Décembre 1993
Saint Charles de Monceau
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Têtu ou persévérant?
Lorsque les Juifs venaient en foule pour écouter Jean, ils l'entendaient
proclamer un discours de conversion et de retour à la foi.
Pourtant, les pressions exercées contre Jean étaient nombreuses,
elles vont même aller jusqu'à son arrestation pour satisfaire
Hériodiade qui ne supportait pas d'être mise en accusation
par les paroles de Jean.
Jean était-il victime d'un entêtement hors pair risquant
sa vie pour des idées surannées? Ou bien était-il
persévérant dans l'annonce d'une Bonne Nouvelle?
La réponse va de soi pour un chrétien. Jean était
le précurseur annoncé dans l'Ancien Testament par les Prophètes.
Alors il y a peut-être une leçon à tirer pour notre
attitude dans le monde du XXème siècle.
Nous battons-nous pour des idées? Pour une espèce de morale
qui daterait déjà de vingt siècles? C'est ce que
pense un grand nombre de gens qui nous disent que l'"Eglise"
ne comprend pas le monde moderne, qu'il faut évoluer, qu'il faut
s'adapter...
Lassés des attaques, nous risquons de céder, de penser
comme "tout le monde", de laisser notre particularité
de croyant au vestiaire et de hurler avec les loups.
Notre message est tout autre. Ce ne sont pas des idées toutes
faites que nous défendons, c'est toute la conception de l'homme
créé à l'image de Dieu. Nous proclamons un Messie
venu parmi nous nous, Dieu qui s'incarne sans tricher parmi les hommes
pour nous montrer de quelle humanité nous pouvons être. En
naissant parmi les hommes Jésus nous dit que l'homme a de l'importance
aux yeux de Dieu, que nous sommes aimés de Dieu, tels que nous
sommes avant toute conversion ou tout effort de notre part, Dieu est pour
nous un Père aimant, prêt à pardonner, prêt
à nous relever. La société moderne a sans doute changé
par rapport à l'époque de Jésus ou celle d'Abraham,
mais l'amour de Dieu est de toujours à toujours.
Soyons persévérants, le message d'amour doit triompher,
non pas en s'imposant de force aux hommes mais en s'imposant par amour.
Commençons par montrer à tous que nous vivons de l'amour,
de la tolérance et de l'altruisme, et nous pourrons annoncer un
Dieu qui est source de salut.
L'entêtement est source de blocage et d'enfermement, la persévérance
est le fruit de la prière et de la foi.
Convertissons-nous et nous convertirons.
Père JeanPaul Bouvier
Vicaire à la paroisse saint Charles de Monceau
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5 décembre 1999
Lycée Militaire d'Autun
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Avent
Nous attendons tous quelque chose. Pour certains, ce sont des précisions
quant à leur avenir, pour d'autres l'attente se situe davantage
dans l'immédiat, d'autre encore se situeront entre les deux termes.
Pour la vie du Lycée Militaire d'Autun, deux jeunes, un élève
de seconde et un élève de Corniche ont vécu, hier
soir pendant le Week-end des secondes, la première étape
de leur Baptême qui aura lieu pour le premier pendant les vacances
de Noël, pour le second pendant le Pèlerinage Militaire International
de Lourdes, au mois de Mai.
Si nous essayons, pour ceux qui sont de "vieux" baptisés,
de nous mettre à la place de ces jeunes qui participent régulièrement
à la messe, nous nous rendrons compte que leur attente, du point
de vue chrétien est impatiente. Ils ont hâte de vivre cet
événement dans leur vie. Ils ont hâte de pouvoir s'approcher
du Corps du Christ. Ils vivent un véritable Avent - dans les deux
orthographes avent et avant.
Pouvons-nous imaginer pour nous-mêmes une telle attente ? La période
liturgique qui s'ouvre ce dimanche peut nous sembler une redite (voir
la feuille de la semaine dernière) et pourtant l'Eglise n'hésite
pas à nous proposer une telle expérience : Attendre la venue
du Christ dans notre vie, peut-être discrètement comme le
suggère l'évangile, mais réellement et profondément.
