SAINT MICHEL archange (29 septembre)

Archidiocèse de Paris
Titulaire d'une paroisse du XVIIème arrondissement de Paris
Diocèse aux Arlées
Patron des Parachutistes et des Commandos de l'Air


MICHEL  dans l'Ecriture Sainte

Saint Michel est “ l’ange ” par excellence. S’il faut croire certains auteurs, c’est lui qui protégea Adam et Eve et les instruisit après leur sortie du paradis terrestre, arrêta Abraham prêt à tuer Isaac, lutta avec Jacob, conduisit les Hébreux dans le désert, enterra Moïse, frappa le peuple hébreu de la peste après le dénombrement ordonné par David, secourut Elie dans le désert, décima l’armée assyrienne ... Un écrivain inspiré, Saint Jude, s’est fait l’écho d’une de ces identifications - s’attaquant aux faux docteurs, à opposer leur conduite à celle de l’archange Saint Michel : eux, ils blasphèment les gloires ” ; “ Michel l’Archange, lorsqu’il se querellait et discutait avec le diable au sujet du corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement blasphématoire, mais il dit : que le Seigneur te réprime" (Jude, 8-9). Origène affirme que Jude cite ici l’Assomption de Moïse, ouvrage apocryphe dont nous ne possédons plus que des fragments ; il ne faut pas en conclure que l’auteur sacré accorde une valeur quelconque à ce livre, mais tout simplement qu’il a voulu choisir un exemple connu de ses lecteurs : les apocryphes étaient alors très goûtés.

Il existe chez les chrétiens, une croyance très répandue : les anges après la mort protègent les corps et conduisent les âmes au ciel ou en enfer.
Ce rôle est spécialement dévolu à Saint Michel parce qu’il est le vainqueur du diable. Le drame du salut ne se joue pas seulement sur la terre, et les premiers fidèles étaient aussi familiers avec les luttes des esprits que s’ils en avaient été témoins ; les imaginations avaient été impressionnées par les descriptions grandioses du prophète Daniel et de l’apôtre Saint Jean :

“ Alors une bataille s’engagea dans le ciel : Michel et ses anges combattirent le dragon. Celui-ci riposta, appuyé par ses anges, mais ils eurent le dessous et - furent chassés du ciel ... Et j’entendis une voix clamer dans le ciel : désormais, victoire, puissance et royauté sont acquises à notre Dieu et la domination à son Christ, puisqu’on a jeté bas l’accusateur de nos frères ... ” (Apoc., Mi, 7-10). Saint Michel, chef des armées célestes, que Daniel avait présenté (X-XII) comme le protecteur d’Israël, devint, avec le Nouveau Testament, le protecteur de l’Église et de chaque homme en particulier.

MICHEL dans la liturgie

Protecteur de l’Église, chef des anges qui entourent l’autel.
Saint Michel était tout désigné pour jouer le rôle d’intermédiaire entre les hommes et Dieu. Aussi beaucoup de commentateurs pensent que Saint Michel est l’ange dont il était question dans le « Supplices » au canon romain de la messe après la consécration - cette identification est admissible dans un sens très large : Saint Michel est le chef des anges à qui nous demandons de faire agréer le sacrifice que nous offrons à Dieu.
A l’offertoire, dans la formule de bénédiction de l’encens, plus solennelle que celle qu’il emploie d’habitude, le prêtre demande l'intercession de “ l’archange Saint Michel qui se tient debout à la droite de l’autel de l’encens ”. On pense à l’ange qui, dans 1'Apocalypse, se tient auprès de l’autel, un encensoir d’or à la main (Apoc.7, 3-4), et que l’on identifiait volontiers avec Saint Michel. C'est en effet la raison qui a fait introduire ici le nom de Saint Michel car jusqu’au 11ème siècle l’ange nommé ici était Gabriel qui apparut à Zacharie à la droite de l’autel (Luc, 1, 11). La modification ne change pas le sens de la prière, car là encore Saint Michel ne se sépare pas des anges qui, tous, servent d’intermédiaires entre les hommes et Dieu.

On peut dire encore que Saint Michel représente toute l’armée céleste dans les litanies des saints, où il est nommé aussitôt après la Vierge Marie. Aux premiers siècles, il passait même parfois avant elle. Le pécheur repentant implore sa protection spécialement à l'heure de la mort, en se souvenant de ses victoires contre le diable : il l’a précipité hors du ciel, il lui arrache les âmes des mourants, il consommera sa défaite au jugement dernier.

