25 décembre 2001
Forces Armées de Guyane
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n+13
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Merveilleux Conseiller, Dieu Fort, Père à
jamais, Prince de la Paix
C'est par ces qualificatifs que le prophète Isaïe désigne
celui qui doit venir, le Messie. Chacun de ces termes est en soi une méditation
de l'amour de Dieu pour les hommes.
Le Seigneur a fait pour moi des merveilles, saint est son Nom. La Vierge
Marie commence ainsi son action de grâce devant sa cousine Elisabeth.
La merveille est un élément que l'on ne trouve pas dans
la nature, c'est une chose qui vient d'ailleurs, de quelqu'un de plus
grand que nous. Et Dieu nous promet par la bouche du prophète Isaïe
un conseiller merveilleux, c'est à dire quelqu'un qui va nous aider
à diriger notre vie pour que le projet de Dieu y entre. Et cela
ajoute encore au merveilleux : ce n'est pas nous qui entrons dans le projet
de Dieu, c'est lui qui vient à notre portée ; l'incarnation
de son Fils en est la plus belle illustration. Puisque les prophètes
n'ont pas été écoutés, peut-être écouteront-ils
mon fils ? (cf. Mc 12,6)
La force de Dieu est son amour. Il aime les hommes jusqu'à rendre
jaloux le plus beau des anges d'après la tradition. Tout au long
de la Bible, Ancien et Nouveau Testament, nous assistons à des
preuves d'amour et de pardon. Dieu confectionne des tuniques de peau avant
de renvoyer Adam du Paradis pour le protéger malgré son
désir d'indépendance (Gn 3,21) ; Dieu promet à Noé
qu'il n'y aura plus de déluge (Gn 9,12sv.) ; Dieu s'engage auprès
d'Abraham sans esprit de réciprocité (Gn 15,17) ; Dieu inspire
à Cyrus, roi de Perse, la volonté de laisser revenir les
descendants d'Abraham à Jérusalem et d'y reconstruire le
Temple, signe de sa présence au milieu de son peuple (cf. livre
d'Esdras) et enfin comme preuve tangible de son amour et son désir
d'être avec les hommes, il envoie son propre Fils pour nous sauver.
La paternité de Dieu tient dans la création : il a voulu
l'homme par amour bien que nous n'ajoutions rien à ce qu'il est.
La science peut nous expliquer le comment de la création à
partir des éléments physiques connus, elle ne pourra jamais
nous dire le pourquoi. L'amour de Dieu se montre, il ne se démontre
pas.
La paix est le Royaume, le Royaume est la paix. Lorsque Dieu veut réconforter
Abraham et lui donner un signe, il envoie auprès de lui Melchisédech,
roi de Shalem (paix), prêtre du Très-Haut, pour offrir et
partager avec lui le pain et le vin (cf. Gn 14,17-20) Cette anticipation
du sacrifice du Christ montre l'unité du projet de Dieu. Abraham,
père d'une multitude, partage avec Melchisédech ce que le
Christ va offrir pour nous et la multitude.
La nativité que nous fêtons aujourd'hui est un résumé
de tout ce que Dieu, Père, Fils et Esprit a fait pour nous et ceux
qui nous précédons. Il nous est donc bien annoncé
une grande joie : un Sauveur nous est né.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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25 décembre 2002
Forces Armées de Guyane
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Il est né le divin enfant
Ce chant traditionnel lors de la nuit de Noël, ce soir,
éclatera dans beaucoup d’églises francophones. Dans la sagesse populaire,
sans recherches théologiques poussées, l’auteur a actualisé la joie des
bergers à notre temps. En entonnant cet air nous nous mettons avec les
bergers recevant l’annonce des anges.
De grands théologiens essayent – sans beaucoup de succès
- de nous faire comprendre que le Christ naît, est crucifié et ressuscite
chaque jour en nos cœurs, qu’il ne s’agit pas de d’anniversaires d’événements
passés mais de nous rendre présent à un mystère éternel. Là où les discours
et les écrits de ces savants échouent, la tradition du peuple chrétien
a réussi à faire passer le message : par ces chants simples et ancestraux,
nous sommes présents à la crèche, sachant discerner, à travers les figurines
de plâtre ou même des personnages vivants, la venue du Fils unique de
Dieu qui revêt notre chair.
Les regards émerveillés des enfants devant la crèche sont
plus explicites que les livres de saint Thomas d’Aquin ; la joie
et la paix qui s’installent sur la terre pendant cette nuit est plus évangélisatrice
que n’importe quelle encyclique car elles montrent d’une façon tangible
que Dieu est à l’œuvre en cet âge ; les chants sont plus évocateurs
du message d’amour qu’un homélie ou un sermon.
En sortant de l’église, ne nous contentons pas de fredonner
ces refrains entraînants, mais transmettons ce qu’ils disent avec leurs
mots et leurs mélodies simples : annonçons à tous les hommes :
Un Sauveur nous est né un Fils nous est donné
Eternel est son amour
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier catholique des Forces Armées en Guyane
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25 décembre 2004
Garnison d'Angers
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Un nouveau-né couché dans une mangeoire !
Depuis les prophéties d’Isaïe annonçant la jeune fille qui est enceinte
(Is 7,10-16, première lecture de 4ème dimanche de l’Avent)
et la naissance de cet enfant merveilleux (Is 9,1-6, première lecture
de la nuit de Noël) les croyants attendent un messie de la lignée de David
qui restaurerait la puissance temporelle et spirituelle du peuple élu.
Chaque femme enceinte pour la première fois se préparait moralement à
être, si Dieu le voulait, la mère de cet enfant.
C’est dans cette attente de tout un peuple opprimé par un occupant que
l’Ange présente aux bergers le message tant attendu : l’enfant est
né ! La cohorte des chœurs célestes qui chantent éternellement la
Gloire de Dieu devant sa face (cf. Is 6,2) vient sur terre pour annoncer
que Dieu est présent parmi son peuple, à Bethléem, dans la ville de David.
Dieu n’a pas envoyé un prophète supplémentaire, il vient lui-même, il
naît d’une femme. Lui qui est engendré non pas créé (cf. le symbole de
foi de Nicée Constantinople) accepte d’être pleinement créature. Dieu
par l’engendrement du Père, homme par la naissance d’une Vierge. Dès qu’ils
ont reçu le message, les bergers vont à la grotte pour adorer l’enfant.