Tentons l'expérience, laissons-nous guider par l'Esprit comme
les mages se sont laissés guidés par l'étoile. Ils
sont partis bien avant pour arriver à temps. Ils ne savaient pas
ce qu'ils allaient trouver, mais ils savaient que ce serait important,
comme nos deux futurs baptisés. Nous aussi, partons vers Noël
sans être sûrs que nous savons ce que découvrirons.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
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7 décembre 2002
Forces Armées de Guyane
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Le Seigneur n’est pas en retard
Dès l’époque apostolique, des personnes mettaient en doute le retour
annoncé du Seigneur : les années passent et le Christ ne revient
toujours pas. Cette épître rappelle que le temps est une notion essentiellement
humaine, que les secondes, les années, les siècles ou les millénaires
ne sont pas vus de la même façon par la Trinité qui est dans l’éternité.
Le relâchement qui s’ensuit chez les chrétiens est fustigé par ce texte.
Ils commencent à s’intéresser au monde, ses richesses et son confort.
Ce passage évoque ce retour si attendu en précisant que ce à quoi s’intéressent
les croyants sera totalement détruit pour un nouveau monde, où cela sera
détruit. Quel dividende pourront-ils retirer de l’intérêt qu’ils y portent ?
Ce que l’Apôtre dénonce dans cet écrit, combien plus le vivons-nous à
notre époque ! Nos contemporains ne pensent même plus au retour du
Seigneur ! D’où cette soif de consommer, de profiter de la
vie, et cette proclamation du ‘Je vis pour moi.’ Les lazzis et
moqueries que les chrétiens subissent, en étant accusés d’être d’un autre
âge, de ne pas vivre avec leur temps, sont des conséquences de cet oubli
du retour du Christ.
Ce courrier échangé entre chrétiens, montre la voie, mais une voie qui
n’est pas un couloir étriqué, fermé de toutes parts, c’est la conscience
de chacun éclairée par l’Esprit Saint qui est le guide et qui trace le
chemin : « vous voyez quels hommes vous devez être »
Cette lettre ne donne pas de consignes, de méthodes ou de recettes infaillibles,
elle demande au chrétien d’être lui-même.
La transposition à notre temps est facile : nous aussi, nous
voyons les hommes que nous devons être. Eclairés par L’Esprit, guidés
par les Sacrements et l’Enseignement de l’Eglise, nous devons accepter
d’être des signes dans le monde présent, signes de l’amour de Dieu, signes
que cet amour peut nous permettre de vivre en véritables hommes libres,
signes que la liberté ce n’est pas faire n’importe quoi, mais d’aller
jusqu’au bout de ses choix initiaux.
Non, le Seigneur n’est pas en retard, il nous permet de nous affirmer
dans une société en perpétuel mutation comme des personnes qui ont la
certitude que le monde présent n’est pas un but en soi, que tous les hommes
sont appelés à dépasser les apparences pour arriver – enfin – à l’humanité.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier catholique des Forces Armées de Guyane
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4 décembre 2005
Bosnie Herzégovine
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L'évangile de saint Marc
Les évangiles de saint Matthieu et de saint Luc sont diserts sur la naissance
et l'enfance de Jésus, en particulier en développant sa généalogie ; l'évangile
de saint Jean montre l'origine divine du Fils éternel du Père dans son
prologue. En opposition, l'originalité de l'évangile de saint Marc réside
dans l'aspect abrupt de son début : après une brève phrase d'introduction
: " Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le fils de Dieu.
" (Mc 1,1) il continue sur le Baptême de Jésus par Jean le Baptiste
et sur le ministère public du Messie.
Disciple de Jésus, compagnon de saint Paul lors de ses voyages avec Barnabé,
puis de saint Pierre, saint Marc veut écrire le plus vite possible le
témoignage des Apôtres parce qu'ils commencent à disparaître soit par
décès soit par envoi en mission au loin. Il lui semble donc important
de consigner toute la prédication de saint Pierre et sans doute aussi
d'autres sources par écrit de façon à ce que les communautés éloignées
puissent bénéficier de l'enseignement du chef des Apôtres.
Ecrit entre la persécution de Néron (64) qui a vu le martyre de Pierre
et la chute de Jérusalem et la destruction du Temple (70) ce texte, le
plus court des quatre évangiles, est vraisemblablement une catéchèse à
l'usage de non-juifs en les invitant à croire en Jésus Christ. C'est pourquoi
il prend la précaution d'expliquer les fêtes et les coutumes juives et
donc la naissance et l'éducation dans le judaïsme de Jésus ne lui paraît
pas de première importance puisque les destinataires ne pourraient pas
en comprendre toute la portée.
