24 décembre 2013
Secteur Vermandois
n°792
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Généalogie de Jésus
La lecture (fastidieuse) des ancêtres de Joseph, le père putatif de Jésus,
est souvent omise dans la liturgie paroissiale. Cette généalogie figure
chez deux évangélistes : Matthieu et Luc qui ont deux objectifs différents.
Matthieu commence à Abraham, le père des croyants et descend jusqu’à
Joseph « l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que
l’on appelle Christ. » (1,16) Pour le juif Matthieu, il est particulièrement
important que Jésus s’inscrive dans le Peuple de Dieu, qu’il soit héritier
des promesses faites à Abraham. La litanie des ancêtres est en même temps
un rappel des moments importants de l’histoire de la révélation faite
au Peuple : Abraham, David, l’Exil à Babylone qui aboutissent au
Christ.
Luc prend un chemin différent : il part du Christ Jésus et remonte
à Adam donné comme ‘fils de Dieu’. Abraham n’est qu’une étape nécessaire.
Pour cet évangéliste, scientifique grec, ce qui est le plus important
à souligner pour ‘l’excellent Théophile’ est que Jésus, Dieu le
Fils est un homme puisqu’il descend du premier homme créé, Adam. Luc met
ainsi en avant la double nature, divine et humaine, de la deuxième personne
de la sainte Trinité.
Pour les deux auteurs, la paternité de Joseph ne pose aucun problème :
la ‘généalogie’ n’est pas la ‘génétique’, peu importe les
chromosomes, est père celui qui élève l’enfant et qui lui donne un nom ;
adoption et filiation sont synonymes dans le monde Juif. Il est tout aussi
important que Joseph accepte ce rôle de père de l’enfant que Marie accepte
de le porter.
En rappelant le nom d’Emmanuel (Dieu avec nous) révélé au prophète Isaïe
(14,7b) l’ange confirme à Joseph que cet enfant sera le Sauveur attendu
par Israël. Joseph comprend le message et assume la mission confiée par
le Père en donnant le nom de Jésus (Dieu sauve) à l’enfant né de sa femme.
Joseph pouvait assumer cette mission avec l’aide de l’Esprit car il avait
en lui les qualités exceptionnelles de confiance et d’humilité qui étaient
nécessaires. L’exemple de saint Joseph permet à chacun de nous de mettre
les qualités qui nous sont propres au service du Seigneur : Il ne
nous confiera jamais une mission hors de nos capacités et Il nous aidera
à la réaliser.
« Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »
(Marc10,49)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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24 décembre 2016
Paroisses Nesle & Athies
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n°911
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Abraham, David, Exil, Jésus
Dans beaucoup de sociétés, un homme est défini par sa lignée. C’est ce
que fait saint Matthieu en détaillant la filiation de Jésus depuis Abraham.
Le Fils du Père céleste sera identifié dans sa vie terrestre : il
appartient à la descendance d’Abraham, il est considéré comme fils de
Joseph. Dans le monde juif, il n’y pas de différence entre la paternité
et l’adoption : le père est celui qui éduque l’enfant quels que soient
les liens génétiques. Joseph transmet à Jésus tout ce qu’il sait, il lui
permet de devenir un homme.
Saint Matthieu divise cette généalogie en trois parties séparées par
quatorze générations et dont les débuts sont soulignés par des hommes
ou des événements importants :
- Abraham est le premier homme qui écoute la voix de Dieu et
qui obéit à son appel : « Quitte ton pays, ta parenté et
la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. »
(Genèse 12,1) Il fait confiance à Dieu et ne refuse pas d’offrir son
propre fils en holocauste (cf. Genèse 22,2-14) Par sa foi en Dieu, il
est le père d’une ‘multitude’ et sa postérité par Isaac et Jacob
constituera le Peuple Elu, signe parmi les nations de l’amour de Dieu
pour tous les hommes.
- David est le ‘messie’, celui qui a reçu l’onction royale
par les mains de Samuel, le petit dernier des huit fils de Jessé, celui
qui avait été oublié. C’est celui-là que Dieu choisit : « Ne
considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté.
Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence,
mais le Seigneur regarde le cœur. » (1Samuel 16,7) Et l’Esprit
de Dieu reposa sur David qui dans sa faiblesse bénéficie de la force
que Seigneur.
