Décembre 1995
Saint Charles de Monceau
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n°36
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Une messe paroissiale animée par les Scouts de
France et les Guides de France
Nous avons la chance dans notre paroisse Saint Charles de Monceau d'avoir
un Groupe Scout et un Secteur Guide importants, plus de cent cinquante
jeunes et une vingtaine de jeunes adultes pour les encadrer.
Or, par définition, le Scoutisme et le Guidisme sont des mouvements
qui bougent, qui campent, c'est pourquoi nous ne les voyons pas très
souvent, ils sont partis à l'extérieur de Paris pour pouvoir
vivre leurs activités.
Malgré cet aspect nomade, ils ont un sentiment d'appartenance
à la Paroisse. Et deux fois dans l'année les deux mouvements
se regroupent pour célébrer la messe avec l'ensemble de
notre communauté paroissiale. Samedi 16 Décembre, ils animent
la messe de 18h00. Animer dans l'esprit du fondateur Lord Baden-Powell,
c'est se mettre au service des autres, pour le Groupe Scout et le Secteur
Guide de Saint Charles, c'est aussi être présent et participant
aux activités habituelles de la Paroisse.
Lorsqu'il m'arrive de célébrer la messe avec les unités
Guides ou Scouts, pendant un Week-end ou pendant les camps d'été,
nous mentionnons toujours dans la prière tous ceux qui participent
à la messe dans l'église Saint Charles, et, réciproquement,
nous sommes sûrs de la prière de la Paroisse pour nos activités.
Ce Samedi 16 Décembre, nous avons voulu manifester cette communion
habituelle entre différents aspects de l'annonce de la Bonne Nouvelle
sur notre quartier. La messe dominicale est un des lieux essentiels pour
le départ de la propagation de l'Evangile. Ensemble nous participons
à l'écoute de la Parole, au partage Eucharistique, à
l'envoi en mission. Dans la prière commune, nous trouvons les forces
nécessaires pour vivre avec l'Esprit dans notre existence quotidienne,
dans nos engagements respectifs.
La devise des louveteaux et des Jeannettes est de faire de son mieux.
Puisse chacun d'entre nous, à l'occasion de cette messe, faire
de son mieux pour faire avancer l'Evangile là où il se trouve.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier des Scouts et des Guides de Saint Charles de Monceau
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13 décembre 1998
Lycée Militaire d'Autun
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n°69
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Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre
un autre ?
Il est vraisemblable que Jean le Baptiste, comme beaucoup de baptiseurs
de son temps, ait eu des contacts, voire une formation, avec les Esséniens,
groupe de croyants juifs, rendus célèbres par les découvertes
de Qurâm.
Les écrits découverts dans la communauté de Qurâm
nous apprennent que les Esséniens attendaient deux messies (messiah
= celui qui est oint par Dieu). Le premier était un roi, descendant
de David, lieutenant de Dieu pour le gouvernement de son Peuple et qui
rétablirait le Royaume d'Israël, au besoin par la guerre ;
le second était un prêtre, descendant d'Aaron, intercesseur
du Peuple auprès de Dieu et sacrificateur pour le Peuple, en particulier
pour le pardon des péchés.
La question posée, qui pouvait paraître anodine à
première vue, est donc très importante pour les disciples
de Jean le Baptiste, eux aussi formés dans l'esprit essénien.
En répondant par la prophétie d'Isaïe, Jésus
leur indique qu'il s'agit de tout autre chose. Il ne vient pas pour bouter
les romains hors du pays d'Israël ; il ne vient pas pour rétablir
les rites du Temple. Il est Dieu lui-même qui vient pour sauver
son Peuple. Il est un double Messie, roi descendant de David et prêtre,
éventuellement descendant d'Aaron, mais surtout à la manière
du Roi Melkisédek (cf. Gn 14 ; Ps 110 ; Hé 5,5-10 et 6,20
; et première prière eucharistique) qui offre du pain et
du vin au très-Haut.