" Lui, l'Ancien (Jean), a dit: 'Marc, étant l'interprète de Pierre,
écrivit exactement ce dont il se rappelait, mais il n'écrivait pas dans
l'ordre ce que Christ avait dit ou fait. Et pour cause, il n'était ni
compagnon ni auditeur du Christ, mais, comme je l'ai dit, il suivait Pierre,
qui faisait un compte-rendu des choses nécessaires, sans avoir en vue
un rapport ordonné des discours du Seigneur. De plus, Marc ne fit pas
de fautes quand il écrivit les faits après les avoir collectés; il faisait
bien attention à ces choses: de ne rien omettre, et de ne rien déformer.
" C'est ainsi que Papias s'exprime au sujet de Marc. Ce témoignage est
confirmé par d'autres témoins.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Militaire Catholique en Bosnie Herzégovine
NOTE : Papias était l'évêque de Hiérapolis en Phrygie (maintenant en
Turquie) au IIème siècle et il avait connu l'évangéliste Jean dont il
rapporte ces propos. Il fait partie de ce qui est appelé les pères apostoliques,
c'est à dire ceux qui ont connu les Apôtres.
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7 décembre 2008
Brigade Franco-Allemande
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L’attente chrétienne
Nous attendons un ciel nouveau et une terre nouvelle dit saint
Pierre à ses correspondants ; il profite de cette affirmation de
l’espérance chrétienne pour faire réfléchir ses lecteurs – y compris pour
nous aujourd’hui – sur la façon de se comporter avec les biens de ce monde
qui est appelé à passer. Cette réflexion doit conduire le croyant à la
sainteté !
Quelle leçon pourrions-nous retenir vingt siècles après ? Deux mille
ans où les hommes, l’Eglise, se sont comportés envers ces biens qui seront
détruits comme si ils étaient l’essentiel de la vie terrestre. Au cours
des temps, des personnes se sont levées pour rappeler cet exhortation
du chef des Apôtres, elles ont considéré le monde à venir et non l’immédiateté,
des hommes et des femmes qui ont vécu uniquement pour le Christ et son
message d’amour. Saint Antoine qui préféra le désert au luxe de Rome ;
saint François d’Assise qui opta pour la pauvreté plutôt que la richesse
de son père ; saint Charles Borromée cardinal archevêque de Milan
qui estima que sa charge devait le conduire à aller soigner les lépreux
plutôt que rester dans le palais épiscopal ou au Vatican auprès de son
oncle le pape ; l’ambitieux saint Vincent de Paul qui laissa son
ambition pour se consacrer aux nombreux pauvres et aux enfants abandonnés.
La liste serait longue si nous la voulions exhaustive…
Toutes ces personnes ont voulu montrer par leur vie et leurs détachements
des richesses temporelles que l’Evangile est plus fort et que le Seigneur
donne à toute personne qui la demande la possibilité par l’Esprit Saint
de vivre selon l’enseignement de son Fils unique.
Dans cette période de l’Avent où l’Eglise nous propose de méditer sur
la venue du Fils de Dieu dans une étable, lui le Roi des cieux, comment
regardons-nous ceux qui sont aujourd’hui pour nous le visage du Christ
qui nous était relue dans le dimanche du Christ Roi : « A
chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères,
c’est à moi que vous l’avez fait ! »
Père JeanPaul Bouvier
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4 décembre 2011
Fort Neuf de Vincennes
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Reconnaître son péché
Dans l’Ancien Testament, le péché est essentiellement collectif et le
jour du Yum-Kippour le grand-Prêtre d’Israël entrait dans le Saint des
saints du Temple de Jérusalem où se trouvait la présence réelle de Dieu
pour y prononcer le Nom que Dieu avait révélé à Moïse. Le fait d’appeler
Dieu par son Nom sacré et imprononçable avait pour effet d’obtenir le
pardon des péchés du peuple mais il n’est pas question des péchés individuels.
Les personnes qui viennent à Jean-Baptiste ont une toute autre motivation :
elles arrivent en reconnaissant les péchés qui leur sont propres, recherchant
le pardon de Dieu pour leurs actions qui ne sont pas conformes à Sa Parole.
Elles désirent sincèrement se convertir, c'est-à-dire changer de vie et
repartir sur le chemin qui mène à Dieu.
