Les marins ont quelques saints protecteurs mais pas véritablement de
saint patron, sinon la Vierge Marie, “ Maris Stella ”. La marine d'Etat
se souvient de Notre-Dame du Rosaire (7 octobre), dont la fête fut instituée
par le pape Pie V pour commémorer la victoire de Lépante. Le Pape approuva
la décision de Don Juan d’Autriche, l’amiral de la coalition chrétienne,
qui avait dit à ses marins de manger de la viande avant le combat, bien
qu’on fût un vendredi. Un indult jamais révoqué dispense depuis lors les
marins de l’abstinence.
L'Assomption
La solennité de Marie, la Théotokos (Mère de Dieu), que nous célébrons
le 15 août, est indiquée clairement dans un lectionnaire géorgien du 8ème
siècle, qui atteste qu’une célébration mariale avait lieu à la même date
à Jérusalem dans une église que l'impératrice Eudoxie avait fait construire
à Gethsémani. La fête de la Dormition de la Sainte Vierge, que l’empereur
Maurice ( 602) étendit au 6ème siècle à tout l’Empire romain, où on célébrait
déjà la fête de la Théotokos le 1er janvier, est célébrée à
Rome au 7ème siècle sous le nom de Pausatio (repos), avec d’autres fêtes
mariales telles que la Purification, l’Annonciation et la Nativité. Ce
n'est qu’à partir du 8ème siècle qu’elle prit le nom d’Assomption de la
Vierge-Marie dans le sacramentaire grégorien qui affirme : “ Elle
a subi la mort temporelle, mais n’a pas été soumise à ses liens. ” Cette
fête était rendue solennelle par une procession nocturne qui allait de
Saint-Adrien-au-Forum à Sainte Marie-Majeure, et par une vigile et un
jeûne ; au 9ème siècle on y ajouta aussi l’octave.
Des récits apocryphes des 5ème et 6ème siècles sur l’assomption de Marie,
qui cherchent à expliquer la mort de la Sainte Vierge, contiennent déjà
la pensée de l’assomption corporelle de Marie. La tradition ininterrompue
de l’Église - dont Grégoire de Tours (+594) tout d’abord se fait le témoin
- atteste expressément l’assomption de Marie. Alors qu’un certain Timothée,
prêtre de Jérusalem (6ème - 7ème siècle) était d’avis que “ la Vierge
est jusqu’à présent immortelle (c’est-à-dire n’est pas morte) ”,
sa mort est presque universellement admise par les Pères de l’Église,
la liturgie et la tradition.
La croyance universelle en l’assomption de Marie a été confirmée par
la réponse affirmative de l’épiscopat catholique consulté par Pie XII
en 1946. Le pape, en effet, après avoir adressé une lettre à tous les
évêques du monde, demandant si l’assomption corporelle de Marie pouvait
être définie comme dogme, et devant la réponse affirmative de presque
tous proclama, le ler novembre 1950, par la Constitution apostolique Munificentissimus
Deus, cette vérité de foi : “ L’immaculée et toujours vierge
Marie, Mère de Dieu, au terme de sa vie terrestre a été élevée en corps
et en âme à la gloire du ciel ”. |
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Message et actualité de la fête de l'Assomption de la Vierge Marie
L’oraison de la messe de la vigile, qui provient du sacramentaire papal
du 8ème siècle (grégorien), souligne le lien entre l’assomption de Marie
et sa maternité divine : “ Tu lui as donné la grâce et l’honneur
de devenir la mère de ton fils unique et tu l’as couronnée, en ce jour,
d’une gloire sans pareille ”...
Dans la messe du jour de la fête, nous relevons trois idées essentielles,
toutes centrées sur la double dimension, personnelle et ecclésiale, de
l’événement.
a) L’oraison du jour met en relation l’assomption de Marie avec
son immaculée conception et sa maternité divine. L’un des fondements du
dogme est la prédiction de la victoire définitive de la Femme sur le serpent
( Gn 3. 15) et sur les trois malédictions dont la mort fait partie (cf
1 Co, 15, 55). Et il y a plus : dans l’évangile de Luc, la Comblée
de grâce (1, 28) est saluée par Elisabeth d’une bénédiction unique (1,
42) qui montre bien que Marie n’a pas été soumise à la malédiction de
Gn 3, 19, mais qu’elle est associée à la bénédiction de son Fils.
b) La préface qui s’inspire de la Constitution de Vatican II Lumen Gentium
(N° 68), appelle Marie “ parfaite image de l’Eglise à venir ”
et proclame : “ (Seigneur), tu as préservé de la dégradation
du tombeau le corps qui avait porté ton propre Fils et mis au monde l'auteur
de la vie ”... En ce jour de l’assomption de Marie, c’est aussi le
mystère pascal du Christ que nous célébrons.
Le lien inséparable qui unit la Mère et le Fils donne un sens particulier
à cet événement, comme le soulignent les lecture bibliques de la messe
( Co 15, 20-26) et de la Liturgie des Heures (Ep 1, 16-2, 10). La pré-rachetée
est aussi la pré-ressuscitée : « Le Christ est monté au ciel,
il a préparé pour sa mère une demeure éternelle. La glorification de Marie
est bien le couronnement de son cheminement de foi et de grâce, qui l’a
conduite jusqu’au pied de la croix » (Jn 19, 25).
c) La première lecture de la messe (Ap 11-12) semble établir un
parallélisme entre la Femme, la Fille de Sion et l’Eglise de la nouvelle
alliance. Ainsi Marie, élevée au ciel, devient l’icône eschatologique
de l’Eglise et, par son intercession, elle aide les hommes à “ parvenir
à la gloire de la résurrection ” (prière d’après la communion).
Propre de France :
L’Assomption a été célébrée dans les Eglises gallo-romaines dès le milieu
du 6ème siècle, à la date du 18 janvier. A partir du 8ème siècle, elle
fut transférée au 15 août et devint très populaire, si bien que la plupart
des églises construites au Moyen Age en l’honneur de la Vierge Marie furent
dédiées à sa glorieuse Assomption. Lorsque le roi de France, Louis XIII,
en 1638, plaça le pays sous la “ protection singulière ” de
la Sainte Vierge, son acte était tout à fait dans la ligne d’une tradition
populaire multiséculaire. De même, Pie XI, en 1922, en déclarant “ la
Vierge Marie dans le mystère de son Assomption patronne principale de
la France ” ne faisait que consacrer un culte qui remontait au 6ème
siècle.
Le 15 août fut longtemps le jour de la fête nationale en France et le
demeurera jusqu’à la fin de l’empire (mais il faut dire que c'était le
jour anniversaire de la naissance de l'Empereur Napoléon Ier).
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