Cela nous amène à nous poser la même question : qui
est Jésus pour nous ? Attends-je une Eglise qui serait établie
souveraine sur le monde ou bien une Eglise qui ne serait que rites et
prières ?
La réponse est sans doute différente. L'Eglise doit être
l'aspiration de chacun vers l'idéal que Dieu propose à tous
les hommes et en même temps l'intercesseur du genre humain.
Mais l'Eglise est composée de membres dont je fais partie : ce
qui s'applique à elle s'applique également à moi.
Je dois donc proposer l'idéal humain à ceux que je côtoie
et intercéder pour les hommes.
Que ce temps de Noël où Dieu le Fils s'incarne soit pour
nous le rappel de l'importance de l'homme aux yeux de Dieu puisqu'il n'a
pas hésité à devenir l'un de nous.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
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16 décmbre 2001
Forces Armées de Guyane
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n°126
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Qu'êtes-vous allé voir au désert
?
En disant cela, après le départ des disciples de Jean le
Baptiste, Jésus nous laisse à penser que un bon nombre de
ses propres disciples a d'abord été sur le chemin de la
conversion prêché par Jean. Sachant que certains n'y étaient
allés plus par curiosité que par désir réel
de conversion, il veut souligner le rôle essentiel du Précurseur.
Ce n'est pas seulement un prophète qui, comme tous les prophètes,
annonce la venue du Règne de Dieu, mais un passage important dans
le plan divin du Salut. Jean Baptiste est le dernier des prophètes,
sa fonction est d'annoncer non pas la venue mais l'inauguration du Royaume.
C'est pourquoi Jésus peut ajouter : " Parmi les enfants des
femmes, il n'y en a pas de plus grand que lui. "
La suite de cette phrase " le plus petit dans le Royaume des Cieux
est plus grand que lui. " nous indique que ceux qui sont dans la
contemplation éternelle de la Trinité, ceux qui sont entrés
dans le Royaume, sont plus grands que n'importe quel être humain
vivant sur cette terre.
" Mais par le sacrement du baptême, rouge du sang du Christ,
la faute est remise et on parvient aussi au Royaume des cieux, dont le
sang du Christ a miséricordieusement ouvert l'entrée à
ses fidèles. " Cette formulation du pape Innocent III a le
mérite d'éclairer la foi de l'Eglise : par le Baptême
nous entrons dans le Royaume, nous naissons à la vie spirituelle,
nous participons à la gloire de Dieu.
Une conclusion s'impose alors à l'esprit : puisque je suis dans
le Royaume de Dieu, même si j'en suis le plus petit, je suis plus
grand que Jean Baptiste. Ce ne sont pas mes mérites personnels
qui font que je suis plus grand, c'est mon Baptême. Jean Baptiste
annonçait l'inauguration du Royaume, le Baptisé que je suis
annonce la présence du Royaume des Cieux parmi nous.
C'est donc à nous, chrétiens, de montrer que déjà
nous vivons dans le Royaume, dans la contemplation de Dieu, mais aussi
dans ce monde qui a tant besoin de notre témoignage.
La question initiale de Jésus s'adresse donc aussi à nous
: que venons-nous voir dans l'Eglise ? Une communauté sympathique
? Des relations humaines ? Ou bien partageons-nous réellement le
festin du Royaume ?
La réponse se trouve dans nos cœurs.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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16 décembre 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°349
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Le plus petit dans le Royaume
Les prophètes sont des personnes qui savent lire les signes des temps
à la lumière de la Parole de Dieu et ils avertissent leurs contemporains
des écarts qui peuvent entraîner des effets catastrophiques.
Jean le Baptiste est de cette trempe-là et sa prédication séduit, elle
conduit de nombreuses personnes à se repentir de ne pas suivre la volonté
de Dieu et à changer de vie. Il subit les conséquences de ses discours
enflammés contre la situation de la nation et en particulier de l’immoralité
qui règne à sa tête, il est jeté en prison sur ordre du roi Hérode et
surtout de sa femme Hérodiade.