Plus de 2.000 ans après ces événements nous venons dans la chapelle de
saint Jean pour adorer. Il ne s’agit pas d’adorer une statuette en plâtre
déposée dans l’église mais ce qu’elle représente : la venue de Dieu
parmi les hommes. Le nom qui est donné à l’enfant est porteur d’espérance :
Dieu sauve. Il est venu parmi nous, comme l’un d’entre nous, pour
nous montrer l’amour du Père pour tous les hommes ; il est venu dans
un peuple préparé depuis des siècles pour le recevoir pour sauver individuellement
tous les hommes et toutes les femmes de tous les peuples.
La messe que nous célébrons à l’occasion de Noël montre l’unité du mystère
chrétien : pour nous guider jusqu’au royaume des cieux, le Fils unique
de Dieu nous montre le chemin en menant une vie d’homme de bout en bout
de la conception annoncée par l’ange Gabriel à la résurrection en passant
par la naissance et la mort, les quatre étapes fondamentales de la vie
humaine. Cela est résumé dans le sacrifice eucharistique où le Christ
se livre réellement à nous pour ressusciter, d’une certaine façon, dans
nos vies en attendant son retour.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier de la Garnison d’Angers et du groupement de gendarmerie du Maine
& Loire
Adjoint temporaire de l’aumônier des FAG Le père Gaétan Favriaux
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24 décembre 2007
Brigade Franco-Allemande
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La naissance du Christ est pour nous une nouvelle
naissance
« Aujourd'hui, frères très
chers, le Christ est né et nous sommes nés à nouveau. Aujourd'hui, le
Sauveur a connu grâce à sa mère le moment de la naissance, alors qu'il
ne l'avait pas reçu de son Père Aujourd'hui, à la manière d'un homme,
le Fils de Dieu est entré dans le monde, alors que sa main avait fait
le monde, avant la création c l'homme. Aujourd'hui, celui qui réside aux
cieux est venu sur terre pour inviter au ciel les habitants de la terre.
Dieu, dit l'Écriture, est admirable dans ses saints (Ps 67,35). Si Dieu
est admirable dans ses saints, comment ne le serait-il pas en lui-même
? S'il est admirable dans Jean Baptiste, en voulant qu'il naisse d'un
père bien vieux d'une mère stérile, combien plus est-il admirable en lui-même
! Pour revêtir notre condition charnelle, il a accordé à une vierge de
concevoir et d'enfanter d'une manière inouïe... Qui resterait de marbre,
ne redouterait la profondeur d'un tel mystère alors qu'un seul et même
être naît en tant que Dieu sans conception humaine et devient homme sans
l'intervention d'un créateur ? Nous lisons, mes très chers frères,
qu'il y a deux naissances dans le Christ, mais l'une comme l'autre
sont l’œuvre d'une puissance divine que nous ne pouvons saisir. D'un côté,
Dieu engendra son Fils à partir de lui-même ; de l'autre, une vierge le
conçut par l'opération divine. D'un côté, c'est une naissance sans commencement,
de l'autre, sans précédent. Dans un cas, il naît pour créer la vie, dans
l'autre, pour supprimer la mort. D'un côté, il naît de son Père, de l'autre,
il vient au monde pour les hommes. Par sa première naissance, il est à
l'origine de l'homme ; par la seconde, il a libéré l'humanité. L'une et
l'autre naissances sont tout aussi indicibles qu'inséparables. L'une est
antérieure à l'homme, l'autre lui est supérieure. L'une dépasse la raison,
l'autre est un prodige. Lorsque nous enseignons qu'il y a deux naissances
du Christ, nous ne prétendons pas que le Fils de Dieu est né deux fois,
mais nous affirmons les deux natures de l'unique Fils de Dieu. D'un côté,
ce qui existait déjà est venu au monde ; de l'autre, ce qui n'existait
pas encore est advenu. Le bienheureux évangéliste jean le déclare : Au
commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe
était Dieu Un 1,1), et encore : Et le Verbe s'est fait chair on 1,14).
Ainsi donc, Dieu qui était auprès de Dieu est sorti de Dieu, et la
chair de Dieu qui n'était pas en lui est issue d'une femme. Le Verbe est
devenu chair sans que Dieu soit dilué dans l'homme, mais pour que l'homme
trouve sa gloire en Dieu. Voilà pourquoi Dieu n'est pas né deux fois,
mais, par ces deux naissances - celle de Dieu et celle de l'homme - le
Fils unique du Père a voulu être lui-même à la fois Dieu et homme en une
seule personne. »
Maxime II de Turin (Vème siècle), Sermon sur la Nativité
du Seigneur,(PL 57, 241-244).
(Missel des dimanches 2008 – ed. collective des Editeurs de liturgie)
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24 décembre 2008
Brigade Franco-Allemande
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Eveille-toi
Homme, éveille-toi : pour toi, Dieu s’est fait homme. Réveille-toi,
ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.
Pour toi, je le répète, Dieu s’est fait homme.
Tu serais mort pour l’éternité, s’il n’était né dans le temps. Tu n’aurais
jamais été libéré de la chair du péché s’il n’avait pris la ressemblance
du péché. Tu serais victime d’une misère sans fin, s’il ne t’avait fait
cette miséricorde. Tu n’aurais pas retrouvé la vie, s’il n’avait pas rejoint
ta mort. Tu aurais succombé, s’il n’était allé à ton secours. Tu aurais
péri s’il n’était pas venu.
Célébrons dans la joie l’avènement de notre salut et de notre rédemption.
Célébrons ce jour de fête où, venant du grand jour de l’éternité, un grand
jour éternel s’introduit dans notre jour temporel et si bref.
C’est lui qui s’est fait notre justice, notre sanctification, notre
rédemption. Ainsi qu’il est écrit : Celui qui cherche la gloire,
qu’il mette sa gloire dans le Seigneur…Donc la Vérité a germé de
la terre : le Christ, qui a dit Moi, je suis la Vérité,
est né de la Vierge. Et du ciel s’est penché la justice, parce
que, lorsque l’homme croit en celui qui vient de naître, il reçoit la
justice, non pas de lui-même mais de Dieu.
