19 mars 2000
Lycée Militaire d'Autun
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Construisons trois tentes
Pierre Jacques et Jean, éblouis par la Transfiguration, constatant
que Moïse et Elie reconnaissent le rôle exceptionnel de Jésus,
ne veulent pas retourner au monde ; ils veulent rester dans cet antichambre
du paradis. Ils veulent s'installer !
Mais la théophanie s'arrête : ils ne virent plus que Jésus
seul.
Ainsi en est-il de nous-mêmes. Bien souvent, absorbé par
notre prière, en communion avec la Trinité, nous sentons
l'effet de l'Esprit Saint qui vient en nous. Nous voudrions rester dans
cet état, ne pas retourner aux contingences matérielles
de ce monde. Mais des événements extérieurs viennent
interrompre cet état de grâce
C'est l'ordre du Christ à tous ses disciples : " allez De
toutes les nations faites des disciples " Nous ne devons pas nous
isoler avec le Christ, aussi bien que nous soyons, mais aller porter la
Bonne Nouvelle à tous les hommes.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
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16 mars 2003
Forces Armées de Guyane
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Transfiguration
Moïse est le grand prophète, celui qui, au nom de Dieu ; a fait
sortir le peuple hébreu d’Egypte. Le seul homme qui parlait avec Dieu
‘face-à-face, comme un ami parle à un ami’. Même s’il se retire
sur la montagne pour y mourir, sa mort n’est pas vraiment relatée et il
n’y a été gardé aucune trace de son tombeau ; aussi la tradition
juive a-t-elle en envisagé qu’il ne soit pas mort mais enlevé aux cieux
auprès de Dieu.
Elie, autre grand prophète, est enlevé sur le Char de Dieu devant les
yeux de son disciple Elisée. Il est parti dans les cieux auprès du Seigneur.
La tradition juive a supposé qu’il reviendrait pour annoncer le règne
de Dieu et de son Messie.
Ce sont ces deux personnages qui apparaissent soudainement autour d’un
Jésus transfiguré, rayonnant de la lumière divine. Pour Pierre, Jacques
et Jean cela ne fait aucun doute, comme au jour du Baptême de Jésus, les
cieux se sont ouverts, la terre et le ciel sont en communication. Ceux
qui sont aux cieux, Moïse et Elie, peuvent venir sur terre et s’entretenir
face-à-face avec Jésus
En voyant des personnages aussi importants de la foi juive s’entretenir
avec Jésus, Pierre, malgré sa frayeur, aimerait que cela dure toujours,
aussi propose-t-il de s’installer, de dresser trois tentes. A peine a-t-il
fait sa proposition qu’une voix vient du ciel pour affirmer : ‘Celui-ci
est mon Fils bien-aimé’ au cas où les Apôtres n’auraient pas compris
que le face-à-face de ces prophètes avec Jésus manifestait sa divinité.
Nous aurions facilement tendance à envier les Apôtres qui sont témoins
de tels événements. Mais nous avons aussi bien sinon mieux comme signes,
en particulier la transsubstantiation, c’est à dire que, même si
l’apparence reste, le pain de l’hostie est transformé dans sa substance
en Corps du Christ. Sur l’autel le Christ ressuscité est présent, les
cieux sont ouverts : celui qui par excellence est auprès du Père,
le Fils unique, vient sur terre pour s’entretenir avec nous par sa Parole.
Comme Pierre, nous aimerions que cela dure toujours et nous voudrions
nous installer, mais au contraire de ce passage d’évangile, le Christ
est ressuscité et donc, loin de nous taire, nous devons en parler à tous
les hommes. La communion que nous recevons, nous envoie vers tous. C’est
le sens de l’Ite missa est ou Allez la mission existe !
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier catholique des Forces Armées de Guyane
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8 mars 2009
Brigade Franco-Allemande
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Transfiguré !
Le Seigneur découvre sa gloire devant les témoins qu’il a choisis,
et il éclaire d’une telle splendeur cette forme corporelle qu’il a en
commun avec les autres hommes que son visage a l’éclat du soleil et que
ses vêtements sont aussi blanc que la neige. Par cette transfiguration
il voulait avant tout prémunir ses disciples contre le scandale de la
croix et, en leur révélant toute la grandeur de sa dignité cachée, empêcher
que les abaissements de sa passion volontaire ne bouleverse leur foi.
