7 mars 1999
Lycée Militaire d'Autun
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Nous l'avons entendu par nous-mêmes
La Samaritaine du IVème évangile ayant entendu le Christ
lui parler, ne peut se retenir d'aller narrer ce récit aux habitant
de Sykar, en ajoutant cette question " Ne serait-il pas le Messie ?
".
Les habitants vont voir, sans doute plus par curiosité que par
conviction, la femme ne leur a donné aucune certitude, simplement
une hypothèse.
Mais, en ayant entendu les paroles du Christ les toucher au plus profond
de leur cœur, ils reviennent convertis, et s'adressant à la femme,
ils lui disent que ce n'est plus à cause de ce qu'elle leur a dit
qu'ils croient à cet homme mais à cause des paroles qu'il
leur a dit.
Ainsi en est-il de nous mêmes. Nous sommes venus à la foi
par des chemins détournés, quelques uns dès leur
naissance ont reçu de leur parents ce cadeau inestimable qu'est
le Baptême, d'autres attendront davantage pour vivre ce Sacrement.
L'important est que nous entendions le Christ nous parler après
le témoignage des personnes qui nous ont amenés à
la foi. Le témoignage des autres, pour recevable qu'il soit, est
toujours sujet à caution et ne peut remplacer une expérience
personnelle.
Dans ce temps de Carême, nous pouvons nous poser la question de
savoir où en est notre expérience du Christ, comment il
nous parle aujourd'hui et surtout comment nous le recevons. Est-il quelqu'un
de vivant qui nous convertit comme il a convertit les habitants de Sykar
ou bien est-ce simplement une tradition familiale qui nous fait dire chrétien
?
Deuxième point, si nous nous mettons à la place de la Samaritaine,
comment nous allons vers les autres, porteurs d'un message essentiel,
pour leur annoncer que nous avons rencontrer le Messie, qu'il m'a fait
relire ma vie pour me montrer les lieux où je me suis fourvoyé.
Comment amener mes " prochains " au christ pour leur permettre
de l'écouter d'une oreille attentive et favorable.
Si le Carême nous permettait de faire le point sur ces deux questions
les efforts que nous faisons chacun à notre niveau seront réellement
fructueux et constructifs, sinon, comme dit saint Paul, " je ne serai
que cymbale qui résonne "
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
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24 février 2008
Brigade Franco-Allemande
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Nous adorons celui que nous connaissons
Cette phrase sibylline de Jésus à la Samaritaine pourrait, en première
lecture, paraître être une affirmation péremptoire de supériorité d’une
ethnie (israélites) envers une autre (samaritains) L’étalage d’une connaissance
réservée à un petit nombre d’élite et cachée à la plupart.
Cette analyse montrerait une ignorance de la théologie du IVème évangile
dont l’auteur montre l’universalité du message apporté par le Verbe
fait chair à tous les hommes. Le pluriel que Jésus utilise, ‘nous’,
ne vise pas un groupe particulier existant mais une assemblée future où
les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité !
dont il est le précurseur. Ce sont ces paroles qui permettent à la Samaritaine
de reconnaître celui qui doit venir et qui fera connaître toutes
choses.
Sans attendre, la femme retourne à Sykar et annonce à tous les habitants
« Venez voir ! »
Au travers de cette rencontre de Jésus que les Apôtres n’ont pas compris
sur le coup, saint Jean montre que toute intimité avec le Christ a deux
conséquences immédiates. La première est un don de compréhension qui est
donné, en côtoyant le Fils nous avons la connaissance du Père et nous
pouvons l’adorer en esprit et vérité ; la seconde est un don de transmission,
en écoutant le Fils nous allons annoncer la Bonne Nouvelle à tous ceux
que nous croiserons, en commençant par les plus proches pour qu’ils puissent
avoir la chance de rencontrer pour que l’eau qu’il nous donne devienne
une source jaillissante pour la vie éternelle.