La Vérité a germé de la terre, parce que le Verbe s’est fait
chair. Et du ciel s’est penchée la justice, parce que les dons
les meilleurs, les présents merveilleux, viennent d’en haut.
Le Verbe a germé de la terre : la chair est née de Marie.
Et du ciel s’est penchée la justice, parce qu’un homme ne peut
rien s’attribuer au-delà de ce qui lui est donné du ciel…
Dieu a fait de nous des justes dans la foi, soyons donc en paix avec
Dieu, parce que Justice et Paix se sont embrassées. Par notre Seigneur
Jésus Christ : car la Vérité a germé de la terre. C’est lui
qui nous ouvre l’accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes
établis, et notre orgueil, c’est d’avoir part à la gloire de Dieu. Paul
ne dit pas « à notre gloire » mais à la gloire de Dieu
parce que la Justice n’est pas sortie de nous mais s’est penchée
du ciel. Donc celui qui cherche sa gloire, qu’il mette sa gloire
non en lui mais dans le Seigneur.
De là vient que la louange angélique pour le Seigneur né de la Vierge
a été : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre
aux hommes pleins de sa bienveillance.
Sermon pour Noël de saint Augustin
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24 décembre 2009
Fort Neuf de Vincennes
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Elle donna naissance à un fils
Petite phrase anodine qui est parfaitement dans le contexte mais combien
importante pour la foi chrétienne ! Ce n’est pas un enfant ordinaire,
il est le Fils éternel de Dieu qui s’est incarné depuis le message de
l’ange : « Et voici que tu concevras et que tu enfanteras
un Fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé
Fils du Très-Haut. Et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son
père, et il régnera sur la maison de Jacob pour tous les siècles, et son
règne n'aura pas de fin. » (Luc 1,32-33)
Mystère de l’Incarnation, mystère de l’amour du Père pour l’humanité
et de l’obéissance du Fils au Père : « Le Christ Jésus, ayant
la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait
à Dieu. Mais il s'est anéanti, prenant la condition de serviteur. Devenu
semblable aux hommes, reconnu homme à son aspect, il s'est abaissé, devenant
obéissant jusqu'à la mort » (Philippiens 2)
Le Père, Créateur tout-Puissant, aurait pu former un nouvel homme comme
il avait créé l’humanité par la puissance de sa Parole : « Dieu
créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, mâle et femelle
il le créa. » (Genèse 1,27) Mais en Jésus ce n’est pas une image
de Dieu qui est sur terre, Il est Dieu lui-même : « Il est
Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu,
engendré, non pas créé, de même nature que le Père; et par lui tout a
été fait. pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ;
Par l'Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme. »
(Symbole de Nicée Constantinople)
Le Père a choisi de s’en remettre à l’acceptation d’une jeune fille :
« Je suis la servante du Seigneur ; qu'il m'advienne selon ta
parole ! » (Luc 1,38) Nouvelle Eve qui par son obéissance rend
caduque la faute et inaugure une Nouvelle Alliance. Pleinement homme par
sa mère, pleinement Dieu par son Père, Jésus (nom qui veut dire Dieu sauve)
vient au secours de la faiblesse des hommes en se faisant faible lui-même.
A travers la représentation de la crèche, à l’église ou chez nous, adorons
le mystère de cette Incarnation et avec saint Jean émerveillons-nous :
« Et le Verbe est devenu chair, et il a séjourné parmi nous. Et
nous avons contemplé sa gloire, gloire comme celle que tient de son Père
un Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jean 1,14)
Père JeanPaul Bouvier
aumônier militaire du Fort Neuf de Vincennes
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24décembre 2010
Fort Neuf de Vincennes
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Voilà le signe qui vous est donné
Un ange vient annoncer aux bergers une grande nouvelle, le Sauveur est
né ! Aussitôt après une ‘troupe céleste innombrable louent Dieu’.
N’était-ce pas suffisant pour comprendre que quelque chose de divin était
arrivé. Le signe qui est donné aux bergers semble dérisoire à côté de
ces manifestations grandioses. Qu’est-ce qu’ ‘un enfant nouveau-né
emmailloté et couché dans une mangeoire’ pouvait apporter comme preuve
supplémentaire ?
Il fallait que fût vérifiée la réalité de l’Incarnation. Le Messie promis
ne sera pas un homme adulte choisi par Dieu pour sauver son peuple, eût-il
été élu et consacré à Dieu dès avant sa naissance comme avaient pu l’être
Samson ou Samuel (cf. Juges 13 et 1 Samuel 1) C’est Dieu lui-même qui
vient parmi son peuple comme un enfant qui naît d’une femme. Les bergers
ont été avertis de cette naissance exceptionnelle annoncée par les chœurs
célestes, il fallait qu’ils la vissent de leurs yeux pour pouvoir en être
témoins !
Les reproductions de crèches se sont banalisées au point que les municipalités
de nos villes en font des expositions culturelles où les gens se pressent
pour admirer le savoir-faire de telle ou telle région, ou de tel ou tel
artiste. Mais nous, chrétiens, qui mettons des crèches dans nos maisons
et dans nos églises, sommes-nous intimement convaincus de la réalité du
grand mystère que ces représentations contiennent : le Fils éternel
de Dieu vient habiter parmi nous.
Par ses prophètes Dieu avait promis d’envoyer l’Emmanuel (cf.
Isaïe 7,14) c'est-à-dire ‘Dieu avec nous’ dans la réalisation de
cet engagement, il demande à Joseph de donner à l’enfant le nom de Jésus
ce qui signifie ‘Dieu sauve’ ; l’accomplissement est donc
beaucoup plus important que la promesse : Dieu ne se contente pas
de venir avec son peuple, il s’incarne pour le sauver !
