3ème dimanche de Carême - Année A

Exode 17,3-7 - Psaume 94 - Romains 5,1-2.5-8 - Jean 4,5-42

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Lycée Militaire d'Autun

17 mars 1999

Nous l'avons entendu par nous-mêmes

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Brigade Franco-Allemande

24 février 2008

Nous adorons celui que nous connaissons

3

Fort Neuf de Vincennes

27 mars 2011

Le Temple unique

4

Secteur Vermandois

23 mars 2014

Ne serait-il pas le Messie ?

5

Athies & Nesle

19 mars 2017

Laissant là sa cruche

6

15 mars 2020

Semer – Moissonner

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7 mars 1999

Lycée Militaire d'Autun

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Nous l'avons entendu par nous-mêmes

La Samaritaine du IVème évangile ayant entendu le Christ lui parler, ne peut se retenir d'aller narrer ce récit aux habitant de Sykar, en ajoutant cette question " Ne serait-il pas le Messie ? ".

Les habitants vont voir, sans doute plus par curiosité que par conviction, la femme ne leur a donné aucune certitude, simplement une hypothèse.

Mais, en ayant entendu les paroles du Christ les toucher au plus profond de leur cœur, ils reviennent convertis, et s'adressant à la femme, ils lui disent que ce n'est plus à cause de ce qu'elle leur a dit qu'ils croient à cet homme mais à cause des paroles qu'il leur a dit.

Ainsi en est-il de nous mêmes. Nous sommes venus à la foi par des chemins détournés, quelques uns dès leur naissance ont reçu de leur parents ce cadeau inestimable qu'est le Baptême, d'autres attendront davantage pour vivre ce Sacrement. L'important est que nous entendions le Christ nous parler après le témoignage des personnes qui nous ont amenés à la foi. Le témoignage des autres, pour recevable qu'il soit, est toujours sujet à caution et ne peut remplacer une expérience personnelle.

Dans ce temps de Carême, nous pouvons nous poser la question de savoir où en est notre expérience du Christ, comment il nous parle aujourd'hui et surtout comment nous le recevons. Est-il quelqu'un de vivant qui nous convertit comme il a convertit les habitants de Sykar ou bien est-ce simplement une tradition familiale qui nous fait dire chrétien ?

Deuxième point, si nous nous mettons à la place de la Samaritaine, comment nous allons vers les autres, porteurs d'un message essentiel, pour leur annoncer que nous avons rencontrer le Messie, qu'il m'a fait relire ma vie pour me montrer les lieux où je me suis fourvoyé. Comment amener mes " prochains " au christ pour leur permettre de l'écouter d'une oreille attentive et favorable.

Si le Carême nous permettait de faire le point sur ces deux questions les efforts que nous faisons chacun à notre niveau seront réellement fructueux et constructifs, sinon, comme dit saint Paul, " je ne serai que cymbale qui résonne "

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun

24 février 2008

Brigade Franco-Allemande

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Nous adorons celui que nous connaissons

Cette phrase sibylline de Jésus à la Samaritaine pourrait, en première lecture, paraître être une affirmation péremptoire de supériorité d’une ethnie (israélites) envers une autre (samaritains) L’étalage d’une connaissance réservée à un petit nombre d’élite et cachée à la plupart.

Cette analyse montrerait une ignorance de la théologie du IVème évangile dont l’auteur montre l’universalité du message apporté par le Verbe fait chair à tous les hommes. Le pluriel que Jésus utilise, ‘nous’, ne vise pas un groupe particulier existant mais une assemblée future où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité ! dont il est le précurseur. Ce sont ces paroles qui permettent à la Samaritaine de reconnaître celui qui doit venir et qui fera connaître toutes choses.

Sans attendre, la femme retourne à Sykar et annonce à tous les habitants « Venez voir ! »

Au travers de cette rencontre de Jésus que les Apôtres n’ont pas compris sur le coup, saint Jean montre que toute intimité avec le Christ a deux conséquences immédiates. La première est un don de compréhension qui est donné, en côtoyant le Fils nous avons la connaissance du Père et nous pouvons l’adorer en esprit et vérité ; la seconde est un don de transmission, en écoutant le Fils nous allons annoncer la Bonne Nouvelle à tous ceux que nous croiserons, en commençant par les plus proches pour qu’ils puissent avoir la chance de rencontrer pour que l’eau qu’il nous donne devienne une source jaillissante pour la vie éternelle.

