11 janvier 1998
Lycée Militaire d'Autun
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n°44
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Le ciel s'ouvrit
Cette expression peut nous surprendre, nous la trouvons irrationnelle,
mythologique. Mais avec de telles réactions, nous oublions que les textes
bibliques, s’ils sont inspirés par Dieu, s’adressent à une population
précise, incarnée en un temps donné.
Il est donc nécessaire que nous nous replongions dans la conception du
monde en Judée à l’époque de Jésus. A l’exception de quelques mathématiciens
grecs, les hommes pensent que la terre est plate. Pour les Juifs, le Firmament
est conçu comme une tente de bédouin soutenue par les «colonnes du ciel »et
à laquelle sont accrochés les astres, la lune et le soleil. Au-delà du
Firmament se trouve la demeure de Dieu. Autour de la Demeure de Dieu et
au-dessus du Firmament il y a les «eaux d’en haut » qui fournissent
la pluie. Sous la terre qui repose également sur des colonnes se situent
le Shéol, séjour des morts, et les «eaux d’en bas » qui alimentent
les mers et les puits.
Compte tenu de cette perception nous pouvons mieux comprendre ce que
veulent les habitants de Babel lorsqu’ils entreprennent de construire
une tour : ils désirent entrer dans la Demeure de Dieu par effraction,
en ouvrant le Firmament (cf. Gn 11,1-9). Leur manque de confiance en Dieu
est leur péché : l’homme ne peut entrer de force dans la Demeure
de Dieu puisque Dieu lui-même leur tient l’entrée grande ouverte.
Les cieux avaient été fermés pour empêcher le retour d’Adam et d’Eve
et gardés par un ange à l’épée flamboyante (cf. Gn 3,1-24). Lors du Baptême
du Christ, les cieux s’ouvrent à nouveau et l’Esprit comme une colombe
qui témoigne de la terre retrouvée pour Noé (cf. Gn 8,1-14) vient apporter
cette Bonne Nouvelle aux personnes baptisées par Jean : « C’est
toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. ».
L’interprétation de la tradition de l’Eglise voit dans la descente du
Christ dans les eaux du Jourdain par Jean, non pas le Baptême de repentir
que vivaient les Juifs, mais la prise en charge des péchés dont les hommes
s’y étaient dépouillés. Ainsi la boucle est refermée, le péché d’Adam
et d’Eve dans le Jardin d’Eden, celui des habitants de Babel, est déjà
absout par le Fils unique du Père, l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés
du monde : le ciel est de nouveau ouvert aux hommes par l’amour du
Père par le Fils dans l’Esprit.
Notre conception du monde a sans doute changé, peur de personnes pensent
que la terre est plate et que Dieu est quelque part dans le ciel. Mais
le message reste le même, les images utilisées par les évangélistes sont
peut-être dépassées, la Bonne Nouvelle qu’ils annoncent est toujours d’actualité,
c’est aussi celui des anges à Noël : « Aujourd’hui il vous
est né un Sauveur ».
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
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10 janvier 2016
Secteur Vermandois
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n°854
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Le peuple était en attente
Le contexte socio-politique de la Palestine à l’époque de Jean-Baptiste
et de Jésus est telle que le peuple juif est dans l’impatience de la venue
du Messie. Le roi n’est qu'un simulacre de royauté, le véritable pouvoir
est entre les mains des romains ; le grand prêtre lui-même est contesté
dans sa légitimité.
La prédication de Jean-Baptiste rappelle les grands principes mis en
avant par les prophètes des temps anciens ; le geste symbolique du
bain purificateur évoque un nouveau passage de la mer Rouge et la libération
de l’esclavage. L’homme qui prêche avec cette force ne serait-il pas le
Messie ? Un nouveau Moïse qui libérera le peuple de l’oppression
étrangère ? Un nouveau roi David qui restaurera la véritable royauté :
celle de Dieu !
Jean-Baptiste se défend d’être celui qu’ils attendent avec une telle
ferveur, il affirme qu’il n’est « que » celui qui annonce la
venue du Messie envoyé par Dieu.
Devant cette effervescence dans le peuple, Jésus aurait pu se manifester,
se lever et révéler sa mission ; il aurait pu clamer qu’il était
ce Messie, le Fils de Dieu. Mais il choisit d’être baptisé lui aussi par
Jean et de se retirer à l’écart pour prier le Père.
