22 mars 1998
Lycée Militaire d'Autun
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n°50
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Ouvrez-vous à l'annonce du salut
Accueillir avec Marie la salutation de l'Ange. " Ce n'est pas
possible, direz-vous, puisque nous sommes pécheurs, prisonniers
de notre peu de foi, alors que la Vierge, elle, est entièrement
disponible à la grâce de Dieu. " Oui, mais prier avec
Marie, ce n'est pas être Marie : c'est la regarder et, par la foi,
partager sa prière. Elle écoute cette Parole de Dieu qui
lui est adressée "réjouis-toi, Marie, le Seigneur est
avec toi ; tu as trouvé grâce auprès de Dieu. "
Paroles riches d'allusions aux promesses prophétiques. "
Réjouis-toi " ne saurait se réduire au banal "salut,
bonjour " du mot grec Kaïré ; il évoque la joie
de Jérusalem annoncée par Sophonie (3,14sq) : " Fille
de Sion, réjouis-toi… Le Seigneur est en toi. "
Et Marie l'entend bien ainsi : elle est toute ébahie de se
trouver désignée par Dieu au jour où cette Parole
s'accomplit. Si elle reçoit cette annonce avec un cœur disponible
malgré l'étonnement qui l'habite, ce n'est pas pour elle
seule, mais pour nous, pour tous : pour que Dieu accomplisse le salut
du monde.
Bien que nous soyons indignes, ouvrons nos oreilles, notre cœur, notre
vie ; et cachés derrière Marie, entendons pour nous, cette
Parole inouïe que Dieu adresse aux hommes par cette vierge d'Israël
qu'il a choisie entre toutes. D'elle, de la racine de Jessé (Is
11,1), d'elle, fille de Sion, le Christ est né, lui qui a voulu
demeurer en nous comme il nous l'a promis : " Demeurez en moi comme
je demeure en vous. " (Jn 15,4)
+ Jean-Marie Cardinal Lustiger
Archevêque de Paris
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17 mars 2001
Lycée Militaire d'Autun
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n°75
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Le nom de Dieu
La révélation de son nom par Dieu à Moïse est
une grande preuve de confiance qui lui est donnée. En effet, connaître
le nom de quelqu'un c'est avoir le pouvoir de l'appeler, et donc un certain
ascendant sur lui. C'est ainsi que Dieu donne à l'homme le pouvoir
de nommer tous les animaux pour qu'il domine sur la création (Gn
2,19-20)
En donnant son nom, sous la forme des quatre consonnes YHWH, Dieu donne
à Moïse un pouvoir d'invocation et de communication. Moïse
est le seul être humain à être désigné
comme celui qui parlait face à face avec Dieu, comme un ami parle
à son ami (Ex 33,11)La traduction habituelle est un temps verbal
hébreu ancien du verbe ETRE, un présent inaccompli ou présent
intemporel "je suis [toujours]". Faute d'équivalent,
la traduction grecque, latine et française nous donne souvent "Celui
qui est, qui était et qui sera" qui est un peu inepte.
Ce nom de Dieu, ou du moins sa prononciation, va être gardé
secret à travers les siècles. C'est cela qui est visé
dans le commandement de Dieu : "Le nom du Seigneur tu ne prononceras
en vain". Seul le Grand-Prêtre connaît ce Nom et a le
droit de le prononcer, une fois par an, dans le Saint des Saints du Temple
de Jérusalem, le jour du Yum Kippur pour appeler Dieu au pardon
des péchés de son peuple. Depuis la destruction du Temple
(en 70 après Jésus-Christ), nul n'a pu prononcer ce Nom
dans les règles.
Mais Jésus lui-même s'applique ce nom par deux fois.
La première fois lors de son arrestation au Jardin des Oliviers
: "Qui cherchez-vous? - Jésus de Nazareth. - Je suis!"
(Jn 18,4) Devant la puissance du nom de Dieu, ceux qui venaient l'arrêter
reculent et tombent, car nul ne peut entendre ce Nom sans se prosterner.
