Icônographie
II naquit à Assise, en Ombrie, en 1181 ou 1182. Son père, Piero Bernardone,
un riche marchand, se rendait souvent en France, et c'est pourquoi il
appela son fils François. Sa mère, surtout, exerça une grande influence
sur son enfance et sa jeunesse. Elle était pieuse et affectueuse. François
était gai, généreux. Il aimait le peuple et les aventures, et bien que
son père le destinât à prendre sa succession, il rêvait de devenir chevalier.
En 1201, il prit part à une attaque contre Pérouse et fut fait prisonnier;
on le garda un an comme otage. Cette expérience, suivie d'une sérieuse
maladie, fut à l'origine de sa conversion, mais vers 1205, il s'enrôla
dans une autre expédition militaire en Apulie. Averti par un songe, où
le Christ l'appelait à son service, il revint à Assise et se consacra
au soin des malades. Le 20 avril 1206, un autre rêve lui enjoignit de
relever l'église Saint-Damien près d'Assise. Toujours impétueux et entier,
François renonça à son ancienne façon de vivre et vécut un temps en ermite.
Son père l'ayant alors fait mettre en prison et fait comparaître devant
l'évêque pour désobéissance, il abandonna tous ses biens, tous ses droits,
et il ne voulut même pas conserver les vêtements qu'il tenait de son père.
Deux ans plus tard (on croit que c'est le 24 février 1209), entendant
à la messe le passage de l'Évangile où Jésus, envoyant prêcher ses douze
disciples, leur dit : « Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie dans vos
ceintures; ni sac pour le voyage, ni deux tuniques, ni souliers, ni bâton
» (Matthieu 10,9-10), il comprit qu'il devait se conformer à cet appel
et montrer le chemin qui, du monde, conduit vers le Christ. Ce fut l'instant
décisif. Il quitta sa défroque d'ermite, revêtit une tunique de toile
rude qu'il ceignit d'un bout de corde, et, l'esprit joyeux, il alla prêcher
la parole de Jésus. Bientôt, il fut rejoint par deux compagnons auxquels
il donna comme règle trois passages de l'Évangile (Matthieu 10,9 et 20,21
; Luc 9,23). Lorsqu'il eut onze compagnons, il composa pour eux une courte
règle (la Primitiva, aujourd'hui perdue) et décida d'aller présenter
cette règle et ses compagnons au Pape.
Après une courte hésitation, Innocent III sut voir dans ce laïque ardent
et simple une âme d'apôtre, et donna son approbation verbale (juin 1210).
Les frères retournèrent à Assise, et ils se bâtirent des cabanes à Rivotorto,
près de la Portioncule. De là, ils allèrent prêcher la pénitence dans
toute l'Italie centrale. Ce fut l'aube dorée de la simplicité : les frères
travaillaient de leurs mains ou vivaient de la nourriture qu'on leur donnait.
En tout, ils suivaient l'exemple de leur guide, sa sagesse spirituelle
et son angélique simplicité; pour eux, il était « leur frère et leur mère
». Il n'y avait pas d'obligations ni d'interdictions : les Petits Pauvres
de la Pénitence pouvaient quitter François quand ils le désiraient.
En 1212, François encouragea Claire, une jeune fille de noble naissance,
à fonder une communauté féminine : ce fut l'ordre des Pauvres Dames, qui
devinrent plus tard les Clarisses. A aucun moment, François ne voulut
fonder un « ordre », car il était contre la vie cloîtrée, réglée, bien
à l'abri, des monastères qu'il connaissait et contre les nouvelles techniques
d'enseignement : tout ce qu'il voulait c'était suivre aussi littéralement
et aussi parfaitement que possible le Christ tel qu'il est dépeint dans
l'Évangile. L'ensemble des frères, cependant, devait inévitablement se
grouper en une sorte de corps monastique : ils récitaient l'Office divin,
mangeaient et dormaient en commun comme des moines. Leur nombre s'accrut
avec une rapidité prodigieuse, et François dut bientôt déléguer une partie
de son autorité à des « ministres » de groupes, à des « mères »; mais
tous les frères se retrouvaient chaque année dans un grand chapitre à
la Portioncule.
En 1216, François assista Innocent III à son lit de mort et obtint du
nouveau pape, Honorius III, l'indulgence plénière pour l'église de la
Portioncule. Il conquit l'année suivante l'amitié du cardinal Ugolin,
le futur pape, qui sera toujours son fidèle soutien et son protecteur.
En 1219, la « Fraternité », qui possédait à présent des membres à travers
tout le pays, fut divisée en « provinces », cependant que les premières
grandes missions étaient envoyées par-delà les Alpes. François lui-même,
'repoussant tous les conseils de prudence, quitta l'Italie pour aller
rejoindre les Croisés, et il trouva le moyen de se faire conduire par
les Sarrasins (qui écoutaient avec respect cet ascète) jusqu'au Sultan.
