1er avril 2007
Brigade Franco-Allemande
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Béni soit celui qui vient ! …/… Crucifie-le !
Raccourci surprenant qui est proposé par la liturgie de ce dimanche.
Dans la liturgie de saint Pie V, le dimanche de la Passion était célébré
à la place du 5ème dimanche de Carême et la fête des Rameaux
le dimanche avant Pâques, mais trois dimanches avant le mercredi des cendres
orientaient déjà vers le Carême (Septuagésime, Sexagésime et Quinquagésime)
La réforme liturgique qui a fait suite au Concile Vatican II a estimé
que séparer ainsi la Passion de la Semaine Sainte n’était pas souhaitable
et a réuni au dimanche précédent la Fête de Pâques les deux célébrations
et a supprimé les trois dimanches préparant au Carême.
A quelques minutes d’écart, la lecture de l’entrée triomphale de Jésus
à Jérusalem précède la lecture de la Passion de Notre Seigneur. La même
foule venue à Jérusalem pour la Fête du Passage est ainsi montrée comme
acclamant son Roi dans une liesse indescriptible et quelques jours après
réclamant la crucifixion du même homme par des vociférations haineuses
Outre une réflexion sur la manipulation des masses humaines, ce retournement
nous provoque à un examen de conscience.
Nous pourrions, en effet, comparer l’attitude de la foule à la nôtre.
Lorsque nous venons à la messe, nous sommes comme ces personnes qui acclamaient
Jésus en tant que Messie, le roi oint par Dieu qui venait prendre possession
de son trône. Nous aussi, nous acclamons notre Seigneur par des chants
et des hymnes comme disent les Psaumes (cf. Ps 65, 107…) mais une fois
sortis de la célébration nous laissons les préoccupations immédiates de
la vie courante prendre place dans notre esprit et nous sommes prompts
à condamner ceux qui ne pensent pas suivant nos schémas.
Cette dichotomie entre notre attitude devant le Saint Sacrement et notre
vie quotidienne ressemble à ces mouvements de foule si opposés l’un à
l’autre. Alternativement nous adorons le Christ et nous le repoussons
pour nous tourner vers le péché et la facilité de faire comme tout
le monde, quelquefois en taisant nos convictions pour ne pas heurter
nos interlocuteurs.
Dans la foule de Vendredi Saint, se trouvaient peut-être des hommes et
des femmes favorables à Jésus, pourtant ils ont cru devoir crier comme
les autres « Crucifie-le ! » Demandons au Père et
au Fils de nous donner l’Esprit Saint pour éviter de ressembler à de telles
personnes.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Militaire
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28 mars 2010
Fort Neuf de Vincennes
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Femme je ne le connais pas !
Cette dénégation de saint Pierre dans la cour du prétoire est significative
de l’esprit humain. Quelques lignes avant dans le récit de saint Luc,
dans le jardin des Oliviers avant l’arrestation de Jésus, les Apôtres
étaient prêts à en découdre et portaient deux épées pour défendre leur
maître. Lors de l’arrestation saint Matthieu qui était présent précise :
« Alors les disciples l'abandonnèrent tous et prirent la fuite »
(26,56)
« Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, je ne
le juge pas, car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver
le monde. » (Jean 12,47) Le regard que Jésus pose sur Pierre
n’est pas un regard de jugement, ni même de reproche, mais un regard d’amour
et de pardon. Le Fils de Dieu sait que cette réaction de celui qu’il a
désigné comme chef des Apôtres n’est qu’une réaction humaine de crainte
devant l’ordre établi par le Grand Conseil des juifs et le procurateur
romain.
Ainsi en est-il pour chacun d’entre nous, à la veille de la Semaine Sainte,
nous regardons le Carême que nous avons vécu, les efforts que nous avions
décidés au Mercredi des Cendres, trop souvent nous constatons que nous
sommes restés en deçà de ce que nous avions pris comme résolutions. Comme
Pierre, nous sentons le regard du Christ qui se pose sur nous.
Mais ce regard qui devrait nous pousser à pleurer sur nos péchés, nous
savons qu’il contient tout l’amour de Jésus pour l’humanité, c’était le
but de sa mission : chaque homme, chaque femme, quel que soit son
âge devait savoir qu’il ne venait que pour nous montrer l’amour divin
et nous inviter à vivre selon le dessein que le Père nous propose, purs
et sans péchés.
Pierre a vu ce regard plein de tendresse et de mansuétude, il se repend
et pleur son péché, il pourra donc devenir la pierre sur laquelle repose
l’Eglise suivant la parole du Christ : « Eh bien! Moi je
te dis: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les
Portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle. » (Matthieu 16,18)
Judas au contraire n’a pas vu ce regard de pardon, il n’a pas su que Jésus
lui pardonnait, il pensait avoir commis un péché irrémissible alors que
le pardon pouvait lui être offert, il a pensé mériter la mort alors que
le Christ avait dit : « En vérité, en vérité, je vous le
dis, si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort »
(Jean 8,51) Judas n’a pas cru à la parole cela l’a conduit à la désespérance.