De sa prison, Jean entends les bruits qui courent sur Jésus et, bien
qu’il ait été témoin de la théophanie lors du Baptême de Jésus et il envoie
quelques-uns uns de ses disciples pour demander des précisions. Il n’aura
comme réponse que les paroles de la prophétie d’Isaïe, ou plutôt le témoignage
des propres disciples sur la réalisation de ces paroles par Jésus.
Cette visite permet à Jésus de clarifier le rôle de Jean en affirmant
qu’il était bien le prophète annoncé par Malachie, le précurseur de la
venue du Messie. Pourtant il ajoute pour compléter que Jean, pour important
qu’il soit sur la terre, est le plus petit dans le Royaume des Cieux.
Les auditeurs se demandent quelle est la signification de cette déclaration.
Jean n’est-il pas inspiré par Dieu pour annoncer la venue de ce Royaume ?
Jésus acquiesce à cette affirmation et y ajoute encore en disant que
Jean est l’aboutissement de tous les prophètes. Mais il n’explique pas
sa comparaison, c’est à l’auditeur (ou au lecteur d’aujourd’hui) de la
comprendre.
Les personnes qui sont dans le Royaume sont en présence de Dieu, Père,
Fils et Esprit, par-là même ils ont la vision béatifique dont Jean ne
bénéficie pas encore et c’est en cela qu’elles sont plus grandes que lui.
Quelles peuvent être ces personnes plus grandes que Jean le Baptiste ?
ce sont celles qui sont entrées dans le Royaume par le Baptême chrétien,
non pas seulement celles qui sont mortes, mais tout homme et toute femme
ayant été baptisé au nom du Père du Fils et du saint Esprit, selon la
volonté exprimée par Jésus ressuscité (cf. Mt 28,19)
C’est donc à nous de manifester que nous sommes plus grands que Jean
le Baptiste par une vie conforme au Royaume.
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12 décembre 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°508
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Ce que vous entendez et voyez
Jean le Baptiste, celui qui prêche dans le désert un baptême de conversion,
n’a pas compris que ce Jésus était le Messie attendu pourtant la théophanie
dont il a été témoin aurait dû lui ouvrir les yeux ; il apprend depuis
sa prison ce que Jésus fait et il envoie les disciples qui lui sont restés
fidèles se renseigner avec certitude.
La réponse que Jésus leur fait n’a pas dû les satisfaire pleinement puisque,
apparemment, il ne fait que leur rappeler une prophétie d’Isaïe (cf. 29,18)
et même s’ils constatent quelques miracles, les prophètes n’en ont-ils
pas fait autant ? Cet homme ne correspond pas à celui qu’ils attendaient,
ni à celui que Jésus annonçait !
Une fois les disciples de Jean repartis, Jésus explique le rôle du précurseur
à ses auditeurs et il s’appuie sur la prophétie de Malachie (cf. 3,1)
qui annonçait la venue d’un homme qui préparerait le chemin de Dieu. En
prenant ce passage des Ecritures, Jésus affirme qu’il est lui-même Dieu
qui a promis de venir au milieu de son peuple.
La transposition que nous pouvons faire pour notre époque et nos communautés
est simple ; comme Jean le Baptiste et ses disciples nous manquons
de foi dans la mission salvifique du Fils unique du Père et nous trouvons
fréquemment qu’Il ne correspond pas à ce que nous en attendons !
A l’image de ces disciples qui repartent avant que Jésus ait donné la
clef de sa réponse, nous nous décourageons et nous n’attendons pas de
réponse ou d’explication.
La locution que Jésus utilise : ‘ce que vous entendez et voyez’
s’applique pourtant bien aujourd’hui :
- Nous entendons, lisons et méditons la Parole de Dieu transmise dans
la Bible ;
- Nous qui voyons toutes ces personnes qui ont une vie conforme à la
prédication du Christ et qui revendiquent le nom de chrétiens malgré
les persécutions directes ou indirectes ;
- Nous qui vivons de ces engagements de Dieu Père, Fils et Esprit que
sont les Sacrements.
