21 mars 1999
Lycée Militaire d'Autun
n° 76
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La nouvelle Alliance ; Introduction à la semaine
Sainte
Chaque dimanche nous célébrons la résurrection
du Seigneur, chaque dimanche nous reprenons les gestes et les paroles
de Jésus au soir du Jeudi Saint. Nous le faisons "en mémoire
de lui ", comme il nous l'a demandé.
Mais pour bien comprendre ces gestes et pour saisir la portée
de ces paroles, il est bon de faire un pèlerinage aux sources.
La communauté chrétienne de Jérusalem, au IIème
siècle, est la première à avoir voulu reprendre,
au jour le jour, ce chemin douloureux et glorieux accompli par Jésus
durant les derniers jours de sa vie au milieu des siens. C'est à
Jérusalem que sont nées les grandes étapes de la
Semaine Sainte, celles que nous célébrons chaque année
comme la source et le sommet de notre foi.
Merveille de la liturgie. Elle ne nous livre pas le discours d'un
professeur de théologie, elle nous enseigne par la vie et nous
donne à contempler l'œuvre accomplie par Jésus Christ.
Avec la Semaine Sainte nous voici au cœur du mystère chrétien.
Où donc ont puisé la vérité de leur témoignage
"les saints et les saintes de Dieu dont la vie et la mort ont crié
Jésus Christ sur les routes du monde " ? N'est-ce pas dans
la certitude d'être associés à ce mystère de
la résurrection du Seigneur ? Ils ont voulu, eux aussi, prendre
leur part de cette nouvelle Alliance conclue dans le sang du Christ. Ils
ont vécu les événements de leur histoire à
la lumière de sa Pâque. Ils ont été solidaires
de tous leurs frères jusque dans leurs souffrances et dans leurs
joies.
Comme Jésus qui a aimé les siens jusqu'au bout, et qui
a donné sa vie en sacrifice d'Alliance, eux aussi ont tout donné
"pour que les hommes aient la vie et qu'ils l'aient en abondance
" (Jn 10,10).
Il nous revient, à nous chrétiens, de faire de notre
vie une Pâque et de marcher ainsi sur les pas du Seigneur.
Père Philippe Béguerie
Prêtre du diocèse de Paris
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17 mars 2002
Forces Armées de Guyane
n° 138
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"Déliez-le et laissez-le aller"
Dans beaucoup de civilisations, la personne qui sauve la vie d'un autre
possède cette vie et le rescapé devient entièrement
dévoué à son sauveteur.
Rien de tel avec Dieu ! Le récit de la réanimation de Lazare
en est une illustration : une fois le miracle accompli, Jésus a
cette phrase sibylline pour montrer qu'il n'exige pas de Lazare ou de
sa famille la moindre reconnaissance, Lazare doit retrouver sa liberté
d'homme.
En effet, il ne s'agissait pas de faire un zombi ou un mort-vivant ou
un fantôme, mais bien de rendre à son ami une vie d'homme
avec toute la liberté que cela implique. Lui qui avait été
dans les liens de la mort, dans l'impossibilité de se déplacer,
redevient libre et responsable de ses gestes et de ses mouvements.
Les juifs qui étaient présents pour entourer Marthe et
Marie dans leur deuil ont cru en Jésus grâce à ce
miracle, mais, comme l'indique la parabole du semeur, la semence est tombée
dans les buissons et ils ne s'opposeront pas à l'arrestation et
la mort du Christ.
Ainsi en est-il pour nous-mêmes. Nous voyons tous les jours ce
que Dieu fait pour les hommes, nous avons la certitude que le sacrifice
du Christ nous a rachetés de la mort et nous ouvre la vie éternelle,
seule vie d'homme, mais souvent les soucis de la vie quotidienne nous
empêchent de témoigner du don qui nous est fait.
Dans quinze jours, nous fêterons, non pas la réanimation
d'un homme, mais la résurrection du Fils de Dieu, libérant
définitivement l'homme de la mort, que ce soit, pour nous, une
occasion de manifester notre attachement au Christ et de montrer que nous
vivons comme des gens qui sommes déjà ressuscités.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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9 mars 2008
Brigade Franco-Allemande
n° 362
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De profondis !
La liturgie catholique nous propose dans ce 5ème dimanche de Carême la
lecture (ou le chant) d’une partie du Psaume 129 (appelé d’après les deux
premiers mots latins ‘De profondis’) entre les deux premières lectures.
