25 décembre 2005
Bosnie Herzégovine
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Et le Verbe s'est fait chair !
Deux précisions linguistiques sont nécessaires pour comprendre toute
la portée de cette affirmation du quatrième évangéliste.
Le terme traduit par Verbe en français est dans l'original grec le logos
qui a une portée philosophique beaucoup plus importante que sa traduction.
Nous retrouvons le sens de ce mot dans la terminaison -logie qui indique
une connaissance, une science, une sagesse (e.g. théologie = science qui
s'intéresse au divin)
Pour la Chair, l'évangéliste a choisi le mot sarx qui est très matériel
puisqu'il est utilisé pour désigner les muscles et la viande alimentaire
(e.g. sarcome = cancer du muscle)
Par cette simple formule, le prologue de l'évangile de saint Jean annonce
ce qui fera l'originalité de son ouvrage : cet homme Jésus, mort et ressuscité
est la Sagesse de Dieu qui est devenu l'Aliment Véritable offert à tous
les hommes pour leur salut. D'où des récits particuliers à cet évangile
comme les noces de Cana, le discours sur le pain de vie et des rencontres
comme celle de Nicodème et de la Samaritaine.
Cela est important pour la foi chrétienne : le Fils unique n'a pas emprunté
un corps qui lui serait étranger (comme dans la théologie de la réincarnation
du Dalaï Lama) mais il a pris chair, la sienne, d'une femme. L'épître
aux hébreux reprend cette affirmation en disant : " Car nous n'avons
pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a
été éprouvé en tout, d'une manière semblable, à l'exception du péché.
" (Hé 4,15) et dans la liturgie catholique la quatrième prière eucharistique
dit aussi : " Il a vécu notre condition d'homme en toute chose, excepté
le péché. "
En célébrant cette fête de Noël, plus de deux mille ans après l'événement,
nous ne fêtons pas un anniversaire, nous proclamons l'incarnation du Dieu
éternel en la personne du Fils, Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière
vrai Dieu né du vrai Dieu comme le précise le symbole de Nicée-Constantinople.
Mais cette profession de foi insiste ensuite sur la réalité de l'humanité
de la deuxième personne de la Trinité : vrai Dieu et vrai Homme, une personne,
deux natures.
En reconnaissant dans l'enfant de Bethléem celui qui vient pour nous
sauver, nous proclamons le mystère de la foi !
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Militaire Catholique en Bosnie Herzégovine
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25 décembre 2007
Brigade Franco-Allemande
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25 décembre 2010
Fort Neuf de Vincennes
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Le Verbe s’est fait chair !
La puissance de l’expression que saint Jean utilise dans son prologue
a subi l’atténuation de l’habitude tellement cette phrase a été utilisée
et méditée. En effet, l’auteur du IVème évangile aurait pu simplement
dire que le Verbe s’est fait homme, cela nous semblerait tout à fait synonyme ;
or il n’en est rien. En disant que le Fils Unique du Père, deuxième personne
de la Sainte Trinité, est venu dans notre ‘chair’ il souligne tout
ce que cela implique de matériel, de prosaïque pour ne pas dire de vulgaire.
Par cette simple locution, saint Jean affirme la profonde véracité de
l’humanité corporelle du fils de la Vierge Marie totalement assumée par
le Fils du Père Céleste. L’image charmante du ‘petit Jésus dans la
crèche’ ne doit pas occulter ce mystère profond de l’amour de Dieu
pour les hommes : le Fils est envoyé homme parmi les hommes afin
qu’ils trouvent en Lui le chemin qui conduit au Père grâce au don de l’Esprit.
Dans ce sens, saint Jean peut affirmer à propos de ceux qui croient qu’ils
sont enfants de Dieu : ‘Ils ne sont pas nés de la chair et du
sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils
sont nés de Dieu’. En se faisant chair, le Fils libère l’humanité
des vicissitudes de la chair et lui ouvre le Royaume des Cieux. En d’autres
termes, en assumant – comme nous – la naissance d’une femme et tous les
aspects de notre vie ‘dans la chair’, le Fils nous montre que le
but ultime de la vie humaine est d’accéder – comme Lui – à la résurrection
et à la vie de fils et filles de Dieu.