La seconde fois lors de sa comparution devant Caïphe : "Es-tu
le fils du Béni? - Je suis, et vous verrez le fils de l'homme siéger
à la droite de la Puissance et revenir sur les nuées du
ciel." Le grand-Prêtre déchire alors ses vêtements
et déclare devant le Sanhédrin qui n'a pas bougé
: N'avez-vous pas entendu le blasphème? Jésus ayant dit
le nom de Dieu, Je Suis, seul le grand-Prêtre pouvait comprendre
le blasphème de cet homme qui se donne le nom de Dieu.
Pour nous aujourd'hui ce nom est perdu, mais pas la possibilité
de l'appel. Le Fils unique de Dieu nous a donné un autre nom pour
appeler " Celui qui est " : Notre Père. Il a voulu signifier
ainsi que nous sommes, ensemble, aimés de Dieu et héritiers
du Royaume puisque par le Baptême nous sommes configurés
au Christ, le Premier né d'entre les morts, vivant aujourd'hui
dans le Royaume et nous guidant pour que nous-mêmes en prenions
possession.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Miitaire d'Autun
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21 mars 2004
Garnison d'Angers
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n+235
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Attitudes
Dans la parabole des deux fils qui est proposée par l'Eglise pour ce
quatrième dimanche du Carême, le Christ Jésus nous montre avec le fils
dépensier deux attitudes qui aussi condamnables l'une que l'autre.
La première consiste à se considérer comme héritier de droit, le fils
exige son héritage alors que son père est encore vivant. Il veut pouvoir
en jouir sans limites, tout de suite. Pourtant son père expliquera à son
fils aîné que tous ses biens sont à leur disposition, sans restriction.
Mais le plus jeune estime devoir se dispenser de la relation à son père
pour être lui-même.
La seconde attitude est lors de son retour où il se dévalorise en pensant
qu'il n'a plus droit au titre de fils. Il ne revient pas par conversion
mais un désir de confort. Il ne demande pas à être réintégré dans la famille,
mais pouvoir manger à sa faim. Tant qu'à être ouvrier autant l'être chez
son père qui traite ses serviteurs avec abondance plutôt que chez ceux
qui ne lui donnent même pas les gousses des porcs.
Ainsi en est-il des chrétiens !
Souvent les chrétiens vont penser qu'ils n'ont pas de péchés et qu'il
n'est pas utile de rester auprès de leur Père. Les Commandements de Dieu,
les conseils évangéliques et la prière leur paraissent superflus. La Parole
de Dieu qui invite à se rapprocher de Dieu pour une vie meilleure leur
semble archaïque et inadaptée à leur époque. Faisant ainsi, ils se mettent
à l'égal de Dieu quant à la motivation de la vie humaine. Pire ils affirment
de cette façon qu'ils n'ont pas besoin d'être sauvé, et ne croient pas
que le Fils Unique du Père soit venu pour eux afin de les sauver. Dans
ces conditions pourquoi vivre un Sacrement que ce soit la Communion ou
la Confession ? Peut-être par habitude ou par convention ?
Dans l'autre sens, la dévalorisation de soi-même n'est pas mieux puisque
le chrétien va aussi douter que le Christ soit venu pour lui : n'étant
plus digne d'être appeler fils, le Fils de Dieu ne va pas livrer sa vie
pour lui. Un tel chrétien ne s'approche pas non plus des Sacrements car
il ne s'en estime pas digne…
Le Carême nous invite à faire le point sur notre relation à Dieu Père,
Fils et Esprit. Est-ce que j'accepte d'être aimé tel que je suis, ni meilleur
ni pire que ce que je suis : un fils, créé à l'image de Dieu et restaurer
dans cette image par le Fils qui vient pour nous et pour la multitude
comme le disent les paroles de la consécration.
père JeanPaul Bouvier
aumônier catholique de la Garnison d’Angers
et du Groupement de Gendarmerie du Maine & Loire
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18 mars 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°305
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Les deux fils
La parabole du fils perdu et retrouvé est située au milieu d’autres paraboles
concernant le Royaume de Dieu, saint Luc a regroupé dans un long passage
de son évangile les enseignements de Jésus et ses comparaisons simples
qu’il prenait pour expliquer l’inexplicable.