Saint Michel tient une très grande place dans la liturgie des défunts. Jésus lui-même raconta dans une parabole que le pauvre Lazare fut porté par les anges dans le sein d’Abraham (Luc, 16, 22). Il rappelait ainsi une vieille tradition juive, aussitôt accueillie par les chrétiens et dont les auteurs apocryphes devaient faire grand usage. Quand il s’agit de saints particulièrement illustres comme la Sainte Vierge ou Saint Joseph, Saint Michel lui-même les conduisent au ciel. C’est lui aussi qui a soin de peser les âmes au jugement. Ce thème devait être exploité par les artistes, peut être sous l’influence de réminiscences égyptiennes, les sculpteurs des 11ème et 12ème siècles ont largement traité ce sujet aux tympans des cathédrales : l’archange, debout au milieu des ressuscités, pèse les âmes, il regarde droit devant lui, sans s’occuper du diable qui essaie de faire pencher la balance de son côté, mais dont les efforts restent impuissants devant la justice miséricordieuse.

La prière pour les mourants et les morts rappelle instamment la protection des anges. Pendant l’agonie, ils sont invités à venir au-devant de l’âme avec les saints du ciel et, dès la mort, on les supplie d’accourir pour conduire l’âme dans le “ sein d’Abraham ”, image que les sculpteurs de Reims ont su rendre avec délicatesse en montrant les anges portant les âmes des élus sur leurs mains voilées.

Le culte de saint MICHEL

Bien avant l’apparition du culte des saints, les chrétiens invoquaient les anges et Saint Paul devait réagir contre des déviations possibles (Col, Hebr.). Certains méprisaient la matière et auraient placé les purs esprits au-dessus du Verbe incarné, d’autres risquaient de prendre les anges pour des dieux secondaires. Cependant, il fallut attendre le 2ème ou le 3ème siècle pour constater un véritable culte liturgique rendu aux anges. Il ne pouvait évidemment pas être question d’un "dies natalis" comme pour les martyrs et les anciennes fêtes des anges sont des anniversaires de dédicaces d’églises.

Les orientaux eurent toujours une grande dévotion à Saint Michel. Les Ethiopiens avaient une fête chaque mois, les Grecs en ont une le 9 juin pour commémorer la dédicace d’une église fondée par Constantin aux portes de Constantinople et rebâtie par Justinien, une autre le 6 septembre, en souvenir de l’apparition de l’archange à Colosses, une troisième le 8 novembre. Le prénom de Michel a toujours été très répandu dans tout l’Orient.

Le martyrologe hiéronymien annonce au 29 septembre : “ A Rome, au sixième mille, sur la voie Salaria, dédicace de la basilique de Saint Michel ”. Cette très ancienne basilique ne semble pas avoir connu une grande renommée, car dès le 9ème siècle on la confondait avec celle du Monte Gargano ou avec l’oratoire établi en haut du Mausolée d’Hadrien qui reçut, à cause de cela, le nom de Château Saint -Ange. Le martyrologue romain a hérité de cette confusion : la fête du 29 septembre est présentée à tort comme rappelant la consécration du Monte Gargano, déjà mentionnée le 8 mai.

Trois apparitions de l’archange Saint Michel en Occident ont eu une grande importance dans le développement de son culte, mais elles sont assez légendaires. On raconte que Saint Grégoire le Grand établit l’oratoire du château Saint-Ange parce que, au cours d’une procession faite pour demander la fin de la peste, il avait, comme David, vu l’ange debout sur le haut du mausolée d’Hadrien remettre son épée au fourreau - une statue moderne rappelle ce prodige qui n’a pas eu lieu. L’apparition de Saint Michel au berger Gargan est aussi peu sûre : l’archange aurait pris sous sa protection un boeuf échappé et ordonné de construire une église dans une caverne du haut de la montagne ; quoi qu’il en soit, le pèlerinage fut célèbre jusqu’au jour où le développement du Mont Saint Michel le réduisit à être purement local.