Jean-Baptiste avertit ses auditeurs : s’il a la possibilité de leur
permettre une réelle conversion, le baptême qu’il donne n’a qu’un effet
limité par rapport à ‘Celui qui vient derrière lui’. Les ablutions
dans le Jourdain n’ont rien à voir avec les bienfaits de l’Esprit Saint
qui seront donnés dans Son Baptême car celui-ci changera ceux qui le recevront ;
ce ne sera plus une ‘toilette’ extérieure, un ‘ravalement’
mais un véritable changement intérieur entraînant la naissance d’un Homme
nouveau.
Nous avons été Baptisés dans le feu et l’Esprit Saint (cf. Matthieu 3,11)
Nous savons quel est ‘Celui qui est plus puissant que Jean-Baptiste’
mais il n’est pas sûr que nous sachions être, au plus profond de nous-mêmes,
des Hommes nouveaux, constitués différents parce qu’en pleine communion
avec la Sainte Trinité : « Bien-aimés, dès maintenant, nous
sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté.
Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables,
parce que nous le verrons tel qu'il est. » (1Jean 3,2)
Par la pédagogie de l’Avent, l’Eglise propose aux chrétiens une méditation
renouvelée de la venue dans le monde de Celui qui avait été annoncé par
les prophètes et toutes les Ecritures et en particulier par Jean-Baptiste.
Cette méditation doit nous conduire à une meilleure compréhension de notre
état baptismal : configurés au Christ prêtre, prophète et roi (cf.
rituel du Baptême) nous sommes de façon communautaire et
de façon individuelle des signes de la venue du Christ dans le monde contemporain.
Ce temps de préparation à la naissance du Fils Eternel du Père ravive
en nous la perception de notre adoption « quand vint la plénitude
du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la Loi, afin
de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale.
Et la preuve que vous êtes des fils, c'est que Dieu a envoyé dans nos
cœurs l'Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! Aussi n'es-tu
plus esclave mais fils ; fils, et donc héritier de par Dieu. »
(Galates 4,4-7)
Cet Esprit ne demande qu’à s’exprimer ! Inspirons-nous des personnes
qui venaient à Jean-Baptiste en désirant sincèrement devenir des fils
en abandonnant nos conditions d’esclaves.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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7 décembre 2014
n°788
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Elève la voix avec force
Lorsque cette expression est utilisée, elle indique plutôt une élévation
de la voix pour contredire ou par mécontentement. Le prophète Isaïe au
contraire indique qu’il faut élever la voix parce que nous sommes porteurs
de la Bonne Nouvelle. Combien plus, en tant que chrétiens devrions-nous
élever la voix puisque nous portons la Bonne Nouvelle en nous grâce à
l’Esprit Saint et elle concerne non seulement Jérusalem mais le monde
entier.
Par cette annonce de la Bonne Nouvelle nous sommes plus grands que Jean-Baptiste
comme l’affirme Jésus dans sa prédication : « Je vous le
dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne n’est plus grand
que Jean ; et cependant le plus petit dans le royaume de Dieu est
plus grand que lui. » (Luc 7,28) car nous sommes déjà entrés
dans le Royaume par le Baptême d’eau et d’Esprit (cf. Jean 3,6) que nous
avons reçu
Isaïe et Jean-Baptiste annonçaient la venue de Dieu qui pardonne ;
ils demandaient en même temps de nous préparer à ce pardon car Dieu ne
s’impose pas à des personnes passives, il veut que les hommes soient actifs
dans la réception du pardon qui est un signe du Salut pour eux-mêmes et
pour le monde contemporain
Rien n’est changé depuis les époques de ces deux prophètes ; chacun
d’entre nous, notamment dans cette période de l’Avent, doit préparer son
propre cœur et le monde à une révélation toujours nouvelle de l’amour
du Père pour ses enfants : « A bien des reprises et
de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les
prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a
parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui
il a créé les mondes. » (Hébreux 1,1-2) Cet avertissement ne
concerne pas que les correspondants de l’auteur de cette épître :
par la lecture et la méditation de la Parole de Dieu, ‘en ces jours
où nous sommes’ le Fils nous parle encore aujourd’hui pour nous montrer
le chemin qui va vers le pardon offert par le Père.