Dans le cas de la parabole des deux fils, la comparaison ne nous saute
pas aux yeux alors qu’elle était claire pour ses contemporains.
Le fils aîné représente le Peuple d’Israël qui a toujours été avec Dieu,
bénéficiant de sa présence matérielle au milieu de lui dans le Temple
de Jérusalem véritable trône de Dieu depuis sa construction par le roi
Salomon, même depuis que l’Arche d’Alliance a été perdue. Le pèlerinage
au Temple est nécessaire au moins une fois par an et à l’occasion d’événements
particuliers comme les naissances et/ou retour de couches.
Le plus jeune fils représente ceux qui ont voulu vivre par leurs propres
moyens, sans le seul Dieu : ils ont dépensé leur vie et allant se
prostituer avec de faux dieux qui leur ont pris tout ce qu’ils avaient
d’aspiration vers le transcendant et ont laissé leurs âmes affamées de
spiritualité. Le retour du fils puîné dans la parabole apparaît comme
peu glorieux : il ne revient que parce qu’il a faim et non pas par
amour de son père, il revient par intérêt !
Les textes bibliques et tout spécialement évangéliques étant intemporels,
il faut rechercher dans cette parabole, ce qu’elle nous dit aujourd’hui.
Chrétiens, nous avons la chance de vire avec Dieu, mais en nous cohabitent
les deux fils. De temps en temps nous sommes le fils aîné qui obéit aux
conseils de la Parole de Dieu en essayant de l’appliquer au plus juste
dans notre vie quotidienne, c’est sans doute la majeure partie de notre
vie. Et quelquefois, nous prenons la place du fils cadet en allant loin
de l’amour de Dieu, nous égarant sur les chemins du péché en succombant
aux tentations du monde avant de revenir, penauds, à une meilleure adhésion
à la foi catholique.
Dans son amour des hommes et des femmes, le Fils Unique de Dieu a laissé
à ceux qui croient en lui, à travers ses Apôtres et leurs successeurs
les évêques, un moyen simple de marquer ce retour vers le Père :
le Sacrement de Réconciliation et de Pénitence : la confession des
péchés et le pardon qui y est accordé. Comme le second fils, nous revenons
quelquefois par intérêt, sentant bien que notre vie spirituelle est en
cause, nous venons avouer nos fautes avec peu de contrition, mais le Père,
par l’intercession de son Fils nous donne toujours l’Esprit Saint pour
que nous repartions sur de nouvelles bases. Il organise une fête en nous
donnant le plus beau vêtement : la robe immaculée du Baptême.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse militaire
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14 mars 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°455
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La manne cessa de tomber !
Après la longue errance dans le désert, le Peuple de Dieu arrive enfin
au pays que Dieu avait promis à leurs pères Abraham, Isaac et Jacob. Lorsqu’ils
y pénètrent, ils récoltent les produits du pays que d’autres avaient semés
et la manne, cette nourriture céleste qui les a nourris pendant quarante
ans, esse de tomber chaque jour. Dieu ne donne pas à son Peuple un pays
stérile mais au contraire un pays où « coulent le lait et le miel »
comme il l’a promis (cf. Exode 3,8)
L’évocation de cette pérégrination et de son aboutissement est la réalisation
de la promesse faite à Abraham :
- un peuple aussi nombreux que les étoiles dans le ciel ;
- une terre riche et féconde ;
- la présence de Dieu dans la Tente de la Rencontre qui accompagne le
Peuple.
Le récit de l’amour de Dieu pour son Peuple pourrait s’arrêter à ce moment
de l’entrée dans la Terre Promise par le peuple d’Israël. Dieu a tenu
la promesse qu’il avait faite à un homme ! Mais Dieu a un projet
beaucoup plus important que de simplement favoriser une lignée humaine,
en même temps Il lui donnait une mission : être signe de son amour
pour tous les hommes au cœur même de l’humanité.