Ce Psaume est souvent associé à l’idée d’enterrement car il est fréquemment
pris comme méditation ou lors de l’encensement du corps.
Toutefois, il ne faudrait pas le considérer comme un chant écrit et réservé
aux célébrations mortuaires, c’est avant tout une hymne d’espoir et de
confiance dans le Seigneur. Ainsi le dernier couplet nous invite à nous
abandonner dans l’amour de Dieu :
Oui, près du Seigneur est l'amour ; près de lui
abonde le rachat.
C'est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes
Dans ce temps de Carême, il nous est demandé de chercher à retrouver
le chemin qui mène vers le Père par le Fils dans l’Esprit ; et en
particulier de regarder nos péchés avec franchise et lucidité pour les
présenter au pardon par le ministère de l’Eglise.
Beaucoup, même parmi les chrétiens fervents, se demandent pourquoi faire
appel à une tierce personne ; le dialogue honnête avec le Père ne
suffit-il pas ? La réponse est également dans le Psaume : nous
sommes dans les profondeurs, c’est à dire sans recul pour juger
de l’aspect peccamineux de nos fautes, le fait de les exposer avec les
circonstances précises à un homme permet de les remettre à une juste place,
plus grave ou plus futile que nous ne pouvions le penser de prime abord.
Un péché ne peut pas être une généralité c’est un événement de notre
vie, volontaire et précis. Les examens de conscience qui peuvent nous
aider ne sont que des pistes pour découvrir les instants de notre vie
où nous nous sommes obstinément séparé de la voie royale que le
Fils nous offre, lui qui nous a dit : ‘Je suis le chemin, la vérité
la vie’.
Dans cette dernière semaine avant la Semaine Sainte laissons résonner
en nous les paroles du psalmiste : ‘Mon âme attend le Seigneur
plus qu'un veilleur ne guette l'aurore.’
Père JeanPaul Bouvier
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Fort Neuf de Vincennes
n° 529
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Jésus pleura
‘Jésus aimait Marthe et sa sœur’ écrit saint Jean. L’homme Jésus
avait un cercle de familiers avec lesquels il aimait partager un moment
d’amitié, comme en d’autres occasions il aimait prendre des temps de solitude
avec son Père, l’un n’excluant pas l’autre. Cela est différent du précepte
qu’il donne comme le seul commandement : « aimez-vous les
uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13,34 et 15,12)
C’est dans le cadre de cette amitié sincère que Jésus est « bouleversé
d’une émotion profonde » non pas à cause de la mort de ce dernier
mais en constatant la douleur réelle manifestée par les larmes de Marie
qu’entraîne ce décès. Pourtant Marthe avait affirmé sa foi en la résurrection :
« Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour ! »
L’affliction de ces femmes pleurant leur frère vient de la séparation
et non pas d’un manque d’espérance. Loin de condamner cette attitude en
expliquant qu’il est venu pour sauver l’humanité, Jésus participe à cette
souffrance par les larmes qu’il verse devant le tombeau.
Les deux sœurs ont tellement foi en Jésus qu’elles lui disent toutes
les deux l’une après l’autre dès qu’elles sont en sa présence : « Seigneur,
si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » Ce n’est
pas un reproche qu’elles lui font mais une simple constatation, elles
croient fermement que Jésus est envoyé par le Père.
Ce passage est pour nous un réconfort lorsque nous perdons un être cher,
parent ou ami, nous souffrons de la séparation, la foi en la résurrection
est alors une aide qui nous est donnée par Dieu pour vivre cette situation
d’absence, ce n’est pas une consolation : la peine demeure malgré
l’espérance sinon ce ne serait qu’un fatalisme incompatible avec la conviction
chrétienne. Comme Marthe et Marie, nous n’avons pas à reprocher telle
ou telle mort qui nous paraît injuste, mais faire confiance au Christ
Rédempteur.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
Lazare, viens dehors !
Jésus pleure en constatant la détresse de ses amies, Marthe et Marie,
et de la foule venue pour les soutenir dans cette épreuve du deuil ;
puis il demande à aller au tombeau de Lazare, l’ayant fait ouvrir malgré
les réticences de la pragmatique Marthe, il rend grâce au Père qui l’exauce
toujours.
« Après cela, il cria d’une voix forte : ‘Lazare, viens
dehors !’ » Cela n’est pas sans rappeler le premier récit
de la Création (cf. Genèse ch.1) où l’expression « Dieu dit […]
et il en fut ainsi » revient à chaque étape de la formation de
l’univers. De cette façon, Jésus montre qu’il est la source de la Vie
comme il vient de l’affirmer à Marthe. La parole efficace de Dieu lors
de la Création se montre ici par l’apostrophe lancée au corps sans vie
de son ami Lazare.