Les origines du Mont Saint Michel sont fort obscures : l’archange serait apparu par trois fois à l’évêque d’Avranches, Saint Aubert, et lui aurait ordonné de construire une basilique en son honneur sur le Mont Tombe ; l’évêque aurait envoyé chercher au Monte Gargano un morceau du pallium déposé sur l’autel par Saint Michel lui-même. Le pèlerinage du Mont Saint Michel se développa prodigieusement à partir de l’installation des bénédictins en 966. Saint Michel devint un des protecteurs de la France : pendant mille ans, aucun ennemi ne réussit à s’emparer du Mont, les Valois eurent une grande dévotion à l’archange patron de cette citadelle imprenable, qui seule dans l'Ouest échappa aux Anglais. Saint Michel apparut à Jeanne d’Arc pour la charger de délivrer le royaume de France ; Louis XI institua, le 1er août 1459, au château d’Amboise, l’ordre de Saint Michel.

Plusieurs centaines de lieux en France portent le nom de Saint Michel ; le plus pittoresque est certainement Saint Michel d’Aiguilhe, dans les faubourgs du Puy en Velay, où l’église construite à la fin du 10ème siècle est perchée au sommet d’une vertigineuse roche volcanique haute de 80 mètres. Le nom de Saint-Michel-Mont-Mercure (Vendée) évoque l’idée d’un oratoire païen christianisé - malheureusement l’histoire de cette commune est inconnue. Dans beaucoup d’abbayes bénédictines, un oratoire situé dans le clocher était dédié à Saint Michel et la plupart des chapelles de cimetière étaient autrefois sous son vocable.

Un peu partout des sanctuaires étaient dédiés à Saint Michel. Ils ont ordinairement ce double caractère d’être situés dans des grottes sur une hauteur -. ils imitent ainsi la disposition du Monte Gargano et du Mont Saint Michel. L’un des plus curieux est le Mont Saint Michel de Cornouailles, îlot situé à l’extrémité sud-ouest de l’Angleterre, dont l’aspect rappelle tout à fait celui de son homonyme normand dont il dépendit pendant un temps. A l’extrémité du Stanberg, à une trentaine de kilomètres au nord de Stuttgart, les Allemands se rendaient au Mickesberg, où l’on vénérait une plume de Saint Michel tombée de ses ailes un jour qu’il avait livré une bataille au diable sous les yeux de Saint Boniface ....

Iconographie

L’iconographie de Saint Michel est prodigieusement riche : elle apparaît dans maintes scènes de l’Ecriture Sainte ou dans la pesée des âmes au jugement dernier, mais c’est dans sa lutte avec le diable que les artistes l’ont représenté le plus volontiers. Les origines de cette iconographie sont fort anciennes et à l’époque byzantine on trouve des anges un peu partout. Saint Michel a souvent perdu tout caractère spirituel, et, s’il n’avait pas d’ailes on le prendrait pour un garde impérial.

Beaucoup plus intéressantes sont les peintures des manuscrits romans. Dans les très nombreuses apocalypses, la lutte de Saint Michel avec le diable prend une vigueur saisissante et les peintres gothiques surent quelquefois garder cette magnificence de la composition et y joindre le raffinement du détail. Les tapisseries de l’Apocalypse d’Angers montrent une des plus belles luttes des bons et des mauvais anges qu’il soit possible d’imaginer. A partir de la fin du Moyen Age, les artistes commencent à habiller somptueusement l’archange, comme si les longues tuniques souples, dont les sculpteurs grecs vêtaient leurs Victoires, n’indiquaient pas mieux la spiritualité des anges. Certes on peut admirer sans réserve l’Ange Gabriel revêtu de la dalmatique du diacre dans la scène de l’Annonciation, mais que penser des lourdes chapes dont on habille Saint Michel en Allemagne. Pire encore, on attribue au grand archange tous les insignes du chevalier ; dans les très riches heures du duc de Berry, Pol de Limbourg a suivi cette mode sans la subir : il montre Saint Michel frappant le dragon dans le ciel au-dessus du Mont Saint Michel, et surtout il nous fait assister à la chute des mauvais anges ; il est vrai que, dans cette composition, les anges vêtus comme des chevaliers tiennent fort peu de place, toute l’attention est attirée par les mauvais anges qui tombent dans les flammes laissant leurs sièges vides dans le ciel.


Saint Michel terrassant le dragon
Espagne XIVème siècle
Paris, musée des Arts décoratifs



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