Dieu a multiplié les signes pour montrer à son Peuple qu’il n’était pas
le seul bénéficiaire de son amour mais Ses prophètes n’étaient pas toujours
reçus comme ils l’auraient mérité. Alors « quand vint la plénitude
du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la Loi »
(Galates 4,4) Du milieu de Son peuple Dieu envoie Son Fils à l’ensemble
de l’humanité. La mort est la résurrection du Christ est un nouveau départ
qui conduit vers la véritable Terre Promise, là où la Promesse sera totalement
achevée, accomplie.
Actuellement les disciples du Christ sont nourris spirituellement par
les Sacrements et tout particulièrement par le Corps du Christ qui nous
est donné à satiété. Comme pour la manne, ceux qui récoltent plus n’en
ont pas plus que ceux qui récoltent moins : juste à la mesure des
besoins de chacun. Il ne s’agit pas pour les chrétiens d’attendre l’entrée
dans le Royaume de Dieu aussi impatiemment que les hébreux dans le désert
attendaient l’arrivée en Canaan : ils y sont déjà entrés par le Baptême
et comme le Peuple de Dieu installé dans son pays, ils reçoivent la même
mission :être signes de l’amour de Dieu pour tous les hommes.
Sachons être ces signes vivants !
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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10 mars 2013
Secteur Vermandois
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n°663
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Liberté chérie
En partant après avoir réclamé sa part d’héritage, le plus jeune fils
se prive volontairement de deux biens beaucoup plus précieux que l’argent
qu’il reçoit : l’amour et la présence de son père. Le père de son
côté aime tellement ses fils qu’il les laisse libres de leurs choix, même
si la décision du puîné le chagrine, il accepte son désir d’indépendance.
Ce jeune fils, enivré par sa nouvelle autonomie, se perd dans les arcanes
des tentations diverses ; il ne se rend pas compte que si la liberté
semble être la possibilité de tout faire, elle implique aussi la possibilité
de refuser des entreprises qui seraient négatives. N’ayant que sa jouissance
personnelle et immédiate comme objectif, il dépense rapidement toute la
fortune venant de son père « en menant une vie de désordre »
c'est-à-dire une vie sans visée ultime.
N’ayant plus que ses bras pour travailler, il se résout à accepter un
travail infâmant : garder des porcs ; sa déchéance est si grande
qu’il en arrive à envier la nourriture de ces bêtes considérées comme
impures. Ce n’est que du fond de sa détresse qu’« il réfléchit »
et réalise la façon équitable dont son père traite les ouvriers qu’il
emploie. Son retour au bercail ne sera pas guidé par l’amour qu’il porte
à son père, mais par le désir de manger à sa faim : il ne pense même
pas que son père pourrait lui accorder un autre pardon que de lui concéder
l’autorisation de travailler dans ses champs comme simple ouvrier.
C’est un tout autre scénario qui l’attend ; sans regrets apparents,
il ne revenait que par intérêt personnel et non pas par amour, son père
guettait son retour avec amour rempli du regret de son départ et « comme
il était encore loin » il se précipite vers lui pour « le
couvrir de baisers »
Le jeune fils pensait que son péché était impardonnable comme le souligne
la formule à laquelle il a longuement pensé : « Père, j’ai
péché contre le ciel et contre toi, je ne mérite plus d’être appelé ton
fils ! » Le père se réjouit de son retour et le rétabli
sans attendre dans sa dignité de fils et lui donnant « le plus
beau vêtement » et en lui faisant mettre « une bague
au doigt »
Cette parabole nous touche au plus haut point en raison du sens que prend
le mot ‘liberté’ : dans notre siècle il devient synonyme de
‘Je fais ce que je veux’ sans accorder la moindre importance aux
conséquences personnelles ou vis-à-vis des autres. Nous exigeons des droits
en refusant les devoirs. Le Carême est pour les chrétiens l’équivalent
du ‘gardiennage des porcs’ un temps d’introspection pour constater
jusqu’où nous sommes tombés mais, contrairement au jeune fils, nous ressentons
des regrets de la séparation et nous savons que le Père nous a déjà pardonné :
il attend avec patience et amour le retour de ceux qui sont toujours ses
enfants.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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6 mars 2016
Secteur Vermandois
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n°863
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Il fallait se réjouir !