Saint Jean écrit tout son évangile dans la lignée de son prologue :
« Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu
et le Verbe était Dieu. » (Jean 1,1) et aussi : « Tout
fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie »
(Jean1,3-4a) Le Fils venu dans la chair est la Parole efficace de la Création
et il le manifeste dans la façon de ressusciter Lazare uniquement en donnant
un ordre. A ce titre, ce passage est une véritable théophanie,
manifestation de Dieu, comme le sont également les récits du Baptême
ou de la Transfiguration.
Le récit de la résurrection de Lazare dépasse largement le fait de redonner
la vie à quelqu’un qui était mort, saint Jean relate cet événement pour
affirmer à tous ceux qui se revendiqueront du nom de chrétien : l’homme
Jésus est l’incarnation du Fils éternel, égal au Père dans l’Esprit. Tout
est dit dans cette profession de foi de l’évangéliste, bien avant d’être
mise en forme par les Conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381)
Aujourd’hui, nous retrouvons ces paroles efficaces de création dans celles
qui ont été confiées aux Apôtres et qui nous sont transmises par la tradition
apostolique, d’une part de façon privilégiée dans les paroles de la consécration
entraînant la transsubstantiation du pain et du vin en Corps et Sang du
Christ qui nous amènent d’autre part à pouvoir dire ces autres paroles
enseignées par le Christ comme prière essentielle : ‘Notre Père’.
Le Christ dit à chacun d’entre nous : « Viens dehors ! »
il nous invite à quitter ce qui nous sert de tombeaux et qui nous éloigne
de la vie évangélique, nous savons que cette parole est efficace mais
nous faisons la sourde oreille alors que nous devrions être comme le psalmiste :
« Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur de guette l’aurore. »
(Psaume 129)
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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6 avril 2014
Secteur Vermandois
n° 741
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Si tu avais été là…
Cette phrase dite par Marthe (11,21) puis un peu plus tard par Marie
(11,32) semble porter un ton de reproche. N’avaient-elles pas averti le
Maître que son ami était gravement malade ? Lui qui a guéri un grand
nombre de malades et d’infirmes n’aurait-il pas dû venir toutes affaires
cessantes pour sauver son ami de l’issue fatale ? Il aurait dû !..
Dans le dialogue qu’elle entretient avec Jésus, Marthe répond à ses questions
en affirmant sa foi en la résurrection : « Je sais qu'il
[Lazare] ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. » (11,24)
et sa confiance envers Jésus : « Seigneur, tu es le Messie,
je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. »
(11,27) Marie n’argumente pas avec Jésus : elle pleure.
L’attitude des deux sœurs correspond au récit de saint Luc (cf. Luc 10,38-42)
qui se passe dans leur maison. Marthe, l’ouvrière efficace qui s’était
mise au service matériel de Jésus, continue son rôle et lorsque Jésus
demande à ce que le tombeau soit ouvert, elle prévient : « Mais,
Seigneur, il sent déjà ; voilà quatre jours qu'il est là. » (11,39)
Marie, l’auditrice attentive qui écoutait chaque parole du ‘Rabbi’
assise à ses pieds, se sent désarçonnée par son absence lorsqu’elle et
sa sœur ont eu besoin de lui. Chacune avec son caractère propre a pourtant
le même reproche latent : « Seigneur, si tu avais été là,
mon frère ne serait pas mort. »
Jésus n’avait pas besoin d’être sur place pour guérir Lazare : il
a guéri le serviteur du Centurion qui lui disait : « Je ne
suis pas digne que tu entres dans ma maison : dit seulement une parole
et mon serviteur sera guéri. » (Matthieu 8,8) et le fils du fonctionnaire
à une journée de marche : « Va ton fils est guéri ! »
(Jean 4,50) Il a différé sa venue à Béthanie pour montrer à ses disciples
que : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est
pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié »
(11,4)
Ainsi en est-il pour nous : quel que soit notre caractère, nous
avons facilement tendance à dire aussi : « Si tu avais été
là… » rejetant l’échec de nos actions sur une absence supposée
du Christ et de son Esprit tout en restant conscients de l’iniquité de
cette supposition en raison des promesses qui nous été faites : « Vous
savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison
le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. »
(Luc 11,13) « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin
du monde. » (Matthieu 28,20)
Faisons confiance au Christ comme Marthe qui fait ouvrir le tombeau sur
la parole de Jésus. Ouvrons-nos nos tombeaux pour l’entendre nous dire :
« Viens dehors. »
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
L'évêque
dans Vatican II
Dimanche 6 avril 2014 Mgr Olivier Leborgne sera ordonné
évêque d’Amiens. Rappelons ce que dit le Concile Vatican II
20. Les évêques successeurs des apôtres
La mission divine confiée par le Christ aux apôtres est destinée à
durer jusqu'à la fin des siècles (cf. Matthieu 28,20), étant donné que
l'Evangile qu'ils doivent transmettre est pour l'Eglise principe de toute
sa vie, pour toute la durée du temps. C'est pourquoi les apôtres prirent
soin d'instituer dans cette société hiérarchiquement ordonnée, des successeurs.
