12 avril 2003
Forces Armées de Guyane
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Inconstance
Quel contraste entre les deux passages de l’Evangile qui nous sont proposés
par la liturgie de ce dimanche ! D’un côté une acclamation, semble-t-il
unanime, de tous les habitants de Jérusalem et les pèlerins venus pour
la Grande Fête et de l’autre l’abandon total, y compris des proches de
Jésus et même de ses Apôtres. saint Marc, que nous lisons cette année
ne parle pas des personnes au pied de la croix, il précise au contraire
que les femmes regardent de loin .
Il serait facile de jeter la pierre à cette foule aussi inconstante dans
ses admirations, mais ce serait oublier l’histoire du peuple de Dieu où
se succèdent moment de ferveur et instants d’incroyance et de refus. Ce
serait aussi oublier l’histoire de l’Eglise où se sont aussi mêlés piété
et superstition, inspiration et obscurantisme, foi et apostasie... Et,
si nous nous intéressons aux personnes, dans la vie de tout croyant se
suivent périodes de dévotion et d’indifférence.
La pointe de la liturgie d’aujourd’hui est dans cette juxtaposition de
ces deux textes. Elle nous signifie que nous sommes présents à cette messe
pour adorer notre Seigneur et communier à son Corps dans la foi, l’espérance
et la charité, que, même si dans notre vie quotidienne nous nous écartons
de ces vertus cardinales, le sacrifice du Christ et son dénuement total
nous donne le pardon et nous rétablit dans notre dignité d’homme à part
entière, fils et filles de Dieu, tels que Dieu nous a voulus dans sa Création.
Cet accès à la dernière semaine de Carême nous invite à offrir au Seigneur
non seulement les pauvres efforts que nous avons pu faire, mais aussi
nos échecs, nos culpabilités, nos soucis et nos peines. Nos efforts seront
davantage du côté de l’acclamation de l’entrée à Jérusalem Céleste, le
reste sera davantage du côté de l’abandon voire du mépris manifesté au
Christ en croix.
Il ne s’agit ni de se gonfler ni de se dévaluer, notre salut est d’être
nous-mêmes simplement : « Dieu ne juge pas selon les apparences,
mais il voit le coeur » Je me présente au Seigneur tel que je
suis et c’est lui qui fait de moi un être ressuscité.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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12 avril 2009
Brigade Franco-Allemande
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Accepter le pardon
Lire dans la même célébration l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem
et le récit de la Passion présente un résumé du mystère de Jésus, Fils
Unique de Dieu ; à la fois acclamé par des foules, admiré, recherché
mais peu de temps après hué, vilipendé et rejeté.
La similitude et l’opposition entre les deux Apôtres Judas et Pierre
sont instructives pour nous.
Au point de vue de la similitude : Tous les deux vont trahir Jésus,
le premier trahit Jésus en le vendant aux grands prêtres et en le désignant
à ceux qui viennent pour l’arrêter par un baiser. Le second refuse par
trois fois de reconnaître qu’il fait partie de ses disciples, malgré les
allégations qu’il avait faites de ne jamais abandonner Jésus, même au
risque de sa vie.
Au point de vue de l’opposition, Judas croyait peut-être qu’une rencontre
entre les grands prêtres et Jésus lèverait les incompréhensions et que
ceux-ci se rallieraient au message de la Bonne Nouvelle ; mais s’apercevant
que Jésus est livré à la vindicte populaire et à la mort infamante de
la croix, il va se suicider, ne pensant pas un seul instant qu’un pardon
est possible. Au contraire Pierre va accepter le pardon de Jésus ressuscité
lorsqu’ils sont au bord du lac et que Jésus lui demande par trois fois :
« Pierre, m’aimes-tu ? »
L’enseignement qui nous est donné par cette comparaison est que le refus
du pardon conduit à la désespérance. Le Christ a donné sa vie pour que
les péchés soient pardonnés. Ne pas croire que le pardon est possible
est une négation du sacrifice du Fils de Dieu et donc une négation totale
de la foi.