Dans cette parabole dite ‘du fils prodigue’ le dialogue entre
le père et du fils aîné est la pointe de ce passage d’évangile. Peu importe
ce que le fils cadet ait pu faire : il est revenu, la fête est nécessaire.
L’amour que le père porte à son enfant est supérieur à ce qui peut lui
être reproché. La jalousie du frère n’est pas justifiée, il devrait aussi
se réjouir du retour de celui qui avait exigé sa part d’héritage. Jésus
ne conclut pas la parabole, il laisse à son auditoire – nous ? –
à sa conscience : à la place de l’aîné aurait-il pardonné à son frère
et se serait-il réjoui à son tour ? Ou bien se serait-il enfermé
dans son égoïsme en refusant de participer à la fête ?
Cette parabole vient après deux autres qui manifestent aussi l’amour
du Père pour ses enfants : la parabole de la brebis perdue que le
berger va rechercher et rapporte sur ses épaules (Luc 15,4-6) et la parabole
de la drachme perdue que la femme cherche en balayant avec soin toute
sa maison (Luc 15,7-10)
Ces trois paraboles n’en font qu’une seule pour expliquer l’attitude
du Père céleste vis-à-vis de l’humanité ; trois cas bien différents :
- la brebis s’est échappée, elle s’est perdue par elle-même, s’éloignant
du berger peut-être comme le fils prodigue pour vivre une aventure mais
elle n’a pas les moyens de faire un retour sur elle-même aussi le berger
va-t-il la chercher.
- La drachme n’a pas de volonté, elle n’a pas choisi de se séparer
des autres pièces, elle n’a pas de connaissance, la femme met tout en
œuvre pour la retrouver et la replacer dans le portemonnaie.
- Le fils cadet a les moyens de faire un retour sur lui-même, sa motivation
pour revenir chez son père n’est peut-être pas glorieuse puisque c’est
la faim qui le pousse, mais il fait confiance : son père pourra
l’employer comme un ouvrier quelconque.
Ainsi en est-il de l’homme, de nous :
- Comme la brebis, nous choisissons de nous séparer de Dieu, considérant
que nous sommes assez grands pour nous passer de ces consignes qui apparaissent
comme des contraintes d’un autre âge ; le Seigneur met sur notre
route des témoins qui nous permettent de retrouver le sens de l’amour
de Dieu.
- Comme la drachme, nous sommes frappés par l’indifférence, la monotonie,
sans nous en apercevoir nous nous séparons de Dieu et notre vie spirituelle
devient inerte. Le Père envoie l’Esprit que nous avons reçu au Baptême
et à la Confirmation, cet Esprit nous réveille et nous fait revenir
à la Vie.
- Comme le fils cadet nous tournons le dos à Dieu, mais notre conscience
éclairée par le rappel des merveilles que le Père a fait dans notre
vie et dans celle des autres hommes, nous revenons vers lui, repentant
de nos actions et dans la confiance en son amour.
Ces paraboles nous permettent de mieux appréhender combien le Père aime
l’humanité et chaque personne en particulier : pleinement, sans
préférence, infiniment.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
administrateur des paroisses de Nesle et Athies
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31 mars 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1070
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De loin !
Dans cette parabole du père et des deux fils, l’attitude du plus jeune
parait à la fois très humaine et scandaleuse : humainement, il voudrait
pouvoir profiter du fruit de son travail mais il envisage de ne le faire
qu’égoïstement, pour son seul intérêt. En ne voyant que la jouissance
immédiate de la vie, il a vite fait de dépenser tout ce qu’il avait dans
les excès. Etranger et devenu pauvre, il est exploité par ‘un habitant
du pays’.
Descendu au plus bas, réduit à garder des porcs – des animaux impurs
– il se résout à retourner chez lui, à avouer son échec, à prendre humblement
une place de serviteur et ne pas réclamer son rang de fils.
