chantant la gloire de Dieu et ils annoncent la Paix pour les hommes aimés de Dieu.

Cette explication nous conduit à notre vie personnelle, bien souvent nous pensons qu’il n’est pas digne de mettre notre foi au milieu des contingences quotidiennes : il n’y a pas de place pour elle, nous allons lui réserver une place dans l’intimité de notre cœur. Nous ne devons pas oublier la deuxième partie de ce passage de l’évangile de saint Luc, une fois que le Christ est advenu dans notre vie, il doit être exposé aux personnes qui nous entourent. Comme la Vierge Marie, après l’intimité de l’accouchement expose son Fils à l’adoration des bergers et des anges. Le Ciel et la terre sont réunis dans une même adoration, préfiguration de l’Eglise image du Royaume.

« Lorsque ton Fils prend la condition de l’homme, la nature humaine en reçoit une incomparable noblesse ; Il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels » (3ème préface de Noël) La Nativité ouvre la porte du Royaume pour tous les hommes.

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes

24 décembre 2012

Secteur Vermandois

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Une grande lumière

A la parole du prophète Isaïe qui promettait : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Isaïe 9,1) l’évangile de saint Luc répond : « L’ange du Seigneur s’approcha et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. » (Luc 2,9) Comme l’homme attend la lumière du jour, lorsque le Soleil est levé pour se diriger sans peine sur les chemins, l’humanité attendait le lever du ‘Soleil de Dieu’ pour se diriger sans crainte vers le Père où : « De nuit, il n'y en aura plus ; ils se passeront de lampe ou de soleil pour s'éclairer, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront pour les siècles des siècles » (Apocalypse 22,5)

La naissance du Messie est comparable à un soleil qui éclaire d’un jour nouveau le dessein de Dieu, à la lumière qui est donnée aux croyants, la lecture de la Parole de Dieu prend un sens nouveau d’accomplissement : « N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Matthieu 5,17) Les Ecritures sont devenues complètes par la mission du Christ : « en ces jours qui sont les derniers, [Dieu] nous a parlé par un Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les mondes. » (Hébreux 1,2) La mort de Jésus en croix est perçue comme une victoire des ténèbres sur la lumière : « A partir de la sixième heure, l'obscurité se fit sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure. » (Matthieu 27,45)

L’Eglise a repris le sens de cette lumière qui permet à l’homme de diriger sa vie en conformité avec la volonté du Père ; pendant la nuit pascale, en bénissant le feu qui va allumer le cierge, le célébrant commence la prière par ces mots : « Seigneur notre Dieu, par ton Fils qui est la lumière du monde, tu as donné aux hommes la clarté de ta lumière… » Le cierge pascal brillera pour les Baptêmes pour y allumer les cierges des baptisés en leur disant : « Reçois la lumière du Christ ! » Il sera également présent pendant la célébration d’obsèques pour montrer que le défunt est désormais illuminé par la lumière véritable.

Aujourd’hui, ce sont les millions de petites flammes des baptisés qui font se lever sur le monde cette ‘grande lumière’ promise par la voix du prophète ; le message de l’ange est toujours d’actualité, l’Eglise toute entière proclame : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur ! » et avec elle nous sommes une ‘troupe innombrable’ qui loue Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! »

Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois

24 décembre 2013

Secteur Vermandois

n°720

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La maison de David

Le lecteur – ou l’auditeur – attendant le récit de la naissance pourrait ne pas être attentif à toutes les précisions que donne l’évangéliste saint Luc : précision sur la date, lorsque Quirinus était gouverneur de Syrie ; précision sur la cause, l’ordre de recenser toute la terre donné par l’empereur Auguste ; précision sur le lieu, la ville de David, Bethléem ; précision sur la raison, Joseph est de la descendance de David…

Ces deux dernières précisions sont pourtant particulièrement importantes car elles citent précisément le roi David. A Bethléem, David a été choisi secrètement par Dieu pour être oint par le prophète Samuel (cf. 1Samuel 16,1-13) Le plus jeune, le plus faible, des fils de Jessé a été préféré à ses frères aînés pour montrer aux hommes que « L’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Eternel regarde au cœur. » (1Samuel 16,7b) C’est dans Bethléem, ce même petit village de Judée, que le Fils éternel du Père s’incarne comme un petit bébé fragile conformément à l’annonce faite par le prophète : « Et toi, Bethléem Ephrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël, Et dont l’origine remonte aux temps anciens, Aux jours de l’éternité. » (Michée 5,1)

L’attente d’un nouveau David est l’espérance messianique du peuple d’Israël : un roi qui établira la paix dans le pays comme David l’avait fait, un roi qui marchera dans les voies du Seigneur, un roi idéal qui sera un descendant de David comme Dieu le lui a promis : « Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône sera pour toujours affermi. » (2Samuel 7,16)

Tout cela se réalise par la naissance de Jésus dans une étable à Bethléem ; les bergers à qui l’Ange délivre le message : « Aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. » (Luc 2,11) comprennent immédiatement la portée de cette parole, les prophéties se réalisent, Dieu n’a pas oublié les promesses faites à son peuple.