La Semaine Sainte qui s’ouvre n’est pas une méditation négative sur la
souffrance mais une révélation de l’amour du Père qui va jusqu’au bout.
Vivons donc quotidiennement comme des hommes et des femmes pardonnés.
Père JeanPaul Bouvier
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1er avril 2012
Fort Neuf de Vincennes
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Blasphème !
En pleine nuit, le Sanhédrin se réunit pour juger Jésus. Ils agissent
dans l’urgence, il ne faut pas – à leurs yeux – que les disciples de cet
homme aient le temps de rameuter la foule qui a acclamé Jésus à son entrée
dans Jérusalem ; il faut donc agir le plus vite possible quitte à
donner du crédit à de faux-témoignages.
Lorsque le Grand-Prêtre lui demande s’il est le Messie, le Fils du Dieu
béni, il utilise une périphrase, il parle du Dieu Béni puisque le Nom
de Dieu, YHWH (= JE SUIS !) Le Nom qui a été donné à Moïse ne doit
pas être prononcé. Seul le Grand-Prêtre connaît la prononciation de ce
Nom qui est transmis de Grand-Prêtre à Grand-Prêtre. Jésus lui répond
non seulement par la citation du prophète Daniel : « vous
verrez le Fils de l’homme siège à la droite du Tout-Puissant et venir
parmi les nuées du ciel. » (7,13) mais il fait précéder cette
phrase de ce qui semble être l’affirmation « Je suis ! »
mais en fait Il prononce le Nom de Dieu. Le Grand-Prêtre, effrayé que
ce Nom soit prononcé en dehors du Saint des saints et par un homme qu’il
pense être un homme ordinaire, déchire alors ses vêtements et crie au
blasphème.
Les membres du Sanhédrin n’ont pas compris l’importance de la réponse
de Jésus, ils pensent qu’il est blasphémateur en s’appropriant la prophétie
et ils réclament la mort. La mise à mort d’un blasphémateur, dans la Loi
juive, est la lapidation. Le grand Conseil se réunit tôt le matin et décide
de livrer Jésus à Pilate, sans doute par peur que les juifs ne lapident
pas Jésus ou bien que ce dernier harangue et convertisse la foule, il
vaut donc mieux le dénoncer comme émeutier au procurateur, la mort sera
donnée par les romains qui ne comprennent pas la langue de Jésus et ce
sera la mort infamante de la Croix réservée aux esclaves et aux agitateurs !
Si Pilate essaie de sauver Jésus, il est facile de noyauter une foule
pour lui faire crier ce que le grand conseil désire, même au prix de la
libération d’un criminel…
Jésus meurt sur la croix, entouré de romains, n’ayant devant lui que
sa mère et le ‘disciple qu’il aimait’, à la neuvième heure (vers
15 heures) au moment même où, dans le Temple les prêtres sacrifient l’agneau
pour la grande fête de la Pâque. Les ténèbres ont envahi Jérusalem et
« le Rideau du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en
bas. »
Aujourd’hui, dans nos vies, les ténèbres semblent quelquefois gagner
et nous avons une impression de vide comme au jour de la Crucifixion et
avec Jésus nous disons : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu
abandonné ? » Ce n’est qu’un passage : la mort du Christ
appelle la Résurrection ! Nous redisons avec confiance l’acte d’espérance
de l’Eglise : « Mon Dieu, J'espère avec une ferme confiance
que vous me donnerez, par les mérites de Jésus-Christ votre grâce en ce
monde et le bonheur éternel dans l'autre, parce que vous l'avez promis
et que vous êtes bon et fidèle dans vos promesses. »
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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29 mars 2015
n°810
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Eviter des troubles dans le peuple
Les prêtres et les scribes sont guidés par la peur face à la personne
de Jésus.