Ainsi cette femme avec tout ce qu’elle a pu faire avant de venir au puits devient une des premières à faire connaître la Bonne Nouvelle. Elle est pour nous un exemple : quoique nous ayons fait par le passé, la rencontre avec le Christ nous entraîne à une conversion sincère et à une proclamation du Royaume de Dieu

Père JeanPaul Bouvier

20 mars 2011

Fort Neuf de Vincennes

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Le Temple unique

Face au ‘Rabbi’, la Samaritaine pose une question qui lui semble essentielle : ‘Si je veux adorer Dieu, où dois-je aller au Temple de  Jérusalem ou bien à celui construit sur  le mont Garizim ?’ Cela prouve son désir profond de prier réellement Dieu de tout son cœur.

La réponse de Jésus est sibylline : en tant que juif, il devrait condamner le temple hérétique des Samaritains et inciter la femme à aller porter ses offrandes à Jérusalem devant le ‘Saint des saints’ où Dieu réside. A la place de cette recommandation, il lui indique que la véritable adoration se fait en esprit et en vérité et non pas en tel ou tel lieu.

A travers la Samaritaine, le Christ s’adresse à tous ceux qui cherchent une intimité avec le Père, c'est-à-dire à tous les croyants. Pour ses disciples, il précise même : « Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux. » (Matthieu 18,20) Le seul Temple où Dieu se rend présent est désormais la réunion des croyants c'est-à-dire toutes les assemblées de prières qu’elles aient lieu dans un bâtiment consacré ou non.

Déjà le livre du Deutéronome précisait pour ceux qui cherchaient la volonté de Dieu : « La Parole de Dieu n'est pas au-delà des mers, qu'il te faille dire: "Qui ira pour nous au-delà des mers nous la chercher, que nous l'entendions pour la mettre en pratique ?" Car la parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique. » (Deutéronome 30,13-14) L’auteur inspiré par Dieu montrait par cette formule que la Présence est davantage à l’intérieur du croyant que dans des édifices faits de main d’homme.

La conversation entre Jésus et la Samaritaine auprès du puits de Jacob adresse aux chrétiens de toutes les époques un reproche déguisé : Qu’avons-nous à chercher des lieux pour notre dévotion personnelle en sachant que le plus petit de nos frères est une présence du Fils de Dieu ; même en sachant que notre prochain n’est pas forcément une personne recommandable, nous devons lui parler avec amour et patience en l’acceptant tel qu’il est.

Jésus accepte de parler à une femme en sachant qui elle est : une étrangère, une Samaritaine, vivant en concubinage quatre éléments qui devraient empêcher un juif pieux de lui parler sous peine d’impureté. Et il y a sans doute encore d’autres choses qui ne sont pas rapportées. Pourtant c’est à elle qu’il va révéler qui il est : « Moi qui te parle, je le suis ! »

De la même façon, Jésus accepte non seulement de nous parler à travers les paroles de la Bible mais aussi de nous donner son Corps dans la célébration du mystère eucharistique, tout en sachant que nous sommes des pécheurs. Il se rend présent auprès de tous ceux qui l’invoquent avec foi les rendant ainsi dépositaires de l’annonce de l’Evangile. Comme la femme de Sykar, saurons-nous abandonner ce que nous étions venus chercher, pour elle de l’eau au puits, pour nous nos occupations quotidiennes pour aller dire à tous nos frères : « Venez voir, ne serait-ce pas le Messie ? » en courant le risque de nous entendre dire : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit… Nous l’avons entendu par nous-mêmes. »

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes

23 mars 2014

Secteur Vermandois

n° 738

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Ne serait-il pas le Messie ?