La fête de l’Incarnation – littéralement la venue dans la chair – ouvre
une nouvelle ère de rédemption selon la prédication même de Jean-Baptiste :
« après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont
venues par Jésus Christ. » L’Humanité créée à l’image de Dieu
est restaurée par la naissance du Fils. Pour souligner cela, l’évangéliste
inaugure son ouvrage par un rappel de la Création, allusion directe au
début du livre de la Genèse (1,1) : « Au commencement… »
Pour nous, aujourd’hui, nous côtoyons des personnes pour qui Noël n’est
qu’une fête pour les enfants, un prétexte à un échange de cadeaux ;
nous devons profiter de cette période pour « rendre témoignage
à la Lumière, afin que tous croient » Nous sommes plus grands
que Jean-Baptiste puisque nous sommes entrés dans le Royaume par notre
Baptême (cf. Matthieu 11,11) notre rôle de témoins n’en est que plus important.
Notre vie quotidienne doit montrer notre foi en ce Dieu fait homme qui
vient pour montrer son amour de l’humanité. A travers l’Enfant de la crèche,
nous sommes appelés à restaurer la dignité de tout homme et toute femme
et à leur permettre d’être pleinement fils et filles du Père.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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25 décembre 2011
Fort Neuf de Vincennes
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Ils sont nés de Dieu
Dans les récits de création Dieu modèle l’homme à partir de glaise pour
lui insuffler la vie (cf. Genèse 2) ou qu’il le fasse surgir par sa Parole
« Homme et femme il le créa. » (cf. Genèse 1) Mais il
y a une grande distinction entre être créé par Dieu et naître de Dieu.
Pour l’auteur du IVème évangile, le ‘Verbe’ participe à la création
du monde : « Par lui, tout s’est fait et rien de ce qui s’est
fait, ne s’est fait sans lui. » et donc de l’humanité. La création
ne trouve son accomplissement que dans le Christ : « Je suis
l’Alpha et l’Oméga ! » (Apocalypse 22,13) De même que la
Création est universelle, de même le Verbe de Dieu est universel : le
message s'adresse à tout homme sans limites. Il est la Vie, il est la
Lumière
La naissance du ‘Verbe’ dans notre chair est un prélude à une
nouvelle naissance de tous les hommes, non plus d’un père et d’une mère
mais naissance de Dieu : « à moins de naître d'eau et d'Esprit,
nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair
est chair, ce qui est né de l'Esprit est esprit. » (Jean 3,5-6)
Tous ceux qui reconnaissent le ‘Verbe’ incarné et qui croient en
son Nom reçoivent le pouvoir de devenir enfants de Dieu.
« Nous avons vu sa Gloire ! » C’est dans l’humanité
de Jésus que l’évangéliste voit la gloire de Dieu – ce terme n’est appliqué
qu’à Dieu dans l’Ancien Testament. Ce même évangéliste voit la Gloire
de Dieu dans l’absence du Corps dans le tombeau le jour de Pâque :
« Il vit et il crut ! » (Jean 20,28) Le fait de
voir est indissociable de la foi, c’est un appel à l’action missionnaire,
à être des témoins de cet amour de Dieu : « Dieu a tant aimé
le monde qu'il a donné son Fils, l'Unique Engendré, afin que quiconque
croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. » (Jean
3,16)
L'incarnation du Verbe parmi les hommes et son entrée dans le temps donnent
leur sens dernier au monde et à l'histoire : en lui l'histoire devient
histoire du salut. L’union des deux natures, divine et humaine, dans le
Fils de Dieu montre l’amour qui est porté à l’humanité. En lui, « Le
Seigneur a montré la force divine de son bras aux yeux de toutes les nations ;
et, d’un bout à l’autre de la terre, elles verront le Salut de notre Dieu. »
(Isaïe 52,10)
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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25 décembre 2012
Secteur Vermandois
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Dernier évangile
Dans la célébration de la messe issue du Concile de Trente (1545-1563)
dite ‘messe de saint Pie V’ la dernière action du prêtre à l’autel
était de lire – en latin – le prologue de l’évangile de saint Jean appelé
‘dernier évangile’ qui est proposé pour la fête de la Nativité.
Cette répétition de jour en jour avait pour but de donner à ceux qui participaient
à la messe une proclamation et une méditation quotidienne du Mystère de
l’Incarnation. La pratique habituelle de la triple récitation de l’‘Angélus’
(7h00 – 12h00 – 19h00) scandée par les sonneries de l’église du village
rappelait encore ce qui est le centre de la foi chrétienne :
« Le verbe s’est fait chair et il a habité
parmi nous ! »
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Au commencement, par amour, le Père a organisé toute la Création pour
l’Homme et autour de lui en lui donnant tout pouvoir sur tout ce qui avait
été créé (cf. Genèse 1 & 2) Source de reconnaissance et d’émerveillement
pour les Psalmistes : « A peine le fis-tu moindre qu'un dieu;
tu le couronnes de gloire et de beauté, pour qu'il domine sur l’œuvre
de tes mains; tout fut mis par toi sous ses pieds » (Psaumes
8,6-7 et par.) Un rappel que l’auteur de l’épître aux Hébreux donne à
méditer à ses lecteurs : « Qu'est-ce que l'homme pour que
tu te souviennes de lui ? Ou le fils de l'homme pour que tu le prennes
en considération ? » (Hébreux 2,6)
Le Père ne peut se résoudre à ce que les hommes vivent séparés de son
Amour : « Après avoir, à maintes reprises et sous maintes
formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui
sont les derniers, nous a parlé par un Fils, qu'il a établi héritier de
toutes choses, par qui aussi il a fait les mondes » (Hébreux
1,1-2) La naissance insérée dans le temps du Fils éternel du Père est
l’aboutissement de cette pédagogie divine que la Sainte Trinité a distillé
au cours des siècles pour que l’humanité soit en pleine communion avec
lui.
