SAINT MARTIN DE TOURS (11 novembre)

Diocèse aux Armées
Patron du Commissariat de l'Armée de Terre


Nous connaissons Saint Martin surtout par son contemporain, Sulpice Sévère et par Grégoire de Tours venu deux siècles après. Il est considéré comme père du monachisme français, évêque thaumaturge convertisseur de la Gaule.
Face aux détracteurs de Martin, Sulpice-Sévère, tente de montrer comment Dieu a suscité pour l’occident en Martin, disciple d'Hilaire, un géant de la sainteté, analogue aux Pères du désert.

Martin naquit vers 316-317 à Salaria (Szombath Kely) en Hongrie où son père, qui finira tribun, était en garnison. Il reçoit le nom de Martinus (petit Mars). Jeune encore, il est à Pavie où il fait sa première éducation. Il rêvait déjà de vie anachorétique lorsque pressé par la loi, il dut s’enrôler. Il servit dans la garde impériale à cheval. Les trois années passées sous les armes sont décrites par le biographe tout à la fois comme une sorte de catéchuménat et comme un noviciat, car Martin y déploie à l’égard de ses compagnons, les qualités propres à la vie monastique. C’est ainsi qu’au cours d’une ronde qu’il accomplissait en tant que “ Circitor ” à Amiens, se déroule l'épisode connu et plusieurs fois reproduit dans l’art, du manteau partagé avec le mendiant. Aux moqueries de ses pairs, Sulpice-Sévève oppose le songe qui fournit à Martin la clef de l’interprétation : Jésus apparaît et déclare que “ Martin, bien qu’encore catéchumène m'a couvert de vêtement ”. L’inspiration scripturaire de la phrase souligne bien à la fois la valeur du geste et la part de reconstitution qui le met en relief. C’est alors qu’on place généralement la réception du Baptême (339).

Les communautés chrétiennes d’alors toléraient difficilement la présence des leurs sous les armes. Cependant Martin ne quitte pas l'armée. Il ne la quittera qu’en 356.

Martin vint à Poitiers attiré par le renom d’Hilaire, évêque depuis 350 et se joignit à ses disciples. L’évêque voulut le faire diacre, Martin refusa par humilité et accepta d’être exorciste.

Hilaire, évêque de Poitiers, veut réformer le clergé gaulois influencé par les prétentions théologico-politiques des ariens. Ceci lui vaut d’être exilé en Orient (356). Pendant cet exil, Martin est en Pannonie où il peut convertir sa mère, alors que son père persévère dans son paganisme. Il lutte contre le clergé arien de l’Illyricum. Il s’arrête près de Milan, essaie la vie monastique : l’évêque arien le chasse. Il se réfugie dans un îlot de la cité ligurienne avec un prêtre. Il apprend alors que son maître, Hilaire revient en Gaule. Martin regagne alors Poitiers.

Avec l’appui d’Hilaire, il reprend l’essai de Milan et crée un monastère à Ligugé. En fondant Ligugé, Martin établit en Gaule, une forme de vie religieuse qui était encore inconnue. Elle s’inspire de l’idéal des grands ancêtres du désert, celui qu’il avait lui-même découvert à Milan et vécu à Gallinaria. L’installation à la campagne -encore fortement paganisée- manifeste une ouverture à des préoccupations pastorales trop exclusivement orientées jusqu’alors vers les seules cités.

L’église de Tours n’ayant plus d’évêque, on imagina d’enlever le moine de Ligugé. On le fit venir sous prétexte de guérir une malade et là, le 4 juillet 371 ( ?) il était ordonné évêque.

“ Soldat par force, évêque par devoir, moine par paix ”. Martin fonde un nouveau monastère à quelques milles de la cité Marmoutier. Ce choix obéit à plusieurs préoccupations : la continuité dans le choix que Martin avait fait de la vie ascétique, la communauté de vie avec son prestytérium qui est amené à partager l’idéal de son fondateur, enfin le recrutement et la formation de celui-ci au bénéfice de toute la Gaule qui puisera dans ce “ séminaire ”, les cadres du nouveau mode d’évangélisation et les partisans du renouveau spirituel, appelés tant par les luttes doctrinales que par l’insuffisance du combat mené contre un paganisme solidement installé encore dans le monde rural.