En effet, ils n'eurent pas seulement dans leur ministère des auxiliaires
divers, mais, pour que la mission qui leur avait été confiée pût se continuer
après leur mort, ils donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs
immédiats d'achever leur tâche et d'affermir l'œuvre commencée par eux
, leur recommandant de prendre garde à tout le troupeau dans lequel l'Esprit-Saint
les avait institués pour paître l'Eglise de Dieu (cf. Actes 20,28). Ils
instituèrent donc des hommes de ce genre, et disposèrent par la suite
qu'après leur mort d'autres hommes éprouvés recueilleraient leur ministère.
Parmi les différents ministères qui s'exercent dans l'Eglise depuis les
premiers temps, la première place, au témoignage de la Tradition, appartient
à la fonction de ceux qui, établis dans l'épiscopat, dont la ligne se
continue depuis les origines , sont les sarments par lesquels se transmet
la semence apostolique . Ainsi, selon le témoignage de saint Irénée, la
Tradition apostolique se manifeste et se conserve dans le monde entier
par ceux que les apôtres ont faits évêques et par leurs successeurs jusqu'à
nous
Ainsi donc, les évêques ont reçu, pour l'exercer avec l'aide des prêtres
et des diacres, le ministère de la communauté. Ils président au nom et
en place de Dieu le troupeau dont ils sont les pasteurs, par le magistère
doctrinal, le sacerdoce du culte sacré, le ministère du gouvernement.
De même que la charge confiée personnellement par le Seigneur à Pierre,
le premier des apôtres, et destinée à être transmise à ses successeurs,
constitue une charge permanente, permanente est également la charge confiée
aux apôtres d'être les pasteurs de l'Eglise, charge dont l'ordre sacré
des évêques doit assurer la pérennité. C'est pourquoi le saint Concile
enseigne que les évêques, en vertu de l'institution divine, succèdent
aux apôtres, comme pasteurs de l'Eglise, en sorte que, qui les écoute,
écoute le Christ, qui les rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé
le Christ (cf. Luc 10,6)
21. La sacramentalité de l'épiscopat
Ainsi donc en la personne des évêques assistés des prêtres, c'est
le Seigneur Jésus-Christ, Pontife suprême, qui est présent au milieu des
croyants. Assis à la droite de Dieu le Père, il ne cesse d'être présent
à la communauté de ses pontifes. C'est par eux en tout premier lieu, par
leur service éminent, qu'il prêche la Parole de Dieu à toutes les nations
et administre continuellement aux croyants les sacrements de la foi ;
c'est par leur paternelle fonction (cf. 1 Corinthiens 4,15) qu'il intègre
à son Corps par la régénération surnaturelle des membres nouveaux ; c'est
enfin par leur sagesse et leur prudence qu'il dirige et oriente le peuple
du Nouveau Testament dans son pèlerinage vers l'éternelle béatitude. Ces
pasteurs, choisis pour paître le troupeau du Seigneur, sont les ministres
du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu (cf. 1 Corinthiens
4,1). A eux a été confiée la charge de rendre témoignage de l'Evangile
de la grâce de Dieu (cf. Romains 15,16 ; Actes 20,24) et d'exercer le
ministère glorieux de l'Esprit et de la justice (cf. 2 Corinthiens 3,8-9).
Pour remplir de si hautes charges, les apôtres furent enrichis par
le Christ d'une effusion de l'Esprit-Saint descendant sur eux (cf. Actes
1,8 ; 2,4 ; Jean 20,22-23) ; eux-mêmes, par l'imposition des mains, transmirent
à leurs collaborateurs le don spirituel (cf. 1Timothée 4,14 ; 2Timothée
1,6-7) qui s'est communiqué jusqu'à nous à travers la consécration épiscopale.