- L’Exil à Babylone (587-538 av.JC.) est une période tragique
pour le peuple de Dieu, ils ont perdu tout ce qui constituait la Promesse
faite à Abraham : leur peuple réduit à quelques familles prisonnières,
une terre dont ils sont proscrits, la présence de Dieu puisque le Temple
a été détruit, les sacrifices sont impossibles. Mais une nouvelle approche
de Dieu apparait : le peuple est ceux qui se soumettent à la volonté
de Dieu, la terre promise est partout où la volonté de Dieu est faite,
la présence de Dieu et les sacrifices sont en toute personne qui écoute
la volonté de Dieu.
- Jésus est ainsi présenté comme l’aboutissement de ces générations.
Comme Abraham il est celui qui va écouter et accepter la mission confiée
par le Père ; Comme David il est oint pour monter la force du Père
dans la faiblesse de l’homme ; comme pendant l’Exil, il montre
le véritable sacrifice : « Le sacrifice qui plaît à Dieu,
c'est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé
et broyé. » (Psaume 50(51),19).
La lecture de ces quarante-deux filiations est fastidieuse, mais elle
est le résumé de toute l’histoire d’amour entre Dieu et l’homme. C’est
ainsi qu’il faut l’écouter
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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24 déceembre 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n° 978
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Le songe de Joseph
Bien que publicain, Matthieu est un juif nourri dès sa plus tendre enfance
par le chant des Psaumes, les prophètes et les récits bibliques. Reconnaissant
en Jésus l’accomplissement des Ecritures, il n’hésite pas à quitter son
emploi de collecteur d’impôts et à le suivre dès que celui-ci l’appelle.
Il est toujours avec Jésus et, malgré la désertion au Jardin des Oliviers,
il est présent à l’ascension et à la Pentecôte.
Pour cet évangéliste de culture juive, Dieu s’adresse à Joseph pour lui
demander d’assurer une famille au sein de laquelle le Fils pourra recevoir
un nom et un environnement favorable au projet de salut du Père pour l’humanité.
Il est important dans le contexte social que l’enfant qui va naître ait
un homme qui assure la puissance paternelle. Aux yeux de tous, Joseph
sera ce père, tout le monde à Nazareth pense qu’il est le père génétique
de Jésus : « N’est-il pas le fils du charpentier ? Sa
mère ne s’appelle-t-elle pas Marie ? » (Matthieu 13,55a)
« N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » (Luc 4,22b)
L’Ange de Dieu se manifeste à Joseph dans un ‘songe’, mais ce
n’est pas un rêve ordinaire. De nombreux personnages bibliques ont eu
des révélations par des ‘songes’ : l’alliance est passée avec
Abraham lors d’un ‘sommeil mystérieux’ (cf. Genèse 15,12sq.) ;
Joseph, fils de Jacob voit sa destinée lors de ‘songes’ qui le
montre dominant ses frères (cf. Genèse 37,5sq.) et par l’interprétation
des songes de Pharaon, il devient intendant de l’Egypte (cf. Genèse 41,39sq.)…
Joseph, fiancé à Marie, ne doute pas que cette révélation vienne de Dieu.
Il accepte la mission que Dieu lui confie : « il prit chez
lui son épouse, mais il ne s’unit pas à elle. » (vv.24-25). Joseph
prend alors la place d’un véritable père pour Jésus : il lui transmet
tout ce que lui-même a reçu. Grâce à Marie le Fils éternel prend notre
chair humaine ; grâce à l’éducation de Joseph il est perçu comme
homme dans la société contemporaine : « devenant semblable
aux hommes. Reconnu homme à son aspect » (Philippiens 2,7b)
Le dernier épisode où Joseph apparaît est lors de la Bar-Mitsva de Jésus,
au Temple de Jérusalem ; par cette cérémonie l’enfant devient adulte
dans la foi juive en montrant qu’il connaît les Ecritures sacrées et qu’il
est capable de les comprendre et de les appliquer. Dans les synagogues,
il quitte l’espace réservée aux femmes pour prendre sa place parmi les
hommes, il n’est plus dépendant de ses parents, la mission de Joseph est
achevée : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon
Père ? » (Luc 2,49b)
Aujourd’hui encore, Dieu nous invite à mettre en œuvre sa Parole pour
des missions particulières, sachons y répondre avec la même spontanéité
et la même humilité que saint Joseph…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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24 déceembre 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1049
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Saint Joseph
L’homonyme de saint Joseph, Joseph, fils préféré de Jacob dans l’Ancien
Testament (cf. Genèse 37-50), voyait en songe sa suprématie sur ses frères
(cf. 37,7-10). Ceux-ci, jaloux le vendirent comme esclave. Mais, après
bien des péripéties, il était devenu l’homme le plus important d’Egypte
par l’interprétation des songes de Pharaon. Lors d’une sécheresse qui
dura sept ans, il peut grâce à sa position, sauver son père et ses frères
de la famine. Du mal que lui avaient fait ses frères, Dieu avait fait
un bien en sauvant Jacob et toute sa descendance.