La manifestation de Dieu attendue par le peuple vient du Père qui envoie
l’Esprit sous l’apparence d’une colombe et d’une voix venue du Ciel présentant
le Messie : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi,
je trouve ma joie. » (Luc 3,22)
C’est pour nous un modèle dans notre vie chrétienne. Avant d’entreprendre
la mission qui nous est confiée par Dieu, nous devons prendre le temps
de prier avant de la mettre en œuvre et surtout attendre la reconnaissance
pour la commencer. Ce n’est plus une colombe descendue du Ciel, mais c’est
l’approbation de l’Eglise, présence du Christ dans le monde qui nous confortera
dans l’Esprit pour pouvoir mener à bien la tâche qui nous est assignée
par le Père.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
& Administrateur de Nesle et Athies (secteur Haute Somme)
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13 janvier 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1056
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Dénouer la courroie de ses sandales
Lorsqu’un homme arrivait en visiteur à une maison, le maître des lieux
dépêchait un serviteur ou un esclave qui lui déliait les sandales et grâce
à une jatte d’eau, lui lavait les pieds pour le détendre et enlever la
poussière accumulée par la route ; si la personne était importante,
le maître venait lui-même s’acquitter de cette tâche plutôt que d’envoyer
un subalterne. C’était un geste de déférence.
Si Jean le Baptiste ne s’estime « pas digne de dénouer la courroie
de ses sandales » qui pourrait l’être puisque Jésus affirmait
à son sujet : « Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne
n’est plus grand que Jean ; et cependant le plus petit dans le royaume
de Dieu est plus grand que lui. » (Luc 7,28) ? Le Christ
ne s’intéresse pas à la dignité sociale de la personne qui lui rend hommage,
il regarde la sincérité du cœur ; il accepte l’hommage que lui fait
la pécheresse chez le pharisien, celle qui « se tenait derrière
lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds
de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers
et répandait sur eux le parfum. » (Luc 7,38)
Plus encore, le soir de la Cène, Jésus « se lève de table, dépose
son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis
il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des
disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. »
(Jean 13,4) Par ce geste il montre aux Apôtres qu’il ne s’agit pas d’une
convention sociale mais d’un geste d’amour, de service envers son prochain.
Malgré son ressentiment envers le traître, le IVème évangéliste l’inclut
parmi ceux à qui le Seigneur lave les pieds « alors que le diable
a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention
de le livrer, » (Jean 13,2).
Jésus ne retient pas ce que Jean disait de son indignité à dénouer la
courroie de ses sandales : en recevant avec humilité le Baptême de
Jean, Jésus nous indique que cette action n’est pas une fin en soi, aussitôt
être remonté du Jourdain, il prie ! La prière est la source de son
ministère : il remet toujours entre les mains du Père sa prédication,
ses miracles et sa vie. Le ciel qui s’ouvre est le signe de la communion
totale de la Sainte Trinité, Père, Fils, Esprit.
Configurés au Christ par le Baptême de l’Esprit Saint et du feu, nous
suivons les traces de Celui qui est ‘le Chemin, la Vérité et la Vie’
en remettant nous aussi ce baptême entre les mains du Père dans la prière
par l’intercession de celui qui est notre avocat : le Fils, l’Esprit
nous sera alors donné à profusion et nous entendrons dans notre cœur :
« Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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9 janvier 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1253
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La colombe signe du salut
La colombe est un oiseau peu cité dans l’ensemble de la Bible et dans
tous les cas elle est présentée comme un animal de sacrifice (cf. Luc
2,24 l’offrande pour les relevailles de la Vierge Marie) Elle a une importance
toute particulière dans deux épisodes : l’histoire de Noé et le Baptême
du Christ.
Ces deux événements ont en commun plusieurs éléments : l’eau, la
colombe et le Salut.
Noé pour vérifier si l’eau est descendue après le déluge envoie une colombe
par une imposte à sept jours d’intervalle. La première fois elle revient
ne trouvant pas un endroit où poser ses pattes (Genèse 8,9) parce
que l’eau recouvre encore toute la terre. La deuxième fois elle avait
dans le bec un rameau tout frais d'olivier ! (8,11) indiquant
que le niveau d’eau avait baissé. Quant à la troisième fois la colombe
ne revint plus vers lui (8,12) le Déluge est terminé : les eaux
ont reflué et le Seigneur Dieu s’engage à ne jamais provoquer un autre
Déluge. Le pardon est d’avance donné aux hommes.
Les fidèles qui venaient entendre Jean Baptiste étaient ensuite immergés
dans le fleuve pour manifester leur désir de conversion et, en quelque
sorte, y abandonner leur vie passée de péchés.
Lors du Baptême de Jésus, le Christ descend dans l’eau du Jourdain et,
après avoir été plongé dans l’eau (sens littéral du verbe baptiser en
grec) comme une colombe descend sur lui (les quatre évangélistes rapportent
ce fait !)
Le parallélisme est clair : comme à l’époque de Noé, le monde est
submergé par le péché des hommes, mais le Seigneur a promis qu’il n’y
aurait plus de Déluge ; pour vaincre le péché, il envoie son propre
Fils et la colombe qui ne revenait plus vers Noé revient, non plus porteuse
d’un rameau d’olivier, mais elle vient désigner le Christ comme le signe
du début du Salut.
Pour nous aujourd’hui ce signe est tout aussi clair, le Christ a initié
le jour de son Baptême le pardon des péchés et l’ouverture du Royaume,
il nous reste à écouter la parole qui y est associée : Celui-ci
est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour !
Et à vivre comme des personnes aimées et pardonnées.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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