Ces simples actions et constats nous poussent à proclamer à ceux qui
nous posent la question quant au message du Christ : Jésus est bien
celui qu’annonçait tout l’Ancien Testament qui est venu en ces jours qui
sont les derniers (cf. Hébreux 1,2) pour ouvrir à toute l’humanité les
portes du Royaume.
Nous entendons et nous voyons, il nous reste simplement à avoir l’acte
de foi de l’évangéliste Jean lorsqu’il entre dans le tombeau vide au matin
de Pâques : « Il vit et il crut ! » (Jean 20,8)
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort de Vincennes
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15 décembre 2013
Secteur Vermandois
n° 718
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La ‘vengeance’ de Dieu
Les disciples de Jean Baptiste, et plus largement l’ensemble du Peuple
de Dieu, connaissent parfaitement les prophètes. Ils comprennent immédiatement
que la phrase de Jésus : « Les aveugles voient, les boiteux
marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent… »
(Matthieu 11,5) est une allusion non seulement à la phrase d’Isaïe (35,5-6)
mais aussi au contexte de cette prophétie qui présente la ‘vengeance
de Dieu’ qui est sa ‘revanche’ contre les persécuteurs d’Israël.
Cette ‘vengeance’ n’est pas dans l’esprit de la loi du talion :
« œil pour œil, dent pour dent » (Exode 21,24) elle n’a
pas pour but de punir ceux qui ont détruit Jérusalem mais simplement de
montrer la puissance de Dieu qui sauve son peuple en le libérant des servitudes
étrangères. Pour cela le Seigneur ne va pas déléguer un envoyé comme Moïse
libérant le Peuple de l’esclavage d’Egypte (cf. Exode 3), ni un roi comme
David vainqueur des assauts des pays voisins, ni un prophète comme Elie
triomphant des prêtres de Baal (cf. 1Roi 18-19), ni même un monarque étranger
comme le roi Cyrus offrant la liberté aux déportés de l’Exil (cf. Esdras
1,1sv) Dieu vient lui-même sauver son peuple (Isaïe 35,4)
Ainsi lorsqu’il donne la prophétie d’Isaïe comme réponse à la question
des disciples de Jean Baptiste : « Es-tu celui qui doit venir,
ou devons-nous en attendre un autre ? », il affirme la réalisation
de la promesse que Dieu a faite par la voix de son prophète : il
vient lui-même pour sauver son peuple. Pour Jean et ses
disciples, le doute n’est plus permis : Jésus n’est pas un simple
envoyé du Seigneur, il est le Messie attendu. Le IVème évangéliste peut
rapporter les paroles prophétiques de Jean Baptiste : « Il
faut qu’il croisse, et que je diminue. » (Jean 3,30)
Après avoir répondu aux disciples de Jean, Jésus explicite le rôle de
Jean pour la foule qui est autour de lui, en reprenant un autre passage
du prophète Isaïe : « Voici que j'envoie mon messager en
avant de toi, pour qu'il prépare le chemin devant toi. » (Matthieu
11,10 # Isaïe 40,3) L’appel à la conversion prêché par Jean est une préparation
à la venue du Seigneur au milieu de son peuple pour l’inauguration du
Royaume.
Aujourd’hui en méditant la prédication de Jean et les explications données
par Jésus, nous nous préparons à cette Bonne Nouvelle de Dieu venu en
notre chair par amour pour chacun de nous. Devenu semblable à nous par
sa naissance d’une femme, il nous permet de devenir semblables à lui :
« Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés
à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né
entre plusieurs frères. » (Romain 8,29)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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11 décembre 2016
Paroisses Nesle & Athies
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n°909
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Patience
Saint Jacques était à la tête de l’église de Jérusalem (cf. Actes 12,17 ;
15,13 ; 21,18) il avait donc une place prépondérante et un ascendant
certain auprès des chrétiens, y compris ceux qui étaient au loin. Son
épître date de 56 après Jésus-Christ. C’est donc peu de temps après la
mort et la Résurrection de Dieu le Fils mais en même temps trop longtemps
pour les chrétiens du Ier siècle qui attendaient le retour du Christ dans
sa Gloire d’une minute à l’autre et ils s’étonnaient que la parousie tardât
ainsi. Des doutes sur la véracité de l’annonce de la Bonne Nouvelle par
les Apôtres apparaissaient : le Royaume allait-il enfin venir ?