Ce Fils ne nous parle pas du haut des cieux ou par l’intermédiaire de
prophètes, ‘Le Verbe s’est fait chair’ (cf. Jean 1,14) pour nous
parler dans notre langage d’homme et il nous investit de sa mission :
« Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont
dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde-les unis dans
ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. »
(Jean17,11) Nous sommes devenus christs dans le Baptême (cf. Galates 3,27)
nous sommes le ‘Verbe fait chair’ parce que le Fils du Père s’incarne
en nous chaque jour
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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10 déceembre 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n° 975
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Il vous baptisera dans l’Esprit Saint
A son époque, Jean n’était pas le seul à baptiser dans le Jourdain, les
‘mouvements baptistes’ semblent avoir été assez nombreux. Les prédicateurs
déploraient la situation dans laquelle se trouvait la ‘Terre Promise’
dont le roi n’avait pas été choisi par Dieu mais par une puissance étrangère
et où les grands prêtres, plus ou moins légitimes, pactisaient avec l’occupant.
Tous ces baptiseurs réclamaient un retour vers le Seigneur, une conversion ;
mais certains, plus nationalistes, allaient jusqu’à inciter à l’insurrection.
Parmi ces personnes charismatiques, seul Jean annonçait la venue imminente
du Messie en termes clairs. Il avait conscience de sa mission de précurseur.
A sa naissance son père n’avait-il pas prophétisé : « Et
toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut : tu marcheras
devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins »
(Luc 1,76) ? L’éducation de Jean par ses parents s’est donc faite
dans ce sens, dès son enfance il a été préparé à être « la voix
qui crie dans le désert : ‘préparez le chemin du Seigneur, rendez
droits ses sentiers’ » (v.3 citant Isaïe 40,3))
Par rapport à tous ces prêcheurs, la prédication de Jean est originale :
pour lui la conversion n’appelle pas à un retour vers un état passé qui
devrait être restauré tel quel ; la conversion n’est pas une fin
en soi, elle est un passage obligé pour attendre quelque chose de radicalement
nouveau, ou plutôt quelqu’un : l’envoyé extraordinaire de Dieu, le
Messie qui ne proposera pas un simple baptême d’eau mais un Baptême dans
l’Esprit Saint.
Jean annonce que l’eau ne peut agir que sur l’extérieur des hommes, l’Esprit
a son point d’application au plus profond du cœur de l’Homme. Celui qui
doit venir est plus fort que Jean, il possède la force de Dieu parce qu’il
est lui-même Dieu, le Fils incarné venu pour « annoncer une année
favorable accordée par le Seigneur » (Luc 4,19)
Jean ne fait pas comme les autres un plaidoyer ‘pro domo’ :
il ne cherche pas à attirer les foules derrière lui, il les prépare pour
qu’elles puissent accueillir le Messie avec un cœur ouvert. Lui-même désignera
à ses propres disciples l’Agneau de Dieu pour qu’ils le suivent (cf. Jean
1,35-37) Plus tard il dira encore : « Moi, je ne suis pas
le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui. […] Lui, il faut qu’il grandisse ;
et moi, que je diminue. » (Jean 3,28.30
Prenons exemple sur l’humilité de Jean : même si nous sommes des
christs puisque nous avons reçu l’onction, nous sommes envoyés pour que
le Fils grandisse et que tout homme trouve sa voie. Montrons-le à ‘nos
disciples’ en le désignant comme l’a fait Jean le Baptiste :
« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde »
(Jean 1,29)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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6 déceembre 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n° 1183
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Annonce
L’originalité de l’évangile de saint Marc est la brièveté de son prologue :
« Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. »
(v.1). Il n’écrit rien de ce qui précède l’annonce faite par Jean-Baptiste
alors que Matthieu et Luc décrivent les origines humaines de Jésus et
sa naissance miraculeuse de la Vierge Marie allant jusqu’à donner l’arbre
généalogique qui le fait descendre d’Abraham (Matthieu 1,1-16) ou remonter
jusqu’à Adam, fils de Dieu (Luc 3,23-38) ; le quatrième évangile
quant à lui présente le ‘Verbe fait chair’ (Jean 1,1-5.9-14) insistant
sur l’origine éternelle de celui qui est annoncé par Jean Baptiste.
Jean n’est pas le seul à proposer le geste symbolique de se laver de
ses péchés en étant plongé dans le Jourdain (baptisw = plonger) d'autres prédicateurs appellent à la conversion
sur les rives du fleuve, mais il est le seul à annoncer la venue imminente
du Messie qui, lui, ne se contentera pas de baptiser dans l’eau, il baptisera
dans l’Esprit Saint. Tous les auditeurs comprennent qu’il s’agit de l’Esprit
décrit par le prophète : « esprit de sagesse et de discernement,
esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du
Seigneur qui lui inspirera la crainte du Seigneur. » (Isaïe 11,2-3).