Aujourd’hui, nous n’avons pas l’attente d’un roi idéal qui restaurerait le pays d’Israël dans la puissance qu’il avait à l’époque de David mais les précisions que donne saint Luc à ses lecteurs avant de raconter la naissance de Jésus sont tout aussi importantes quant à la véracité de l’Incarnation du Christ : le Fils unique du Père « s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1,14) à une date donnée, dans un lieu précis, au milieu d’une famille connue.

En regardant l’enfant Jésus dans la crèche la phrase de saint Jean doit retentir en nous : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque qui croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jean 3,16) Saurons-nous être émerveillés et aller proclamer la gloire de Dieu ?

Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois

25 décembre 2014

Secteur Vermandois

n°793

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Le peuple qui marchait dans les ténèbres
a vu se lever une grande lumière

« Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres. » (Genèse 1,3-4)

La lumière est le premier élément créé par Dieu, le premier jour de la Création. En reprenant cette idée, Isaïe indique qu’une nouvelle création sera mise en œuvre par Dieu, un nouveau commencement dont l’aboutissement sera un homme nouveau. Le prophète met cette lumière en rapport immédiat avec le Fils qui sera donné, descendant de David, pour inaugurer un temps de justice et de paix sans fin.

Cette prophétie se réalise lorsque l’ange vient alerter les bergers de la naissance du Sauveur : « L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. » (Luc 2,9) Ces hommes gardaient leurs troupeaux dans la nuit (les ténèbres !) et ils voient la Gloire du Seigneur en pleine lumière. Le message délivré par l’ange annonce bien plus qu’un simple successeur de David, il parle du Sauveur attendu par le peuple d’Israël. Aussitôt que le Sauveur est annoncé, une multitude d’anges apparaît dans le ciel pour rendre hommage au Fils qui vient de naître. Tous les qualificatifs utilisés dans la prophétie d’Isaïe viennent dans la pensée des bergers : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Sans doute ne saisissent-ils pas encore la portée de cette annonce mais ils comprennent que Dieu est fidèle dans ses promesses.

En fêtant la Nativité aujourd’hui, nous aurions facilement l’impression que le monde contemporain est également dans les ténèbres et que nous aurions besoin de la lumière de la Gloire du Seigneur pour annoncer que ce jour-là « un Sauveur nous est né » Ce serait oublier que cette lumière nous l’avons reçue le jour de notre Baptême, une petite flamme allumée au cierge pascal qui évoque le Christ ressuscité. Comme les anges qui chantent « Gloire à Dieu » les chrétiens sont innombrables et la réunion de tous ces cierges baptismaux forment une grande lumière qui éclaire les ténèbres de toutes les époques depuis la naissance du Seigneur.

Dans cette nuit de Noël, nous sommes comme les bergers et nous recevons cette Bonne Nouvelle : « un Sauveur nous est né » et dans vie courante, nous sommes comme cet ange qui annonce « une grande joie pour tout le peuple » et, ensemble, nous illuminons le monde de la Lumière.

Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois

25 décembre 2015

Secteur Vermandois

n°850

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Trois messes basses

Chacun d’entre nous se souvient du conte d’Alphonse Daudet où le chapelain Dom Balaguère succombe à la gourmandise, aiguillonné par le démon, et il ‘bâcle’ accélérant de plus en plus vite les trois messes de Noël de messe en messe pour aller plus rapidement au festin. Deux aspects de ce conte méritent une explication.

Les ‘messes basses’ étaient ainsi appelées en opposition avec les ‘messes chantées’, elles étaient donc beaucoup moins longues et la foule participait peu, simplement en suivant les textes sur un missel.

En second lieu, trois messes sont prévues dans la liturgie romaine pour célébrer Noël. Avant la révision liturgique, elles étaient enchainées à la suite les unes des autres à 23h30, 00h00 et 00h30. L’Eglise a choisi de les prendre pour ce qu’elles sont dans la révélation du mystère de l’incarnation.