Ils ont peur que les romains qui occupent la Palestine ne soient indisposés
par la prédication de cet homme qui annonce l’avènement d’un Royaume et
qui entraîne derrière lui des foules nombreuses qui l’acclament comme
le successeur de David, le roi du ‘Grand Israël’. Le procurateur
romain se verrait dans l’obligation d’engager des représailles qui pourraient
aller jusqu’à la destruction de Jérusalem et du Temple.
Ils ont également peur de s’opposer ouvertement à Jésus et de le condamner
eux-mêmes parce qu’il dynamise les foules par les miracles qu’il accomplit
mais aussi par la profondeur et la véracité de ses paroles : « On
était frappé par son enseignement car sa parole était pleine d’autorité. »
(Luc 4,32) Les pharisiens, prêtres et les scribes ont essayé de déconsidérer
la prédication de Jésus aux yeux de la foule soit en l’opposant à la foi
juive : « Il n’expulse les démons que par Béelzéboul, le
chef des démons. » (Matthieu 12,24) soit en l’opposant à l’occupant
romain : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à
César, l’empereur ? Devons-nous payer, oui ou non ? »
(Marc 12,14) A chaque fois, Jésus retourne leur piège contre eux.
Ces peurs obscurcissent leur jugement ; les prêtres, scribes et
pharisiens craignent de perdre leurs habitudes, leur confort matériel
et spirituel, leur identité. Ils sont prêts à tout pour garder leur société
telle qu’elle est même s’il faut aller jusqu’à la suppression de Jésus
qui menace leur tranquillité. Devant le Sanhédrin, le grand-prêtre ne
dit-il pas : « Vous ne voyez pas quel est votre intérêt :
il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble
de la nation ne périsse pas. » (Jean 11,50)
La foule enthousiaste acclame Jésus dans la liesse en criant : « Hosanna
au fils de David ! » mais qui peu de temps après elle exige
sa mort auprès du procurateur Pilate : « Crucifie-le ! ».
Aveuglés par leur crainte, les juifs, manipulés par les prêtres, oublient
un des fondements de l’Alliance : seul Dieu est le roi d’Israël :
« Les grands prêtres répondirent : « Nous n’avons pas
d’autre roi que l’empereur. » Jean 19,15)
Au moment où nous allons célébrer l’entrée de Jésus dans Jérusalem, il
nous est bon de réfléchir sur nos propres attitudes : cette acclamation
de joie ne doit pas être suivie par un abandon des principes de notre
foi. Le rappel de la versatilité des pèlerins venus à Jérusalem pour célébrer
la Pâque doit nous inviter à regarder sans concession notre propre vie
dans laquelle, nous aussi, nous avons des périodes d’exaltations et des
temps de reniements. Cette méditation est une demande pour avoir la Grâce
de Dieu afin que nous restions dans la voie qu’il nous montre.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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25 mars 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°999
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Le baiser de Judas
Le nom de Judas apparaît dans la liste des Apôtres donnée par les trois
évangiles synoptiques (il n’y a pas de liste d’Apôtres dans le IVème
évangile). Il a donc été un témoin privilégié de toute la prédication
de Jésus, y compris les explications réservées aux ‘Douze’ (cf.
Matthieu 13,36). Il a vu les miracles accomplis. Il est même présent lors
de la Cène (sauf dans l’évangile de saint Jean).
Saint Jean le présente sous un jour particulièrement défavorable en supposant
une cupidité éventuelle lorsque Marie de Béthanie renverse un parfum de
prix sur les pieds de Jésus et les essuie avec ses cheveux : « Judas
Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors :
‘Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent,
que l’on aurait données à des pauvres ?’ Il parla ainsi, non par
souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur : comme il tenait
la bourse commune, il prenait ce que l’on y mettait. » (Jean
12,4-6) Nulle trace de cette présomption chez les autres évangélistes.