Ainsi cette femme avec tout ce qu’elle a pu faire avant de venir au puits
devient une des premières à faire connaître la Bonne Nouvelle. Elle est
pour nous un exemple : quoique nous ayons fait par le passé, la rencontre
avec le Christ nous entraîne à une conversion sincère et à une proclamation
du Royaume de Dieu
Père JeanPaul Bouvier
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20 mars 2011
Fort Neuf de Vincennes
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Le Temple unique
Face au ‘Rabbi’, la Samaritaine pose une question qui lui semble
essentielle : ‘Si je veux adorer Dieu, où dois-je aller au Temple
de Jérusalem ou bien à celui construit sur le mont Garizim ?’
Cela prouve son désir profond de prier réellement Dieu de tout son cœur.
La réponse de Jésus est sibylline : en tant que juif, il devrait
condamner le temple hérétique des Samaritains et inciter la femme à aller
porter ses offrandes à Jérusalem devant le ‘Saint des saints’ où
Dieu réside. A la place de cette recommandation, il lui indique que la
véritable adoration se fait en esprit et en vérité et non pas en tel ou
tel lieu.
A travers la Samaritaine, le Christ s’adresse à tous ceux qui cherchent
une intimité avec le Père, c'est-à-dire à tous les croyants. Pour ses
disciples, il précise même : « Que deux ou trois, en effet,
soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux. » (Matthieu
18,20) Le seul Temple où Dieu se rend présent est désormais la réunion
des croyants c'est-à-dire toutes les assemblées de prières qu’elles aient
lieu dans un bâtiment consacré ou non.
Déjà le livre du Deutéronome précisait pour ceux qui cherchaient la volonté
de Dieu : « La Parole de Dieu n'est pas au-delà des mers,
qu'il te faille dire: "Qui ira pour nous au-delà des mers nous la
chercher, que nous l'entendions pour la mettre en pratique ?"
Car la parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton
cœur pour que tu la mettes en pratique. » (Deutéronome 30,13-14)
L’auteur inspiré par Dieu montrait par cette formule que la Présence est
davantage à l’intérieur du croyant que dans des édifices faits de main
d’homme.
La conversation entre Jésus et la Samaritaine auprès du puits de Jacob
adresse aux chrétiens de toutes les époques un reproche déguisé :
Qu’avons-nous à chercher des lieux pour notre dévotion personnelle en
sachant que le plus petit de nos frères est une présence du Fils de Dieu ;
même en sachant que notre prochain n’est pas forcément une personne recommandable,
nous devons lui parler avec amour et patience en l’acceptant tel qu’il
est.
Jésus accepte de parler à une femme en sachant qui elle est : une
étrangère, une Samaritaine, vivant en concubinage quatre éléments qui
devraient empêcher un juif pieux de lui parler sous peine d’impureté.
Et il y a sans doute encore d’autres choses qui ne sont pas rapportées.
Pourtant c’est à elle qu’il va révéler qui il est : « Moi
qui te parle, je le suis ! »
De la même façon, Jésus accepte non seulement de nous parler à travers
les paroles de la Bible mais aussi de nous donner son Corps dans la célébration
du mystère eucharistique, tout en sachant que nous sommes des pécheurs.
Il se rend présent auprès de tous ceux qui l’invoquent avec foi les rendant
ainsi dépositaires de l’annonce de l’Evangile. Comme la femme de Sykar,
saurons-nous abandonner ce que nous étions venus chercher, pour elle de
l’eau au puits, pour nous nos occupations quotidiennes pour aller dire
à tous nos frères : « Venez voir, ne serait-ce pas le Messie ? »
en courant le risque de nous entendre dire : « Ce n’est plus
à cause de ce que tu nous as dit… Nous l’avons entendu par nous-mêmes. »
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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23 mars 2014
Secteur Vermandois
n° 738
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Ne serait-il pas le Messie ?