Plus encore que par le passé, les chrétiens sont confrontés à la disparition
du sens profond de la Nativité : transformé en une ‘Fête des enfants’
avec matraquage médiatique des nouveaux jouets et gadgets de l’année,
Noël devient un simple jour chômé ave possibilité de faire un ‘pont’
si – par chance – le 25 tombe un jour de semaine.
C’est donc à nous, chrétiens d’aujourd’hui qu’il appartient de proclamer
la merveille de l’Incarnation en rappelant les paroles de saint Paul :
« Lui étant dans la forme de Dieu n'a pas usé de son droit d'être
traité comme un dieu mais il s'est dépouillé prenant la forme d'esclave.
Devenant semblable aux hommes et reconnu à son aspect comme un homme il
s'est abaissé devenant obéissant jusqu'à la mort à la mort sur une croix.
C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé et lui a conféré le nom qui
est au-dessus de tout nom afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse
dans les cieux sur la terre et sous la terre et que toute langue proclame
que le Seigneur c'est Jésus Christ à la gloire de Dieu le Père. »
(Philippiens 2,6-11)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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25 décembre 2013
Secteur Vermandois
n°721
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Le Fils éternel
Lorsqu’au catéchisme nous essayons d’expliquer aux enfants que le Fils
est auprès du Père avant la naissance de Jésus, ils nous regardent d’un
air dubitatif en se demandant si nous sommes sains d’esprit. Certains
adultes auraient peut-être la même réaction… Pourtant c’est un des éléments
essentiels de la foi catholique : « Je crois en un seul Seigneur,
Jésus-Christ, Le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles »
(symbole de Nicée Constantinople)
Les deux auteurs de l’épître aux Hébreux et du IVème évangile font de
cette affirmation la base de leur prédication en spécifiant dès l’introduction
de leurs textes cette présence du Fils auprès du Père dès avant la création
du monde à laquelle il participe avec le Père : « Fils qu'il
a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes »
(Hébreux 1,2) « Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu,
et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au
commencement auprès de Dieu. Par lui, tout s'est fait, et rien de ce qui
s'est fait ne s'est fait sans lui. » (Jean 1,1-3)
Quelles que soient les révélations qu’ils avaient eues, les prophètes
n’avaient qu’une conscience imparfaite du Dieu qui se manifestait à eux.
Le Fils, lui, est en pleine communion avec le Père : « personne
ne connaît qui est le Fils, si ce n’est le Père, ni qui est le Père, si
ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » (Luc
10,22) En venant dans notre chair, le Fils nous présente Dieu ; en
s’incarnant dans notre humanité il nous montre de quel amour nous sommes
aimés et il nous attire vers le Père : « Bien-aimés, nous
sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore
été manifesté ; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté,
nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. »
(1Jean 3,2)
La naissance du Fils Unique du Père indique qu’il ne veut pas ‘tricher’
avec notre humanité, mais il désire la vivre pleinement : il n’a
pas ‘pris chair’ déjà homme adulte, il a tenu à naître d’une femme
comme chacun d’entre nous. La naissance humaine implique une vie humaine
et une mort humaine. La Résurrection de cet homme véritable préfigure
la résurrection de tous les hommes : le mystère de Noël annonce le
mystère de Pâque.