L’auteur de cette lettre s’appuie sur les paroles de Jésus et se réfère
aux prophètes qui ont annoncé la venue du Messie mais qui n’ont pas assisté
à cet évènement comme l’avait annoncé Jésus pendant sa prédication :
« Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous
voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont
pas entendu. » (Matthieu 13,17) Ces prophètes ne se sont pas
découragés mais ils ont continué à parler au nom de Dieu, même lorsqu’ils
étaient rejetés par le peuple ou les autorités religieuses.
Le commandement que Jésus Ressuscité donne à ses disciples est clair :
« De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les
au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Matthieu 28,19)
Tant que le monde ne se sera pas converti librement à l’amour de Dieu,
Père, Fils et Esprit, le Christ attendra : « J’ai encore
d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi,
il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura
un seul troupeau et un seul pasteur. » (Jean 10,16) « car je
ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. » (Jean 12,47)
Les chrétiens n’ont pas lieu de s’impatienter, ils devraient au contraire
se réjouir que l’attente soit le signe du Salut pour tous les hommes.
Aujourd’hui plus personne s’étonne que le Christ ne soit pas encore
revenu. L’impatience des chrétiens s’est émoussée au fil des siècles.
Même si nous disons régulièrement « que ton règne vienne »
c’est sans grande conviction ; au contraire la plupart des personnes
disent : ‘pas tout de suite ! On n’est pas pressés !’
alors que c’est le cœur de notre foi : ‘Il reviendra dans la Gloire
pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin’.
Il est grand temps de reprendre en main notre vie spirituelle, de sortir
de cette torpeur qui nous enferme dans une foi routinière et comme affadie.
Le pape François par ses encycliques et exhortations nous invite à davantage
d’audace pour révéler à l’humanité la Joie de l’Evangile et la Joie de
l’Amour. Les chrétiens ne doivent pas être timorés mais au contraire s’engager
résolument dans l’annonce de la Bonne Nouvelle : « Je connais
tes actions, je sais que tu n’es ni froid ni brûlant – mieux vaudrait
que tu sois ou froid ou brûlant. Aussi, puisque tu es tiède – ni brûlant
ni froid – je vais te vomir de ma bouche. » (Apocalypse 3,16)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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15 décembre 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1119
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Attendre !
Le désarroi de Jean le Baptiste est évident dans la question qu’il pose :
« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ».
Lors de ses prédications qui accompagnaient le geste du baptême, il annonçait
un Messie dont ‘il ne serait pas digne d’enlever les sandales’,
un prophète qui ‘baptiserait dans l’Esprit Saint et le feu’, un
envoyé de Dieu qui purifierait Israël comme on ‘sépare le grain de
la paille’. Au lieu d’un tel homme, ses disciples rapportent à Jean
un Jésus qui parle d’amour, de pardon. Pour être sûr, Jean envoie à Jésus
des émissaires pour lui poser cette question et d’une certaine façon le
mettre en face de ses responsabilités.
La réponse de Jésus est la citation du prophète Isaïe que tous les juifs
connaissent et appliquent à la personne du Messie qui doit venir. Cette
réponse est claire pour Jean-Baptiste non pas tant à cause des miracles,
les aveugles voient, les sourds entendent… mais à cause de les petites
incises avec lesquelles le prophète introduit ces miracles : « On
verra la gloire du Seigneur […] Dieu vient lui-même et va vous sauver. »
Pour réaliser cette promesse, Dieu-le-Fils « s’est fait chair il
a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire » (Jean 1,14)
« prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.
Reconnu homme à son aspect » (Philippiens 2,7).