Plus de vingt siècles après, l’Eglise ne cesse de proclamer à toute l’humanité
‘Il vous est né un Sauveur’. Les chrétiens qui reçoivent ce message
sont comme les bergers de cet évangile, ils ne pressent plus à la crèche
mais là où le Seigneur est présent : dans ses Sacrements tout particulièrement
dans l’Eucharistie qui est son Corps et son Sang, mais en étant attentifs
à nos frères et sœurs : « dans la mesure où vous l'avez fait
à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait »
(cf. Matthieu 25,31-46)
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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24 décembre 2011
Fort Neuf de Vincennes
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Il n’y avait pas de place pour eux
Il ne faut pas imaginer l’auberge de Bethléem comme un hôtel *** d’aujourd’hui,
la plupart des personnes sont des hommes, des voyageurs, des marchands
et dorment plus ou moins tous ensemble dans une grande promiscuité. Il
n’est pas question pour le tenancier de laisser une femme sur le point
d’accoucher au milieu de toutes ces personnes, la pudeur des femmes juives
de ce temps est comparable à celles des femmes orientales de notre époque :
il n’y pas de place pour elle dans la salle commune. C’est pourquoi, afin
que Marie soit à l’aise dans un endroit couvert et chaud, il lui propose
l’étable, faute de mieux ; sans doute a-t-il aussi averti une matrone
pour aider Marie pendant l’accouchement.
Ainsi installé, avant d’être déposé dans la mangeoire de l’étable, le
Fils de Dieu peut naître homme parmi les hommes : « Lui étant
dans la forme de Dieu n'a pas usé de son droit d'être traité comme un
dieu mais il s'est dépouillé prenant la forme d'esclave. Devenant semblable
aux hommes et reconnu à son aspect comme un homme. » (Philippiens
2,6-7)
La prophétie d’Isaïe est réalisée : « C'est pourquoi le
Seigneur lui-même vous donnera un signe: Voici, la jeune femme est enceinte,
elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel. »
(Isaïe 7,14) Comme toute promesse du Seigneur, elle est réalisée au-delà
de toute attente : ce n’est pas seulement un signe qui est donné,
Dieu lui-même vient sur terre « Le Verbe s’est fait chair ! »
(Jean 1,14) Le nom que Dieu demande pour l’enfant – ‘Jésus’ (cf.
Matthieu 1,25 & Luc 1,31) – signifiant ‘Dieu sauve’ dénote
une implication de Dieu plus importante que cet enfant – ‘Emmanuel’
– promis par Isaïe au roi Achaz dont le nom se traduit par ‘Dieu avec
nous’.
L’intimité que l’aubergiste avait réservée à Marie pour la naissance
de l’enfant ne pouvait pas convenir à un événement aussi exceptionnel
que l’incarnation du Fils unique du Père : les chœurs célestes préviennent
les bergers des alentours en chantant la gloire de Dieu et ils annoncent
la Paix pour les hommes aimés de Dieu.
Cette explication nous conduit à notre vie personnelle, bien souvent
nous pensons qu’il n’est pas digne de mettre notre foi au milieu des contingences
quotidiennes : il n’y a pas de place pour elle, nous allons lui réserver
une place dans l’intimité de notre cœur. Nous ne devons pas oublier la
deuxième partie de ce passage de l’évangile de saint Luc, une fois que
le Christ est advenu dans notre vie, il doit être exposé aux personnes
qui nous entourent. Comme la Vierge Marie, après l’intimité de l’accouchement
expose son Fils à l’adoration des bergers et des anges. Le Ciel et la
terre sont réunis dans une même adoration, préfiguration de l’Eglise image
du Royaume.
« Lorsque ton Fils prend la condition de l’homme, la nature humaine
en reçoit une incomparable noblesse ; Il devient tellement l’un de
nous que nous devenons éternels » (3ème préface de
Noël) La Nativité ouvre la porte du Royaume pour tous les hommes.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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24 décembre 2012
Secteur Vermandois
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Une grande lumière
A la parole du prophète Isaïe qui promettait : « Le peuple
qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière »
(Isaïe 9,1) l’évangile de saint Luc répond : « L’ange du
Seigneur s’approcha et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. »
(Luc 2,9) Comme l’homme attend la lumière du jour, lorsque le Soleil est
levé pour se diriger sans peine sur les chemins, l’humanité attendait
le lever du ‘Soleil de Dieu’ pour se diriger sans crainte vers
le Père où : « De nuit, il n'y en aura plus ; ils se
passeront de lampe ou de soleil pour s'éclairer, car le Seigneur Dieu
répandra sur eux sa lumière, et ils régneront pour les siècles des siècles »
(Apocalypse 22,5)
La naissance du Messie est comparable à un soleil qui éclaire d’un jour
nouveau le dessein de Dieu, à la lumière qui est donnée aux croyants,
la lecture de la Parole de Dieu prend un sens nouveau d’accomplissement :
« N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes:
je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Matthieu 5,17)
Les Ecritures sont devenues complètes par la mission du Christ :
« en ces jours qui sont les derniers, [Dieu] nous a parlé par
un Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a
fait les mondes. » (Hébreux 1,2) La mort de Jésus en croix est
perçue comme une victoire des ténèbres sur la lumière : « A
partir de la sixième heure, l'obscurité se fit sur toute la terre, jusqu'à
la neuvième heure. » (Matthieu 27,45)
L’Eglise a repris le sens de cette lumière qui permet à l’homme de diriger
sa vie en conformité avec la volonté du Père ; pendant la nuit pascale,
en bénissant le feu qui va allumer le cierge, le célébrant commence la
prière par ces mots : « Seigneur notre Dieu, par ton Fils
qui est la lumière du monde, tu as donné aux hommes la clarté de ta lumière… »
Le cierge pascal brillera pour les Baptêmes pour y allumer les cierges
des baptisés en leur disant : « Reçois la lumière du Christ ! »
Il sera également présent pendant la célébration d’obsèques pour montrer
que le défunt est désormais illuminé par la lumière véritable.