Mais il ne prévoyait pas moins de fonder l’espérance de l’Eglise,
en faisant découvrir à tout le corps du Christ quelles transformations
lui serait accordées ; ses membres se promettaient de partager l’honneur
qui avait resplendit dans leur chef.
Le Seigneur lui-même avait déclaré à ce sujet, lorsqu’il parlait de
la majesté de son avènement : Alors les justes brilleront comme le
soleil dans le royaume de leur Père. Et l’apôtre saint Paul atteste lui
aussi : J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances
du temps présent et la gloire que le Seigneur va bientôt révéler en nous.
Et encore : Vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée
en lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ qui est votre vie, alors, vous
aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire. Cependant pour confirmer
les Apôtres et les introduire dans une complète connaissance, un autre
enseignement s’est ajouté à ce miracle.
En effet, Moïse et Elie,, c’est-à-dire la Loi et les Prophètes, apparurent
en train de s’entretenir avec le Seigneur. Ainsi par la réunion de ces
cinq hommes s’accomplit de façon certaine la prescription : Toute
parole est garantie par la présence de deux ou trois témoins.
Qu’y a-t-il donc de mieux établi, de plus solide que cette parole ?
La trompette de l’Ancien Testament et celle du Nouveau s’accordent à la
proclamer ; et tout ce qui en a témoigné jadis s’accorde avec l’enseignement
de l’Evangile.
Les écrits de l’une et l’autre Alliance, en effet, se garantissent
mutuellement ; celui que les signes préfiguratifs avaient promis
sous le voile des mystères, est montré comme manifeste et évident par
la splendeur de sa gloire présente. Comme l’a dit saint Jean, en effet :
Après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues
par Jésus-Christ. En lui s’est accomplie la promesse des figures prophétiques
comme la valeur des préceptes de la Loi, puisque sa présence enseigne
la vérité de la prophétie, et que sa grâce rend praticables les commandements.
Sermon de saint Léon le grand pour le 2ème dimanche
de Carême
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4 mars 2012
Fort Neuf de Vincennes
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La Loi et les prophètes
Dieu dit : « Écoutez donc mes paroles: S'il y a parmi
vous un prophète, c'est en vision que je me révèle à lui, c'est
dans un songe que je lui parle. Il n'en est pas ainsi de mon serviteur
Moïse, toute ma maison lui est confiée. Je lui parle face à face
dans l'évidence, non en énigmes » (Nombres 12,6-8)
Dieu dit : « ‘Sors et tiens-toi dans la montagne devant
le Seigneur’. Et voici que le Seigneur passa. Il y eut un grand
ouragan, si fort qu'il fendait les montagnes et brisait les rochers,
en avant du Seigneur, mais le Seigneur n'était pas dans l'ouragan ;
et après l'ouragan un tremblement de terre, mais le Seigneur n'était
pas dans le tremblement de terre ; et après le tremblement
de terre un feu, mais Le Seigneur n'était pas dans le feu ;
et après le feu, le bruit d'une brise légère. Dès qu'Elie l'entendit,
il se voila le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l'entrée
de la grotte. Alors une voix lui parvint, qui dit : ‘Que fais-tu
ici, Elie ?’ » (1Rois 19,11-13)
« Elie leur apparut avec Moïse et ils s'entretenaient avec
Jésus. » (Marc 9,4)
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Sous les yeux de Pierre, Jacques et Jean, deux personnages importants
de l’Ancien Testament, ceux à qui Dieu parlait directement, apparaissent
et parlent avec Jésus dans la gloire de la Transfiguration
Les Apôtres, habitués à côtoyer la nature humaine de Jésus entrevoient
sa nature divine : il montre de façon éclatante qui il est, il est
celui qui parlait avec Moïse et Elie, il est celui qui inspirait les prophètes ;
il est le « Verbe qui s’est fait chair ! » Mais
les Apôtres ne comprennent pas immédiatement ce que cela signifie, Pierre
propose une solution toute humaine : construire des tentes pour les
invités de Jésus !
Cet événement est tellement important pour la
foi chrétienne que l’Eglise a décidé d’en faire une solennité à part entière
(6 août) pour que les croyants d’aujourd’hui n’oublient pas malgré les
préoccupations quotidiennes que Dieu est venu en personne pour sauver
l’humanité. En manifestant sa nature divine aux Apôtres, Jésus la manifeste
à nous aussi, mais, comme les témoins oculaires, nous ne restons souvent
qu’à un niveau matériel.