Pour nous cette réponse paraît cryptée – un peu comme les messages de
Radio-Londres pendant la guerre – pour laquelle il faut une clef pour
pouvoir bien la déchiffrer et la comprendre. Mais pour des personnes familières
de la parole de Dieu depuis leur plus tendre enfance, elle est d’une clarté
évidente, son interprétation se fait sans erreur possible : Jésus
est bien le Messie promis et attendu. L’évangile de saint Jean et la lettre
aux Philippiens se font écho de cette compréhension du Messie : il
ne vient pas pour rétablir le Royaume de David dans son ampleur en chassant
les occupants romains ou autres ; le Fils s’incarne pour montrer
à tous les hommes combien ils ont d’importance aux yeux du Père, déjà
le psaume admirait : « Qu'est-ce que l'homme, pour que tu
le connaisses, Seigneur, le fils d'un homme, pour que tu comptes avec
lui ? » (143[144],3)
Ces textes nous sont proposés par l’Eglise dans ce temps de l’Avent pour
que nous nous rendions compte de l’amour de Dieu manifesté dans cet enfant
né dans une étable ; c’est une progression vers ce mystère de l’incarnation
ainsi offerte. Nous savons que les clefs de décryptage sont dans la Parole,
c’est en la lisant et en la méditant, personnellement, à plusieurs, en
Eglise que nous découvrirons ces clefs et elles nous permettront de profiter
pleinement de cette progression.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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11 décembre 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1299
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Devons-nous en attendre un autre ?
Il est vraisemblable que Jean le Baptiste, comme beaucoup de prédicateurs
de son temps, ait eu des contacts, voire une formation, avec les Esséniens,
groupe de croyants juifs, rendus célèbres par les découvertes de Qurâm.
Les écrits découverts dans la communauté de Qurâm éclairent les historiens
et les biblistes sur la communauté des Esséniens : en particulier
ils attendaient deux messies (messiah = celui qui est oint par Dieu).
Le premier était un roi, descendant de David, lieutenant de Dieu pour
le gouvernement de son Peuple et qui rétablirait le Royaume d’Israël,
au besoin par la guerre ; le second était un prêtre, descendant d’Aaron,
intercesseur du Peuple auprès de Dieu et le grand sacrificateur pour le
Peuple, en particulier pour le pardon des péchés.
La question posée, qui pouvait paraître anodine à première vue, est donc
très importante pour les disciples de Jean le Baptiste, eux aussi formés
dans l’esprit essénien.
En répondant par la prophétie d’Isaïe, Jésus leur indique qu’il s’agit
de tout autre chose. Il ne vient pas pour bouter les romains hors du pays
d’Israël ; il ne vient pas pour rétablir les rites du Temple. Il
est Dieu lui-même qui vient pour sauver son Peuple. Il est un double Messie,
roi descendant de David et prêtre, éventuellement descendant d’Aaron,
mais surtout à la manière du Roi Melchisédech (cf. Genèse 14 ; Psaume
110 ; Hébreux 5,5-10 et 6,20 ; et première prière eucharistique
des catholiques) qui reçoit la dîme de la part d’Abraham et qui offre
du pain et du vin au très-Haut au nom du peuple de l’Alliance.
Cela nous amène à nous poser la même question : qui est Jésus pour
nous ? Est-ce que j’attends une Eglise qui serait établie souveraine
sur le monde ou bien une Eglise qui ne serait que rites et prières ?
La réponse est sans doute différente. L’Eglise doit être l’aspiration
de chacun vers l’idéal que Dieu propose à tous les hommes et en même temps
l’intercesseur du genre humain.
Mais l’Eglise est composée de membres pécheurs dont je fais partie :
ce qui s’applique à elle s’applique également à moi. Je dois donc proposer
l’idéal humain à ceux que je côtoie et intercéder pour les hommes.
Que ce temps vers Noël où Dieu le Fils s’incarne soit pour nous le rappel
de l’importance de l’homme aux yeux de Dieu puisqu’il n’a pas hésité à
devenir l’un de nous.
Père JeanPaul Bouvier Prêtre retraité – curé émérite
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