Nous avons donc raison de fêter avec faste cette naissance extraordinaire :
elle est le signe de notre Salut ; comme les bergers nous voyons
l’enfant couché dans une mangeoire et avec les anges nous chantons :
« Gloire à Dieu dans le ciel, et paix sur la terre aux hommes
qu’il aime » (Luc 2,14)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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25 décembre 2014
Secteur Vermandois
n°795
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Au commencement
Le IVème évangéliste inaugure le texte qu’il va transmettre aux générations
futures exactement par le même terme que le premier mot de la Bible ‘Au
commencement’ (Beréchit en Hébreu – en archè en grec) Il désire
montrer par cette similitude que le ‘Verbe’ est coéternel avec
le Père, qu’il en est distinct « Le Verbe était auprès de Dieu »,
qu’il est Dieu lui-même : « Le Verbe était Dieu »
et qu’il est co-créateur avec le Père « par lui tout est venu
à l’existence »
Par sa profession de foi « Et le Verbe s’est fait chair, il a
habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de
son Père comme Fils unique » le IVème évangéliste affirme l’incarnation
de ce ‘Verbe’ désigné alors comme ‘Fils unique’. Il ne s’agit
plus d’un homme saisi par Dieu pour annoncer la Parole comme l’étaient
les prophètes : « Le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière
le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : “Va, tu seras prophète pour
mon peuple Israël.” » (Amos 7,15) dont les exhortations faites
au nom de Dieu n’avaient pas toujours la réception qui aurait pu en être
attendue car le peuple n’aime pas s’entendre dire qu’il s’éloigne du chemin
qui conduit à Dieu.
« A la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par
son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé
les mondes. » (Hébreux 1,2) Celui qui était au commencement auprès
de Dieu, est, à la fin, par son incarnation, auprès des hommes ;
‘en ces jours où nous sommes’, cela signifie que cette annonce
n’était pas uniquement pour les contemporains de l’auteur de l’épître
aux hébreux mais également à tous les hommes : « à tous ceux
qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. »
La fête de la Nativité célèbre la venue dans le monde du Fils unique
du Père, et en même temps elle rappelle que l’Homme, par cette incarnation,
a été élevé à la dignité d’enfant de Dieu. Le Fils en prenant intégralement
notre humanité se met à notre portée pour nous révéler le Père :
« Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est
Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. »
En regardant la crèche, nous contemplons l’amour du Père qui nous donne
son propre Fils comme frère afin que nous soyons fiers et respectueux
de l’humanité.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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25 décembre 2015
Secteur Vermandois
n°851
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C’est Lui qui a fait connaître le Père
Dès l’introduction de sa lettre, l’auteur de l’épître aux Hébreux montre
à ses correspondants juifs la continuité du projet de Dieu entre les écrits
des prophètes et la venue parmi les hommes du Fils ‘par qui il a créé
les mondes’. Ainsi la Parole de Dieu est maintenant révélée sans intermédiaires
et non plus par des hommes inspirés.
Par le passé, « Le Seigneur parlait avec Moïse face à face, comme
on parle d’homme à homme. » (Exode 33,11) mais c’était le seul
exemple de ‘parole directe’. Avec la venue du Fils, cette Parole
n’est plus à la destination d’un seul homme – Moïse – elle est destinée
à tous les hommes, à travers le temps et l’espace, aux frères et sœurs
en humanité au « Verbe fait chair ». La Parole a été
transmise par les Apôtres et leurs successeurs et elle s’adresse à nous
aujourd’hui.
Le Fils s’incarne pour donner à toutes les générations la connaissance
du Père dans l’Esprit : « Personne ne connaît qui est le
Fils, sinon le Père ; et personne ne connaît qui est le Père, sinon
le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » (Luc 10,22).
Dieu ne choisit pas une ‘élite’, ‘celui à qui le Fils veut le
révéler’ est tout homme car Jésus dit à ses disciples : « telle
est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de
ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. »
(Jean 6,39)
Le prologue du IVème évangile présente toute cette révélation en peu
de mots ; il parle de la venue du Fils dans notre nature humaine
et du but ultime de cette venue : faire connaître le Père dans sa
Gloire, et en le faisant connaître il fait de nous des ‘enfants de
Dieu’. Acceptant de prendre notre condition mortelle, il nous donne
la condition immortelle : « nous sont accordés les dons promis,
si précieux et si grands, pour que, par eux, vous deveniez participants
de la nature divine. » (1Pierre 1,4)
La naissance de Dieu le Fils parmi les hommes est en même temps notre
naissance à la vie éternelle ; en nous apportant la connaissance
du Père, il nous remet en communion avec Lui. Nous sommes pécheurs mais
l’amour de Dieu, Père, Fils, Esprit est plus fort que nos péchés :
« Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé. Ainsi
donc, de même que le péché a établi son règne de mort, de même la grâce
doit établir son règne en rendant juste pour la vie éternelle par Jésus
Christ notre Seigneur. » (Romain 5,20-21)