Saint Joseph, comme le patriarche, voit en songe la mission que Dieu
lui confie. Ce rôle est exaltant : avoir une participation humble
au Salut que Dieu propose aux hommes, mais en même temps un rôle difficile :
permettre à la personne du Fils de devenir pleinement un homme inséré
dans son temps en lui transmettant tout ce qui est nécessaire pour cela.
Saint Joseph assure la sécurité, la nourriture et le bien-être de l’enfant
et de sa mère. S’il n’est pas LE père de Jésus, il est véritablement un
père pour lui : il lui apprend à marcher, à parler, et même comment
recevoir les livres sacrés et prier avec eux…
Pas une seule parole de saint Joseph n’est transmise par les évangélistes !
Il a assuré jusqu’au bout la discrétion humble et l’obéissance confiante
dans la Parole de Dieu dont il fait preuve lors du message délivré par
l’ange.
Saint Joseph a une place particulière dans la dévotion de l’Eglise :
il est le seul saint à être fêté deux fois : le 19 mars, les fidèles
sont invités à la méditation sur son rôle d’époux de la Vierge et père
putatif de l’enfant auquel elle a donné le jour ; le 1er
mai, les chrétiens réfléchissent à la façon de travailler comme lui au
bien de Dieu-le-Fils et aux enfants que ce dernier a donnés à la Vierge
Marie au moment de mourir à travers l’anonymat du ‘disciple que Jésus
aimait’ : « Femme voici ton fils » (cf. Jean 19,26)
Lors d’une refonte mineure du missel romain en 1962, saint Jean XXIII
a exigé que saint Joseph fût mentionné avec son épouse la Vierge Marie
dans le canon de la messe (devenu après la Concile Vatican II, la première
prière eucharistique)
Moins de deux mois après son élection à la chaire de saint Pierre (13
mars 2013), le pape François demande à ce que saint Joseph figure également
dans les autres prières eucharistiques qui l’avaient oublié (1er
mai 2013)
Ainsi il a été attendu le XXème siècle pour que le rôle de
saint Joseph soit proposé à la dévotion des fidèles à chaque messe comme
modèle de discrétion et d’humilité !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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24 déceembre 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1120
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La foi de Joseph
Il y a un parallélisme évident entre la dernière ligne de ce texte :
Joseph « fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit :
il prit chez lui son épouse. » (v.24) et la réponse de la Vierge
Marie lors de l’Annonciation : « Voici la servante du Seigneur ;
que tout m’advienne selon ta parole. » (Luc 1,38). C’est la même
acceptation humble et confiante de se mettre totalement à la disposition
du Seigneur pour faire sa volonté.
Marie et Joseph envisageaient une vie simple sous le regard de Dieu,
mais ils ont été choisis, la première pour porter Dieu-le-Fils comme ‘fruit
de ses entrailles’ (cf. Luc 1,42), le second pour donner le nom à
l’enfant (v. 23) conçu de l’Eprit Saint et le faire grandir. Grâce à eux,
Jésus vit pleinement sa vie d’homme, comme tout enfant il respecte ses
parents même après l’épisode avec les docteurs de la Loi dans le Temple,
« il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur
était soumis. » (Luc 2,51a)
Joseph « était un homme juste » (v.19). Le mot, ‘juste’,
est beaucoup plus fort pour les juifs qu’il ne peut l’être dans la langue
française, c’est un don de Dieu : « Abraham eut foi en Dieu ;
aussi, il lui fut accordé d’être juste, et il reçut le nom d’ami de Dieu. »
(Jacques 2,23). La similitude entre Joseph et Abraham n’est pas seulement
dans l’utilisation du même adjectif pour les désigner : Abraham avait
accepté l’idée de sacrifier son fils Isaac (cf. Genèse 22,1-12) ;
en acceptant de protéger la virginité de Marie et d’être le père nourricier
de Dieu-le-Fils, Joseph offre à Dieu le sacrifice de sa propre descendance.