Est-ce seulement l’appât de ces trente pièces d’argent – le salaire d’un
ouvrier agricole pendant un mois (cf. Matthieu 20,9) – qui pousse Judas
à trahir celui qu’il a suivi avec espérance depuis plusieurs années ?
Il savait pourtant que les grands-prêtres cherchaient à faire mourir Jésus.
Pourquoi la surprise et ce revirement lorsque Jésus est livré aux Romains
pour être mis à mort ? Il aurait dû s’y attendre alors qu’il accuse
les prêtres d’avoir livré un innocent ! (cf. Matthieu 27,4)
Peut-être y a-t-il une autre motivation dans l’esprit
de Judas… Ayant entendu l’enseignement de Jésus, il est persuadé que cet
homme est réellement le Messie attendu par Israël, l’Elu de Dieu, comme
David, pour restaurer le Royaume de Dieu sur terre. Si les grands-prêtres
avaient l’occasion d’écouter ce qu’il a dire, ils se convertiraient forcément
et seraient de ses disciples les plus acharnés. Jésus lui semble être
trop timoré pour aller parler directement à Caïphe et au Sanhédrin, Judas
décide de forcer la main à Jésus, en le livrant, il l’oblige à leur révéler
la puissance de Dieu qui est en lui ! Devant l’échec de ce qu’il
pensait être une mission divine, il perd toute espérance en cet homme
et dans la fidélité de Dieu envers son peuple, il n’a plus qu’à aller
se pendre… S’il avait attendu 72 heures, il aurait vu a Gloire du Seigneur…
Cette hypothèse – osée – est quand même une leçon pour chacun d’entre
nous. Combien de fois, croyant bien faire, pensant être investis par un
message personnel de Dieu, nous tombons à côté de ce que nous désirions
et les conséquences peuvent nous démoraliser. Contrairement à Judas, nous
devons garder espérance en Dieu, comme Joseph le rappelle à ses frères :
« Vous aviez voulu me faire du mal, Dieu a voulu le changer en
bien. » (Genèse 50,20)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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28 mars 2021
Paroisses Nesle & Athies
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n°1207
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Obéissance confiante
« Il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité
à l’égal de Dieu ! »
Ainsi en est-il du chrétien, quel que soit sa qualité, son intelligence,
ses connaissances, il ne doit pas s’arroger le droit d’être traité de
façon différente des autres hommes et femmes ; se prévaloir des dons
qu’il a reçus pour dominer les autres et les rabaisser ne saurait être
un comportement compatible avec l’Evangile.
Toutefois il ne faut pas confondre humilité et humiliation ! L’humilité
est une vertu qui met en lumière les limites de chacun et ses propres
faiblesses tout en restant sauve la reconnaissance de toutes ses qualités
et de ses dons ; l’humiliation consiste à rabaisser sciemment une
personne ou soi-même de façon à mettre cet autre dans un état d’infériorité
et de dépendance. Dieu veut que l’Homme soit debout, fier de sa condition
humaine et non prosterné ou courbé. Cette volonté de Dieu est marquée
dès le commencement lors de la Création du monde : « Dieu
créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme
il le créa. Dieu les bénit et leur dit: "Soyez féconds, multipliez,
emplissez la terre et soumettez-la. » (Genèse 1,2-28) et pour
le sauver il envoie son propre Fils : « Et le Verbe s'est
fait chair et il a campé parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire,
gloire qu'il tient du Père comme Unique-Engendré, plein de grâce et de
vérité » (Jean 1,14)
S’il n’y a pas lieu d’humilier l’homme et la femme, ‘image de Dieu’
chaque homme et chaque femme doit avoir l’humilité de rendre grâce pour
ce qu’ils sont avec l’émerveillement du psalmiste : « Qu'est-ce que l'homme, pour que tu le connaisses,
Seigneur, le fils de l'homme, pour que tu comptes avec lui ? » (Psaume 143,3)
Cela entraîne la reconnaissance que
l’autre est : une personne humaine aimée du Père, sauvée par le Fils
et inspirée par l’Esprit Saint. Le regard que je porte sur mon prochain
