Je confesse à Dieu tout-Puissant,
je reconnais devant mes frères que j'ai péché
en pensée, en parole, par action et par omission; oui, j'ai vraiment
péché.
C'est pourquoi je supplie la Vierge Marie,
les anges et tous les saints et vous aussi mes frères
de prier pour moi le Seigneur notre Dieu
Que Dieu tout-Puissant nous fasse miséricorde,
qu'il nous pardonne nos péchés et nous conduise à
la vie éternelle
Ce sont là des paroles que nous disons fréquemment au début
de la messe, nous les disons, d'une façon machinale, distraite.
Et pourtant que de richesses spirituelles dans ces textes!
1. Confesser
Le verbe " Confesser " est, en premier lieu, utilisé
dans le sens de " Confesser la foi ". Les premiers martyrs étaient
appelés les " Confesseurs de la foi ".
Cela a un sens pour nous aujourd'hui lorsque nous commençons la
messe par ces paroles. Ensemble nous venons devant le Seigneur pour confesser
son amour envers nous : Je confesse à Dieu tout-Puissant.
Je m'engage vis à vis de Dieu en le reconnaissant tout-Puissant,
mais sa puissance réside dans son amour, sa puissance s'efface
devant notre liberté : Dieu s'offre, il ne s'impose pas. De même,
moi qui suis image de Dieu, je ne cherche pas la puissance temporelle
mais la puissance de l'amour.
2. Je reconnais devant mes frères.
Je viens devant le Seigneur comme un homme, ou une femme, conscient d'être
marqué par le péché, mais également conscient
que le Christ est mort pour mes péchés, qu'il m'a libéré.
C'est pourquoi cette reconnaissance est une profession de foi : c'est
le Dieu tout-Puissant qui me permet de faire cette démarche. Grâce
à son amour, il m'a ouvert les yeux, il me rend conscient que je
me suis séparé de Lui, mais il m'offre de combler le fossé
que j'ai creusé. "Je ne mérite plus d'être appelé
ton fils" dit le fils dépensier, "Faisons la fête
car mon fils était mort et il est revenu à la vie"
dit le père.
Je reconnais ma faute, mais je ne me juge pas : seul Dieu est un Dieu
de Justice, c'est à dire un Dieu qui rend juste et non un juge
dans le sens humain.
Je reconnais devant mes frères, je les prends comme témoins
de l'amour de Dieu pour moi, pour eux. Par cette formule, j'invite ceux
qui sont autour de moi à regarder leur vie, à reconnaître
qu'eux aussi sont pécheurs pardonnés. Je ne les juge pas,
ils ne me jugent pas : nous nous mettons ensemble en adoration devant
l'amour de Dieu.
3. En pensée, en parole, par action et par omission
Tous les domaines de la vie humaines sont ainsi exposés devant
l'amour de Dieu. Même si, effectivement, le péché
par pensée peut sembler aléatoire puisque par définition
il n'est pas passé aux actes, nous mettons ces pensées devant
Dieu pour lui demander son aide. (cf. Mt 5,27-30)
4. C'est pourquoi je supplie
Dans la prière du ''Je confesse à Dieu'' vient ensuite
toute une série d'intercession que nous demandons. A la Vierge
Marie d'abord en raison de son rôle irremplaçable et de son
intimité avec son fils, mais aussi aux anges et à tous les
saints.
Nous retrouvons ici une autre allusion au " Je crois en Dieu "
qui nous rappelle le monde visible et invisible. Nous évoquons
ainsi toute la communion qui est avec Dieu.
Rien de ce qui touche l'homme n'est étranger à la sphère
divine : toute la Création est concernée par le péché
de l'homme. Toute la Création intercède pour le pardon des
péchés de chacun d'entre nous.
Ensemble l'Eglise de la terre et la Jérusalem céleste sont
tendues vers Dieu en prière, en adoration, pour l'amour qu'il manifeste
aux hommes dans le pardon des péchés. (cf. Ap 21,22-27
5. Et à vous aussi mes frères
Nous sommes concernés par cette intercession. Le but du ''Je confesse
à Dieu'' n'est pas seulement personnel : c'est une démarche
d'Eglise, de communauté. Si je demande aux autres chrétiens
présents de prier le Seigneur pour moi, je m'engage en même
temps à prier pour eux.
Plus tard dans la messe, nous serons invités, ensemble, à
communier par une nouvelle béatitude : ''Heureux les invités
au repas du Seigneur''. Dans le ''Je confesse à Dieu'' la communauté
est invitée, dans son ensemble, à prier pour que chaque
chrétien retrouve dans sa propre vie la miséricorde de Dieu.
Cette dimension ecclésiale, nous la retrouvons dans la célébration
communautaire du sacrement de Réconciliation et de Pénitence.
C'est pourquoi ces célébrations sont un moment fort de la
vie du chrétien, un développement important de cette prière
de début de messe.
Là encore nous sommes réunis, Eglise de la terre et du
ciel, pour prier pour le salut du monde. Non seulement de nos propres
péchés mais dans un rôle d'intercesseur pour tous
les hommes et toutes les femmes. (cf. Mt 18, 19-20)
Père JeanPaul Bouvier
aumônier du LycéeMilitaire d'Autun
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