Le saint Concile enseigne que, par la consécration épiscopale, est conférée
la plénitude du sacrement de l'Ordre, que la coutume liturgique de l'Eglise
et la voix des saints Pères désignent en effet sous le nom de sacerdoce
suprême, de réalité totale du ministère sacré. La consécration épiscopale,
en même temps que la charge de sanctifier, confère aussi des charges d'enseigner
et de gouverner, lesquelles cependant, de par leur nature, ne peuvent
s'exercer que dans la communion hiérarchique avec le chef du collège et
ses membres. En effet, la Tradition qui s'exprime surtout par les rites
liturgiques et par l'usage de l'Eglise, tant orientale qu'occidentale,
montre à l'évidence que par l'imposition des mains et les paroles de la
consécration, la grâce de l'Esprit-Saint est donnée et le caractère sacré
imprimé , de telle sorte que les évêques, d'une façon éminente et visible,
tiennent la place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife et jouent
son rôle . Aux évêques, il revient d'introduire, par le sacrement de l'Ordre,
de nouveaux élus dans le corps épiscopal.
Constitution
dogmatique sur l’Eglise ‘Lumen Gentium’ 21 novembre 1964
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2 avril 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°930
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Celui que tu aimes
Les sœurs de Lazare, inquiètes de la dégradation de l’état de santé de
leur frère, envoient vers Jésus des messagers. Elles font confiance à
leur ami, elles savent que, s’il vient, il pourrait sauver Lazare comme
en témoigne le reproche que lui fait Marthe lorsqu’il arrive après la
mort de son frère : « Seigneur, si tu avais été ici, mon
frère ne serait pas mort. » (v. 21) Ce décès n’affecte pas la
foi de Marthe qui croit « à la résurrection, au dernier jour »
(v. 24) mais, comme beaucoup de croyants, elle aurait préféré profiter,
dans l’immédiat, de la présence de son frère en vie le plus longtemps
possible.
Dans le message qu’elles envoient à Jésus, les sœurs de Lazare le présentent
comme « Celui que tu aimes » (v.3) Cette expression rappelle
« le disciple que Jésus aimait » – qui n’est utilisée
que dans l’évangile de saint Jean. Ce disciple n’est pas Lazare mais le
propriétaire du Cénacle, la salle où Jésus célèbre la Pâque et où il offre
son Corps et son Sang « pour vous et pour la multitude »
en demandant aux Apôtres : « Vous ferez ceci en mémoire de
moi »
Ce parallélisme entre ces deux hommes distincts invite à s’interroger
afin de connaître quelles caractéristiques une personne doit posséder
pour être aimée de Jésus.
En premier lieu, nous sommes aimés par notre famille, parents et frères
et sœurs, l’éclaircissement vient de Jésus : « Voici ma mère
et mes frères. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux,
celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » (Matthieu
12,49b-50)
Ensuite viennent les personnes avec qui nous nous sentons bien, à qui
nous ne cachons rien ; ici encore Jésus donne la réponse : « Il
n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous
appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son
maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de
mon Père, je vous l’ai fait connaître. » (Jean 15,13-15)
L’appellation ‘celui que Jésus aime’ ne signifie pas que c’est
un préféré, aimé plus que tous les autres : Jésus est venu pour tous
les hommes et femmes, sans distinction : « telle est la volonté
de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a
donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. » (Jean 6,39)
A tous le Fils fait connaître l’amour du Père ; à tous le Père et
le Fils donnent le Saint Esprit.
A notre tour, configurés au Christ par le Baptême, nous annonçons l’amour
du Père, le sacrifice du Fils et le don de l’Esprit Saint. Pour être crédibles,
nous devons manifester notre attachement à Dieu : « A ceci,
tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de
l’amour les uns pour les autres. » (Jean 13,35)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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Chagrin et espérance
Marthe et Marie, les deux sœurs de Lazare, ont fait prévenir Jésus qui
s’était retiré en Galilée ; elles s’attendaient sans doute à ce que
leur ami se mette en route pour venir sauver leur frère comme il avait
guéri beaucoup d’autres personnes. Contrairement à ce qu’elles espéraient,
Jésus ne se précipite pas, Lazare meurt.