Aujourd’hui, ce sont les millions de petites flammes des baptisés qui
font se lever sur le monde cette ‘grande lumière’ promise par la
voix du prophète ; le message de l’ange est toujours d’actualité,
l’Eglise toute entière proclame : « Aujourd’hui vous est
né un Sauveur ! » et avec elle nous sommes une ‘troupe
innombrable’ qui loue Dieu en disant : « Gloire à Dieu
au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! »
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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24 décembre 2013
Secteur Vermandois
n°720
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La maison de David
Le lecteur – ou l’auditeur – attendant le récit de la naissance pourrait
ne pas être attentif à toutes les précisions que donne l’évangéliste saint
Luc : précision sur la date, lorsque Quirinus était gouverneur de
Syrie ; précision sur la cause, l’ordre de recenser toute la terre
donné par l’empereur Auguste ; précision sur le lieu, la ville de
David, Bethléem ; précision sur la raison, Joseph est de la descendance
de David…
Ces deux dernières précisions sont pourtant particulièrement importantes
car elles citent précisément le roi David. A Bethléem, David a été choisi
secrètement par Dieu pour être oint par le prophète Samuel (cf. 1Samuel
16,1-13) Le plus jeune, le plus faible, des fils de Jessé a été préféré
à ses frères aînés pour montrer aux hommes que « L’homme regarde
à ce qui frappe les yeux, mais l’Eternel regarde au cœur. » (1Samuel
16,7b) C’est dans Bethléem, ce même petit village de Judée, que le Fils
éternel du Père s’incarne comme un petit bébé fragile conformément à l’annonce
faite par le prophète : « Et toi, Bethléem Ephrata, petite
entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi Celui qui dominera
sur Israël, Et dont l’origine remonte aux temps anciens, Aux jours de
l’éternité. » (Michée 5,1)
L’attente d’un nouveau David est l’espérance messianique du peuple d’Israël :
un roi qui établira la paix dans le pays comme David l’avait fait, un
roi qui marchera dans les voies du Seigneur, un roi idéal qui sera un
descendant de David comme Dieu le lui a promis : « Ta maison
et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône sera pour toujours
affermi. » (2Samuel 7,16)
Tout cela se réalise par la naissance de Jésus dans une étable à Bethléem ;
les bergers à qui l’Ange délivre le message : « Aujourd'hui
vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. »
(Luc 2,11) comprennent immédiatement la portée de cette parole, les prophéties
se réalisent, Dieu n’a pas oublié les promesses faites à son peuple.
Aujourd’hui, nous n’avons pas l’attente d’un roi idéal qui restaurerait
le pays d’Israël dans la puissance qu’il avait à l’époque de David mais
les précisions que donne saint Luc à ses lecteurs avant de raconter la
naissance de Jésus sont tout aussi importantes quant à la véracité de
l’Incarnation du Christ : le Fils unique du Père « s’est
fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1,14) à une date
donnée, dans un lieu précis, au milieu d’une famille connue.
En regardant l’enfant Jésus dans la crèche la phrase de saint Jean doit
retentir en nous : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné
son Fils unique, afin que quiconque qui croit en lui ne périsse point,
mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jean 3,16) Saurons-nous être
émerveillés et aller proclamer la gloire de Dieu ?
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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25 décembre 2014
Secteur Vermandois
n°793
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Le peuple qui marchait dans les ténèbres
a vu se lever une grande lumière
« Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière
fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des
ténèbres. » (Genèse 1,3-4)
La lumière est le premier élément créé par Dieu, le premier jour de la
Création. En reprenant cette idée, Isaïe indique qu’une nouvelle création
sera mise en œuvre par Dieu, un nouveau commencement dont l’aboutissement
sera un homme nouveau. Le prophète met cette lumière en rapport immédiat
avec le Fils qui sera donné, descendant de David, pour inaugurer un temps
de justice et de paix sans fin.
Cette prophétie se réalise lorsque l’ange vient alerter les bergers de
la naissance du Sauveur : « L’ange du Seigneur se présenta
devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. »
(Luc 2,9) Ces hommes gardaient leurs troupeaux dans la nuit (les ténèbres !)
et ils voient la Gloire du Seigneur en pleine lumière. Le message délivré
par l’ange annonce bien plus qu’un simple successeur de David, il parle
du Sauveur attendu par le peuple d’Israël. Aussitôt que le Sauveur est
annoncé, une multitude d’anges apparaît dans le ciel pour rendre hommage
au Fils qui vient de naître. Tous les qualificatifs utilisés dans la prophétie
d’Isaïe viennent dans la pensée des bergers : « Conseiller-merveilleux,
Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Sans doute ne saisissent-ils
pas encore la portée de cette annonce mais ils comprennent que Dieu est
fidèle dans ses promesses.
En fêtant la Nativité aujourd’hui, nous aurions facilement l’impression
que le monde contemporain est également dans les ténèbres et que nous
aurions besoin de la lumière de la Gloire du Seigneur pour annoncer que
ce jour-là « un Sauveur nous est né » Ce serait oublier
que cette lumière nous l’avons reçue le jour de notre Baptême, une petite
flamme allumée au cierge pascal qui évoque le Christ ressuscité. Comme
les anges qui chantent « Gloire à Dieu » les chrétiens
sont innombrables et la réunion de tous ces cierges baptismaux forment
une grande lumière qui éclaire les ténèbres de toutes les époques depuis
la naissance du Seigneur.
Dans cette nuit de Noël, nous sommes comme les bergers et nous recevons
cette Bonne Nouvelle : « un Sauveur nous est né »
et dans vie courante, nous sommes comme cet ange qui annonce « une
grande joie pour tout le peuple » et, ensemble, nous illuminons
le monde de la Lumière.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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25 décembre 2015
Secteur Vermandois
n°850
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Trois messes basses
Chacun d’entre nous se souvient du conte d’Alphonse Daudet où le chapelain
Dom Balaguère succombe à la gourmandise, aiguillonné par le démon, et
il ‘bâcle’ accélérant de plus en plus vite les trois messes de
Noël de messe en messe pour aller plus rapidement au festin. Deux aspects
de ce conte méritent une explication.
Les ‘messes basses’ étaient ainsi appelées en opposition avec
les ‘messes chantées’, elles étaient donc beaucoup moins longues
et la foule participait peu, simplement en suivant les textes sur un missel.
En second lieu, trois messes sont prévues dans la liturgie romaine pour
célébrer Noël. Avant la révision liturgique, elles étaient enchainées
à la suite les unes des autres à 23h30, 00h00 et 00h30. L’Eglise a choisi
de les prendre pour ce qu’elles sont dans la révélation du mystère de
l’incarnation.