C’est donc le choix qui se présente à nous : accepter que le Père
nous pardonne par l’intercession de son Fils et vivre avec nos péchés
conscients de la conversion dont nous avons besoin ou bien nous enfermer
dans ces péchés et nous priver délibérément de vivre avec l’amour de Dieu.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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24 mars 2013
Secteur Vermandois
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Contraste
Dans nos contrées septentrionales, nous avons pris l’habitude d’agiter
des rameaux de buis pour accueillir l’entrée à Jérusalem de Jésus. Le
buis est un arbuste qui est toujours vert et qui symbolise de cette façon
l’éternité à laquelle nous sommes appelés.
Dans des localités de climat plus chaud, des palmes sont utilisées dans
le même but. Mais les chrétiens de ces pays tressent avec art et décorent
magnifiquement les palmes avec des rubans et des fleurs ; cette fabrication
donne lieu à des réunions familiales et amicales qui s’étalent sur toute
la semaine qui précède la fête. Les croyants de tous âges brandissent
à bout de bras ces palmes décorées en formant la procession qui suit la
lecture de l’Evangile ; la foule est joyeuse et colorée comme devait
l’être la population de Jérusalem acclamant l’arrivée de celui qu’elle
considérait comme son messie, le fils de David.
A cette scène de liesse succède la longue lecture de la Passion du Christ
où nous constatons que tous ceux qui étaient avec Jésus lors de son entrée
l’abandonnent au fur et à mesure que les heures passent : Judas part
pendant le repas pour dénoncer Jésus aux grands prêtres et il le désigne
aux gardes venus pour l’arrêter par un baiser, les Apôtres fuient lors
de son arrestation, Pierre nie être un de ses disciples, la foule qui
peu auparavant l’acclamait dans la joie vocifère et exige sa mort avec
fureur.
En réunissant dans le même dimanche ces deux événements, l’Eglise nous
montre notre propre vie qui alterne entre la joie de reconnaître le Fils
du Père, le Messie et le Sauveur, qui part nous préparer une place dans
la Jérusalem céleste (cf. Jean 14) et les reniements que les péchés quotidiens
constituent. Sans cesse nous oscillons entre ces deux états.
Ce dimanche ouvre la ‘Semaine Sainte’ où nous allons être invités
à actualiser notre vie Chrétienne. A la ‘Messe Chrismale’ l’évêque
va bénir l’huile qui devient le ‘Saint Chrême’ utilisé lors des
Baptêmes, Confirmations et Ordinations ; la ‘Cène’ évoquant
la première communion des Apôtres nous invite à retrouver la ferveur de
la nôtre ; la ‘Crucifixion’ où le Christ offre sa vie pour
nos péchés et où il intercède pour nous : « Père pardonne-leur,
ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (Luc 23,34) nous demandant
de considérer et de regretter nos péchés ; la ‘Résurrection du
premier-né d’entre les morts’ (cf. Colossiens 1,18) nous promettant
la vie éternelle en présence du Père : « Que là où je suis,
eux aussi soient avec moi » (Jean 17,24)
Le contraste entre la liesse de l’entrée à Jérusalem et la douleur de
la Passion est à l’image de la vie de l’Eglise et de la vie du chrétien ;
c’est un moment d’introspection pour notre vie spirituelle. A l’issue
de cette célébration notre conclusion doit être comme celle de ce soldat
romain : « Voyant ce qui était arrivé, le centurion glorifiait
Dieu, en disant: "Sûrement, cet homme était un juste !" »
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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2 mars 2016
Secteur Vermandois
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n°866
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Le kérygme
Tous les ans les deux lectures de la messe de la Passion et le Psaume
21 sont identiques, mais obnubilés par la branche de buis que nous emporterons
et absorbés par la longue lecture de la Passion nous n’écoutons pas avec
une attention suffisante ces textes pourtant si riches de la proclamation
de la Bonne Nouvelle.
Ainsi le prophète Isaïe (50,4-7) annonçait le rejet et les souffrances
de Celui qui viendrait au nom de Dieu, mais aussi l’acceptation libre
de ces tourments par ce messager si particulier. Le prophète montre que
Dieu ne laissera pas confondre son envoyé : il viendra à son secours
et il l’exaltera.
Dans l’épître aux Philippiens, saint Paul proclame la foi primitive de
l’Eglise, ce qui est appelé le ‘Kérygme’. Quelques phrases suffisent
à énoncer la révélation qui est faite dans la venue du Christ Jésus.