Jésus a répondu à cette question de la Samaritaine, il lui a dit clairement :
« Moi qui te parle, je le suis. » (v. 26) En la posant aux habitants
de Sykar, elle désire susciter une curiosité de la part de ses interlocuteurs
afin qu’ils aillent voir par eux-mêmes ce Juif à l’attitude étrange et
aux paroles prophétiques qui accepte de parler aux Samaritains. Le témoignage
d’un seul témoin ne pouvait être reçu, a fortiori celui d’une femme ;
en les forçant à aller l’écouter, elle savait d’avance qu’il allait les
convaincre qu’il était bien le Messie attendu ; ils pourraient ainsi
témoigner et leur témoignage sera accepté par tous. Le résultat escompté
est atteint : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as
dit que nous croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes,
et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde. »
(v. 42)
L’habileté de cette femme est remarquable : convaincue d’avoir rencontré
Celui que le monde attend mais consciente que son simple témoignage ne
sera pas retenu, elle provoque un mouvement de foule vers Jésus pour que
tous puissent l’entendre et se convertir au point de lui demander de rester
avec eux quelques jours pour écouter sa prédication.
Cette démarche évoque celle des saintes femmes qui, étant allées au tombeau
et l’ayant trouvé vide, reviennent avertir les Apôtres elles ne sont pas
crues mais Pierre part quand même vérifier leurs dires (cf. Luc 24,1-12 ;
Jean 20,1-9)
Ces femmes sont pour nous, dans notre progression de Carême vers Pâques,
des exemples que nous devrions suivre avec fruit : aujourd’hui il
ne s’agit pas tant de proclamer la mort et la Résurrection du Fils de
Dieu – nous ne serons pas crus davantage – que de susciter la curiosité
des hommes et des femmes nos contemporains pour aller voir et écouter
par eux-mêmes ce que le Christ leur dit de leur vie. Mais pour cela il
faut que le témoignage initial soit fort et convainquant ; en faisant
confiance à l’Esprit Saint nous pourrons trouver les mots justes pour
provoquer l’envie de rencontrer le Fils du Père.
La plupart des personnes qui se disent ‘non-croyants’ n’ont jamais
ouvert une Bible, ni l’Ancien, ni le Nouveau Testament. Elles sont donc
davantage ignorantes qu’athées. En donnant le goût et la saveur de la
Parole de Dieu, elles pourront elles aussi s’exclamer : « Ce
n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant
; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment
lui le Sauveur du monde »
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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19 mars 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°928
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Laissant là sa cruche
L’arrivée des disciples interrompt le dialogue entre la Samaritaine et
Jésus mais elle en sait assez pour comprendre qu’elle vient de parler
avec le Messie attendu, celui dont parlent les Ecritures. Comme les ‘compagnons
d’Emmaüs’, « son cœur était tout brûlant en elle tandis qu’il
lui parlait et lui ouvrait les Ecritures » (cf. Luc 24,13-33)
Comme eux, elle laisse tout, elle oublie ce qu’elle était venu faire pour
retourner à Sykar. Aller chercher de l’eau au puit était un travail pénible
mais il était indispensable à sa survie. Qu’importe ! Ce qu’elle
porte en elle désormais est beaucoup plus important qu’une cruche d’eau !
Quels sont les points de la conversation qui ont entraîné un tel revirement ?
En premier lieu l’accueil que Jésus fait à cette femme : bravant
les interdits il parle à un habitant de la Samarie et, qui plus est, à
une femme samaritaine ! II lui demande un service : « Donne-moi
à boire ! » malgré le mépris que portent les juifs aux habitants
de ce pays. C’est une source d’étonnement pour elle et peut-être une forme
de reconnaissance d’être ainsi considérée comme une personne.
Ensuite Jésus parle de lui donner de l’eau vive comme beaucoup de prophètes
en ont fait l’annonce, une eau qui transformera les déserts en jardins
luxuriants (e.g. Ezéchiel 47) Une eau abondante qui sera dispensée par
le Seigneur par amour pour son peuple. Elle prend d’abord cette déclaration
au sens propre et elle se réjouit par avance de ne plus avoir à effectuer
cette corvée épuisante et sans cesse renouvelée.