La première, ‘messe de la veille’, rappelle la généalogie de Jésus
dans l’évangile de saint Matthieu, longue litanie des ancêtres de Jésus,
qui est présenté comme un descendant d’Abraham. Cette dernière messe avant
la Nativité marque l’importance de la situation de Dieu le Fils dans un
peuple et dans une époque ; l’incarnation du Christ n’est pas seulement
dans la chair mais aussi dans l’Histoire de l’humanité. Le Créateur aurait
pu faire surgir un homme adulte ‘ex nihilo’ mais le projet de la
Rédemption voulait qu’il soit un homme identique à tous les autres, né
d’une femme, à l’exception du péché (cf. Philippiens 2)
La deuxième messe est la ‘messe de minuit’ où sont relatées l’arrivée
à Bethléem et la naissance de l’enfant dans l’étable. Pour souligner que
la prophétie des prophètes est réalisée (cf. Isaïe 7,14) un ange avertit
la population par l’annonce faite aux bergers et les chœurs célestes entonnent
le chant de la Gloire de Dieu.
La troisième messe est la ‘messe de l’aurore’ du jour de Noël.
Elle montre l’adoration des bergers alertés par les manifestations extraordinaires
de la nuit qui viennent voir et adorer « le nouveau-né couché
dans la mangeoire » tel que les anges l’avaient annoncé.
A ce triptyque, il faudrait ajouter – pour être complet – la ‘messe
du jour de Noël’ avec la lecture du prologue de saint Jean annonçant
« le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons
vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein
de grâce et de vérité. » (Jean 1,14)
La méditation du mystère de l’Incarnation est tellement importante pour
la foi chrétienne que l’Eglise a choisi de garder ces quatre messes qui
permettent de considérer des aspects différents de cet événement inouï :
Dieu se fait homme ! N’oublions donc aucun de ces aspects dans notre
joie de fêter la Nativité.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
& Administrateur de Nesle et Athies (secteur Haute Somme
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24 décembre 2016
Paroisses Nesle & Athies
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n°912
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Vivre dans le temps présent
Les épîtres pastorales – dont l’épître à Tite – sont les plus tardives
dans le cursus paulinien et la compréhension du mystère chrétien s’est
déjà affinée. Dans ses premières lettres, ‘l’Apôtre des gentils’
attendait le retour du Christ comme immédiat : « Au signal
donné par la voix de l’archange, et par la trompette divine, le Seigneur
lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront
d’abord. Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons
emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux, à la rencontre du
Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. »
(1Thessaloniciens 4,16-17) Il pensait ne pas connaître la mort avant que
le Christ revînt et même ne pas la connaître du tout et passer sans hiatus
de la vie terrestre à la vie de ressuscité.
Les jours et les années ont passé ! Par la grâce de l’Esprit Saint,
saint Paul perçoit mieux le projet de Dieu et l’importance de la vie terrestre
de Jésus : il fallait que le Fils se fît homme pour montrer jusqu’où
va l’amour du Père : « Le Christ Jésus, ayant la condition
de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais
il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable
aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant
jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Philippiens 2,5-8)
Par son incarnation le Fils devient un exemple pour les croyants :
la chair n’est pas mauvaise si elle est soumise à la volonté de l’homme
et non le contraire. La manière de ‘vivre dans le temps présent’
est déjà une façon de vivre avec le Père par l’écoute de sa Parole et
sa mise en pratique ainsi nous serons des frères et des sœurs du Fils
Eternel (cf. Matthieu 12,48-50). En cette nuit de Noël, celui qui réside
aux cieux est venu sur terre pour inviter au ciel les habitants de la
terre.
C’est bien ce que les anges annoncent aux bergers : « Aujourd’hui,
vous est né un Sauveur ! » Dieu se fait homme pour sauver
l’homme et le faire participer à sa Gloire. Dieu avait promis par ses
prophètes un ‘Emmanuel’ ‘Dieu avec nous’ et par sa réalisation
dans la naissance du Fils, il nous donne ‘Jésus’ ‘Dieu sauve’.
Le Père veut que nous soyons avec Lui, et Il désire nous sauver du péché
et de la mort.
Pour vaincre la mort, il fallait que ce corps né de la Vierge Marie ressuscitât,
un véritable corps d’homme. La Résurrection du Fils et sa portée pour
toute l’humanité n’ont de sens que si « Le Verbe s’est fait chair
et il a habité parmi nous ! » (Jean 1,14) Comme pour le
Fils, notre résurrection commence à notre naissance et par le Baptême
dans lequel nous sommes configurés à Lui, nous en jouissons déjà.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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24 déceembre 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n° 978
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La gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière
La Gloire de Dieu, ‘Shekina’ en hébreu, est une périphrase pour
parler de la présence de Dieu lui-même puisque l’appeler par son Nom est
interdit : « Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur
ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en
vain son nom. » (Exode 20,7) Dieu remplit les bergers de son
Esprit comme lorsqu’il avait pris possession du Temple érigé par le roi
Salomon : « A cause d’elle [la
nuée], les prêtres durent interrompre le service divin : la gloire
du Seigneur remplissait la maison du Seigneur ! » (1Rois 8,11)
La dédicace du Temple à Jérusalem était la manifestation de la présence
de Dieu au milieu de son Peuple. Le même signe est donné aux bergers mais
ce n’est plus un édifice de pierres qui est désigné ainsi mais « un
nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (v.12) Cet enfant
est le Messie annoncé par les prophètes, l’Emmanuel (Dieu-avec-nous) par
la promesse transmise par Isaïe de la jeune fille enceinte (cf. Isaïe
7,14) et par la vision de Daniel du ‘fils d’homme venant sur les nuées’
(cf. Daniel 7,13)
Ce qui est annoncé aux bergers est devenu réalité à quelque distance
de là : l’enfant est né et sa mère l’a couché dans une mangeoire
pour qu’il soit bien au chaud dans la paille : « Le Verbe
s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1,14a) Marie
et Joseph le regardent avec un sentiment mélangé d’étonnement, de questions
et d’adoration de Dieu. Comment se peut-il que ce bébé si fragile soit
le Sauveur d’Israël, le Rédempteur de l’humanité ?
En pensées, Marie et Joseph revoient la visite que l’Ange a faite à chacun
d’eux, elle se concrétise dans ce petit être qui dissimule la Gloire de
Dieu. Le chemin à parcourir leur est inconnu mais ils font confiance à
la Parole de Dieu : tout se déroulera selon son dessein avec l’aide
qu’ils pourront lui apporter. Sans doute ont-ils un peu d’appréhension :
seront-ils à la hauteur de la tâche qui leur est confiée par le Seigneur ?