Il est de « condition divine », affirmation centrale
de la foi : ce n’est pas un nouveau prophète que Dieu a envoyé, il
est venu lui-même dans la personne du Fils pour annoncer le salut offert
à l’humanité. La voix du Père est entendue par les Apôtres à plusieurs
reprises elle dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le »
(Marc 9,7pp)
Après l’affirmation de sa divinité, vient l’affirmation de son humanité
ce Fils est devenu « semblable aux hommes » Ce que les
évangélistes affirment dès le commencement de leur annonce : « l’enfant
qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint² » (Matthieu
1,20) « L’évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. »
(Marc 1,1) « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du
Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va
naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. » (Luc 1,35)
« ²Le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu…
Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu
sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique. ²»
(Jean 1,1-2.14) ²Dieu le Fils accepte cette vie d’homme « jusqu’à
la mort de la Croix » pour montrer de quel amour le Père nous
aime.
Cette prédication de saint Paul aux Philippiens est toujours d’actualité,
comme lui nous nous adressons de plus en plus à des personnes qui ignorent
la personne même de Jésus et ne retiennent que les ‘jours chômés’
qu’ils obtiennent grâce à lui sans bien savoir à quoi ils correspondent.
Dans la continuité de l’annonce de la Bonne Nouvelle, nous devons reprendre
le kérygme à la base et réaffirmer des éléments qui nous paraissent évidents
et connus de tous alors que ce n’est pas le cas. « Alors que les
Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une
sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs,
folie pour les nations païennes. » (1Corinthiens 1,22-23) Nouveaux
‘saint Paul’, nous devons évangéliser aussi bien ceux qui cherchent
du merveilleux que ceux qui cherchent la sagesse. La Semaine Sainte qui
s’ouvre ce dimanche nous permet de nous ressourcer et de nous imprégner
de ce mystère d’amour d’un Dieu qui accepter de passer par notre mort
pour nous sauver.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
administrateur des paroisses de Nesle et Athies
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14 avril 2019
Paroisses Notre Dame de Nesle & sainte Radegonde
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n°1072 & 1073
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Note : le Concile de Trente (1545-1565) a eu le
mérite de vouloir unifier le rite catholique romain autant dans le calendrier
liturgique que dans la célébration des Sacrements. Dans cet esprit, pour
souligner l’importance du Saint Jour de Pâques, trois dimanches (Septuagésime,
Sexagésime et Quinquagésime) préparaient le mercredi des Cendres ;
le premier dimanche était l’entrée en Carême (Quadragésime). Le dimanche
des Rameaux inaugurait la Semaine Sainte et le dimanche de la Passion
était célébré le cinquième dimanche de Carême. L’aggiornamento liturgique
à la suite du Concile Vatican II (1963-1965) a préféré que ces deux événements
de la vie de Jésus soient regroupés pour ouvrir la Semaine Sainte.
Signes de liesse
Les pauvres petites branches de buis, même si elles sont apportées par
brassés entières, n’ont rien de commun avec les palmes tressées qui sont
utilisées par les habitants de Jérusalem. Aujourd’hui encore dans les
pays où cela est possible, les chrétiens tressent des palmes avec des
fleurs et des rubans pendant le temps de carême afin d’acclamer l’entrée
du Seigneur en agitant ces symboles magnifiques aux couleurs chatoyantes
dans le but de manifester la joie.
Ce sont les disciples de Jésus qui l’acclament en rappelant les miracles
qu’il a fait. Pour eux, l’entrée à Jérusalem est la manifestation ultime :
le Seigneur va se révéler, il EST le roi de gloire promis par les prophètes
et les Psaumes ; il va enfin montrer à tous qu’il est le roi légitime
entrant dans la capitale de David. La parade triomphante n’est qu’un avant-goût
des événements qui vont établir le Christ sur son trône. Ils ne peuvent
pas imaginer que ce défilé va entraîner la décision de faire supprimer
par les romains celui qui n’est considéré que comme un agitateur par les
scribes et les pharisiens.
Les disciples n’ont pas compris l’avertissement de leur maître :
« Voici que nous montons à Jérusalem, et que va s’accomplir tout
ce qui a été écrit par les prophètes sur le Fils de l’homme. En effet,
il sera livré aux nations païennes, accablé de moqueries, maltraité, couvert
de crachats ; après l’avoir flagellé, on le tuera et, le troisième
jour, il ressuscitera. » (Luc 18,31-33). Remplis de joie à la
vue de l’accueil des pèlerins et des habitants de Jérusalem, ils n’ont
dans l’esprit que les paroles du Psaume 23[24] : « Portes,
levez vos frontons, levez-les, portes éternelles qu'il entre, le roi de
gloire ! Qui donc est ce roi de gloire ? C'est le Seigneur, Dieu de
l'univers ; c’est lui, le roi de gloire. » (vv.9-10)
Ainsi sommes-nous : nous préférons voir la Gloire du Christ, comme
Dieu-le-Fils, et nous repoussons l’idée que le Fils de l’homme pût souffrir.