La femme découvre que Jésus lit en elle comme dans un livre ouvert, pour
sa confusion, il lui parle de son mari ; elle en a eu cinq et celui
avec lequel elle vit est un concubin. Elle s’attendait sans doute à être
rejetée comme une femme infidèle mais Jésus ne la juge pas et même la
félicite de dire vrai ! Confiante elle s’enhardit jusqu’à lui poser
la question de savoir où il faut adorer Dieu. La réponse de Jésus la convainc
qu’il est le Messie. Elle ne peut pas garder une telle nouvelle uniquement
pour elle, elle doit annoncer ce message : il est venu Celui vers
qui se dirigent toutes les Ecritures, la Loi et les prophètes.
Il n’y a pas de différence entre cette femme et nous : ces points
qui sont développés avec elle s’adressent aussi à chacun d’entre nous :
non seulement le Christ m’accueille, mais il fait le premier pas vers
moi et me demande des services d’apparence anodine ; il me promet
la Vie qui ne finit pas et la communion avec le Père ; il connait
mes péchés mais ne me juge pas et il me montre comme adorer le Père en
esprit et vérité. Comme la Samaritaine ce message ne devrait pas rester
en moi pour que j’en profite égoïstement, je dois l’annoncer à tous ceux
qui habitent autour de moi qui découvriront – par eux-mêmes – que le Fils
les sauve du péché et de la mort.
Le Carême me permet de méditer sur tout ce que Dieu, Père, Fils et Esprit
fait pour moi afin de célébrer avec force et amour le mystère Pascal.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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15 mars 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1135
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Semer – Moissonner
Cette semaine dans les paroisses Notre Dame et sainte Radegonde, des
équipes de quatre à cinq personnes ont lu, médité, réfléchi et échangé
sur le texte de la Samaritaine afin de se préparer pour mieux vivre la
messe dominicale. Beaucoup de participants, pour ne pas dire tous, ont
été surpris que l’évangéliste mette ainsi une incise sur les semailles
et les moissons (vv. 35-38). Cette parabole coupe le récit après le dialogue
entre Jésus et la femme au moment où celle-ci part témoigner de ce qu’elle
a vu et entendu tellement pressée qu’elle oublie sa cruche.
Au retour des Apôtres, la question qu’ils se posent ce n’est pas de savoir
quel était le sujet de l’échange entre Jésus et cette femme, mais ils
sont surpris et s’interrogent sur le ‘pourquoi’ parle-t-il avec
elle ? Repoussant leur invitation de venir manger car il doit faire
la volonté du Père, Jésus leur propose cette allégorie qui semble ne pas
avoir de rapport avec le contexte.
Le Christ part de leur expérience : « Ne dites-vous pas :
‘Encore quatre mois et ce sera la moisson’ ? » (v.35) pour
leur faire comprendre que, par son incarnation, Dieu-le-Fils révèle que
la moisson divine est commencée. Il est temps de ramener l’humanité vers
le Père ! Ceux qui ont semé ce sont tous les hérauts de l’Ancien
Testament : les patriarches dépositaires de l’Alliance, Moïse qui
s’entretenait face à face avec Dieu comme un ami parle à un ami (cf. Exode
33,11), les prophètes remplis de l’Esprit que Dieu a envoyés à son Peuple
et tous les anonymes qui ont transmis la Parole de Dieu… Tous se réjouissent
de voir le fruit de leurs semailles parvenu à maturation et enfin moissonné.