Les miracles que fait Martin, de son vivant, soulignent surtout son engagement personnel contre toutes les formes de paganisme. Il est l'un des artisans du passage du christianisme des cités aux campagnes par la fondation des paroisses rurales et le développement extraordinaire du culte. En dehors de la Provence, seules les grandes cités avaient été évangélisées et pourvues d’un siège épiscopal. Martin comprend l’urgence d’atteindre le paganisme jusque dans les campagnes. S’il est évêque de Tours, il est missionnaire partout : dans le Berry, à Chartres, à Paris, à Sens, dans la région d’Autun, dans la vallée du Rhône, à Vienne en Dauphiné.

Apôtre du milieu rural, évêque missionnaire, il ne pouvait rester inconnu des pouvoirs publics auxquels il s’affronta pour faire respecter la justice et s’opposer aux mesures parfois cruelles de répression.

Il mourut en 397, à Candes, au confluent de la Vienne et de la Loire, où il était allé pour apaiser un différend entre clercs. Ramenés à Tours, ses restes furent accompagnés par une foule énorme. Martin fut inhumé le 11 novembre au cimetière du faubourg.

le culte de saint MARTIN
Son successeur Brice bâtit un oratoire sur son tombeau et le culte s’organisa rapidement, encouragé par des miracles. Puis une basilique remplaça le modeste oratoire.
L’époque mérovingienne est véritablement l’âge d’or du culte de Saint-Martin. Au temps de Saint-Grégoire de Tours il est l’unique patron de la France. La chape de Saint Martin était un puissant porte-bonheur dans les combats et les premiers capétiens s’honorèrent du titre d’abbé de Saint Martin de Tours.

Père du monachisme (que Saint Benoît honorait d’un oratoire sur le Mont-Cassin) il fut un ascète, un apôtre et par-dessus tout un homme de prière. Il connaît les Écritures, moins en spéculatif et en écrivain, comme son maître Hilaire, qu’en homme d’action pour éclairer et diriger pratiquement. Homme d’église, il maintint avec dignité son indépendance devant César.

C’est surtout un homme bon et charitable. Il passe en faisant le bien. Saint Martin a observé les artistes. La scène d’Amiens a eu la fortune d’un épisode évangélique. Une vaste littérature s’est développée autour de Saint Martin depuis la vie, les lettres et les dialogues que Sulpice-Sévère lui consacra. Au Moyen-Age, la littérature a fleuri en offices liturgiques, sermons, vies et récits, cantiques et poèmes, en “ mystères ” pour le théâtre du 11ème siècle.

Au Moyen  Age, Tours fut l’un des grands centres de pèlerinages, au même titre que ceux de Saint Jacques de Compostelle et des Saints Apôtres Pierre et Paul à Rome. La popularité de Saint Martin s’est exprimée de multiples façons : patronages accordés à de nombreuses corporations qui, à tort ou à raison, pouvaient revendiquer Martin comme l’un des leurs : militaires, cavaliers, voyageurs et donc hôteliers (en souvenir du manteau partagé). On dénombre en France 3600 églises paroissiales qui l’ont pour patron et une centaine en Hongrie, Italie et à Rome avec Saint Martin aux Monts.

Aussi, la France rurale rendait-elle hommage jusque dans les plus humbles détails de la vie quotidienne, à celui qui, s’étant préoccupé d'elle pour l’évangéliser, avait orienté d’une manière décisive son destin spirituel.

saint Martin partageant son manteau

L'ascèse de saint Martin

Scènes de la vie de saint Martin
Manuscrit latin XIème siècle
Touts, Bibliothèque

Saint Martin et son souci des pauvres



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