Jésus a répondu à cette question de la Samaritaine, il lui a dit clairement : « Moi qui te parle, je le suis. » (v. 26) En la posant aux habitants de Sykar, elle désire susciter une curiosité de la part de ses interlocuteurs afin qu’ils aillent voir par eux-mêmes ce Juif à l’attitude étrange et aux paroles prophétiques qui accepte de parler aux Samaritains. Le témoignage d’un seul témoin ne pouvait être reçu, a fortiori celui d’une femme ; en les forçant à aller l’écouter, elle savait d’avance qu’il allait les convaincre qu’il était bien le Messie attendu ; ils pourraient ainsi témoigner et leur témoignage sera accepté par tous. Le résultat escompté est atteint : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde. » (v. 42)

L’habileté de cette femme est remarquable : convaincue d’avoir rencontré Celui que le monde attend mais consciente que son simple témoignage ne sera pas retenu, elle provoque un mouvement de foule vers Jésus pour que tous puissent l’entendre et se convertir au point de lui demander de rester avec eux quelques jours pour écouter sa prédication.

Cette démarche évoque celle des saintes femmes qui, étant allées au tombeau et l’ayant trouvé vide, reviennent avertir les Apôtres elles ne sont pas crues mais Pierre part quand même vérifier leurs dires (cf. Luc 24,1-12 ; Jean 20,1-9)

Ces femmes sont pour nous, dans notre progression de Carême vers Pâques, des exemples que nous devrions suivre avec fruit : aujourd’hui il ne s’agit pas tant de proclamer la mort et la Résurrection du Fils de Dieu – nous ne serons pas crus davantage – que de susciter la curiosité des hommes et des femmes nos contemporains pour aller voir et écouter par eux-mêmes ce que le Christ leur dit de leur vie. Mais pour cela il faut que le témoignage initial soit fort et convainquant ; en faisant confiance à l’Esprit Saint nous pourrons trouver les mots justes pour provoquer l’envie de rencontrer le Fils du Père.

La plupart des personnes qui se disent ‘non-croyants’ n’ont jamais ouvert une Bible, ni l’Ancien, ni le Nouveau Testament. Elles sont donc davantage ignorantes qu’athées. En donnant le goût et la saveur de la Parole de Dieu, elles pourront elles aussi s’exclamer : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde »

Père JeanPaul Bouvier
Curé  in solidum du secteur Vermandois

19 mars 2017

Paroisses Nesle & Athies

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n°928

Laissant là sa cruche

L’arrivée des disciples interrompt le dialogue entre la Samaritaine et Jésus mais elle en sait assez pour comprendre qu’elle vient de parler avec le Messie attendu, celui dont parlent les Ecritures. Comme les ‘compagnons d’Emmaüs’, « son cœur était tout brûlant en elle tandis qu’il lui parlait et lui ouvrait les Ecritures » (cf. Luc 24,13-33) Comme eux, elle laisse tout, elle oublie ce qu’elle était venu faire pour retourner à Sykar. Aller chercher de l’eau au puit était un travail pénible mais il était indispensable à sa survie. Qu’importe ! Ce qu’elle porte en elle désormais est beaucoup plus important qu’une cruche d’eau !

Quels sont les points de la conversation qui ont entraîné un tel revirement ?

En premier lieu l’accueil que Jésus fait à cette femme : bravant les interdits il parle à un habitant de la Samarie et, qui plus est, à une femme samaritaine ! II lui demande un service : « Donne-moi à boire ! » malgré le mépris que portent les juifs aux habitants de ce pays. C’est une source d’étonnement pour elle et peut-être une forme de reconnaissance d’être ainsi considérée comme une personne.

Ensuite Jésus parle de lui donner de l’eau vive comme beaucoup de prophètes en ont fait l’annonce, une eau qui transformera les déserts en jardins luxuriants (e.g. Ezéchiel 47) Une eau abondante qui sera dispensée par le Seigneur par amour pour son peuple. Elle prend d’abord cette déclaration au sens propre et elle se réjouit par avance de ne plus avoir à effectuer cette corvée épuisante et sans cesse renouvelée.