La connaissance du Père nous donne une grâce surabondante. Il nous est
demandé de savoir profiter de la ‘grâce d’état’ qui nous a été
donnée par le Baptême et la Confirmation pour écouter la Parole et la
mettre en pratique.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
& Administrateur de Nesle et Athies (secteur Haute Somme
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25 décembre 2016
Paroisses Nesle & Athies
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n°914
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Pour nous les hommes et pour notre salut,
il descendit du Ciel
- « Un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le
signe du pouvoir » (Isaïe 9,6)
- « Et toi, Bethléem Éphrata, le plus petit des clans
de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner
Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, aux jours d’autrefois. »
(Michée 5,1)
- « Et le Verbe s’est fait chair » (Jean 1,14)
- « ils ont les patriarches, et c’est de leur race que
le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni pour
les siècles. Amen. » (Romains 9,5)
- « Le Christ Jésus, ayant
la condition de Dieu, Ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait
à Dieu. Mais il s'est anéanti, prenant la condition de serviteur
devenu semblable aux hommes » (Philippiens 2,6-7)
- « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né,
avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel
et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances,
Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui
et pour lui. » (Colossiens 1,15)
- « A bien des reprises et de bien des manières, Dieu,
dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais
à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son
Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a
créé les mondes. » (Hébreux 1,1-2)
- « Jésus Christ, hier et aujourd’hui, est le même, il
l’est pour l’éternité. » (Hébreux 13,8)
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ès la prédication apostolique – et même avant – le mystère de l’Incarnation
est souligné : le Fils éternel du Père, deuxième personne de la Sainte
Trinité, né avant tous les siècles a choisi de naître d’une femme par
l’action de l’Esprit Saint et de se ‘faire chair’ pour le salut
de tous les hommes.
Face aux nombreuses hérésies à travers les siècles jusqu’à nos jours,
l’Eglise a toujours affirmé sa foi, en particulier par les Conciles, le
Fils est pleinement Dieu et il est pleinement homme ; deux natures
en une seule personne sans fusion ni juxtaposition. Ce n’est ni un ‘demi-dieu’
comme l’envisageaient les grecs et les romains, ni une simple apparence
comme les anges : il est ‘vrai Dieu, né du vrai Dieu’ et ‘Par
l'Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme’.
L’imagerie populaire de la crèche ne peut montrer que l’humanité de Celui
qui est Dieu le Fils, mais lorsque nous posons auprès de l’enfant les
bergers en position d’adoration, nous pensons à ce qu’il représente et
nous aussi sommes portés à l’adoration du « Père en esprit et
vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est
esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent
l’adorer. » (Jean 4,23-24) Quand nous passons devant une crèche,
prenons le temps de prier en réalisant ce qu’elle représente. A travers
cette représentation, nous admirons la sollicitude du Père qui donne son
Fils pour notre salut.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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25 déceembre 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n° 982
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Rien ne s’est fait sans lui
Le prologue du IVème évangile est un texte magnifique dont
chaque terme a été pesé au trébuchet de la foi et de l’intelligence des
Ecritures par son auteur, ‘le disciple que Jésus aimait’. Il éclaire
avec simplicité le mystère de la communion entre Dieu le Père et Dieu
le Fils : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était
auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. » (v.1). Cette affirmation
exprime fortement qu’il n’y a pas de confusion possible entre le Père
et le Fils : ils sont deux ‘personnes’ mais toutes les deux
sont pleinement Dieu. Dieu l’Esprit Saint, troisième personne de la Trinité,
est donné aux hommes par le Baptême d’eau et de feu annoncé par la prédication
de Jean-Baptiste, un Baptême de grâce et de Vérité.
L’utilisation du verbe ‘Etre’, pris dans son sens propre et non pas comme auxiliaire,
est, sans doute dans l’esprit de l’auteur nourri de la Parole de Dieu,
une mise en évidence voulue du Nom que Dieu révèle à Moïse : « Je Suis ! » (cf.
Exode 3,14) appliquée au Verbe (Logos). « Au commencement était
le Verbe » (v.1) doit être mis en parallèle avec : « Au
commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Genèse 1,1). Le
Fils est créateur avec le Père et l’Esprit (« le souffle de Dieu
planait au-dessus des eaux » id. v.2b).
Cette identité de nature est soulignée dans la profession de foi issue
des Conciles de Nicée (325) et de Constantinople (341) face aux théologies
déviantes sur le Christ : « il est Dieu, né de Dieu, lumière
née de la Lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, et par lui tout a été fait ! »
Ils ne font que reprendre la conception du prologue de saint Jean :
c’est bien le ‘Verbe qui était Dieu’ qui se fait chair mortelle.