Dès qu’elles rencontrent Jésus, elles lui font toutes les deux exactement
le même reproche : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère
ne serait pas mort » Marthe d’abord en venant au-devant de lui
(v.21) puis Marie avertie par sa sœur (v.32). Aveuglées par la peine,
elles ne voient chacune que sa tristesse personnelle, elles ne disent
pas notre frère, elles disent mon frère ! Marthe l’active,
celle qui était au service (cf. Luc 10,40), affirme sa foi en la résurrection
des morts au dernier jour (v.24), mais cette espérance ne compense pas
le chagrin de la séparation d’un être cher.
Les deux sœurs pensaient que le statut d’ami jouerait en faveur de leur
frère, mais le Seigneur a dit : « Vous êtes mes amis si vous
faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car
le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle
mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait
connaître. » (Jean 15,14-15). La raison de ce miracle n’est pas
parce que Lazare est son ami, même si Jésus a beaucoup de compassion pour
la tristesse des personnes, c’est : « à cause de la foule
qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. »
(v.42)
A deux semaines de la fête de Pâques, les chrétiens constatent et méditent
les différences entre la réanimation de Lazare et la Résurrection du Christ.
La pierre qui ferme le tombeau doit être enlevée, les saintes femmes trouveront
celle du Saint Sépulcre roulée ; Lazare sort du tombeau, mais il
est empêtré dans les bandelettes mortuaires et le suaire dont il est nécessaire
de le délier par des personnes extérieures, Pierre et le disciple que
Jésus aimait trouveront ces linges à leur place : « En se
penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant
il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre
dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que
le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges,
mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui
qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. »
(Jean 20,5-8)
Lazare réanimé reste dans les limites de la vie, le Christ Ressuscité
fait entrer l’humanité dans l’infini. « C’est ce disciple qui
témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage
est vrai. » (Jean 21,24)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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26 mars2023
Paroisses Nesle & Athies
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n°1314
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Si tu avais été là !
Jésus pleure en constatant la détresse de ses amies, Marthe et Marie,
et de la foule venue pour les soutenir dans l’épreuve de deuil ;
puis il demande à aller au tombeau de Lazare, l’ayant fait ouvrir malgré
la réticence et la remarque pragmatique Marthe, avant même que le miracle
soit révélé publiquement, le Christ rend grâce au Père qui l’exauce toujours.
« Après cela, il cria d’une voix forte : ‘Lazare, viens
dehors !’ » Cela n’est pas sans rappeler le premier récit
de la Création (cf. Genèse ch.1) où l’expression « Dieu dit […]
et il en fut ainsi » revient à chaque étape de la formation de
l’univers. De cette façon, Jésus montre qu’il est la source de la Vie
comme il vient de l’affirmer à Marthe : « Moi, je suis la
résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. »
La parole efficace de Dieu lors de la Création se montre ici par l’apostrophe
lancée au corps sans vie de son ami Lazare.
Saint Jean écrit tout son évangile dans la lignée de son prologue :
« Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu
et le Verbe était Dieu. » (Jean 1,1) et aussi : « Tout
fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie »
(Jean1,3-4a) Le Fils venu dans la chair est la Parole efficace de la Création
et il le manifeste dans la façon de ressusciter Lazare uniquement en donnant
un ordre. A ce titre, ce passage est une véritable théophanie,
manifestation de Dieu, comme le sont également les récits du Baptême
ou de la Transfiguration.
Le récit de la résurrection de Lazare dépasse largement le fait de redonner
la vie à quelqu’un qui était mort, saint Jean relate cet événement pour
affirmer à tous ceux qui se revendiqueront du nom de chrétien : l’homme
Jésus est l’incarnation du Fils éternel, égal au Père dans l’Esprit. Tout
est dit dans cette profession de foi de l’évangéliste, bien avant d’être
mise en forme par les Conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381)
Aujourd’hui, nous retrouvons ces paroles efficaces de création dans celles
qui ont été confiées aux Apôtres et qui nous sont transmises par la tradition
apostolique, d’une part de façon privilégiée dans les paroles de la consécration
entraînant la transsubstantiation du pain et du vin en Corps et Sang du
Christ qui nous amènent d’autre part à pouvoir dire ces autres paroles
enseignées par le Christ comme prière essentielle : ‘Notre Père’.
Le Christ dit à chacun d’entre nous : « Viens dehors ! »
il nous invite à quitter ce qui nous sert de tombeaux et qui nous éloigne
de la vie évangélique, nous savons que cette parole est efficace mais
nous faisons la sourde oreille alors que nous devrions être comme le psalmiste :
« Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur de guette l’aurore. »
(Psaume 129)
+Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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