La première, ‘messe de la veille’, rappelle la généalogie de Jésus dans l’évangile de saint Matthieu, longue litanie des ancêtres de Jésus, qui est présenté comme un descendant d’Abraham. Cette dernière messe avant la Nativité marque l’importance de la situation de Dieu le Fils dans un peuple et dans une époque ; l’incarnation du Christ n’est pas seulement dans la chair mais aussi dans l’Histoire de l’humanité. Le Créateur aurait pu faire surgir un homme adulte ‘ex nihilo’ mais le projet de la Rédemption voulait qu’il soit un homme identique à tous les autres, né d’une femme, à l’exception du péché (cf. Philippiens 2)

La deuxième messe est la ‘messe de minuit’ où sont relatées l’arrivée à Bethléem et la naissance de l’enfant dans l’étable. Pour souligner que la prophétie des prophètes est réalisée (cf. Isaïe 7,14) un ange avertit la population par l’annonce faite aux bergers et les chœurs célestes entonnent le chant de la Gloire de Dieu.

La troisième messe est la ‘messe de l’aurore’ du jour de Noël. Elle montre l’adoration des bergers alertés par les manifestations extraordinaires de la nuit qui viennent voir et adorer « le nouveau-né couché dans la mangeoire » tel que les anges l’avaient annoncé.

A ce triptyque, il faudrait ajouter – pour être complet – la ‘messe du jour de Noël’ avec la lecture du prologue de saint Jean annonçant « le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jean 1,14)

La méditation du mystère de l’Incarnation est tellement importante pour la foi chrétienne que l’Eglise a choisi de garder ces quatre messes qui permettent de considérer des aspects différents de cet événement inouï : Dieu se fait homme ! N’oublions donc aucun de ces aspects dans notre joie de fêter la Nativité.

Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
& Administrateur de Nesle et Athies (secteur Haute Somme

24 décembre 2016

Paroisses Nesle & Athies

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n°912

Vivre dans le temps présent

Les épîtres pastorales – dont l’épître à Tite – sont les plus tardives dans le cursus paulinien et la compréhension du mystère chrétien s’est déjà affinée. Dans ses premières lettres, ‘l’Apôtre des gentils’ attendait le retour du Christ comme immédiat : « Au signal donné par la voix de l’archange, et par la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord. Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. » (1Thessaloniciens 4,16-17) Il pensait ne pas connaître la mort avant que le Christ revînt et même ne pas la connaître du tout et passer sans hiatus de la vie terrestre à la vie de ressuscité.

Les jours et les années ont passé ! Par la grâce de l’Esprit Saint, saint Paul perçoit mieux le projet de Dieu et l’importance de la vie terrestre de Jésus : il fallait que le Fils se fît homme pour montrer jusqu’où va l’amour du Père : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Philippiens 2,5-8)

Par son incarnation le Fils devient un exemple pour les croyants : la chair n’est pas mauvaise si elle est soumise à la volonté de l’homme et non le contraire. La manière de ‘vivre dans le temps présent’ est déjà une façon de vivre avec le Père par l’écoute de sa Parole et sa mise en pratique ainsi nous serons des frères et des sœurs du Fils Eternel (cf. Matthieu 12,48-50). En cette nuit de Noël, celui qui réside aux cieux est venu sur terre pour inviter au ciel les habitants de la terre.

C’est bien ce que les anges annoncent aux bergers : « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ! » Dieu se fait homme pour sauver l’homme et le faire participer à sa Gloire. Dieu avait promis par ses prophètes un ‘Emmanuel’ ‘Dieu avec nous’ et par sa réalisation dans la naissance du Fils, il nous donne ‘Jésus’ ‘Dieu sauve’. Le Père veut que nous soyons avec Lui, et Il désire nous sauver du péché et de la mort.

Pour vaincre la mort, il fallait que ce corps né de la Vierge Marie ressuscitât, un véritable corps d’homme. La Résurrection du Fils et sa portée pour toute l’humanité n’ont de sens que si « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ! » (Jean 1,14) Comme pour le Fils, notre résurrection commence à notre naissance et par le Baptême dans lequel nous sommes configurés à Lui, nous en jouissons déjà.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies

24 déceembre 2017

Paroisses Nesle & Athies

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n° 978

La gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière

La Gloire de Dieu, ‘Shekina’ en hébreu, est une périphrase pour parler de la présence de Dieu lui-même puisque l’appeler par son Nom est interdit : « Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son nom. » (Exode 20,7) Dieu remplit les bergers de son Esprit comme lorsqu’il avait pris possession du Temple érigé par le roi Salomon : « A cause d’elle [la nuée], les prêtres durent interrompre le service divin : la gloire du Seigneur remplissait la maison du Seigneur ! » (1Rois 8,11)

La dédicace du Temple à Jérusalem était la manifestation de la présence de Dieu au milieu de son Peuple. Le même signe est donné aux bergers mais ce n’est plus un édifice de pierres qui est désigné ainsi mais « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (v.12) Cet enfant est le Messie annoncé par les prophètes, l’Emmanuel (Dieu-avec-nous) par la promesse transmise par Isaïe de la jeune fille enceinte (cf. Isaïe 7,14) et par la vision de Daniel du ‘fils d’homme venant sur les nuées’ (cf. Daniel 7,13)

Ce qui est annoncé aux bergers est devenu réalité à quelque distance de là : l’enfant est né et sa mère l’a couché dans une mangeoire pour qu’il soit bien au chaud dans la paille : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1,14a) Marie et Joseph le regardent avec un sentiment mélangé d’étonnement, de questions et d’adoration de Dieu. Comment se peut-il que ce bébé si fragile soit le Sauveur d’Israël, le Rédempteur de l’humanité ?

En pensées, Marie et Joseph revoient la visite que l’Ange a faite à chacun d’eux, elle se concrétise dans ce petit être qui dissimule la Gloire de Dieu. Le chemin à parcourir leur est inconnu mais ils font confiance à la Parole de Dieu : tout se déroulera selon son dessein avec l’aide qu’ils pourront lui apporter. Sans doute ont-ils un peu d’appréhension : seront-ils à la hauteur de la tâche qui leur est confiée par le Seigneur ? Mais la confiance est plus présente que la crainte : l’Esprit Saint leur dira ce qu’il faut faire…

Il est difficile de comparer notre appel à celui de la Vierge Marie, l’immaculée Conception. Par contre l’exemple de Joseph est à notre portée ; il était « un homme juste » (Matthieu 1,19) et nous avons été justifiés par le Baptême. Il nous reste pour lui ressembler d’avoir la même confiance dans l’Esprit qui inspire la façon de mener la mission qui nous est demandée…

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies

24 déceembre 2018

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n° 1050

Une mangeoire

Le récit de saint Luc est à la fois concis et extrêmement précis. Il a assuré dans le prologue de son Evangile (cf.1,1-4) qu’il s’était renseigné avec le soin d’une véritable enquête auprès de témoins oculaires pour savoir si ce qui lui avait été dit était exact. Il peut donc donner avec précision la date de l’événement selon la manière du temps par le nom de l’empereur et celui du gouverneur. De même il situe géographiquement le lieu parce qu’il est conforme à la prédiction du prophète Michée (5,2) à Bethléem, la cité du roi David ! Par contre, il ne donne pas de détails inutiles quant aux circonstances de l’accouchement : « elle mit au monde son fils premier-né ».

Ces précisions données, saint Luc montre que l’annonce de la Bonne Nouvelle est commencée. Le Père céleste n’attend pas que le Fils ait atteint l’âge adulte pour proclamer le don qui est fait aux hommes : le Christ tant attendu est là et il vient en Sauveur de l’humanité. Cette annonce est faite à ceux qui sont les plus proches et il leur donne un signe : un nouveau-né dans une mangeoire !

Cette dernière précision peut paraître anodine, mais saint Luc n’est pas un ‘reporter’ envoyé pour ‘couvrir l’événement’. Il écrit bien plus tard, en ayant dans l’esprit tout ce qui lui a été dit : la prédication, les derniers jours de Jésus à Jérusalem, le procès inique de la part des grands-prêtres, la mise à mort infâmante de la Croix, la mise au tombeau, la Résurrection, l’Ascension et le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte. Il pense à tout cela lorsqu’il fait la narration de la naissance.

La précision de la mangeoire a donc un sens particulier pour l’évangéliste ; disciple de saint Paul, il a entendu l’Apôtre dire : « J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : ‘Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi.’ » (1Corinthiens 11,23-24) Le corps que la Vierge donne au monde en le couchant dans cette mangeoire est le même que celui que les chrétiens sont invités à manger lorsqu’ils partagent le pain ‘en mémoire du Seigneur

Les enfants ont le regard émerveillé devant les représentations de la crèche. Combien plus nous devrions avoir le regard émerveillé devant l’hostie consacrée, le Corps du Christ qui se donne à manger…

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies

24 déceembre 2019

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n° 1121

Gloire à Dieu !