En l'absence de son chef, la Fraternité, qui comprenait désormais des
membres ayant reçu une éducation cléricale, traversa une crise grave,
qui ne fut résolue que par le rappel de François, la diplomatie du cardinal
Ugolin et l'adoption de la structure canonique ordinaire de la vie religieuse.
Sous la pression persistante de ses proches, François composa alors une
règle plus détaillée (la Régula prima), qui parut encore trop simple
et trop exigeante à certains des nouveaux directeurs de la Fraternité,
et ce fut une version plus modérée et plus conventionnelle de la règle
(la Régula secundo ou Bullaia, aujourd'hui encore en usage)
qui reçut finalement l'approbation d'Hono-rius III, en 1223. Cependant
François, le corps brisé par les maladies et l'esprit angoissé, transmettait
la direction de la communauté à un vicaire qui devint en fait ministre-général;
à partir de 1221 ce poste fut occupé par l'énigmatique frère Élie. François
lui-même se retira dans la montagne et, le 14 septembre 1224, à la fin
d'une période de solitude, il eut une mystérieuse Visitation, qui lui
laissa sur le corps les marques des plaies de la Passion du Christ. Ces
stigmates lui restèrent jusqu'à sa mort, et lui causèrent une souffrance
physique très aiguë. Dès lors, ses maladies s'aggravèrent, et il devint
presque aveugle. Il était porté d'un endroit à l'autre par les fidèles
« quatre compagnons », qui devaient être les apôtres de son enseignement
dans ce qu'il avait de plus pur.
En 1224 (probablement), il écrivit le Cantique du Soleil, premier
chef-d'œuvre de la langue italienne à ses débuts, et en 1226, dans son
court Testament, il donna un tour solennel et prophétique à ses
prescriptions de pauvreté absolue, d'obéissance étroite à la règle et
de refus de tous les privilèges. Après une dernière visite à la communauté
de Claire et une dernière bénédiction à la ville d'Assise et aux frères,
il mourut à la Portioncule le soir du 3 octobre 1226. Il fut canonisé
deux ans plus tard par Grégoire IX (son ancien ami Ugolin), et en 1228
son corps fut transféré dans la crypte de la grande basilique, œuvre du
frère Élie, et c'est là qu'il repose encore aujourd'hui.
Longtemps vénéré par les catholiques comme le fondateur d'un grand ordre
et l'exemple même de l'amour séraphique pour Jésus enfant et Jésus crucifié,
François d'Assise, ces dernières années, a attiré la sympathie de bien
des gens qui ne sont pas chrétiens. On a pu dire qu'il fut « le seul vrai
chrétien de l'Histoire », et on l'a salué comme « le plus aimable de tous
les saints », le premier socialiste, le premier réformateur. D'autres
ont vu en lui un ami des fleurs et des animaux, un poète, un romantique
et un humanitaire. En se bornant à ces aspects, on ne peut toutefois le
comprendre, car il se plaça toujours à un niveau spirituel et parla le
langage de l'âme, non celui de l'esprit. Ceux qui ignorent ce langage
n'entendent pas son sens profond, ou se laissent tromper par les mots.
François fut un homme d'une extrême simplicité, et il n'eut qu'un but
: aimer le Christ et l'imiter. Et sa vie consista à suivre le Christ,
toujours plus parfaitement, de sa conversion à sa mort. Il était naturellement
impulsif et très sensible, avec une immense capacité pour le sacrifice
de soi; il avait rencontré le Christ sans l'étudier dans les livres; les
mots de l'Évangile lui avaient suffi et il ne comprenait pas ceux qui
cherchaient plus loin. Pour lui c'était simple, il fallait tout donner.
Avant tout, il était un enfant de l'Église, dont l'enseignement, les sacrements
et le clergé étaient manifestations du Christ, et cette foi simple devint
à la fin une contemplation mystique du verbe incarné, de Jésus crucifié.
Il donna à l'Église, dans une période critique, une forme nouvelle de
vie religieuse, et à tous les chrétiens, plus simplement et pleinement
qu'aucun autre saint du Moyen Age, il offrit la vision d'une vie vécue
entièrement dans la puissance et l'esprit de la croix du Christ.
Saint François recevant les voeux de sainte Claire
Ecole de Cimabue
Assise Basilique sainte Claire
Au soir du dimanche des Rameaux, le 18 mars 1212, Claire
se rendit à sainte Marie des Anges et fit voeu de chasteté
et de pauvreté.
Puis, saint François lui ayant coupé ses épaisses
nattes blondes, elle lui jura obéissance en présence des
frères.
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