L’interdiction que Jésus donne à ses Apôtres spécifie bien de ne pas
en parler avant qu’il soit ressuscité d’entre les morts.
Nous nous préparons à célébrer cette Résurrection, nous avons donc l’autorisation
– et même le devoir – d’en parler, de répandre le message : cet homme
Jésus dont la nature divine a été révélée aux Apôtres a été mis à mort
par les péchés de chaque homme, il est ressuscité et il siège à la droite
du Père où il nous prépare une place.
« Celui-ci est mon Fil bien-aimé, écoutez-le » (Marc
9,7) Il nous parle personnellement aujourd’hui, au moins pendant la période
du Carême, tendons l’oreille pour l’entendre m’appeler par mon nom.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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1er mars 2015
n°806
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Ressusciter d’entre les morts
Les Apôtres, en redescendant de la montagne, « se demandaient
entre eux ce que voulait dire : ‘ressusciter d’entre les morts’ »
La résurrection est une espérance de la foi juive pour les branches pharisienne
et essénienne mais le parti saducéen croit uniquement à une rétribution
immédiate. Saint Paul profite de cette différence de croyance pour opposer
ses accusateurs devant Félix, le gouverneur de Césarée (cf. Actes 24)
qui comprend qu’il s’agit d’une querelle intestine au judaïsme.
Pierre, Jacques et Jean, tout Apôtres qu’ils soient, ne sont certainement
pas familiarisés avec cette notion de Résurrection des morts. Lors de
la prière du Sabbat, le Rabbin de la synagogue de Capharnaüm devait plus
facilement commenter les grands épisodes historiques de la Torah ou faire
une actualisation des livres des prophètes plutôt que de se lancer dans
l’explication de grandes spéculations théologiques.
Pourtant les Apôtres ont vu Jésus s’entretenir avec Moïse et Elie vivants
dans la ‘Nuée’, le premier dont personne ne connaît l’emplacement
du tombeau et le second qui est enlevé aux cieux sans mourir sur le ‘char
de feu’ de Dieu (cf. 2Rois, 2,11) Deux hommes qui devraient être morts
parlent avec Jésus sous leurs yeux ! plus tard Jésus leur fera comprendre
le sens profond de cette théophanie en leur rappelant l’Ecriture :
« Et au sujet de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu
ce qui vous a été dit par Dieu : Moi, je suis le Dieu d’Abraham,
le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? Il n’est pas le Dieu des morts,
mais des vivants. » (Matthieu 22,31-32)
Malgré cette explication les Apôtres ont du mal à envisager la Résurrection
de Jésus, ils pensent voir un fantôme lorsqu’il leur apparaît le dimanche
de Pâques : « Comme ils en parlaient encore, lui-même fut
présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. »
Luc 24,36-37) Cette difficulté devient la base de la proclamation de la
foi quand ils ont reçu l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte : « Ce
Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. »
(cf. Actes 2,1-41)
La Transfiguration est une anticipation, Jésus se révèle pleinement homme
et pleinement Dieu pour monter à ses disciples qu’ils sont eux aussi appelés
à être transfigurés lorsqu’ils seront dans le Royaume comme Moïse et Elie
sont au cœur de la ‘Nuée’, c'est-à-dire en pleine conscience de
Dieu, le Père, le Fils et l’Esprit.
Transfiguration et Résurrection sont intimement liées, la première laisse
présager la seconde. Pierre, Jacques et Jean ne pouvaient pas témoigner
de la première sans avoir été témoin de la seconde. Les Apôtres ont obéi
à l’injonction du Christ sans en comprendre le sens. Après la Résurrection,
ils obéissent également à l’ordre du Christ : « Allez !
De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom
du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Matthieu 28,19) Aujourd’hui
cet ordre est adressé à l’Eglise, aux chrétiens des communautés locales
et à moi en particulier. Il est important de savoir y obéir.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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25 février 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°995
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Tu ne m’as pas refusé ton fils
Abraham a une place tout à fait particulière pour les trois religions
révélées. Les Juifs se revendiquent descendants du fils légitime,
Isaac, le garçon qu’Abraham a eu avec sa femme Sarah ; les Musulmans
affirment être les héritiers du fils aîné, Ismaël,
né bien avant Isaac, l’enfant qu’il a eu avec Agar, la servante de Sarah
qui se croyait stérile ; les premiers mettent en avant la légitimité,
les seconds le droit d’aînesse. Ismaël est l’enfant de la crainte :
Abraham avait peur de ne pas avoir d’héritier ; Isaac est l’enfant
de l’amour : celui de la femme qu’Abraham aimait, Sarah.