Quel sera donc cet homme dont Jean dit : « je ne suis pas
digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. »
alors que ce geste est habituellement réservé aux esclaves ? Il sera
celui dont il faut ‘rendre droits les sentiers’, c’est-à-dire Le
Seigneur ! C’est bien la venue de Dieu qu’annonce Jean Baptiste,
ce Nom est réservé et ne peut être attribué à quiconque.
Cette prédication attire les foules parce qu’il ne s’agit plus d’un acte
personnel marquant un désir de retour vers Dieu. Jean Baptiste manifeste
ce que le peuple attend : la venue d’un roi, nouveau David, qui sera
l’oint de Dieu, pour redonner à Israël prospérité et grandeur dans une
liberté retrouvée. Tout le peuple marquera ainsi à la face à toutes les
nations la fidélité de Dieu à sa promesse faite à Abraham et à sa descendance.
Nous avons été baptisés dans l’Esprit Saint, nous avons reçu l’onction
de Dieu. C’est à nous désormais qu’il revient de manifester l’amour du
Père non plus pour un seul peuple mais pour toute l’humanité. En célébrant
l’attente de l’Incarnation, nous prévenons le monde que le Salut lui est
proposé par la grâce. Nous sommes les témoins que l’Esprit envoie.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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10 décembre 2023
Maison Marie Thérèse
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n° 1354
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Jean le Baptiste
L’évangile de saint M arc commence en reprenant la prophétie
d’Isaïe : « Une voix proclame : ‘Dans le désert, préparez
le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une
route pour notre Dieu’. » (Isaïe 40,3) identifiant cette ‘voix’
à Jean et sa proclamation d’un baptême de conversion.
Jean, fils Zacharie et d’Elisabeth, est le premier
enfant d’un couple de personnes qui sont déjà âgées. L’absence de descendance
était alors considérée comme une malédiction, voire comme la punition
d’un péché hypothétique des parents. Pendant le service de Zacharie,
à l’intérieur du Temple dans la pièce appelée le ‘Saint’ un ange
lui apparait pour annoncer qu’il aura un fils, cet enfant devra être
consacré au Seigneur car il aura une mission bien particulière :
être cette voix promise par le prophète. Il sera grand et il aura en
lui la puissance Elie (cf. Luc 1,17).
La mission de Jean est de préparer le peuple d’Israël
à accueillir Jésus en rappelant l’amour de Dieu pour les hommes. Le
peuple s’est détourné des messages délivrés par les prophètes au nom
du Seigneur. Jean devra les appeler à la conversion, c’est-à-dire à
revenir dans l’intimité avec Dieu car le péché ne consiste pas en tel
ou tel acte posé par une personne ou par elle ou telle parole dite mais
le péché est de se séparer de l’amour de Dieu. Le baptême de Jean est
le signe extérieur d’un désir profond de retrouver la présence de Dieu
dans la vie quotidienne. Le chemin que Jean doit préparer est le chemin
de notre cœur pour que le Seigneur puisse trouver un cœur prêt à l’accueillir.
Jean annonce à tous ceux qui viennent l’écouter qu’il est envoyé pour
préparer la venue de Dieu dans son peuple ; puisque les croyants
ne viennent plus à Dieu, c’est Dieu lui-même qui viendra vers eux.
Rien n’a changé depuis le temps où Jean était au bord
du Jourdain, les hommes et les femmes actuels ne sont pas plus proche
de Dieu aujourd’hui qu’ils ne l’étaient à l’époque et la voix continue
à crier dans le désert. Le temps de l’Avent permet aux chrétiens de
préparer leur cœur à cette intimité avec Dieu : le Fils se fait
proche en naissant parmi nous par la Vierge Marie, obéissant aux contraintes
de la chair pour nous montrer son amour et combien chacun est important
pour lui.
En écoutant le message délivré par Jean, nous devons
aussi le faire nôtre, c’est-à-dire en proclamant à notre tour cette
bonne nouvelle dans notre monde, avec nos moyens et nos capacités :
nous, nous avons été baptisés dans l’Esprit Saint !
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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