Actions de grâces
Deux actions de grâces sont exprimées dans ce passage de l’évangile de
saint Luc :
L’action de grâces d’Elisabeth s’exprime lorsqu’elle reconnaît en Marie
sa cousine celle qui porte le Messie dans ses entrailles ; le bonheur
d’avoir un enfant alors qu’elle était appelée ‘la stérile’ s’accroît
encore en recevant ‘celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
du Seigneur’. Ce ne sont pas des paroles habituelles de bienvenue
mais de véritables paroles prophétiques inspirées par Dieu. Le tressaillement
de Jean-Baptiste en son sein lui révèle la présence cachée du Messie dans
les ‘entrailles’ de Marie, Celui qui est attendu par tout le peuple
d’Israël.
L’action de grâces de la Vierge Marie reprend en partie celle d’Anne,
la mère du prophète Samuel (cf. 1Samuel 2,1-10) en exaltant les bienfaits
que le Seigneur fait pour son peuple. Les prophéties se réalisent. Dieu
lui-même vient guider son Peuple suivant la parole transmise à Ezéchiel :
« Ils ne se souilleront plus avec leurs ordures, leurs horreurs
et tous leurs crimes. Je les sauverai des infidélités qu'ils ont commises
et je les purifierai, ils seront mon peuple et je serai leur Dieu. »
(37,23)
Dans les évangiles, toute personne qui prend conscience que Jésus est
le Fils de Dieu, le Messie attendu par tous les hommes de bonne volonté,
se met à proclamer une action de grâce : Zacharie à la naissance
de son fils Jean le Baptiste (Luc 1,68-79) ; Syméon (Luc 2,25-35)
et Anne (Luc 2,36-37) découvrant l’enfant présenté au Temple ; les
lépreux guéris (e.g. Marc 1,40-45)…
L’Evangile de la Visitation a un double but ; en premier une méditation
de l’Incarnation déjà reconnue par Jean-Baptiste dans le sein de sa mère :
‘Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous’ (Jean 1,14)
une chair humaine qui passe par la grossesse ‘ordinaire’ d’une
femme, le Messie est le ‘fruit des entrailles de Marie’ ;
en second lieu, nous ne sommes plus dans la situation de porter ou d’attendre
le ‘Précurseur’ ou le Messie, mais le Seigneur confie à chacun
de nous une mission personnelle qui est importante. Il est donc essentiel
que nous répondions d’abord par l’action de grâce en nous remémorant toutes
les bontés que le Seigneur a manifestées à l’humanité et à nous-mêmes.
L’action de grâce – sens du verbe grec ‘Eucaristw’ dont nous avons tiré ‘eucharistie’
– est pour les chrétiens la célébration de la messe. Lorsque nous nous
rendons, nous faisons mémoire du sacrifice du Christ et du Salut qui nous
est offert. A côté de l’action de grâce de l’Eglise sachons en faire aussi
la nôtre en disant avec la vierge Marie : « Mon âme exalte
le Seigneur, Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ! »
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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