est donc radicalement changé, je ne suis pas en ‘concurrence’ avec
lui mais dans une même communion : c’est un frère – une sœur – de
qui je dois me préoccuper. L’exemple du Christ qui, à la veille de sa
Passion, lave les pieds de ses disciples doit toujours rester dans la
mémoire du chrétien suivant la demande même de Jésus : « Car
c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi,
comme moi j'ai fait pour vous. » (Jean 13,15)
C’est dans ce don de soi, dans l’obéissance
et la confiance faite au Père que le Fils est glorifié. Il nous ouvre
le chemin de l’humilité pour que nous soyons avec lui.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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24 mars 2024
Maison Marie-Thérèse
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n°1374
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Christ, maître de la vie
Ce dimanche est particulier dans son déroulement. En effet il contient
deux événements aussi importants l’un que l’autre : le récit de l’entrée
triomphale à Jérusalem d’une part et la totalité de la lecture de la Passion
d’autre part. Les faits, les lieux, les personnes sont si nombreuses qu’il
est facile de perdre le fil de la narration. Il faut relire plusieurs
fois les textes pour en avoir une véritable vue d’ensemble, la lecture
complète évitera qu’un seul détail soit manquant.
Toutefois un élément semble marquer cette entrée dans Jérusalem, il s’agit
de la discrétion avec laquelle tout a été préparé. Ainsi pour marquer
les foules et accomplir la prophétie : « Exulte de toutes
tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem !
Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre
et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse. » (Zacharie
9,9) Jésus envoie deux de ses disciples chercher un ânon déposé de toute
évidence à l’entrée de ce village à son intention par un homme favorable
à Jésus ; une sorte de mot de passe donné par Jésus lui-même :
« Le Seigneur en a besoin » suffit à justifier l’emprunt
de l’animal.
De même pour la salle du repas de Pâque, c’est un homme portant une cruche
d’eau qui vient à la rencontre des deux disciples envoyés par Jésus (cf.
Marc 14,13) C’est un signe de reconnaissance radical : aucun israélite
effectuerait un tel travail de femme il les conduit jusqu’à une salle
qui a déjà été toute préparée, aménagée d’avance pour le repas pascal
dans doute aussi par un homme sympathisant mais désirant rester anonyme.
Pourquoi tant de discrétion et de mystère ? L’évangéliste sous l’action
de l’Esprit Saint montre que Dieu le Fils est le maitre des événements,
il ne subit pas. Dans le IVème évangile Jésus lui-même explique :
« [Ma vie] Nul ne peut me
l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner,
j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement
que j’ai reçu de mon Père. » (Jean 10,18) Il a choisi de tout
préparer pour se conformer à la volonté du Père. L’angoisse qu’il éprouve
au jardin de Gethsémani n’enlève rien à sa volonté d’offrir sa vie pour
le salut du monde, cela aussi il l’accepte pour que le sacrifice soit
complet. Il ne regimbe pas lors de l’arrestation : c’est le règne
des ténèbres, il fait simplement remarquer la lâcheté de ceux qui envoient
cette troupe pour agir ainsi alors que tous les jours il enseignait dans
le Temple.
Au seuil de la Semaine Sainte ces deux évangiles nous montrent le peu
de constance des hommes. Comme pendant l’Exode le peuple de Dieu passe
de la louange à la récrimination ; à Jérusalem de l’acclamation « Hosanna
au plus haut des cieux ! » à « Crucifie-le ! »
Une image de ce que chacun de nous ressent. Prions les uns pour les autres
afin que la méditation des jours saints permette que l’on dise de nous
ce qui est dit du disciple que Jésus aimait : « Il vit et
il crut ! » (Cf. Jean 20,8)
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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