Pour éclaircir son propos, Jésus rappelle à ses Apôtres qu’il les a déjà
envoyés moissonner en annonçant la proximité du Royaume de Dieu même s’ils
n’étaient pas accueillis (cf. Luc 10) avec cette constatation : « La
moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc
le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
(Luc 10,2)
La Samaritaine a été un de ces ouvriers parce qu’elle a rencontré Jésus
et elle est allé le dire poussée par l’Esprit à tous ceux qu’elle rencontrait,
sans se soucier d’être reçue ou non, ressentant en elle-même ce que saint
Paul décrira plus tard : « Annoncer l’Évangile, ce n’est
pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à
moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! »
(1Corinthiens 9,16)
Aujourd’hui c’est à nous que le Seigneur lance cette invitation :
« Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu
des loups. » (Luc 10,3) Face à un matérialisme croissant et à
un repli sur soi-même, il semblerait que nous ayons peu de chances d’être
entendus mais ne nous décourageons pas et peut-être qu’il nous sera dit :
« Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons :
nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui
le Sauveur du monde. » (v.42)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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12 mars 2023
Paroisses Nesle & Athies
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n°1311
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Le véritable Temple
Face au ‘Rabbi’, la Samaritaine pose une question qui lui semble
essentielle : ‘Si je veux adorer Dieu, où dois-je aller au Temple
de Jérusalem ou bien à celui construit sur le mont Garizim ?’
Cela prouve son désir profond de prier réellement Dieu de tout son cœur.
La réponse de Jésus est sibylline : en tant que juif, il devrait
condamner le temple hérétique des Samaritains et inciter la femme à aller
porter ses offrandes à Jérusalem devant le ‘Saint des saints’ où
Dieu réside. A la place de cette recommandation, il lui indique que la
véritable adoration se fait en esprit et en vérité et non pas en tel ou
tel lieu.
A travers la Samaritaine, le Christ s’adresse à tous ceux qui cherchent
une intimité avec le Père, c'est-à-dire à tous les croyants. Pour ses
disciples, il précise même : « Que deux ou trois, en effet,
soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux. » (Matthieu
18,20) Le seul Temple où Dieu se rend présent est désormais la réunion
des croyants c'est-à-dire toutes les assemblées de prières qu’elles aient
lieu dans un bâtiment consacré ou non.
Déjà le livre du Deutéronome précisait pour ceux qui cherchaient la volonté
de Dieu : « La Parole de Dieu n'est pas au-delà des mers,
qu'il te faille dire : "Qui ira pour nous au-delà des mers nous la
chercher, que nous l'entendions pour la mettre en pratique ?"
Car la parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton
cœur pour que tu la mettes en pratique. » (Deutéronome 30,13-14)
L’auteur inspiré par Dieu montrait par cette formule que la Présence est
davantage à l’intérieur du croyant que dans des édifices faits de main
d’homme.
La conversation entre Jésus et la Samaritaine auprès du puits de Jacob
adresse aux chrétiens de toutes les époques un reproche déguisé :
Qu’avons-nous à chercher des lieux pour notre dévotion personnelle en
sachant que le plus petit de nos frères est une présence du Fils de Dieu ;
même en sachant que notre prochain n’est pas forcément une personne recommandable,
nous devons lui parler avec amour et patience en l’acceptant tel qu’il
est.
Jésus accepte de parler à une femme en sachant qui elle est : une
étrangère, une Samaritaine, vivant en concubinage quatre éléments qui
devraient empêcher un juif pieux de lui parler sous peine d’impureté.
Et il y a sans doute encore d’autres choses qui ne sont pas rapportées.
Pourtant c’est à elle qu’il va révéler qui il est : « Moi
qui te parle, je le suis ! »
De la même façon, Jésus accepte non seulement de nous parler à travers
les paroles de la Bible mais aussi de nous donner son Corps dans la célébration
du mystère eucharistique, tout en sachant que nous sommes des pécheurs.
Il se rend présent auprès de tous ceux qui l’invoquent avec foi les rendant
ainsi dépositaires de l’annonce de l’Evangile. Comme la femme de Sykar,
saurons-nous abandonner ce que nous étions venus chercher, pour elle de
l’eau au puits, pour nous nos occupations quotidiennes pour aller dire
à tous nos frères : « Venez voir, ne serait-ce pas le Messie ? »
en courant le risque de nous entendre dire : « Ce n’est plus
à cause de ce que tu nous as dit… Nous l’avons entendu par nous-mêmes. »
+Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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