La promesse explicite que Dieu fait à Abraham : « Voici
l’alliance que je fais avec toi : tu deviendras le père d’une multitude
de nations. » (Genèse 17,4) devient implicite pour Joseph :
nourrissant le corps physique de Jésus, il permettra de nourrir aussi
son Corps Mystique, la multitude de l’Eglise, cette nourriture spirituelle
se trouve dans l’exemple qu’il donne à toute personne par sa grande humilité
et sa confiance totale dans la parole de Dieu.
Si l’Eglise propose la lecture de l’appel de Joseph à quelques jours
de la fête de Noël et non pas au premier dimanche de l’Avent, c’est pour
montrer aux croyants que l’acceptation des hommes est comme une apothéose
du projet de Dieu : le Salut ne peut advenir qu’avec l’entière adhésion
de Marie et de Joseph.
La naissance du Fils de Dieu, sa prédication, sa Passion et sa Résurrection
sont désormais remises entre nos mains et attendent notre ‘OUI’ libre
et confiant…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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24 déceembre 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1187
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Femmes remarquables
L’évangile de saint Matthieu commence par l’arbre généalogique de Joseph,
transmis par l’adoption à Jésus. Cet arbre prend racine en Abraham, le
premier à avoir reconnu une révélation de Dieu. Dans une civilisation
où les enfants sont nommés par leur père : fils ou fille de, les
mères ne sont pas citées. Mais dans celle-ci, il y a des exceptions que
saint Matthieu n’a pas voulu édulcorer :
« Juda de son union avec Thamar » Thamar était la belle-fille
de Juda. Devenue veuve sans enfant, Juda lui avait promis selon la loi
du lévirat qu’un frère de son mari viendrait coucher avec elle pour que
le défunt ait une postérité. Mais il ne tint pas sa promesse. Déguisée
en prostituée, elle coucha avec Juda et fut enceinte. Lorsqu’il voulut
faire brûler sa belle-fille pour adultère, elle se fit reconnaître, Juda
admira ce subterfuge et prit Thamar chez lui (cf. Genèse 38,6-30)
« Salmone, de son union avec Rahab » Rahab était une
prostituée de la ville de Jéricho. Lorsque les espions hébreux vinrent
estimer les défenses de la ville, elle les cacha et en récompense, elle
et toute sa famille eurent la vie sauve lors de la mise à sac de la ville
(cf. Josué 2,1-22 ; 6,17-25)
« Booz, de son union avec Ruth » Ruth était une moabite
qui avait épousé un juif. Mais lorsque son beau-père, son mari et son
beau-frère sont morts laissant sa belle-mère, Noémi, seule, sans mari
et sans fils, elle n’a pas voulu l’abandonner et elles sont reparties
toutes les deux à Bethléem. Booz était un parent de Noémi et il n’avait
pas le droit de rachat de Noémi et de Ruth. Séduit par la beauté et la
fidélité de Ruth vis-à-vis de Noémi, il acquit le droit de rachat de celui
qui le possédait et épousa Ruth (livre de Ruth)
« David, de son union avec la femme d’Ourias » Le nom
de Bethsabée n’est pas cité, au contraire saint Matthieu souligne l’adultère
commis par David, coupable également du meurtre d’Ourias. Mais il reconnait
que la royauté de David passe à Salomon, fils de Bethsabée ; celle-ci
intrigua avec le prophète Nathan pour que la succession lui revienne.
(cf.1Rois)
Quatre femmes différentes mais dont le rôle et la pugnacité ont été suffisamment
importants pour être mentionnées par saint Matthieu.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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