Les Chrétiens se fondent sur la foi d’Abraham et
non pas sur une généalogie : « Ne commencez pas à vous dire :
“Nous avons Abraham pour père”, car je vous dis que, de ces pierres, Dieu
peut faire surgir des enfants à Abraham. » (Luc 3,8) « C’est
ainsi qu’Abraham eut foi en Dieu, et il lui fut accordé d’être juste.
Comprenez-le donc : ceux qui se réclament de la foi, ce sont eux,
les fils d’Abraham. » (Galates 3,6-7)
Le Fils éternel du Père – ‘Dieu, né de Dieu, Lumière née de la Lumière,
vrai Dieu, né du vrai Dieu’ – a fait de ceux qui croient en lui les
fils de la foi : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a
donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom.
Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté
d’homme : ils sont nés de Dieu. » (Jean 1,12-13) « Voyez
quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants
de Dieu – et nous le sommes. » (1Jean 3,1)
En gravissant la montagne, chargé du bois pour l’holocauste, Isaac participe
à la confiance en Dieu de son père. C’est par notre foi que nous devenons
descendants d’Abraham. En montant le Golgotha avec le bois de la Croix,
le Fils montre l’amour du Père. Par la grâce, il nous offre de devenir
fils de Dieu.
Dieu refuse le prendre la vie de l’innocent qui est le signe de la foi
d’Abraham ; le Père accepte le don de sa vie par le Fils, porteur
des péchés des hommes, qui est le symbole du pardon et de la miséricorde :
« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »
(Luc 23,14) En descendant de la montagne, Isaac bénéficie d’une ‘nouvelle
vie’ ; par sa descente aux enfers, le Christ montre que l’Homme
est appelé à la vie éternelle.
Comme à notre ancêtre dans la foi, Dieu nous demande des choses qui sont
humainement impossibles mais il les convertit en missions réalisables
si nous lui faisons confiance. Si nous lui offrons ce qui nous est le
plus cher, il nous en laisse la jouissance. Cet usage nous le recevons
avec un cœur transformé, non plus rempli par l’orgueil du ‘possesseur’
mais avec la disponibilité due à la gratitude du ‘bénéficiaire’.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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28 février 2021
Paroisses Nesle & Athies
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n°1202
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Ne pas s’installer
Pierre Jacques et Jean, éblouis par la Transfiguration, constatant que
Moïse et Elie reconnaissent le rôle exceptionnel de Jésus, ne veulent
pas retourner au monde ; ils veulent rester dans cette antichambre
du paradis. Ils veulent s’installer !
Ce sont deux personnages extraordinaires qui viennent rendre témoignage.
Deux hommes qui ont une place tout à fait particulière dans l’Ancien Testament :
- Le premier, Moïse, est celui que Dieu a choisi pour libérer son Peuple
de l’esclavage d’Egypte, celui à qui Dieu a révélé son Nom, celui qui
pendant quarante ans a été le porte-parole du Seigneur, l’intermédiaire
dont le visage rayonnait après s’être entretenu avec Dieu : « Lorsque
Moïse descendit de la montagne du Sinaï, ayant en mains les deux tables
du Témoignage, il ne savait pas que son visage rayonnait de lumière
depuis qu’il avait parlé avec le Seigneur. » (Exode 34,29)
- Le second, Elie, est l’archétype des prophètes, celui qui, confiant
dans la puissance de Dieu, défie les prêtres de Baal : « Amenez-nous
deux jeunes taureaux ; qu’ils en choisissent un, qu’ils le dépècent
et le placent sur le bûcher, mais qu’ils n’y mettent pas le feu. Moi,
je préparerai l’autre taureau, je le placerai sur le bûcher, mais je
n’y mettrai pas le feu. » (1Rois18,23) et après l’échec des prêtres
de Baal « Alors le feu du Seigneur tomba, il dévora la victime
et le bois, les pierres et la poussière, et l’eau qui était dans la
rigole » (1Rois 18,38) Dieu lui apparaît dans une brise légère
(1Rois 19,11-15) Elie est enlevé de son vivant : « Ils étaient
en train de marcher tout en parlant lorsqu’un char de feu, avec des
chevaux de feu, les sépara. Alors, Élie monta au ciel dans un ouragan. »
(2Rois 2,11)
Il est compréhensible que les Apôtres aient voulu s’installer. Mais la
théophanie s’arrête : ils ne virent plus que Jésus seul.