Mais la confiance est plus présente que la crainte : l’Esprit Saint
leur dira ce qu’il faut faire…
Il est difficile de comparer notre appel à celui de la Vierge Marie,
l’immaculée Conception. Par contre l’exemple de Joseph est à notre portée ;
il était « un homme juste » (Matthieu 1,19) et nous avons
été justifiés par le Baptême. Il nous reste pour lui ressembler d’avoir
la même confiance dans l’Esprit qui inspire la façon de mener la mission
qui nous est demandée…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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24 déceembre 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1050
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Une mangeoire
Le récit de saint Luc est à la fois concis et extrêmement précis. Il
a assuré dans le prologue de son Evangile (cf.1,1-4) qu’il s’était renseigné
avec le soin d’une véritable enquête auprès de témoins oculaires pour
savoir si ce qui lui avait été dit était exact. Il peut donc donner avec
précision la date de l’événement selon la manière du temps par le nom
de l’empereur et celui du gouverneur. De même il situe géographiquement
le lieu parce qu’il est conforme à la prédiction du prophète Michée (5,2)
à Bethléem, la cité du roi David ! Par contre, il ne donne pas de
détails inutiles quant aux circonstances de l’accouchement : « elle
mit au monde son fils premier-né ».
Ces précisions données, saint Luc montre que l’annonce de la Bonne Nouvelle
est commencée. Le Père céleste n’attend pas que le Fils ait atteint l’âge
adulte pour proclamer le don qui est fait aux hommes : le Christ
tant attendu est là et il vient en Sauveur de l’humanité. Cette annonce
est faite à ceux qui sont les plus proches et il leur donne un signe :
un nouveau-né dans une mangeoire !
Cette dernière précision peut paraître anodine, mais saint Luc n’est
pas un ‘reporter’ envoyé pour ‘couvrir l’événement’. Il
écrit bien plus tard, en ayant dans l’esprit tout ce qui lui a été dit :
la prédication, les derniers jours de Jésus à Jérusalem, le procès inique
de la part des grands-prêtres, la mise à mort infâmante de la Croix, la
mise au tombeau, la Résurrection, l’Ascension et le don de l’Esprit Saint
à la Pentecôte. Il pense à tout cela lorsqu’il fait la narration de la
naissance.
La précision de la mangeoire a donc un sens particulier pour l’évangéliste ;
disciple de saint Paul, il a entendu l’Apôtre dire : « J’ai
moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis :
la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant
rendu grâce, il le rompit, et dit : ‘Ceci est mon corps, qui est
pour vous. Faites cela en mémoire de moi.’ » (1Corinthiens 11,23-24)
Le corps que la Vierge donne au monde en le couchant dans cette mangeoire
est le même que celui que les chrétiens sont invités à manger lorsqu’ils
partagent le pain ‘en mémoire du Seigneur’
Les enfants ont le regard émerveillé devant les représentations de la
crèche. Combien plus nous devrions avoir le regard émerveillé devant l’hostie
consacrée, le Corps du Christ qui se donne à manger…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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24 déceembre 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1121
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Gloire à Dieu !
Dans la nuit de Bethléem, cette intervention des chœurs célestes n’a
lieu que dans la proximité immédiate de la naissance du Fils de Dieu :
« dans la même région » (v.8). Un tel événement n’aurait-il
pas dû être annoncé de façon universelle à tous les hommes avec la même
manifestation divine ? Pourquoi avoir à la fois une telle manifestation
et une telle discrétion ? La réponse sera donnée par Jésus lui-même
à Cana : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas
encore venue. » (Jean 2,4) où il ne se révèle qu’aux serviteurs
qui avaient puisé l’eau. Les premiers concernés, le maître du repas et
le marié, n’ont pas eu connaissance du miracle
Les bergers, intrigués par ce qu’ils ont vu, vont jusqu’à la crèche et
découvrent ce qui leur a été révélé : « un nouveau-né emmailloté
et couché dans une mangeoire. » (v.12). Ils racontent l’apparition
qui leur a été faite à l’étonnement de tous, à l’exception de la Mère
de Dieu : « Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur. » (v.19).
Ayant constaté la véracité du message de l’ange et délivré leur témoignage,
les bergers repartent en glorifiant Dieu eux-mêmes ; ce ne sont plus
les anges mais les hommes qui chantent la Gloire de Dieu par la grâce
de l’incarnation du Fils car ceux-ci ont été les premiers à connaître
le projet divin de rédemption.
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre
aux hommes, qu’Il aime. » (v.14) Ce verset du chant d’abord entonné
par les anges puis par les bergers est repris par les chrétiens tous
les dimanches hormis ceux de l’Avent et du Carême ; la liturgie l’a
placé juste après le rite pénitentiel de la messe comme un émerveillement
face à la manifestation de l’amour de Dieu qui donne son pardon sans compter
et – à ce titre – cette phrase devrait être chantée à pleine voix puisqu’elle
est notre réponse à cet amour infini.
Une formulation similaire est située juste avant la prière eucharistique :
« Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire. […] Béni soit
celui qui vient au nom du Seigneur. » (sanctus) Comme les bergers
dans la nuit de Bethléem, les chrétiens sont avertis de la venue du Corps
de Christ, chair et sang, sur l’autel et non plus dans une mangeoire.
Témoins de cette incarnation éternelle, ils proclament la louange du Fils :
‘Tu es venu, tu reviendras dans la gloire’ (anamnèse).
« Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu
pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été
annoncé. » (v.20) Et nous ? Nous avons entendu ce qui était
annoncé par la Parole de Dieu et nous avons essayé de l’intégrer dans
notre vie. Nous avons vu et adoré le Corps et le Sang du Christ, nous
y avons communié. Repartons-nous en glorifiant et louant Dieu ?
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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24 déceembre 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1188
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Le signe qui vous est donné
Aucune personne ne peut rester de marbre à la vue d’un nouveau-né. Le
miracle de la naissance est toujours une question fondamentale, à fortiori
lorsqu’il s’agit d’un enfant. La fragilité et la dépendance de ce petit
être humain sont en eux-mêmes des signes de l’amour dont il a besoin pour
vivre dans l’immédiat.
