Ce ne sont pas les gens bien portants…
Cette phrase de Jésus est dite ironiquement face à ces pharisiens qui
jugent les publicains en les traitant de pécheurs ; s’estimeraient-ils
supérieurs et exempts de tout péché ? D’ailleurs ils n’osent pas
le dire directement au Maître mais ils s’adressent à ses disciples !
Ce Nazaréen a de quoi surprendre et déstabiliser les juifs croyants et
pratiquants que sont les pharisiens. Son attitude semble être en contradiction
avec sa prédication : il appelle une vie parfaite et il fréquente
ceux qui sont mis au ban de la société en raison de leur collaboration
avec l’occupant romain et leur honnêteté douteuse ; les collecteurs
d’impôts n’hésitent-ils pas à demander plus que ce qui est dû ?
Certains pharisiens se sont sentis confortés par les paroles de Jésus :
ils se considèrent comme religieusement ‘bien portants’, ils sont
déjà sauvés par la pratique de la Loi de Moïse ; d’autres se sont
posé des questions en constatant que Jésus avait entendu leur reproche
et en sentant la malice de la réponse.
Cette réflexion du Christ est intemporelle, elle a traversé les âges
et à chaque époque des hommes et des femmes ont joué les pharisiens en
s’insurgeant comme juges de leurs contemporains au lieu d’aller vers eux
comme le commandement du Seigneur les y invitait : ‘Aimez-vous
les uns les autres comme je vous ai aimés !’
Aujourd’hui encore, cette phrase résonne dans la conscience des chrétiens,
forts de notre participation à la messe dominicale selon le commandement
de l’Eglise, nous nous sentons protégés et d’une certaine façon sauvés ;
si nous poussons à l’extrême ce raisonnement, nous n’avons pas besoin
du Sauveur ! Ce sophisme nous est souvent reproché par des personnes
extérieures à l’Eglise ou non pratiquantes sous la forme : « Ces
gens qui vont à la messe et qui ne vivent pas selon l’Evangile ! »
A nous de leur montrer que la communion au Corps du Christ nous entraîne
effectivement vivre d’une façon différente et conforme aux enseignements
du Fils Unique du Père.
Père JeanPaul Bouvier
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