L’Eternel devient temporel pour permettre à l’humanité de connaître Dieu
et de contempler sa Gloire : « Tout m’a été remis par mon
Père. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; et personne
ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut
le révéler. » (Luc 10,22)
Fêter la Nativité nous permet de nous émerveiller de ce que le Seigneur
a fait pour nous. Toute la création témoigne de l’amour de Dieu. La venue
du Fils dans notre chair est l’achèvement de cette création : la
chair de l’enfant de la crèche est la même que celle du Christ ressuscité,
c’est bien notre chair née d’une femme ! Noël appelle Pâques dans
le même mystère : « Voyez quel grand amour nous a donné
le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes.
Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas
connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais
ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons :
quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons
tel qu’il est. » (1Jean 3,1-2)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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25 déceembre 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1052
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Les deux natures du Fils
Le concile s'oppose à ceux qui tentent de diviser le mystère
de l'incarnation en une dualité de Fils. Il exclut de la participation
aux saints mystères ceux qui osent déclarer passible la divinité
du Fils unique. Il contredit ceux qui imaginent un mélange ou
une confusion des deux natures dans le Christ. il rejette ceux
qui déraisonnent en disant que la forme d'esclave prise chez nous
par le Fils est de nature céleste ou d'une essence étrangère à
la nôtre. Il anathématise ceux qui ont inventé cette fable de
deux natures dans le Seigneur, avant l'union, et d'une seule,
après l'union.
A la suite des saints Pères, nous enseignons donc tous unanimement
à confesser un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ,
le même parfait en divinité et parfait en humanité, le même vraiment
Dieu et vraiment homme, composé d'une âme raisonnable et d'un
corps, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel
à nous selon l'humanité, "en tout semblable à nous sauf le
péché " [Hébreux 4,15]. Avant les siècles engendré du Père
selon la divinité, et, né en ces derniers jours, né pour nous
et pour notre salut, de Marie, la Vierge, Mère de Dieu, selon
l'humanité. Un seul et même Christ Seigneur, Fils unique, que
nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans
changement, sans division, sans séparation. La différence des
natures n'est nullement supprimée par leur union, mais plutôt
les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies en une
seule personne et une seule hypostase. Il n'est ni partagé ni
divisé en deux personnes, mais il est un seul et même Fils unique,
Dieu Verbe, Seigneur Jésus-Christ, comme autrefois les prophètes
nous l'ont enseigné de lui, comme lui-même Jésus-Christ nous l'a
enseigné, comme le Symbole des Pères nous l'a fait connaître.
Ces points ayant été déterminés avec une précision et un soin
des plus extrêmes, le saint Concile œcuménique a défini qu'une
autre foi ne pouvait être proposée, écrite, composée, pensée ou
enseignée aux autres par qui que ce soit
Concile de Chalcédoine
IVème œcuménique
novembre 451
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Dès les origines de la proclamation de l’Evangile, l’affirmation du IVème
évangéliste : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité
parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père
comme Fils unique » (v.14) a été source de dissensions et de
théories divergentes de la doctrine de l’Eglise. La paix constantinienne
(313 ap.J.C.) permet à ces interprétations erronées de se diffuser dans
tout l’empire. Les Conciles de Nicée (325) et de Constantinople (341)
ont beau affirmer les deux natures du Fils : « Vrai Dieu
né du vrai Dieu » et « Il a pris chair de la Vierge Marie »
certains en doutent. La mise au point du Concile de Chalcédoine était
nécessaire, mais elle n’a pas éradiqué ces théologies qui existent encore
aujourd’hui… quelquefois même dans l’esprit des personnes catholiques…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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25 déceembre 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1122
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Le Verbe était Dieu
Magnifique prologue de saint Jean ! Tout est dit : une profession
de foi qui n’oublie aucun détail. Tout chrétien devrait connaître ce texte
par cœur à force de le lire et de le méditer. Ce court passage contient
en lui-même tout ce que les Conciles et le magistère de l’Eglise ont précisé
et continueront à préciser petit à petit au cours des siècles passés et
à venir. Il suffit de relire ce texte :
Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le
Verbe était Dieu. ;Il était au commencement auprès de Dieu. ;C’est par
lui que tout est venu à l’existence et rien de ce qui s’est fait ne s’est
fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était
la lumière des hommes ; la lumière brille dans
les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.
Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. ;Il est
venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous
croient par lui. ;Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour
rendre témoignage à la Lumière.
Le Verbe était la vraie Lumière qui éclaire tout homme en venant dans
le monde. ;Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence,
mais le monde ne l’a pas reconnu.
Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu. ;Mais à tous ceux
qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui
croient en son nom. ;Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle
ni d’une volonté d’homme ils sont nés de Dieu. ;Et le Verbe s’est fait
chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire la gloire qu’il
tient de son Père
comme Fils unique plein de grâce et de vérité.