Mais la grande joie qui est annoncée n’est pas seulement la naissance
d’un enfant, c’est un ange qui avertit les bergers : « Ne
craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera
une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David,
vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » Comme
il l’avait dit à la Vierge Marie : « Sois sans crainte ! »
l’ange commence par rassurer, il ne vient pas pour une catastrophe mais
au contraire pour annoncer la naissance du Messie, la réalisation de la
promesse de Dieu par la voix de ses prophètes et attendu par le peuple.
Ce Messie est un descendant de la lignée de David, venu pour être recensé
et comme son ancêtre, c’est le plus faible, le dernier né, qui est choisi,
un bébé ! Pour confirmer la révélation que l’ange vient de faire
aux bergers, les chœurs célestes chantent « Gloire à Dieu ».
Aujourd’hui, nous ne recevons pas le message de l’ange comme les bergers
qui étaient contemporains de la naissance, mais nous en retenons l’essentiel,
un Sauveur est né. Le signe qui nous est donné est qu’il est couché dans
une mangeoire et nous l’entendons nous dire : « Ceci est
mon Corps, prenez et mangez en tous ! »
Réunis pour célébrer la mémoire de cette naissance, nous devons ressentir
– malgré les circonstances actuelles – cette grande joie car cette joie
est intemporelle, elle est une jubilation intérieure que nous exprimons
en chantant avec les chœurs célestes « Gloire à Dieu ».
Habités profondément par cette joie, nous témoignerons comme les bergers :
« Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu
pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été
annoncé ».
Nous sommes la gloire de Dieu, exprimons-la par toute notre vie, pas
seulement pendant les fêtes.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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24 déceembre 2021
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1250
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Dans la salle commune
Le récit de saint Luc racontant l’arrivée dans la ville de David pourrait
sembler être un refus de la part des habitants de Bethléem de recevoir
Joseph et Marie, cela marquerait le rejet de ceux qui ne sont pas connus,
c’est-à-dire une exclusion de l’étranger.
Une lecture plus attentive de ce passage en relevant ce qui est écrit
et ce qui ne l’est pas permet de mieux comprendre l’intention de l’auteur.
L’évangéliste ne dit pas où la Vierge Marie accouche de l’enfant, il signale
simplement qu’elle l’emmaillote et qu’elle le couche dans une mangeoire.
Ce sont les lecteurs qui en concluent qu’ils sont dans une étable. La
précision sur la salle commune dans laquelle il n’y avait pas de place
suffisamment intime pour que cette jeune femme puisse accoucher tranquillement
suggère qu’il s’agit de l’étable de l’auberge dans laquelle sont abrités
les animaux qui accompagnent les voyageurs.
C’est donc dans la ville que Jésus naît. Un ange apparait pour proclamer
aux bergers : « Aujourd’hui dans la ville de David vous est
né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » Par cette annonce
il affirme la réalisation de la prophétie d’Isaïe : « Voici
que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera
Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). » (Isaïe 7,14)
Le prophète ne s’arrête pas à cette bonne nouvelle, il la détaille en
annonçant les bienfaits qui découleront de cette naissance extraordinaire.
L’incarnation de Dieu-le-Fils va au-delà de cette prophétie. L’apparitions
d’un ange aux bergers indique que le ciel et la terre sont à nouveau en
communication Jésus est l’Homme-Dieu qui fait le lien. Une nouvelle ère
commence…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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24 déceembre 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1301
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Le mystère de la Nativité
Chacun d’entre nous se souvient du conte d’Alphonse Daudet où le chapelain
Dom Balaguère succombe à la gourmandise, aiguillonné par le démon, et
il accélère de plus en plus vite dans la célébration des trois messes
prescrites pour Noël par la liturgie de l’époque, allant même jusqu’à
sauter certaines prières pour aller plus rapidement au festin.
Les ‘messes basses’ étaient ainsi appelées en opposition avec
les ‘messes chantées’, elles étaient donc beaucoup moins longues
et la foule participait peu, simplement en suivant les textes latins sur
leur missel personnel. Ces trois messes sont prévues dans la liturgie
romaine pour célébrer Noël. Avant la révision liturgique, elles étaient
enchainées à la suite les unes des autres à 23h30, 00h00 et 00h30. L’Eglise
a choisi de les prendre pour ce qu’elles sont dans la révélation du mystère
de l’incarnation. Mais en les remettant à leur place logique : veille,
nuit et aurore.
La première, ‘messe de la veille’, rappelle la généalogie de Jésus
dans l’évangile de saint Matthieu, longue litanie des ancêtres de Jésus,
qui est présenté comme un descendant d’Abraham. Cette dernière messe avant
la Nativité marque l’importance de la situation de Dieu le Fils dans un
peuple et dans une époque ; l’incarnation du Christ n’est pas seulement
dans la chair mais aussi dans l’Histoire de l’humanité. Le Créateur aurait
pu faire surgir un homme adulte à partir de rien mais le projet de la
Rédemption voulait qu’il fût un homme identique à tous les autres, né
d’une femme, à l’exception du péché (cf. Philippiens 2)
La deuxième messe est la ‘messe de minuit’ où sont relatées l’arrivée
à Bethléem et la naissance de l’enfant dans l’étable. Pour souligner que
la prophétie des prophètes est réalisée (cf. Isaïe 7,14) un ange avertit
la population par l’annonce faite aux bergers et les chœurs célestes entonnent
le chant de la Gloire de Dieu.
La troisième messe est la ‘messe de l’aurore’ du jour de Noël.
Elle montre l’adoration des bergers alertés par les manifestations extraordinaires
de la nuit qui viennent voir et adorer « le nouveau-né couché
dans la mangeoire » tel que les anges l’avaient annoncé.
A ce triptyque, il faudrait ajouter – pour être complet – la ‘messe
du jour de Noël’ avec la lecture du prologue de saint Jean annonçant
« le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons
vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein
de grâce et de vérité. » (Jean 1,14)
La méditation du mystère de l’Incarnation est tellement importante pour
la foi chrétienne que l’Eglise a choisi de garder ces quatre messes qui
permettent de considérer des aspects différents de cet événement inouï :
Dieu se fait homme ! N’oublions donc aucun de ces aspects dans notre
joie de fêter la Nativité.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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