La femme découvre que Jésus lit en elle comme dans un livre ouvert, pour sa confusion, il lui parle de son mari ; elle en a eu cinq et celui avec lequel elle vit est un concubin. Elle s’attendait sans doute à être rejetée comme une femme infidèle mais Jésus ne la juge pas et même la félicite de dire vrai ! Confiante elle s’enhardit jusqu’à lui poser la question de savoir où il faut adorer Dieu. La réponse de Jésus la convainc qu’il est le Messie. Elle ne peut pas garder une telle nouvelle uniquement pour elle, elle doit annoncer ce message : il est venu Celui vers qui se dirigent toutes les Ecritures, la Loi et les prophètes.

Il n’y a pas de différence entre cette femme et nous : ces points qui sont développés avec elle s’adressent aussi à chacun d’entre nous : non seulement le Christ m’accueille, mais il fait le premier pas vers moi et me demande des services d’apparence anodine ; il me promet la Vie qui ne finit pas et la communion avec le Père ; il connait mes péchés mais ne me juge pas et il me montre comme adorer le Père en esprit et vérité. Comme la Samaritaine ce message ne devrait pas rester en moi pour que j’en profite égoïstement, je dois l’annoncer à tous ceux qui habitent autour de moi qui découvriront – par eux-mêmes – que le Fils les sauve du péché et de la mort.

Le Carême me permet de méditer sur tout ce que Dieu, Père, Fils et Esprit fait pour moi afin de célébrer avec force et amour le mystère Pascal.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies

15 mars 2020

Paroisses Nesle & Athies

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n°1135

Semer – Moissonner

Cette semaine dans les paroisses Notre Dame et sainte Radegonde, des équipes de quatre à cinq personnes ont lu, médité, réfléchi et échangé sur le texte de la Samaritaine afin de se préparer pour mieux vivre la messe dominicale. Beaucoup de participants, pour ne pas dire tous, ont été surpris que l’évangéliste mette ainsi une incise sur les semailles et les moissons (vv. 35-38). Cette parabole coupe le récit après le dialogue entre Jésus et la femme au moment où celle-ci part témoigner de ce qu’elle a vu et entendu tellement pressée qu’elle oublie sa cruche.

Au retour des Apôtres, la question qu’ils se posent ce n’est pas de savoir quel était le sujet de l’échange entre Jésus et cette femme, mais ils sont surpris et s’interrogent sur le ‘pourquoi’ parle-t-il avec elle ? Repoussant leur invitation de venir manger car il doit faire la volonté du Père, Jésus leur propose cette allégorie qui semble ne pas avoir de rapport avec le contexte.

Le Christ part de leur expérience : « Ne dites-vous pas : ‘Encore quatre mois et ce sera la moisson’ ? » (v.35) pour leur faire comprendre que, par son incarnation, Dieu-le-Fils révèle que la moisson divine est commencée. Il est temps de ramener l’humanité vers le Père ! Ceux qui ont semé ce sont tous les hérauts de l’Ancien Testament : les patriarches dépositaires de l’Alliance, Moïse qui s’entretenait face à face avec Dieu comme un ami parle à un ami (cf. Exode 33,11), les prophètes remplis de l’Esprit que Dieu a envoyés à son Peuple et tous les anonymes qui ont transmis la Parole de Dieu… Tous se réjouissent de voir le fruit de leurs semailles parvenu à maturation et enfin moissonné.

Pour éclaircir son propos, Jésus rappelle à ses Apôtres qu’il les a déjà envoyés moissonner en annonçant la proximité du Royaume de Dieu même s’ils n’étaient pas accueillis (cf. Luc 10) avec cette constatation : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Luc 10,2)

La Samaritaine a été un de ces ouvriers parce qu’elle a rencontré Jésus et elle est allé le dire poussée par l’Esprit à tous ceux qu’elle rencontrait, sans se soucier d’être reçue ou non, ressentant en elle-même ce que saint Paul décrira plus tard : « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1Corinthiens 9,16)

Aujourd’hui c’est à nous que le Seigneur lance cette invitation : « Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » (Luc 10,3) Face à un matérialisme croissant et à un repli sur soi-même, il semblerait que nous ayons peu de chances d’être entendus mais ne nous décourageons pas et peut-être qu’il nous sera dit : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. » (v.42)

Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde


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