Jean le Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « C’est
de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi est passé devant
moi car avant moi il était. » ;Tous, nous avons eu part à sa plénitude
nous avons reçu grâce après grâce ; car la Loi fut donnée par Moïse,
la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu
lui qui est dans le sein du Père c’est lui qui l’a fait connaître.
Père JeanPaul Bouvier Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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25 déceembre 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1189
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La chair !
La puissance de l’expression que saint Jean utilise dans son prologue
a subi l’atténuation de l’habitude tellement cette phrase a été utilisée
et méditée. En effet, l’auteur du IVème évangile aurait pu simplement
dire que le Verbe s’est fait homme, cela nous semblerait tout à fait synonyme ;
or il n’en est rien. En disant que le Fils Unique du Père, deuxième personne
de la Sainte Trinité, est venu dans notre ‘chair’ il souligne tout
ce que cela implique de matériel, de prosaïque pour ne pas dire de vulgaire.
Par cette simple locution, saint Jean affirme la profonde véracité de
l’humanité corporelle du fils de la Vierge Marie totalement assumée par
le Fils du Père Céleste. L’image charmante du ‘petit Jésus dans la
crèche’ ne doit pas occulter ce mystère profond de l’amour de Dieu
pour les hommes : le Fils est envoyé homme parmi les hommes afin
qu’ils trouvent en Lui le chemin qui conduit au Père grâce au don de l’Esprit.
Dans ce sens, saint Jean peut affirmer à propos de ceux qui croient qu’ils
sont enfants de Dieu : ‘Ils ne sont pas nés de la chair et du
sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils
sont nés de Dieu’. En se faisant chair, le Fils libère l’humanité
des vicissitudes de la chair et lui ouvre le Royaume des Cieux. En d’autres
termes, en assumant – comme nous – la naissance d’une femme et tous les
aspects de notre vie ‘dans la chair’, le Fils nous montre que le
but ultime de la vie humaine est d’accéder – comme Lui – à la résurrection
et à la vie de fils et filles de Dieu.
La fête de l’Incarnation – littéralement la venue dans la chair – ouvre
une nouvelle ère de rédemption selon la prédication même de Jean-Baptiste :
« après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont
venues par Jésus Christ. » L’Humanité créée à l’image de Dieu
est restaurée par la naissance du Fils. Pour souligner cela, l’évangéliste
inaugure son ouvrage par un rappel de la Création, allusion directe au
début du livre de la Genèse (1,1) : « Au commencement… »
Pour nous, aujourd’hui, nous côtoyons des personnes pour qui Noël n’est
qu’une fête pour les enfants, un prétexte à un échange de cadeaux ;
nous devons profiter de cette période pour « rendre témoignage
à la Lumière, afin que tous croient » Nous sommes plus grands
que Jean-Baptiste puisque nous sommes entrés dans le Royaume par notre
Baptême (cf. Matthieu 11,11) notre rôle de témoins n’en est que plus important.
Notre vie quotidienne doit montrer notre foi en ce Dieu fait homme qui
vient pour montrer son amour de l’humanité. A travers l’Enfant de la crèche,
nous sommes appelés à restaurer la dignité de tout homme et toute femme
et à leur permettre d’être pleinement fils et filles du Père.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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25 déceembre 2021
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1251
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Il vit et il crut !
Ces cinq mots décrivent la disposition d’esprit de l’auteur lorsqu’il
pénètre dans le tombeau le jour de Pâques : d’un seul coup il entrevoit
out le mystère de l’Incarnation. Cette révélation qui lui est faite va
diriger toute sa vie et en particulier l’écriture du IVème évangile qui
est si différent des trois autres.
Matthieu et Luc s’intéresse à la vie d’enfance cachée de Jésus avant
son ministère de prédication. Matthieu tient à marquer l’universalité
du Christ hors du peuple juif par la visite des mages venus d’Orient (cf.
Matthieu 2,1-13) ; tandis que Luc souligne l’humanité par la matérialité
de la maternité et l’accouchement de la Vierge Marie (cf. Luc 1-2). Tous
les deux affirment dans le même temps la divinité et l’humanité de cet
homme. Quant à Marc il relate la prédication de Pierre et donc seulement
à partir du Baptême de Jésus par Jean.
Jean a une autre approche grâce à la révélation qui lui a été faite dans
le tombeau. Il va traduire cette expérience dans ce prologue pour que
d’autres puissent vivre cette rencontre exceptionnelle avec le Sauveur.