C’est à ce moment de la parabole que se situe une phrase importante :
« Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi
de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. »
(v.20). En quelques mots, Jésus présente un père qui depuis le départ
de son fils scrute l’horizon avec patience dans l’espérance et l’attente
de son retour. Lorsque le jour tant attendu se présente, qu’il aperçoit
son fils alors qu’il est encore loin, c’est le père qui
se met à courir vers celui qui revient la tête basse pour serrer dans
ses bras cet enfant qui lui manquait tant, pour être sûr qu’il est revenu.
Si le fils cadet n’envisageait son retour que d’un point de vue matériel
et alimentaire : il serait payé et nourri en échange d’un travail
d’ouvrier, il n’en est pas de même pour le père qui ne voit que son enfant
revenu auprès de lui : « car mon fils que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. »
(v.24)
Une parabole est un récit imagé pour que les auditeurs puissent comprendre
une chose plus importante. Jésus raconte celle-ci pour nous faire comprendre
que nous sommes tous des fils qui dilapidons l’héritage qui nous a été
donné mais notre Père des cieux est là ; il attend le moindre signe
d’un retour vers lui pour se précipiter vers nous aussi loin que nous
pouvions être ; pour nous restaurer dans notre état de fils ;
pour nous recouvrir du plus beau vêtement : le pardon.
Le cadet devant les porcs mangeant des caroubes, fait une introspection
sur sa vie. Le carême par le jeûne, l’aumône et la prière permet au croyant
de faire cette même réflexion qui a pour effet de nous rapprocher de ce
Père qui aime et qui pardonne.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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27 mars 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1265
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Le Père nous relève
Dans la parabole des deux fils qui est proposée par l'Eglise pour ce
quatrième dimanche du Carême, le Christ Jésus nous montre avec le fils
dépensier deux attitudes qui aussi condamnables l'une que l'autre.
La première consiste à se considérer comme héritier de droit, le fils
exige son héritage alors que son père est encore vivant. Il veut pouvoir
en jouir sans limites, tout de suite. Pourtant son père expliquera à son
fils aîné que tous ses biens sont à leur disposition, sans restriction.
Mais le plus jeune estime devoir se dispenser de la relation à son père
pour être lui-même.
La seconde attitude est lors de son retour où il se dévalorise en pensant
qu'il n'a plus droit au titre de fils. Il ne revient pas par conversion
mais un désir de confort. Il ne demande pas à être réintégré dans la famille,
mais pouvoir manger à sa faim. Tant qu'à être ouvrier autant l'être chez
son père qui traite ses serviteurs avec abondance plutôt que chez ceux
qui ne lui donnent même pas les gousses des porcs.
Ainsi en est-il des chrétiens !
Souvent les chrétiens vont penser qu'ils n'ont pas de péchés et qu'il
n'est pas utile de rester auprès de leur Père. Les Commandements de Dieu,
les conseils évangéliques et la prière leur paraissent superflus. La Parole
de Dieu qui invite à se rapprocher de Dieu pour une vie meilleure leur
semble archaïque et inadaptée à leur époque. Faisant ainsi, ils se mettent
à l'égal de Dieu quant à la motivation de la vie humaine. Pire ils affirment
de cette façon qu'ils n'ont pas besoin d'être sauvé, et ne croient pas
que le Fils Unique du Père soit venu pour eux afin de les sauver. Dans
ces conditions pourquoi vivre un Sacrement que ce soit la Communion ou
la Confession ? Peut-être par habitude ou par convention ?
Dans l'autre sens, la dévalorisation de soi-même n'est pas mieux puisque
le chrétien va aussi douter que le Christ soit venu pour lui : n'étant
plus digne d'être appelé fils, le Fils de Dieu ne va pas livrer sa vie
pour lui. Un tel chrétien ne s'approche pas non plus des Sacrements car
il ne s'en estime pas digne…
Le Carême nous invite à faire le point sur notre relation à Dieu Père,
Fils et Esprit. Est-ce que j'accepte d'être aimé tel que je suis, ni meilleur
ni pire que ce que je suis : un fils, créé à l'image de Dieu et restaurer
dans cette image par le Fils qui vient pour nous et pour la multitude
comme le disent les paroles de la consécration.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& Modérateur de Sainte Radegonde
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