Pourtant les deux natures sont inséparables et l’obéissance du Fils jusqu’à
la mort humaine sur la Croix entraîne sa glorification par le Père (cf.
Philippiens 2) : « Et maintenant, glorifie-moi auprès de
toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. »
(Jean 17,5)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
Un coq chanta !
Dès que Pierre a renié pour la troisième fois son appartenance au groupe
d’hommes qui suivaient Jésus, un coq chante et lui rappelle les paroles
que Jésus lui a dites : « Le coq ne chantera pas aujourd’hui
avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. » (22,34).
Le regard que Jésus pose alors sur lui n’en est que plus difficile à soutenir
puisqu’il met en évidence la trahison annoncée.
A Jérusalem, il n’est pas surprenant qu’un coq chante, mais la scène
se situe en pleine nuit et celui-ci lance son ‘cocorico’ alors
même que « Pierre parlait encore » (v.22,60) ! Il
ne s’agit donc pas d’une coïncidence mais c’est un signe de pardon que
le Seigneur envoie à l’Apôtre qui a reçu les « clefs du Royaume »
(Matthieu 16,19) pour la mission qui lui est confiée : « Mais
j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu
seras revenu, affermis tes frères. » (v.22,32)
La notoriété du coq vient de son rôle de héraut de l’aube nouvelle :
chaque jour cet animal annonce les premières lueurs de l’aurore. Dans
la relecture de foi des événements, les quatre évangélistes voient dans
l’anomalie d’un coq qui chante dans la nuit, le début de la lumière nouvelle
telle qu’elle a été annoncée : « En lui était la vie, et
la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres,
et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » (Jean 1,4-5) ; « Quand
nous visite l’astre d’en haut, pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres
et l’ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix. »
(Luc 1,78-79) ; « Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais
à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne
gloire à ton peuple Israël. » (Luc 2,30-32)
Maintenant, il nous est demandé de voir dans le récit de la Passion de
Notre Seigneur le début de l’ère nouvelle : celle du pardon et de
l’annoncer autour de nous, d’être les coqs qui annoncent la Lumière dans
un monde encore assujetti aux ténèbres : « Que votre lumière
brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien,
ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Matthieu
5,16)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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10 avril 2022
Paroisses Notre Dame de Nesle & sainte Radegonde
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n°1267
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Deux en un !
Dans la liturgie issue du Concile de Trente (1545-1565), les célébrations
de la Passion et des Rameaux étaient étalées sur deux semaines différentes :
le Dimanche de la Passion était situé à la place du cinquième dimanche
de Carême et la solennité des Rameaux était une semaine avant Pâques.
Lors l’élaboration des documents préparatoires au Concile Vatican I (1870)
un travail sur la liturgie avait déjà été envisagé mais n’avait pas pu
être mis en délibération par les évêques du fait de la guerre franco-prussienne
qui avait suspendu les travaux du Concile.
Pendant le siècle qui a suivi les évêques ont tout le temps nécessaire
pour faire des remarques quant à la Liturgie du diocèse de Rome imposée
au monde entier par saint Pie V (1566-1572) à la suite du Concile de Trente
(Constitution ‘Quo Primum’ du 14 juillet 1570) C’est pourquoi le
document ‘Sacrosanctum Concilium’ sur la sainte Liturgie a été
le premier document élaboré par le Concile Vatican II et publié le 4 décembre
1963 dès la fin de la première session.
Dans le souci de remettre le Sacrifice Pascal au centre de la foi des
croyants et de la pratique de l’Eglise, l’accent a été mis sur la Semaine
Sainte. Déjà Pie XII (1939-1958) avait restauré la Vigile Pascale (décret
‘Dominicae Ressurectionis’ 9 février 1951) la congrégation des
Rites et de la Liturgie a continué dans cette voie et a voulu respecter
une chronologie plus proche de la réalité vécue par le Christ.
Ainsi l’entrée triomphale à Jérusalem est inséparable de la Passion,
les mêmes foules acclamant leur Roi, une fois positivement en agitant
les Rameaux dans la liesse, une seconde fois négativement en réclamant
sa mort.
La Liturgie en célébrant ces deux événements le même jour nous demande
de considérer notre propre attitude devant le Seigneur : le reconnaissons-nous
comme Roi éternel ou comme un événement du passé ayant besoin d’être actualisé
ou remis au goût du jour ? Ses préceptes sont-ils au centre de notre
vie ou accessoires ?
C’est bien la conclusion d’une démarche de Carême et une ouverture vers
le Mystère de la Rédemption.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& Modérateur de Sainte Radegonde
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