Ainsi en est-il de nous-mêmes. Bien souvent, absorbé par notre prière,
en communion avec la Trinité, nous sentons l’effet de l’Esprit Saint qui
vient en nous. Nous voudrions rester dans cet état, ne pas retourner aux
contingences matérielles de ce monde. Mais après cette communion dans
la prière Jésus nous apparaît dans sa Parole et dans nos frères et sœurs.
C’est l’ordre du Christ à tous ses disciples : « allez De
toutes les nations faites des disciples » Nous ne devons pas
nous installer avec le Christ, aussi bien que nous soyons, mais aller
porter la Bonne Nouvelle à tous les hommes.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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25 février 2024
Maison Marie-Thérèse
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n°1370
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Que la montagne est belle
Certains mages étudiaient les étoiles et en tiraient des conclusions
pour la conduite du monde comme ceux qui sont venus jusqu’à la crèche
(cf. Matthieu2,1) Mais pour la plupart des personnes, le « firmament »
semblait être comme une toile de tente qui séparait les hommes des dieux.
Ainsi les habitants de Babel voulaient entrer par effraction dans le domaine
de Dieu en construisant une tour qui pourrait percer le ciel (cf. Genèse
11) Cette conception est restée dans les mœurs avec la pensée que depuis
des points élevés, comme les montagnes, les croyants seraient plus proches
de Dieu.
La Bible n’échappe pas à cette conception et le Dieu d’Abraham, d’Isaac
et de Jacob convoque ses prophètes sur des montagnes. Sur le mont Ararat,
Noé reçoit la promesse de l’arc-en-ciel (cf. Genèse, 8,21). Sur l’Horeb,
Moïse rencontre le Buisson ardent où Dieu lui donne sa mission (cf. Exode
3). Sur l’Horeb également, Elie reconnait le passage du Seigneur dans
la brise légère et il est conforté comme prophète (cf. 1Rois 19,12) Le
roi Salomon fit construire l’unique Temple du Dieu unique sur le mont
Sion comme le Seigneur l’avait dit à David (cf. 1Rois 5)
Dans cet esprit biblique, Dieu demande à Abraham de s’approcher de lui
en venant offrir son fils, Isaac, en sacrifice sur le mont Moriah. Cette
démarche de venir près du Seigneur est une partie importante de l’épreuve :
tout au long de la marche depuis son campement et pendant la montée jusqu’au
lieu choisi, Abraham s’interroge sur cette demande ; Isaac à ses
côtés lui pose aussi des questions sur ce voyage initiatique ; où
est l’agneau ? Pourquoi ne sont-ils que tous les deux, un sacrifice
n’est-il pas habituellement accompagné d’une ambiance de fête ? Ce
n'est pas un agneau que Dieu va substituer à Isaac mais un bélier :
le Seigneur donne toujours plus que ce qui est attendu. Abraham est venu
près de Dieu son espérance est comblée.
Emmenés par Jésus sur une ‘haute montagne’ Pierre, Jacques et
Jean se trouvent face au Christ glorieux ! La vision de Moïse et
de Elie parlant avec le Christ transfiguré dissipe tous leurs doutes :
ils comprennent qu’ils sont bien en présence de Dieu. Cette compréhension
est encore diffuse, ils ne peuvent l’exprimer correctement, Jésus leur
demande alors de ne pas parler de cette révélation tant qu’ils ne pourront
pas la comprendre parfaitement, c’est-à-dire lorsque la Résurrection aura
été manifestée. Guidés par le Fils, les Apôtres sont montés sur la montagne
de la Révélation ultime.
Faudrait-il alors que nous montions au sommet du clocher de l’église
pour être plus proche de Dieu ? L’Everest serait-il l’endroit le
plus saint de la Terre ? Le Christ nous enseigne une autre voie :
« Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni
sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. […] Mais l’heure
vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père
en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. »
(Jean 4,21.23). L’Eglise appelle chaque chrétien à bâtir un sanctuaire
de leur corps : « Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez
dans la construction de la demeure spirituelle. » (1Pierre 2,5)
afin d’ériger un édifice plus haut qu’une montagne du haut de laquelle
chaque membre pourra s’approcher du Père par le Fils dans l’Esprit. Chacun
pourra alors offrir ce qui lui tient à cœur pour découvrir la Gloire de
Dieu ;
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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