Dans la nuit de Bethléem, cette intervention des chœurs célestes n’a lieu que dans la proximité immédiate de la naissance du Fils de Dieu : « dans la même région » (v.8). Un tel événement n’aurait-il pas dû être annoncé de façon universelle à tous les hommes avec la même manifestation divine ? Pourquoi avoir à la fois une telle manifestation et une  telle discrétion ? La réponse sera donnée par Jésus lui-même à Cana : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » (Jean 2,4) où il ne se révèle qu’aux serviteurs qui avaient puisé l’eau. Les premiers concernés, le maître du repas et le marié, n’ont pas eu connaissance du miracle

Les bergers, intrigués par ce qu’ils ont vu, vont jusqu’à la crèche et découvrent ce qui leur a été révélé : « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (v.12). Ils racontent l’apparition qui leur a été faite à l’étonnement de tous, à l’exception de la Mère de Dieu : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (v.19).

Ayant constaté la véracité du message de l’ange et délivré leur témoignage, les bergers repartent en glorifiant Dieu eux-mêmes ; ce ne sont plus les anges mais les hommes qui chantent la Gloire de Dieu par la grâce de l’incarnation du Fils car ceux-ci ont été les premiers à connaître le projet divin de rédemption.

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » (v.14) Ce verset du chant d’abord entonné par les anges puis par les bergers est repris par les chrétiens  tous les dimanches hormis ceux de l’Avent et du Carême ; la liturgie l’a placé juste après le rite pénitentiel de la messe comme un émerveillement face à la manifestation de l’amour de Dieu qui donne son pardon sans compter et – à ce titre – cette phrase devrait être chantée à pleine voix puisqu’elle est notre réponse à cet amour infini.

Une formulation similaire est située juste avant la prière eucharistique : « Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire. […] Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. » (sanctus) Comme les bergers dans la nuit de Bethléem, les chrétiens sont avertis de la venue du Corps de Christ, chair et sang, sur l’autel et non plus dans une mangeoire. Témoins de cette incarnation éternelle, ils proclament la louange du Fils : ‘Tu es venu, tu reviendras dans la gloire’ (anamnèse).

« Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé. » (v.20) Et nous ? Nous avons entendu ce qui était annoncé par la Parole de Dieu et nous avons essayé de l’intégrer dans notre vie. Nous avons vu et adoré le Corps et le Sang du Christ, nous y avons communié. Repartons-nous en glorifiant et louant Dieu ?

Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde

24 déceembre 2020

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n° 1188

Le signe qui vous est donné

Aucune personne ne peut rester de marbre à la vue d’un nouveau-né. Le miracle de la naissance est toujours une question fondamentale, à fortiori lorsqu’il s’agit d’un enfant. La fragilité et la dépendance de ce petit être humain sont en eux-mêmes des signes de l’amour dont il a besoin pour vivre dans l’immédiat.

Mais la grande joie qui est annoncée n’est pas seulement la naissance d’un enfant, c’est un ange qui avertit les bergers : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » Comme il l’avait dit à la Vierge Marie : « Sois sans crainte ! » l’ange commence par rassurer, il ne vient pas pour une catastrophe mais au contraire pour annoncer la naissance du Messie, la réalisation de la promesse de Dieu par la voix de ses prophètes et attendu par le peuple.

Ce Messie est un descendant de la lignée de David, venu pour être recensé et comme son ancêtre, c’est le plus faible, le dernier né, qui est choisi, un bébé ! Pour confirmer la révélation que l’ange vient de faire aux bergers, les chœurs célestes chantent « Gloire à Dieu ».

Aujourd’hui, nous ne recevons pas le message de l’ange comme les bergers qui étaient contemporains de la naissance, mais nous en retenons l’essentiel, un Sauveur est né. Le signe qui nous est donné est qu’il est couché dans une mangeoire et nous l’entendons nous dire : « Ceci est mon Corps, prenez et mangez en tous ! »

Réunis pour célébrer la mémoire de cette naissance, nous devons ressentir – malgré les circonstances actuelles – cette grande joie car cette joie est intemporelle, elle est une jubilation intérieure que nous exprimons en chantant avec les chœurs célestes « Gloire à Dieu ». Habités profondément par cette joie, nous témoignerons comme les bergers : « Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé ».