L’évangéliste voudrait que nous soyons comme lui éblouis par le Verbe
qui se fait chair pour venir parmi nous, par cet amour infini qui se dit
dans cette Incarnation. A sa suite l’Eglise reprend cette méditation :
« Ton amour pour le monde est si grand que tu nous as envoyé un
Sauveur ; tu l’as voulu semblable aux hommes en toute chose à l’exception
du péché, afin d’aimer en nous ce que tu aimais en Lui : nous avions
rompu ton Alliance, nous la retrouvons dans l’obéissance de ton Fils. »
(7ème préface des dimanches ordinaires)
L’importance de l’Incarnation du Fils éternel du Père n’a pas été révélée
qu’à cet auteur du IVème évangile : saint Paul prêche aussi cet amour :
« Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant
semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, » (Philippiens
2,7) ; et tout comme l’auteur de l’épître aux Hébreux : « la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a
parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui
il a créé les mondes. » (1,2)
C’est à notre tour d’être ébloui par cette lumière, cette révélation
où Dieu vient partager notre humanité pour nous aspirer dans sa divinité.
Ces auteurs qui n’ont pas pu garder cette joie pour eux-mêmes, ils s’empressent
de diffuser la Bonne Nouvelle : « Un Sauveur nous est né ! »
En ces jours où nous sommes, portons à nos contemporains les paroles du
Salut : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi
nous ! »
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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25 décembre 2023
Maison Marie-Thérèse
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n°1356
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La joie de Noël
D’année en année, dans notre pays, la fête de Noël est occultée par des
soucis annexes : l’élaboration d’un repas avec beaucoup d’invités ;
les cadeaux qu’il faut impérativement acheter dans des magasins surchargés
en essayant de tomber pile dans les goûts de la personne ; les trajets
qu’il va falloir faire dans les embouteillages d’un week-end de trois
jours et éventuellement avec une météo défavorable. Bref tout le monde
est surexcité, ne pensant plus qu’à l’immédiat, cochant au fur à mesure
les cases qui ont été remplies. Mêmes les enfants sont plus attirés par
les vitrines de jouets plutôt qu’aller voir la crèche dans l’église.
Face à toutes ces perturbations générées par ces contingences que nous
nous sommes imposées, que peuvent faire les méditations de quatre dimanches
de l’avent ? Surtout lorsque les magasins ouvrent même le dimanche
matin et que le quatrième est le 24 décembre.
Pourtant si nous prenons le temps de regarder avec quel crescendo le
Seigneur nous avertit que son amour va devenir plus proche qu’il n’a jamais
été. Le 1er dimanche rappelait la mise en dimension du projet
de Dieu vers la Résurrection en un monde nouveau ; le 2ème
montrait Jean appelant à la conversion par un geste simple, une immersion
dans le Jourdain ; dans le 3ème Jean ne se définit pas
comme une personne ainsi que prêtres et lévites le voudraient, il leur
répond : « Je suis le Cri ».
Tous les jours de la dernière semaine relatent un appel fait aux personnes
qui se mettent au service du Seigneur : à Joseph (Matthieu 1,18-28),
Zacharie (Luc 1,5-25), Marie (Luc 1,26-38), Elisabeth (Luc 1,39-45), le
Magnificat (1,46-56), et enfin le début de la manifestation d’un événement
inouï, la naissance de Jean (Luc 1,-57-66) avec la prophétie de son père.
A chacune de ces personnes exceptionnelles est confiée une mission propre
qui est indispensable à l’ensemble du projet de Dieu. Dieu se remet entre
les mains des hommes et des femmes pour concrétiser son pardon. Mais n’est-ce
pas le cas de chacun de nous ? Nous ne sommes ni Joseph ni Zacharie,
mais les missions que Dieu nous confie aujourd’hui sont tout aussi indispensables
au projet de Dieu qui est incarné dans l’humanité.
Célébrer l’Incarnation doit, au profond de notre cœur, nous faire sortir
de l’imagerie d’Epinal : cette ultime préparation montre l’humanité
de celui qui doit venir : il est ce petit bébé couché dans une crèche,
vagissant pour quémander sa nourriture ! Il le même que « Le
verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ! » (Jean
1,14) et le Dieu que révèle avec force l’évangéliste Jean : « Celui
par qui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait
ne s’est fait sans lui. » (Jean 1,3)
Cette présence de Dieu au milieu de nous ne cesse de nous émerveiller
et à travers tous les événements de la vie qui brouillent cette image
notre cœur s’enflamme dès que nous prenons le temps d’y penser – même
sans réfléchir ; « Ne craignez pas, car voici que je vous
annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le
Christ, le Seigneur. » (Luc 2,10-11)
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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