Nous sommes la gloire de Dieu, exprimons-la par toute notre vie, pas seulement pendant les fêtes.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies

24 déceembre 2021

Paroisses Nesle & Athies

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n° 1250

Dans la salle commune

Le récit de saint Luc racontant l’arrivée dans la ville de David pourrait sembler être un refus de la part des habitants de Bethléem de recevoir Joseph et Marie, cela marquerait le rejet de ceux qui ne sont pas connus, c’est-à-dire une exclusion de l’étranger.

Une lecture plus attentive de ce passage en relevant ce qui est écrit et ce qui ne l’est pas permet de mieux comprendre l’intention de l’auteur. L’évangéliste ne dit pas où la Vierge Marie accouche de l’enfant, il signale simplement qu’elle l’emmaillote et qu’elle le couche dans une mangeoire. Ce sont les lecteurs qui en concluent qu’ils sont dans une étable. La précision sur la salle commune dans laquelle il n’y avait pas de place suffisamment intime pour que cette jeune femme puisse accoucher tranquillement suggère qu’il s’agit de l’étable de l’auberge dans laquelle sont abrités les animaux qui accompagnent les voyageurs.

C’est donc dans la ville que Jésus naît. Un ange apparait pour proclamer aux bergers : « Aujourd’hui dans la ville de David vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » Par cette annonce il affirme la réalisation de la prophétie d’Isaïe : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). » (Isaïe 7,14) Le prophète ne s’arrête pas à cette bonne nouvelle, il la détaille en annonçant les bienfaits  qui découleront de cette naissance extraordinaire.

L’incarnation de Dieu-le-Fils va au-delà de cette prophétie. L’apparitions d’un ange aux bergers indique que le ciel et la terre sont à nouveau en communication Jésus est l’Homme-Dieu qui fait le lien. Une nouvelle ère commence…

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde

24 déceembre 2022

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n° 1301

Le mystère de la Nativité

Chacun d’entre nous se souvient du conte d’Alphonse Daudet où le chapelain Dom Balaguère succombe à la gourmandise, aiguillonné par le démon, et il accélère de plus en plus vite dans la célébration des trois messes prescrites pour Noël par la liturgie de l’époque, allant même jusqu’à sauter certaines prières pour aller plus rapidement au festin.

Les ‘messes basses’ étaient ainsi appelées en opposition avec les ‘messes chantées’, elles étaient donc beaucoup moins longues et la foule participait peu, simplement en suivant les textes latins sur leur missel personnel. Ces trois messes sont prévues dans la liturgie romaine pour célébrer Noël. Avant la révision liturgique, elles étaient enchainées à la suite les unes des autres à 23h30, 00h00 et 00h30. L’Eglise a choisi de les prendre pour ce qu’elles sont dans la révélation du mystère de l’incarnation. Mais en les remettant à leur place logique : veille, nuit et aurore.

La première, ‘messe de la veille’, rappelle la généalogie de Jésus dans l’évangile de saint Matthieu, longue litanie des ancêtres de Jésus, qui est présenté comme un descendant d’Abraham. Cette dernière messe avant la Nativité marque l’importance de la situation de Dieu le Fils dans un peuple et dans une époque ; l’incarnation du Christ n’est pas seulement dans la chair mais aussi dans l’Histoire de l’humanité. Le Créateur aurait pu faire surgir un homme adulte à partir de rien mais le projet de la Rédemption voulait qu’il fût un homme identique à tous les autres, né d’une femme, à l’exception du péché (cf. Philippiens 2)

La deuxième messe est la ‘messe de minuit’ où sont relatées l’arrivée à Bethléem et la naissance de l’enfant dans l’étable. Pour souligner que la prophétie des prophètes est réalisée (cf. Isaïe 7,14) un ange avertit la population par l’annonce faite aux bergers et les chœurs célestes entonnent le chant de la Gloire de Dieu.

La troisième messe est la ‘messe de l’aurore’ du jour de Noël. Elle montre l’adoration des bergers alertés par les manifestations extraordinaires de la nuit qui viennent voir et adorer « le nouveau-né couché dans la mangeoire » tel que les anges l’avaient annoncé.

A ce triptyque, il faudrait ajouter – pour être complet – la ‘messe du jour de Noël’ avec la lecture du prologue de saint Jean annonçant « le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jean 1,14)

La méditation du mystère de l’Incarnation est tellement importante pour la foi chrétienne que l’Eglise a choisi de garder ces quatre messes qui permettent de considérer des aspects différents de cet événement inouï : Dieu se fait homme ! N’oublions donc aucun de ces aspects dans notre joie de fêter la Nativité.

Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite


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